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Songs for Edna, by Caroline Weeks

Caroline Weeks et ses boucles blondes, son regard angélique et sa voix douce, semble sortie d’une nouvelle de l’époque victorienne. Multi-instrumentiste, elle aurait pu viser large et emboîter le pas des orchestrations fouillées de son amie Natasha Khan qu’elle a accompagné durant deux ans.

Caroline Weeks s’est engagée sur une voie plus sèche. Une voie esquissée avec the drowning man, sur l’hommage à the cure Perfect as cats. Voix posée, fort joliment timbrée, mais sans appuyer. Sur scène sa guitare flamenco lui suffit, et sur l’album elle n’a ajoutée que quelques choeurs pour donner de la profondeur. Discrète, la voix de Peter Moyse apporte un généreux contrepoint.

On la retrouve sur la longueur d’un album, Songs for Edna, comme sur la reprise de Cure. Suspendue face à la mer et hors du temps. Envoûtante.

I shall go back

La lecture de la poétesse Edna St Vincent Millay lui a inspiré de mettre en musique huit de ses textes. Paradoxalement, sa musique sonne ancienne, quasi médiévale, alors que Millay a laissé dans son milieu la figure d’une femme moderne. Vous aurez l’occasion cet été d’entendre ce qu’elle nous a dit sur le sujet en interview.

Avec une guitare classique et sa voix, sans effets techniques ni vocaux particuliers, Caroline nous emporte loin, très loin. En quelques mesures elle nous a transporté dans les pages d’un recueil ou au milieu des songes.
Au point qu’on mette du temps à s’arrêter aux paroles. Emporté par cette familière étrangeté, on se laisse bercer par cette rhapsodie de nulle part. Elle introduirait du koto qu’on n’en serait pas plus dépaysé.

Certains disques sont d’apparence ardue. Celui-ci vous paraîtra d’abord difficile, mais très vite ce sentiment laisse place à une paix savoureuse. Ce court recueil s’achève même trop tôt, alors qu’on commence à réaliser qu’on tient un des disques les plus personnels et les plus originaux du moment.
Laissez-vous tenter par le supplément d’âme.