Tombés pour la France, au Point éphémère : Pendentif, cracbooms, Aline
Si vous cherchez la tombe du soldat inconnu quai de Valmy, passez votre chemin. “Tombés pour la France” n’est pas un rassemblement de chauvinistes extrêmistes, c’est le nom choisi par la revue Magic Pop Moderne pour désigner ses soirées consacrées aux coups de cœur indé français. Si la majeure partie des textes est chantée dans la langue de Molière, on ne boude pas complètement Shakespeare, et les influences musicales crient à l’atlantisme.
Trois groupes choisis pour être mis en valeur dans cette salle que l’on aime beaucoup au Point éphémère, dans l’ordre : Cracbooms, Pendentif, Aline (ex-Young Michelin). En ce qui me concerne, trois découvertes.
La soirée démarre timidement avec une salle presque vide. Les garçons de Cracbooms se donnent du mal pour chauffer l’ambiance. Ils bénéficient d’un relatif succès auprès d’une gent féminine qui lâche quelques cris entre deux couplets, j’avoue rester de marbre. Il y a du Arcade Fire là-dedans, un petit peu de Vampire week-end aussi, et ces références (la première surtout) ne sont pas pour me déplaire. Les mélodies et les rythmes séduisent au premier abord, mais les morceaux passent et se ressemblent, trop. Très vite, la prestation scénique déçoit. La naïveté des textes ne cache pas de second degré salvateur, le leader chante faux et l’aspect brouillon de l’ensemble nous font espérer le dernier morceau. Ils sont jeunes et s’y croient déjà un peu. On sent bien le potentiel chez ces tombeurs de lycéennes, mais on attendra que l’acné quitte leur nez pour y retourner. L’ep, grâce aux soins apportés aux besoins de l’enregistrement rend meilleure justice à leurs compositions.
Malgré mes réserves personnelles, je dois admettre que Cracbooms a accompli sa mission, la salle s’est remplie et le public est de bonne humeur.
Pendentif prend le relais. J’entends encore du Arcade Fire, et j’ai peur d’avoir les oreilles bouchées, mais cette impression est courte, au fur et à mesure des morceaux une personnalité inhérente au groupe ressort. Quelle pêche! C’est un réel plaisir de voir ces six-là sur scène, ils sont cohésion, harmonie et joie (rien que ça!). La jolie brune à la voix de velours augmente à chaque sourire d’un degré la température de la salle. Mais ses acolytes ne sont pas en reste. Pendentif enchante les oreilles et le cœur. On écoute l’ep, mais comme souvent après un live réussit, il déçoit. Et pour être tatillon, si les textes sonnent bien avec la musique, on pourrait à ce niveau espérer un peu plus de fond. On guettera le groupe bordelais lors de ses prochains passages parisiens que l’on espère de plus en plus nombreux. Et l’album sort bientôt.
Pour clore la soirée, Aline (ex-Young Michelin) sonne plus rock, avec une certaine rigueur rythmique, à l’honneur des musiciens qui, à l’image de Pendentif, affichent une jolie unité, mais perdent en chaleur. Il y a quelque chose de retro dans leur son, du Cure, du Depeche Mode… est-ce un hasard si au moment où ces noms me viennent en tête j’aperçois Etienne Daho parmi les auditeurs? Un morceau acoustique me touche vraiment, mais globalement, je m’ennuie ; leur truc, c’est pas le mien. Le public autour de moi est plutôt très enthousiaste et c’est vraiment là que la salle est à son plein de capacité.
La soirée se passe en demie-teinte, 1/3. Une découverte enthousiasmante, c’est déjà pas mal. Cette soirée spéciale frenchy a le mérite de témoigner de la diversité des styles musicaux pratiqués dans l’hexagone. La pop de ce côté-ci de l’Atlantique n’a pas à blêmir. On regrette la qualité des paroles qui n’est pas toujours au rendez-vous, mais force est d’avouer que l’on pardonne plus aisément aux rosbeefs la vacuité de leurs textes.
Et pour finir sur une note qui n’a rien à voir, je tire mon chapeau bas aux gens de la lumière qui ont su habiller ces concerts avec élégance.
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Je me permets de préciser que les cracbooms ont largement passé l’âge d’avoir de l’acnée.
et je concède, monsieur Jean,
avoir eu la même impression qu’Anna, ce que tu dis n’est pas très bon signe à mes yeux,
pour Aline c’est différent, les versions scène étaient dures (et le son aussi, malheureusement), très éloigné des versions studios carrément pop.
moi, ça me donne envie d’écouter Pendentif. Et je vais le faire de ce pas, tiens.
et ce soir je vais voir Echo and the bunnymen parce que j’étais en âge d’écouter Tomber pour la France lors de sa sortie.
Pendentif, c’est pas complètement con comme nom de groupe ? Un peu comme Cheveu ou alors comme Chômage, un groupe que j’oserai peut-être aller voir demain à Strasbourg. Enfin, juste comme ça, le ponpon des groupes les plus cons, pour moi, c’est Weather Report. Eh, comment on va l’appeler notre groupe? Euh, … Bulletin météo? ah ouais, trop génial. Bulletin météo !
ah ah ^^
et un jour “la chaine du cable” ou “la page des sports”, n’en doutons pas :-)