Wim, la pop post-australienne
On peut se contenter de son sort, se dire que ne rien connaître aux noms barjots inventés par le NME pour désigner (créer?) chaque semaine des genres musicaux est un défaut comme un autre, et qu’il a le mérite de nous rapprocher du commun des mortels.
Ou pas. Dans ce cas il reste à contre-attaquer, prendre un air détaché et lâcher à la terrasse d’un café, juste assez fort pour se faire entendre des petites hipsters qui vous font transpirer des lobes, “sinon en ce moment je suis assez fan de Wim, un quintet de post-australienne”. Effet garanti, nourri de l’attention haletante des biches et bichons ainsi épatés, votre ego bandera au point de donner à votre voix des inflexions béhachéliennes.
Las, vos meilleurs amis, peu portés sur le cours du lobe en milieu aqueux, écourteront la félicité de cette victoire germanopratine d’un rot houblonné ponctué d’un “et sinon, en vrai ça sonne comment?” Les paires de D&G et autres serre-tête griffés étant retournés à leur position initiale, vous pouvez sans crainte confier la vérité. Qu’un groupe australien sonne comme des anglais neurasthénique, voilà qui est nouveau. Hormis certains Nick Cave, totalement hors de propos ici, il faudra vous rabattre sur Sarah Blasko, pas la plus célèbre des chanteuses antipodistes, pour expliquer qu’un groupe Australien peut parfois préférer construire sa pop sur le piano et laisser la guitare au placard. Voilà pour l’ambiance post-australienne.
A moins qu’il faille parler de pop modulaire, puisque tout comme Robyn, Ladyhawke ou Tame impala, Wim officie chez Modular. Wow, de la pop modulaire post-australienne, là ça commence vraiment à devenir chaud!
Les choeurs d’ouverture vous feront penser à Lady & Bird, tandis que l’ensemble du disque est hanté par Shearwater. On a vu pire références, même si ces dernières sont parfois un peu trop présentes (on vous laisse découvrir les autres par vous-même). Fan de pop lacrymale, accourez, vous qui avez chialé sur Radiohead, vous pour qui les trémolos de Jonathan Meiburg riment avec sanglots, servez-vous. Post encore, le riff de Monster and me piqué au Berlin de Lou Reed, et vous tentez un dernier coup pour recentrer la terrasse du Flore sur vous, “il est post-issime ce disque, t’imagines même pas”. Un peu comme une fusion food internationale, pas vraiment de quelque part, mais savoureuse. Même le tempétueux boogie Milk with my tea reste présentable à vos beaux-parents. On savait déjà que Venise n’est pas en Italie, c’est au tour de l’Australie d’avoir carrément changé d’hémisphère.
Sans atteindre la beauté de Kins dont on reparlera bientôt, Wim en fait même un peu trop, parfois. C’est d’ailleurs ce qui est bon, cette petite tendance à l’excès, qui jamais ne tombe dans la caricature (même les choeurs de marins sur John restent sur le fil sans s’y couper). Au match des grands sensibles John Grant a des cheveux blancs à se faire, et le hipster fébrile en vous se met à avoir des pensées sacrilèges. Vous venez de trouver le cadeau de mariage original et idéal pour votre cousine adorée.
Tweet
2 titres de l’album (et pas les plus mauvais ^^) ne sont pas en écoute dans le lecteur ci-dessus.
alors si ça vous plait déjà, vous savez ce qu’il vous reste à faire :-)