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Still night, still light : aimons Simone la nuit, le jour ^^

C’est fou de réaliser qu’Au revoir Simone fait déjà partie de notre paysage. Et le trio de new yorkaise ne fait rien pour nous lasser d’elles.

Still night, still light sort chez Coop, en avant-première mondiale nous expliquent-elles sur scène, “parce qu’il parait qu’en mai vous avez tellement de jours fériés qu’il valait mieux le sortir en avance chez vous”.
On soupçonne aussi Annie Hart, Erika Forster et Heather D’Angelo d’avoir un petit faible pour la France, qui le leur rend bien. Le public de l’Alhambra est un peu chagriné de devoir rester assis (message subliminal à l’excellente équipe des Femmes S’en Mêlent), mais il n’en est pas moins enthousiaste.
Rares sont ceux qui ont pu profiter du concert de dernière minute organisé en mars avec le Konki duet, et le public découvre donc la quasi totalité du nouvel album.

Sur scène, Annie est toujours aussi intenable et sautillante, mais on voit que le groupe a beaucoup tourné et acquis de l’aisance, décuplée par le sentiment de retrouver un public de connaissances (ce qui est largement vrai). Elles se charrient, Annie nous prend en photo, et les pépins d’Erika avec son clavier passent presque inaperçus.
De temps à autre Annie quitte son clavier pour saisir des maracas, et on voit même Erika passer à la basse. Heather est comme toujours aux commandes des programmations de rythmes, à laquelle elle ajoute une cimbale.

Les rythmes ont donc pris plus d’importance sur cette tournée, et on les sent plus sur l’album également. L’entrée en matière du disque est d’ailleurs une intro entre beat électro et nappes “progressives”, on est moins immédiatement dans la mélodie que sur les précédents.
Après deux beaux albums, les filles ont sorti un disque de remixes de The bird of music, le virage était donc déjà entamé.
L’évolution est là, dans certains sons d’orgues qui sonnent comme dans une cathédrale, dans des sons électro plus graves à la Giorgio Moroder, ou dans les beats, plus secs qu’auparavant sur l’album, mais plus sourds et lourds sur scène.

Mais la principale différence avec les précédents albums est dans la construction, la mélodie, sa légèreté, est maintenant mise en balance avec des nappes qui lorgnent vers le répétitif.
Changement dans la continuité, car un disque d’Au revoir Simone sonne avant tout comme un disque d’Au revoir Simone. Au risque d’être parfois au bord de la redite, avec les arpèges de All or nothing et de Knight of wands, mais avec une indéniable patte. Là où l’obsession du renouvellement emmène certains dans des culs de sac, ce trio là creuse son sillon, impose sa marque.

Encore un beau disque pour les fées de Brooklyn. Leurs sourires espiègles s’entendent jusque dans leur musique, on a l’impression que rien ne peut leur arriver, et ça fait un bien fou. Atmosphères chargées, voix envoutantes, le charme opère de nouveau.
Il est encore un peu tôt pour dire si ce disque recèle des merveilles aussi intemporelles que Through the backyard of your neighbours ou The lucky one, magnifiques d’évidence et de mélancolie brumeuse. On ne pourra non plus s’empêcher de glisser en passant que Bird of music était peut-être meilleur, sans en être totalement persuadé.
Mais on cèdera sans peine au beat catchy de Shadows, au refrain de rengaine de All or nothing,  à la mélodie de Trace a line, on reprendra en coeur Take me as I am avec les copains… On ne sera jamais d’accord pour dire quelle est la plus réussie de l’album, mais on le fera écouter autour de soi. Vous pouvez aussi relire l’interview qu’elles nous avaient accordé.

Un, deux, trois? Soleils.