The sound of Oldham street. the Manchester series #3
Un vélo suffit, voire une patinette. Non, j’exagère. Un déambulateur est largement suffisant pour faire le tour du coeur du Manchester musical.
Vous avez remonté Mosley vers l’est car vous venez de l’Art gallery, ou bien descendu Market street en provenance de Urbis, autre lieu de culture tout aussi gratuit que le précédent. A Urbis, vous avez même pu admirer l’expo du peintre des Black panthers, Emory Douglas.
Cette bouffée d’années 60 et de passions authentiques vous a donné envie de faire le plein. La truffe au vent, vous repérez l’odeur du disque vinyl.
Deux rues suffiront à la combler, on y trouve autant de disquaires qu’une rue du 8e arrondissement peut compter de chausseurs de luxe. Du haut de Picadilly square, Tib et oldham street s’échappent à l’est, parallèles l’une à l’autre.
Tib est un peu plus fashion, Oldham un peu plus cheap. Tib compte des salles de concert et Oldham des disquaires, en nombre c’est vrai, mais c’est un peu plus mélangé que ça. Pour reprendre vos esprits, vous vous restaurez, selon l’heure, à Koffee pot (21 Hilton St) ou à Soup Kitchen (31-33 Spear St). Vous ne savez pas encore que vous aurez bientôt des points de chute supplémentaires.
Comme il est tôt, vous avalez votre saucisse et vos haricots en bon Anglais que vous êtes. Vous guettez l’ouverture de Beatin’ rhythm records (42 Tib st.). Un palais du vinyl comme on en trouve de moins en moins, surtout de ce niveau. La porte d’entrée vers les années 60 et 70, classées par “surf”, doo wop”, “northern soul”, “southern soul”, etc.
Je calcule de tête combien je suis prêt à laisser dans cette échoppe, et je me fixe un but clair et net. Trouver un 45t de Patti jo, certainement le seul qu’elle a enregistré, avant de quitter l’aile de Curtis Mayfield et le monde de la musique. Derek Howe a le sourire en coin : “Vous n’en trouverez pas, nulle part. Jamais. Vous pourriez même parier un billet avec celui qui dirait en avoir vu un, mais je vais vous épargner 10 livres.”
Les rues adjacentes fourmillent de bookmakers et de casinos de quartier, et vu la réputation du lieu je suis certain que les 10£ auraient tôt fait changer de main en effet.
Sait-il ce que la jeune femme est devenue? “Il y en a, enfin des gens disent, que ce n’était pas son nom, qu’elle aurait continué”. Pour le coup il n’en sait pas plus que moi, Patti jo est un mystère plus impénétrable que je ne croyais.
Sur Oldham, et dans les rues transversales, les magasins de vinyl comme Eastern bloc font surtout de l’electro, de la techno, du dubstep, de la grime, de la drone… toute la palette des musiques électroniques, avec plus ou moins de beat. Les autres lorgnent plus vers le hip-hop (Fat city, Brown sugar). Soul, beats électroniques, hip-hop, voilà qui rappelle plus l’équation des années techno que de la splendeur pop des Smiths.
Sorti de Londres et New York, les grandes villes de musique restent comparables, on ne trouvera ici ni plus ni moins qu’à Paris. Entré à Vinyl exchange (18 Oldham St), où la cire est cantonnée au sous-sol, on s’efforce de trouver quelques cds d’occasion moins encombrants dans les bagages.
Chou blanc, pas de Vivian girls dans les bacs. Mais on repart avec une compilation de Pascal Comelade, à vil prix (2£). Pile en face, Oxfam, ONG polymorphe, ici version anglaise d’Emmaüs en plus urbain, vend un peu du tout venant, principalement des artistes anglais.
Un cran plus bas dans la hiérarchie, un mini marché aux puces sur Church St. nous renvoie un instant du côté de Saint-Ouen, avant qu’on réalise qu’on est plus proche des bacs de “tout à 1€”. Un café à Night & day s’impose pour réviser mes plans.
Changeant le fusil d’épaule, je me dis qu’il serait idiot de ne pas repartir sans avoir déniché un casque de DJ un peu fun. Pas deux disquaires qui nous indique la même adresse, mais à force de poser des questions on atterrit dans un magasin pour DJ, Reflex, clone de tous ses collègues étrangers… ou de Pigalle.
Des Sennehiser en pagaille, des Skull candy mochasse, et quelques Wesc comme partout.
Peu importe car en furetant, les abords de Tib découvrent des allées bien sympathiques à explorer, de quoi tenir jusqu’au dîner qu’on prévoit à Soup kitchen.
On enfile un énième expresso et on repart en vitesse avant que la pluie reprenne.
On était venus acheter musique, on va finalement revenir d’une expédition fashion. Demain, on s’habille !
salut
et les concerts à Manchester dans tout ça, ??? Je pense que tu nous prépares la suite quand même. J’espère voir la photo du casque. Et sinon, il y a une photo d’un intérieur de disquaire dans ton article qui me fait curieusement penser à une pochette d’un album de DJ Shadow ? Me trompe-je ?
a+
uh uh , pas eu le temps d’en faire beaucoup cette fois-ci, des concerts, en dehors de celui de Bat for lashes :-)
d’autant que le soir où j’aurais pu, il n’y avait rien de tentant
j’ai aussi pensé à la pochette de Endtroducing, mais finalement, quoique de plus ressemblants que des bacs de vinyls :-)
Avec les beans, on est calé et c’est beau comme du Michel Butor ! Encore !