the Gossip : Music for men (music for the radio…)
La machine sonique the Gossip poursuit sa mue, 10 ans après son premier enregistrement.
La plupart d’entre nous ont découvert le trio avec Standing in the way of control. Un album énorme de punk? funk? rock? (prière de ne pas rayer de mention toutes utiles).
Par la même occasion, on assista à des concerts d’une puissance et d’une chaleur assez inimaginables. Un phénomène est né. Et pour mieux faire face à ce que cela entraine, tournées monstre, sollicitations incessantes, the Gossip a franchi le Rubicon et signé, après des albums très indépendants (chez Kill the rock stars), chez Columbia, une division de la major Sony.
Dimestore diamond
Le son est plus 80s, plus groovy encore que sur l’album précédent. Plus FM aussi. C’est un peu comme un bon Madonna (auquel Pop goes the world fait inévitablement penser), le son est relativement policé, les titres sont catchy, mais le tout a suffisamment de talent, de personnalité, et de piquant, pour qu’on saute sur la piste dès les premières mesures.
Le plus frappant est la cure de désintoxication subie par le chant de Beth Ditto. On regrette ses hurlements brutaux jamais faux, cette puissance délivrée brut et sans glaçon qui l’a hissée parmi les plus immenses soulwomen. Une cantastratrice formidable, réduite ici au rang de bonne chanteuse au timbre séduisant. On ne peut s’empêcher de suspecter le producteur Rick Rubin d’avoir joué un rôle là-dedans.
Le bon côté de cet accès de respectabilité est de rendre justice à Brace Paine (un pseudo assez hilarant d’ailleurs : les bagues dentaires ça fait mal). Le personnage de Beth Ditto est si haut en couleur et intéressant, sa présence scénique si époustouflante, qu’on n’a eu d’yeux que pour elle et ses couvertures bienfaisantes (une lesbienne obèse nue en couverture du NME, une bon coup de pied dans les couilles du machisme). Mais les riffs dévastateurs de Brace sont tout aussi fondamentaux pour le groupe. Sans dévaloriser le rôle d’Hanna Billie (qui donne sont visage au nouvel album), le rythme baggy hyper dancefloor vient d’abord de la guitare de Brace. Et ses riffs inspirés hissent les meilleurs morceaux haut dans la hiérarchie rock.
Car musicalement le trio est un duo. Beth chante sans toucher un instrument, on a donc une guitare et une batterie, rien d’autre, comme chez les White stripes, comme chez les Ting Tings. Mettre autant de bordel avec deux instruments démontre autant d’audace que de talent. Vertical rhythm, Heavy cross, entre autres, on peine à choisir le single idéal.
Dans Music for men (encore un clin d’oeil féministe), le tempo descend rarement, et les influences oscillent entre Joy division et les Charlatans. Le côté punk, omniprésent sur Movement (leur album le plus dur, le plus aride), encore présent sur Standing…, a disparu du paysage. On appréciait sur Standing in the way l’identité très spéciale du disque. Là, 2012 rappelle un peu trop le I was made for loving you de Kiss (que j’adore, au demeurant) pour séduire véritablement. Les petites citations s’entendent aussi ailleurs comme sur les premières notes de Love and let love ou les breaks de Love long distance.
On est donc d’abord un poil déçu, the Gossip semble avoir ravalé sa radicalité et oublié qu’ils ont chanté (take back) the revolution. Mais le groupe n’a jamais non plus prétendu être à l’avant-garde punk, la filiation entre les deux derniers albums est logique et cohérente. alors malgré cette voix un peu sous-mixée, on réécoute et on savoure un album de gros rock à danser. Et plus on on écoute plus le constat s’impose : miam.
Voilà un disque taillé pour élargir encore le public du groupe, et promis à de longues heures sur les radios et les dancefloor. Une grande partie du public arrivé sur l’album précédent devrait continuer à les suivre. Ceux qui les connaissaient plus punk en seront pour leurs frais.
Mais rappelons qu’avant le EP punk Arkansas heat puis l’album Movement, the Gossip avait sorti un premier album somptueux, That’s not what I heard, qui mettait déjà en place la recette que nous connaissons aujourd’hui.
Comme pour montrer aux fans que non, ils n’ont pas été oubliés, le final Spare me from the mold (épargne moi le moule) répond sur le fond et la forme à toutes les réserves qu’on vient de formuler. Mais le virage dancefloor, lui, n’a rien qu’on doive regretter. Blondie avait trouvé sa relève avec Le Tigre, on sait maintenant qui leur a succédé pour porter l’héritage.
Le plus puriste sera bien idiot de snober Dimestore diamond ou Heavy cross. Ils pourront toujours en profiter pour exhumer les premiers singles et EP pour compenser une éventuelle soif d’indé-credibility. Car on aimerait que tous les virages “commerciaux” soient aussi réussis.
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après une première écoute de l’album, je ne le trouve pas forcément si différent des autres. Je crois que le côté explosif et intensif du groupe vient essentiellement des concerts, à part quelques titres, Standing in the way… peut-être, les titres ont vraiment explosés sur scène.
Finalement, pour l’instant ce que je reproche à ce disque est son côté un peu répétitif, j’aimerais des fois que Beth Ditto change de tonalité, qu’il y ait un peu plus de surprises, y compris dans les lignes musicales. Le titre qui se démarque le plus du reste est le dernier : spare me from the mold
C’est une impression que j’ai déjà eu en écoutant certains de leurs premiers albums, celui-ci mérite surement d’être réécouté et surtout d’être vu en concert, je suis sure que ça donne autre chose sur scène, comme d’habitude
De toute façon, écouter ça au p’tit dej, même très matinal, c’est parfait pour démarrer la journée :-)
pour le chant tu as sans doute raison, moi ce sont les variations d’intensité qui me manquent par rapport aux précédents,
mais tout de même, je maintiens que celui-ci lorgne plus que jamais vers funk et disco,
alors que les 2 premiers EP “the gossip” et “Arkansas heat” et l’album “Movement” ne l’étaient pas du tout, mais clairement punk.
heu oui, tu as raison les premiers étaient nettement punk, pas celui là.
je préfère cet album aux précédents, la prod de Rick Rubin et le chant en progrès y sont sans doute pour beaucoup.
le chant me parait plus “différent” qu’en progrès (c’est une force du groupe depuis longtemps),
après la production, j’avoue que la glorification de rick rubin me laisse un peu dubitatif, être un bon producteur mérite-t-il tant de louanges? je ne crie pas au génie :-)
Je connais pas les premiers albums (oui, je les ai effectivement découvert avec Standing…) mais je pense peu ou prou (merde j’cause bien) la même chose que toi.
Je dois même avouer que j’ai été déçue en l’écoutant la première fois… Pas de son cracra (pour pas dire punk, les étiquettes c’est moche), pas de cris de tarée de Beth et alors oui, un son vraiment trop 80’s sur certaines. Et moi les 80’s, uufffff….
Bon, y’en a quand même quelques unes à retenir heureusement…
Ma préférée : Dimestore Diamond
ça tombe bien que j’aie justement choisi de mettre ce titre alors
:-)
Ah mais j’avais bien noté que tu l’avais mise à mon attention de toutes façons… non ?