Wallenberg. The (hypothetical) prophets
L’énigme Wallenberg.
Autrement plus passionnante et réelle que le Mystère Borg, mais tout aussi teintée d’espionnage.
Je viens de découvrir l’existence de Wallenberg par une compil de très haute tenue déjà mentionnée en playlist, So young but so cold (Tigersushi, 2004). C’est l’un des titres, étrange, créé en 1982 par un groupe underground français, the (hypothetical) prophets, qui figure notamment sur la remarquable compilation So cold but so young.
Le morceau se déroule comme des extraits d’un rapport officiel, un curieux rapport d’enquête qui parle d’un homme à qui l’on veut remettre un prix après la 2e Guerre mondiale. Pour une fois j’ai eu le nez creux, trouvant les paroles si réalistes que cet homme pouvait bien avoir existé. Alors j’ai cherché.
Fort heureusement, en effet, Raoul Wallenberg a existé. Ceux qui connaissent l’histoire de la Shoah et les spécialistes des droits humains le connaissent sans doute. Un institut suédois porte son nom, en hommage. En effet Wallenberg ne peut pas être le fondateur de ce centre. Pour une raison simple et trouble : Wallenberg a disparu. Personne ne sait s’il est vivant. On l’a cru tué en 1947 dans une prison soviétique, on l’a cru mort d’une crise cardiaque, un rapport circonstancié a même été rédigé en ce sens en 2000, pour finalement être infirmé en 2001. On ne sait toujours rien de ce qu’il est arrivé à Raoul Wallenberg.
Pourquoi faire une chanson sur lui? Pourquoi se souvenir de lui?
En 1944, dans la Hongrie occupée par Hitler, le représentant de la Suède, Per Anger, obtient des nazis que les Juifs détenteurs d’un laissez-passer suédois puissent quitter le pays et échapper à la déportation. Raoul Wallenberg lui succède rapidement, et donne plus d’ampleur à cette protection. Plus de 400′000 Juifs hongrois ont déjà été déportés, il en resterait plus de 200′000 dans le pays. On estime que Wallenberg a sauvé la vie de 100 000 d’entre eux. L’injustice veut qu’on ne puisse se souvenir des noms des millions de victimes. Mais on peut retenir celui de quelques “justes”.
Le morceau glaçant des Hypothetical prophets retrace son action et son sort incertain.
L’un des deux membres du groupe, Bernard Szajner, a un très beau site site.
Edit 2011 : Szajner poursuit son travail de plasticien, il participe notamment à la Nuit blanche 2011 au carreau du temple (75003), et on peut voir une exposition. Une rue Wallenberg a été inaugurée à Paris récemment.
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