the calcination of Scout Niblett : du bruit et des cendres
Oui, et puis non. L’écoute de ce nouvel album de Scout Niblett nous avait convaincu d’en parler. Puis l’accumulation de disques comparables parus sensiblement en même temps nous en a dissuadés. Pas envie. Pas envie non plus d’en dire finalement du mal comme pour ce Laura Veirs qui nous avait d’abord séduit.
Les semaines passant, le disque a eu peu de presse, peu de promo, victime de ce qui nous avait justement décidé à ne rien en écrire. Les mois s’allongeant, le souvenir de ce disque nous colle pourtant aux basques, comme des cendres qui à chaque pas laissent leur trace. Ainsi s’incruste The calcination of Scout Niblett.
On n’est pas admirateur de Scout Niblett, elle est arrivée un poil trop tard, ni aussi tellurique que PJ Harvey ni aussi bouleversante que Cat Power, ni aussi générationnelle que Nirvana ni pan-dans-la-gueule que Sonic youth, pas assez ceci ou cela…
Les premières notes de l’album vous rappelleront du PJ Harvey, période Meet ze monster. On y revient, à ce défaut d’originalité, défaut compensé par la discographie déjà longue de l’anglaise, et très cohérente. En particulier, elle reste fidèle à la base guitare-voix, rechignant à arranger plus. Pour autant ses morceaux ne sont pas tous semblables, on l’a vue faire de la folk, broder des mélodies plutôt pop, et revenir constamment à une veine “rock indé”. Faite de dissonances et d’accords mineurs. Et toujours traîner malgré elle ce timbre en mimétisme, tantôt PJ, tantôt Chan Marshall, à un point troublant. Du calme résigné aux accès de fureur, ce disque nous prend à la gorge, avec par moment des passages plus personnels que d’ordinaire (cette guitare flamenco au milieu de Meet and greet).
Scout Niblett traine les pieds dans la poussière, et sur ce sixième album elle les a lourds, les godillots. Elle chante comme une bête irait à l’abattoir.
Les derniers mois, les années passées, sont lourdes des tentatives de suicides, parfois définitives, d’artistes aimés et respectés. Sans chercher à lui porter la poisse c’est ce qu’on à l’esprit lorsqu’on écoute maintenant ce Calcination au titre sinistre, on entend la chanteuse creuser sa tombe, écrire ses paroles comme d’autres font une épitaphe. Difficile de savoir si c’est la mort qui parle ou si au contraire elle l’expulse pour mieux l’éloigner, mais la gravité de ce disque nous pénètre jusqu’aux os.
C’est glacé comme la peur, c’est noir comme une vie sans espoir. Ecoutez-moi avant qu’il soit trop tard, semble nous dire cet album.
Elle sera le 7 juin à Paris, le 8 à Dijon.
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J’avais fait une chronique minuscule et cynique de cet album. En encore plus bref : “Tu es anachronique. Aujourd’hui, c’est bien trop âpre comme album. Mais c’est bon”.
Je crois qu’on se rejoint…
Je ne l’avais pas écrit, mais je trouve aussi qu’il y a un rapprochement de certains travaux de Patti Smith.
;-)
c’était court en effet ^^
sinon je ne connais que des bouts de patti smith, en gros les débuts et le récent, j’ai du louper des trucs
Tout pareil, buddy.
Enfin. Pas complètement.
Je dois dire que ma seule réaction, à l’écoute de cet album, a quand même été, principalement : “ah ! si seulement PJ Harvey avait publié ce disque l’an passé… on aurait juste dit qu’elle se répétait”…
Parce que même si c’est bon, c’est quand même que et rien que du PJ Harvey première période, avec une production moins rêche et plus sophistiquée…
A quand le revival 92-94 ?…
Mais c’est bien, hein.
Mais quand même, quand je ferme les yeux, j’oublie le nom de la chanteuse…
Pour ma part, il fait son chemin dans mon crâne, au fil des écoutes…
C’est clair que c’est dur de ne pas penser à PJ Harvey, quoiqu’à mon sens elle n’a pas pondu un album aussi empreint de claustrophobie, de repli que celui-ci (à part peut-être “White chalk”, mais c’est une toute autre histoire musicalement parlant)
Par contre, pour répondre aux interrogations de ton dernier paragraphe, je crois que c’est plus cathartique qu’autre chose, en fait, je ne me fais pas trop de souci pour miss Niblett^^
Et j’ai oublié de préciser : je l’écoute quand il fait nuit. Trop de lumière nuirait à ce disque, il me semble…
vous avez raison tous les deux :-)
thom, j’entends par moment aussi d’autres influences (mais j’en entends toujours, ou presque ^^)
dahu, ça me rappelle une discussion que j’avais eue avec christine angot (j’avais fait un courrier de lecteur qu’elle avait cité dans son livre suivant en se présentant comme blessée, elle m’avait dit “ne vous inquiétez pas, j’écris des romans, il n’y a pas de souci avec vous” :o)
Oui oui, moi aussi j’entends d’autres influences, pas mal de trucs de l’indie-rock US du début des 90’s (en gros).
Mais cette voix…