Son vintage, revival : l’avenir est derrière nous?
Torticolis. Le bras droit appuyé sur le siège passager, le bassin tordu et le regard plongé derrière la voiture, on peut relâcher l’embrayage et envoyer les gaz.
Droit derrière. Devant? Quoi devant, comment veux-tu que je sache ce qu’il y a devant, je regarde où je vais. A savoir : en arrière.
C’est l’image que donne de plus en plus la musique actuellement. Une odeur de naphtaline s’échappe de trop de “nouveaux” disques. On peut y trouver l’inspiration d’une belle fiction, comme Benjamin. Ici on voit grand, alors on donne dans le dossier spécial d’hebdomadaire culturel, que le Nouvel obs et Télérama même eux ils oseraient pas ^^
une période musicalement riche
Il y a plusieurs manières de se plaindre de l’époque, de ses travers et de ses manques, et de sa musique.
On fait partie des optimistes à notre manière. On se réjouit du nombre grandissant d’artistes de qualité, de l’excellente tenue de la plupart des disques publiés notamment en France, on ne s’ennuie pas souvent aux concerts, et l’avenir semble assuré grâce à une jeune génération bourrée de talent.
Autre motif de réjouissance, l’incroyable diversité des styles, des genres, qui permet d’entendre une semaine du rock psychédélique, la suivante du bruististe japonais, de l’électro minimale, du blues malien, de la soul, de la folk, du rock garage, de la chanson teinté de balkans, du highlife, du fado…
Cette profusion masque un premier problème, pointé du doigt par GT, la relative absence de style nouveau, propre à l’époque et recevant une audience large.
Second problème sur lequel on vient râler un coup, la faible recherche d’innovation. Chaque fois qu’on discerne une référence dans un disque nouveau, c’est une résurgence du passé qui nous parvient et non un écho du futur. Cette désagréable impression de voir nos rayons de disques devenir un musée à la gloire du passé s’aggrave chaque jour. Et puis la naphtaline, honnêtement, ça pue.
la nostalgie, camarade
Les premiers revival ont mis la puce à l’oreille. « Retour du rock » sixties avec les Strokes, les Libertines ou Last shadow puppets, retour des années 80 par l’electronica d’abord puis par la pop (Mika, La Roux), retour du hard 70s (Dead weather), retour de la musette (Carmen Maria Vega), retour de la new wave (Chew lips), de l’électro-pop 80s (Ariel Pink)…
On ne va pas revenir en détail sur le revival soul-rythm’n'blues évoqué dans cet article, mais tout de même Amy Winehouse, VV Brown, hum, bon… Quant-au son “garage”, l’article qu’on y consacrait au printemps a battu des records de commentaires.
Aimer les disques du passé, c’est normal. On s’est même piqué de rendre hommage ici-même aux années 80. C’est en amateur assumé de chants médiévaux, de Satie, de Duke Elligton, de Miles Davis, du Velvet undergound, des Kinks, de the Cure, des Pixies, que l’on s’exprime. Mais ces disques, ces artistes, étaient dans leur époque, ils n’étaient pas dans le passé (désolé de faire un peu comme si the Cure n’était plus).
Le revival au contraire, joue de la musique dans le rétroviseur. Ce qui n’empêche pas qu’il existe d’excellents disques « revival », et on n’est pas le dernier à leur accorder de la valeur (cf. nos articles sur les Bamboos, Las Robertas, les Dum dum girls, Alela Diane…).
On a beaucoup insisté sur la profusion de folk depuis 3-4 ans. Pas un folk uniforme d’ailleurs, Alela Diane, Joseph Leon et les Fleet foxes ce n’est pas la même chose, et un Devendra Banhart ou un Anthony sont parfois classés sous cette étiquette qui ne va pas de soi.
Mais Interpol ou Editors sont aussi dans un revival, new wave dans leur cas, tandis que les Pipettes ou les Puppini sisters illustrent le revival des girls group de 1960. C’est toute l’époque qui devient un vaste revival, d’ailleurs votre serviteur porte aux pieds des Stan Smith, modèle de tennis qui avait cessé d’être fabriqué il y a 20 ans.
when the future was now
Il manque des artistes qui s’essaient à inventer le futur, on en voit trop qui vivent dans le passé, quel que soit leur talent, et pas assez qui salivent sur l’horizon. Anecdote. On fait il y a quelques semaines une playlist électro, comme proposé par GT. Parmi les commentaires, un grincheux qui dit “dsl mais la playlist proposer est carrement vielle, sa a deja plusieur années. fake!!” (sic).
Une playlist électro n’aurait de valeur que si elle ne contient que du son tout frais sorti du mois dernier? Dans un club dédié aux nouveautés, ok, mais en soi cette remarque inverse le fétiche et se trompe de cible. Inutile de renier le passé, surtout quand les titres les plus aventureux et les plus innovants de ladite playlist sont parmi les plus anciens (Motorbass, DJ Krush, Ellen Alien). L’innovation a souvent plus de valeur que la nouveauté, nuance de taille.
C’est bien le problème de l’époque, qui est en creux de ce commentaire bas du front : pour trouver des innovations, il faut… chercher dans le passé. Si on se contente de l’actualité, on a peu de créations vraiment nouvelles. Paradoxe désagréable.
D’autant plus désagréable en vérité, que l’innovation n’est pas ennemie de la mémoire ni du passé. Dans son magnifique The rest is noise (on vous en reparlera), Alex Ross raconte qu’Arnold Schönberg, qui provoqua des broncas tellement sa musique atonale était avant-gardiste, avait la plus grande admiration pour Bach ou pour Mozart, qu’il tenait justement pour les grands innovateurs de leurs époques respectives et auxquels il se comparait pour cette raison.
Souvenir. En 1991, je suis au lycée, j’ai déjà plusieurs années de Pixies dans les oreilles quand on commence à nous parler de Seattle et du grunge qui va bientôt déferler, j’en suis à ma 300e écoute du Blue lines de Massive attack, je tombe amoureux de Stereolab, et le premier single d’une anglaise, PJ Harvey, m’étourdit par sa violence inouïe. Voilà du neuf, et du neuf qui a ouvert des portes, et séduit fort heureusement des millions de gens. Par la suite des Björk, Radiohead, Aphex twin, ont pris le flambeau. Etudiant, je savourais à la fois les tentatives groovy du label talkin loud, et les expérimentations “trip hop” de DJ Krush et compagnie chez Mo’ wax, avant qu’Ellen Alien ne s’impose au devant de la scène avec son label B-pitch.
C’était il y a encore peu, il y a 15 ans de cela ça bouillonnait et on se battait pour être en avance sur les autres. Tous ceux là sont encore suffisamment récents pour qu’on ne s’affole pas trop pour l’avenir.
dans la moyenne, rien ne dépasse
Mais on ne peut que constater l’étiage actuel. Un étiage qui correspond à un nivellement de la qualité, beaucoup de disques moyens, quelques uns très bons, mais on a des années entières sans vrai chef d’oeuvre, sans disque majeur qui marquera des années. Ce fut le cas de 2009, et 2010 en prend le chemin.
Comme par hasard, Third de Portishead fut l’incontestable grand disque de 2008, alors que 2009 et sans doute 2010 resteront sans album aussi fédérateur. Il faut dire que les grands disques de cette année ne nous sont pas procurés, pour l’instant, par les artistes les plus connus ni les plus attendus. Si Gil Scott-Heron a une petite renommée, elle est surtout cantonnée aux milieux soul et jazz, quant-aux magnifiques productions de Zola Jesus, US girls, Arandel, Chloé, nous ne sommes pas légion à nous y intéresser.
Eh oui, le fléau atteint même les artistes plus attendus, Animal collective ou Grizzly bear l’an dernier rendaient des copies peu inspirées, cette année Arcade fire sort un disque sans personnalité qui sonne comme des dizaines d’autres, BRMC tourne en rond, Adam Green aussi, MGMT ne confirme pas les attentes qu’ils avaient provoquées, LCD soundsystem n’est pas non plus au niveau où on l’attendait, pas plus que Gorillaz ni M.I.A… presque tous les disques attendus sont moyens, n’apportent rien à la discographie de leurs auteurs.
Regret. L’histoire de la musique n’a pas été faite que de bonds en avant, mais l’époque actuelle est particulièrement pauvre en la matière. Pourtant, le manque d’audace et d’innovation dans la musique actuelle n’est pas en soi un signe de nullité, il suffit d’écouter les Dum dum girls ou Ray Lamontagne pour être rassuré sur ce point (on cite délibérément des artistes de qualité qui ne sont pas non plus les meilleurs du moment, pour montrer que le niveau n’est pas faible).
Précision inutile puisqu’on a passé la moitié de cet article à dire du bien individuellement de tel ou tel artiste ou disque rétro. Il n’empêche que ça ne suffit pas. Il manque, à côté de ce musée mouvant de la musique, un élan, une fraicheur, des fenêtres grand ouvertes et pas entrebaillées. Malheureusement ce manque d’élan semble avoir des racines de plus en plus profondes.
une société qui se replie dans le passé
Cette tendance à revivre le passé touche tout le secteur de la musique, et au-delà. Le stylisme (tenues de Client, des Pipettes, de the Like…) n’est pas en reste, mais le plus frappant sont les pochettes de disques. Effets de craquelures, voire fausse marque du vinyl sur le carton, photos sépia ou délavées (comme sur le nouvel Arcade fire), l’innovation est en berne.
Alerte. Rétrospectivement, on se demande si les bricolages de Lenny Kravtiz n’étaient pas un signe avant-coureur. A la sortie de son premier album, assez réussi au demeurant, on a plus insisté sur ses conditions d’enregistrement que sur le contenu musical. Et pour cause : en pleine éclosion du compact-disc, Kravitz avait pris un soin maniaque à n’utiliser que du matériel analogique, des consoles et micros des années 60-70, et des instruments de la même époque. Fétichiste d’un âge d’or à recréer absolument, Kravitz fut le premier à assumer fièrement de faire une musique du passé. Ce qui, une fois encore, n’empêche pas de faire d’excellents morceaux.
Les compilations et rééditions sont une autre manière de faire revivre le passé. Des disques introuvables et des morceaux peu ou jamais distribués permettent aux amateurs d’approfondir leur culture, je ne suis pas le dernier à en profiter et à en faire mon miel. Mais lorsqu’on voit la place que tiennent aujourd’hui les rééditions et éditions spéciales (20e anniversaire, 50e anniversaire…) dans l’édition musicale, il y a de quoi s’interroger.
L’inflation des disques de reprises et leur cas particulier, les albums hommage, vont dans le même sens. Souvenirs, souvenirs…
Quand on voit le cinéma ou la télévision d’aujourd’hui, par exemple, on se dit que la tendance n’est pas exclusivement musicale. C’est ce qui nous fait craindre qu’elle perdure. Il n’y a pas que dans la mode que les chemises à carreau et les coiffures 70s sont de retour. Films tirés du patrimoine littéraire du 19e (le cycle Maupassant de France télévision). Remake de films qui n’ont pourtant pas vieilli (Get Carter, l’Affaire Thomas Crown), remake de séries à peine moins vieilles (le Prisonnier, Star treck), franchises étirées au-delà de l’imaginable (5 Alien, 6 Rocky, au moins autant de Star treck, Saw prépare son 8e épisode…).
A celà s’ajoutent les émissions télé qui ne font que diffuser des extraits datant de 20 ans, 40 ans, transformant l’écran en mise en abîme. C’est tout un climat, une ambiance à laquelle les artistes peuvent difficilement échapper et qui nous sussure de vénérer le passé et de nous en contenter.
edit. Si vivre dans le passé ressemble souvent à un repli (ah, “la crise”, vous comprenez… comme si l’entre deux-guerre du 20e siècle n’avait pas été bouillonnant de création). Mais il y a aussi la présence du passé. On croule sous le passé, sous le patrimoine, c’est le malheur de respecter nos prédécesseurs, moi le premier (je en suis pas diplômé en histoire par hasard). Les rééditions, mais aussi internet, nous donnent accès rapidement et massivement à une quantité de culture qu’il fallait plusieurs vies pour acquérir à la fin du siècle précédent. Les artistes aussi sont concernés et ils sont de plus en plus cultivés, parfois avant-même d’avoir vraiment composé. Plus on ingurgite et plus la digestion prend du temps, au point qu’il arrive qu’ici même on puisse lire à propos d’un disque “trop de culture, pas assez d’audace” (à propos d’Eldia ou Los Chicros, par exemple, on pourrait citer Revolver ou d’autres). Tout cette recherche de culture est piégeuse, si elle n’est pas soutenue par une solide ambition. Souvent on entend dans un disque la qualité des disques que leurs auteurs possèdent. Moins souvent, leur désir de dépasser ces influences et s’en émanciper. (fin de l’edit)
aux innovateurs, les mains pleines
VV Brown, Melody Gardot (dont je suis fan, soit dit en passant), Lady gaga qui fait du sous-Madonna en imitant tout de son ainée (en pire), les BB Brunes, tous autant qu’ils sont peu importe qu’ils soient bons, admirables ou pitoyables, aucun d’eux ne fait avancer le schmiblick.
Difficile de ne pas faire le rapprochement avec l’état indigent de l’industrie du disque et la banalisation du mp3. On ne répétera jamais assez que pour la première fois en plus d’un siècle de musique enregistrée, une innovation technologique conduit à une dégradation (considérable !) de la qualité sonore.
Voilà un symbole de retour en arrière bien plus frappant que la stratocaster élimée des Vivian girls. Quand les majors consacrent l’essentiel de leur énergie à Hadopi au lieu d’inventer l’avenir, et qu’elles ne signent plus de jeunes artistes “en développement”, c’est bien qu’inventer le futur ne les intéresse pas et qu’elles voient leurs catalogues comme un portefeuille d’actifs à gérer au plus serré.
Audace. A côté de ça, il y a des M.I.A (même si son nouvel album est décevant), des Portishead toujours aussi exigeants, Marie-Flore qui compose comme personne avant elle, il y a le Konki duet toujours inattendu, il y a Nisennenmondai, il y a Arandel… Il y a aussi tous les autres, dont on n’aime pas forcément les disques, mais qui ont le mérite d’essayer, de tenter, de regarder devant eux plutôt que derrière, comme Animal collective à qui il faut au moins reconnaître cette qualité là.
Accessoirement, écrire cet article abonde dans le choix de parler beaucoup de nouveautés dans ces pages. Sans exclusive, parce qu’on se méfie autant du culte des origines que du fétiche de la nouveauté. Aussi parce que d’autres parlent fort bien du patrimoine, évidemment. Et puis aussi un peu, en effet, parce qu’on est à l’affut de ce qui peut nous exciter dans l’actualité.
Alors finalement, petit grincheux, pourquoi se plaindre ? Parce qu’on aimerait du neuf. Parce qu’à trop répéter toujours les mêmes choses, les mêmes motifs, les mêmes poses, le sentiment de redite s’accroît et le risque d’affadissement grimpe. Parce que le monde reste toujours à écrire, et parce que ressasser rabougrit. Parce que le frisson. Parce qu’on mérite mieux que passer nos vies en charentaises. Parce que se servir de son imagination, quoi, merde.
Voilà : parce que merde. Exactement.
Alors moi honnêtement… non. Je n’aimerais pas du neuf. Je partage le constat général, bien entendu, mais je m’en fous un peu. Peut-être parce que j’ai grandi avec le grunge, qui ne faisait pas vraiment du neuf (même s’il avait, c’est vrai, un son et une esthétique qu’on ne retrouve pas vraiment dans les revivals à répétition des dernières années… cela dit je m’en rends plus compte avec le recul que je ne m’en rendais compte à l’époque). Si je fais la liste des artistes qui ont le plus compté dans ma vie d’auditeur, beaucoup n’ont rien inventé. Il est logique que je n’attende pas plus aujourd’hui.
Maintenant l’époque peut-elle encore fournir ce genre de choses ? Dans un monde totalement post-moderne (c’est encore plus vrai pour nous qui passons tant de temps sur le Net), la question mérite d’être posée. Cela dit, cette manie de faire revivre le passé est pour moi l’accentuation d’une tendance amorcée dès la seconde moitié des années 90. Même faire revivre le passé en soi, ce n’est pas nouveau :-)
C’est marrant, parce que tu accuses la technologie dans le dernier paragraphe, mais il faut aussi voir le truc à l’inverse: une grande majorité des “révolutions musicales” dans l’histoire de la pop et du rock (je parle de ce que je connais le mieux, pour le reste je sais pas), sont liées, intimement, à des avancées technologiques: la pop psyché au passage du 4 pistes au 8, 16 pistes. Le hard Rock doit beaucoup au développement des pédales d’effets. La New-wave aux synthés.
Des vraies révolutions ne devant rien à la technologie, j’en vois 2: Joy Division, et le rap.
Après, je vois la liste des gens que tu félicites d’innover, je vois la liste de ceux à qui tu fais le reproche du rétro…. Et je me dis que les choses me vont très bien dans ce mode rétro :-)
thom, en même temps, comme tu aimes des artistes dans des genres différents, il a bien fallu que certains ouvrent la voie :-)
je vois ce que tu veux dire, et ça m’amène à creuser : certains disques intéressants ne sont pas exactement “innovants”, mais leur point de départ est une liberté et une volonté de créer, rarement le résultat est aussi neuf que les artistes l’auraient voulu, mais au moins le résultat a-t-il une patte, une épaisseur, qui les met au-dessus de la redite et au-dessus du lot.
ça peut se formuler autrement : trop peu d’artistes démontrent de l’ambition. Par ambition j’entends autre chose que la morgue du poseur consistant à déclarer “on va mettre tout le monde d’accord parce qu’on est les meilleurs”. Ca c’est de la comédie et de la confiance en soi, c’est pas de l’ambition.
Avec La superbe, qu’on l’aime ou non (beaucoup, pour ma part), Biolay a sorti l’un des disques les plus ambitieux du moment, j’ai même du parler de “disque total” à son endroit. Et c’est excitant, ça :-)
innovation et ambition ne sont pas synonymes, mais il y a tout de même un lien.
en fait l’époque manque des deux, innovation ET ambition :-/
Arbobo, tu t’es fait avocat du diable dans un sens. Je vais faire dans l’autre.
Pour ouvrir, j’ose deux questions idiotes :
- Qu’est-ce qui est neuf en art en général et en musique en particulier?
- Sur base de cette éventuelle définition, vois-tu une bonne raison pour continuer à t’intéresser à la littérature? Autrement dit, y a-t-il du neuf en littérature et une bonne raison de lire les livres qui sortent aujourd’hui?
Je suis assez rassuré en posant la troisième question : feras-tu partie du prochain régiment de ceux qui arrêteront le temps musical?
J’en connais de ceux qui ont écouté Led Zeppelin en temps réel, et qui, aujourd’hui, sont abonnés à Classic 21, la radio nostalgie belge qui diffuse Whole Lotta Love 65 fois par semaine. Et Dieu sait si j’adore Whole Lotta Love! Nécessairement, dans toutes nos soirées amicales, un certain temps est consacré à ce thème de la nouveauté musicale mais rapporté à quarante ans et quelques poussières de rock. Et je ne parviens pas à les convaincre (mais c’est un jeu dont personne n’est dupe) que le punk, le hip-hop, le rap, la techno, la cold wave, l’électro, la world, la new folk, l’alt-country, le post-rock (j’en passe certainement, mais pas les meilleures) ont fait et font évoluer la musique à des degrés (très) divers. Nos conversations ritualisées ressemblent à celles de vieux papis (sur un banc vermoulu). Je vais les caricaturer, les pauvres : “Aucun de ces courants n’a rien inventé. La fusion des genres n’apporte rien. Je retourne à Led Zeppelin”.
Pour ma part, j’analyse plutôt l’évolution comme sinusoïdale. Avec des hauts et des bas. On invente, on se source, on se ressource. Chaque fois qu’on y va un peu fort dans le revival (bien d’accord, c’est le cas actuellement, la sinusoïde est un peu basse), on nous réannonce la fin du monde, la fin de l’art. Alors qu’il faudrait être positifs : ça va péter, ça va péter prochainement!
Car l’indécrottable positif ne voit pas de nivellement par le bas! Il y a un nivellement par le haut. Pas de chef-d’oeuvre annuel? Normal, la qualité moyenne de la production est en hausse. Ca s’explique aussi : nous sommes entrés dans les générations pour lesquelles le rock est la musique dominante. Tout le monde en a écouté avec papa-maman. La culture musicale de musiciens qui apparaissent est parfois sidérante et n’est pas clivée dans les genres musicaux (dernier exemple que j’ai chroniqué, William Brittelle : qu’on aime ou qu’on n’aime pas, pour construire l’incroyable pièce montée qu’il vient de livrer, il faut en avoir écouté des choses!). De plus, grâce au rock, la création musicale est beaucoup plus généralisée : qui, à quatorze ans, ne joue pas d’un instrument et ne fait pas partie d’un groupe? Mieux : chacun peut même quasiment s’essayer à diffuser sa musique. Comme le souligne justement Nguic, la technologie est porteuse de germes créateurs. Quel réservoir potentiel colossal!
Ce qui amène à un bémol : le rock dominant, c’est un paradoxe invivable. Comment vont s’exprimer les révolutionnaires de demain? Le tout sera de ne pas passer à côté! L’indécrottable positif s’attend à une belle secousse sur l’échelle de Richter musicale…
Bon, j’ai divergé un peu de ton thème. Mais j’imagine que ça ne te posera pas problème.
:-D
ah mais Guic, comme je disais sur Playlist, si l’innovation c’est animal collective je m’en passe effectivement sans problème ^^
et je reprends volontiers une dose d’Izia à la place, dont on ne peut pas dire qu’elle ait inventé grand chose pour l’instant.
sur la technologie, elle n’est pas coupable en soi, et en même temps que le mp3 se généralisait des formats non-compressés (Flac) et libres (ogg) se faisaient connaître. A travers le mp3 et sa pauvreté sonore, c’est l’industrie de la musique que j’accuse d’accentuer ce manque d’ambition et cette dégradation.
S’ils avaient vraiment voulu trouver un accord sur un format de type SACD (super audio CD), ils l’auraient fait et leur industrie s’en porterait d’ailleurs nettement mieux.
Mais comme du coup le mp3 est devenu la norme, on va même jusqu’à adapter les enregistrements aux fréquences non-écrétées par le mp3, les plus gros tubes sont faits pour la qualité du casque de base de clé mp3 écouté dans le bus.
je suis allé assez vite sur la technologie, en fait j’ai été rapide sur tous les points. L’idée que je tenais à faire passer c’est que la tendance rétro n’est pas propre à la musique et encore moins au rock (brandford marsalis est un peu le lenny kravitz du jazz, de ce point de vue). C’est une tendance plus lourde qui traverse la société, ce qui explique son ampleur dans le rock peut-être, mais douche aussi mon optimisme car ça veut dire que ça demande plus d’efforts pour sortir de ce ronron.
diverge, mmarsu, diverge, ça m’intéresse :-)
au fait, à vouloir sorti mon article trop tôt j’ai oublié un aspect que je viens d’ajouter en edit!
Je suis assez d’accord avec ton constat. Et je me marre assez de constater que ce débat, ce constat, on le trouve globalement dans tout ce qui touche à la musique. Je suis bassiste, je traîne sur pas mal de forums dédiés aux pelles à quatre cordes et, ici aussi, la tendance est la même.
Les instruments “vintage”, les PB et JB Fender des années 70, après le rachat de Fender par CBS, basses ou guitares dont personne ne voulait dans les années 80 (soucis de fiabilité, énormes disparités entre deux instruments d’une même série) ont pris une côte délirante sur le marché de l’occasion.
Même des instruments moins connus, dont on sait pertinemment qu’il s’agissait de bas-de-gamme à leur fabrication, connaissent un certain retour en grâce avec la seule adjonction du terme vintage.
Non pas que je m’en plaigne, hein, ça serait assez moche un monde où tout serait rationnel, même l’achat d’un instrument. Mais je trouve que ça illustre bien le fait que le passé est devenu une valeur refuge, à l’opposé de certaines périodes où il convenait de le cramer intégralement.
Je pense, mais je me trompe peut-être, que c’est essentiellement lié à l’augmentation exponentielle de l’offre, des possibilités offertes. En terme de production musicale, il n’y a plus vraiment de contraintes techniques, tout est faisable ou presque. Et devant cette infinité de possibilités, il est certainement rassurant et plus simple de tendre vers quelque chose d’existant, de déjà vu, de déjà entendu, de multiplier les références et les clins d’oeil plutôt que de sauter dans l’inconnu. Comme Queneau le montrait avec l’OuLiPo, la liberté, la libération intégrale en matière de création confine à l’esclavage, Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu’il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l’esclave d’autres règles qu’il ignore.
Peut-être est-ce en s’imposant des contraintes, un cadre, qu’on trouvera une création intégralement originale ?
PS : et puis, pour contre-balancer cet avis, il existe encore des genres musicaux profondément originaux (parce que marginaux je pense). Certains groupes de noise extrémistes font dans la structure rythmique ultra chiadée, et compliquent volontairement leur musique pour, justement, ne jamais re-faire la même chose. Enfin, je crois.
Et si, tout simplement, on était arrivés au bout?
Et qu’on pouvait, tout simplment, ne plus rien faire de fondamentalement original et inédit?
merci piedo, content de voir ici,
et c’est cool d’avoir un point de vue de musicien!
guic’,
on ne peut pas exclure que cette option, mais comme piedo le rappelle il y a tout de même des genres et des approches nouvelles, le dubstep, le kuduro, etc, mais qui n’ont pas un retentissement public énorme ni même auprès des autres musiciens.
et puis ce discours sur “la fin de l’histoire” ne m’a jamais convaincu, ni en histoire ni en art, surtout que le passé nous enseigne que ce discours a été tenu plus d’une fois, et démenti chaque fois. Ce qui ne signifie pas qu’on n’arrivera jamais à ce point de saturation.
après la notion d’inédit, de rupture, d’innovation, d’originalité, c’est en partie subjectif, c’est difficile à délimiter.
Je suis ponctuellement d’accord avec ce constat, disons qu’à de nombreuses occasions, l’impression de stagnation et de roue qui tourne inlassablement engourdit mes oreilles. Mais c’est souvent passager et ça ne m’impacte pas plus que ça. Je vais tiquer à l’écoute d’un groupe en maugréant sur le manque d’imagination et de prises de risques, puis le lendemain je vais me laisser toucher par des gimmicks vieux comme le monde. Je ne ressens pas de frustration. Dans l’idée, la production musicale mondiale (et artistique) pourrait stopper nette demain qu’il y aurait assez de matière pour nous contenter toute notre vie. Il n’y a bien que des jeux vidéos que j’attends encore des nouveaux chefs d’oeuvre et des nouveaux étalons (ce qui est logique vu le jeune âge du support).
Ce qui est assez paradoxal ici, c’est que tu cites Marie-Flore dans les exemples de ceux qui auraient de l’audace et feraient quelque chose de nouveau, alors que justement celle-ci est l’archétype de ceux qui n’inventent rien mais qui fonctionne grâce à la force de leur songwriting. C’est un peu comme si tu disais “on invente plus rien sauf qu’en on fait la même chose qu’avant mais avec ses tripes” (ce qui pourrait se défendre hein).
Tout ça pour dire que peu importe si on se dirige droit devant ou droit derrière du moment qu’on ne fait pas du surplace.
Et puis Guic a surement raison. A moins d’une nouvelle invention technologique qui produise de nouveaux sons/rythmiques, il est possible que nous soyons tout simplement arrivé au bout. Mais bon c’était pas un concours à la modernité non plus.
(Merci pour lien, btw^^)
marie-flore c’est mon péché mignon ^^
je m’attendais même à avoir des réflexions sur elle plus tôt, même si je défends que sa manière d’écrire est souvent aussi originale que son jeu de guitare, affranchie de la logique couplet-refrain,
mais je suis d’accord que par innovation on entend d’habitude une différence plus tranchante (Arandel, par exemple, mais finalement c’est idem pour lui, pour saisir les subtilités de ses structures sous contrainte, il faut tendre finement l’oreille ou se fier aux articles qu’on a lus ^^)
pour ce qui est de s’en foutre, ça dépend ce qu’on entend par là.
Une fois encore, il y a quantité de disques vintage ou rétro que j’apprécie, voire que j’aime beaucoup (le 1er Alela Diane, Joseph Leon, certains titres d’Ariel Pink, de Chew lips, Motorama, ou encore le rockabilly de Heartbreak hotel, pas mal de trucs de Jon Spencer, ou encore le disque de Scarlett Johannson avec Pete Yorn).
Je ne fais pas de l’innovation un critère absolu, et encore moins une condition nécessaire pour apprécier un disque ou un concert.
mais j’aime l’imagination, dans la vie, dans l’art, en politique, en humour, en amour, et je trouve que l’époque en manque un peu malgré le niveau moyen dont je suis le premier à dire qu’il est très élevé.
je n’instruis pas un procès, j’ai juste envie qu’on me fasse triper en prenant mes oreilles par surprise :-)
C’est un peu comme les cadeaux, la surprise n’est pas obligée, mais un cadeau super qui en plus est une surprise, ça augmente le plaisir ^^
tout de même les coco,
je sais pas si c’est l’été, l’envie de rester cool sous le peu de soleil auquel on a droit,
mais vous la jouez incroyablement petit bras.
l’innovation n’est pas seulement technologique, elle est surtout question d’imagination, quand Ravel écrit son boléro, c’est une innovation majeure avec des outils pluricentenaires.
Quand La Monte Young crée sa Dream house où un son continu est diffusé à chaque coin de la pièce et dans laquelle on entend quelque chose de différent par le seul fait de se déplacer dans la pièce, il innove sans technologie nouvelle mais grâce à son imagination et son observation d’effets acoustiques connus de longue date.
quand la bossa nova est inventée, on crée un rythme sans innovation technologique.
idem pour le reggae, encore plus tardif et tout aussi nouveau, si nouveau qu’il a inspiré pas mal des punks des débuts.
quand Massive attack sort Blue lines, c’est hyper novateur, pourtant tous les ingrédients existaient déjà depuis un moment.
pour la littérature, mmarsu, je suis mal placé pour répondre je n’en lis pour ainsi dire plus mais pas à cause du manque d’innovation. Sur ce point, quand on voit “la maison des feuilles” de Danielewzki, ou “Paradise” de Toni Morrison, que l’on referme sans savoir laquelle des personnages est noire et lesquelles sont blanches, on se dit que l’innovation n’est pas morte, loin de là ^^
la clé, c’est l’imagination, et ne pas se mettre des bornes a priori, je trouve dommage de partir du principe qu’on a fait le tour, je déteste focntionner comme ça. “j’ai lu tous les livres, hélas, et la chair est triste”? Mon cul, j’aurai toujours à découvrir et je compte justement sur les artistes pour m’en faire découvrir encore plus et encore plus excitant :-)
ah merde, j’ai inversé la citation, quel naze, je ferais bien de relire un peu de littérature finalement ^^
Super article, ça fait plaisir de voir écrit ce que je pensais depuis pas mal de temps.
Le seul truc c’est que tu oublies quand même tout ce qui est musique électronique qui ont évoluées et fait avancées la musique dans des voies parfois peu explorée. Je pense à Flying Lotus et à tout le label Brainfeeder, mais surtout à WARP qui nous sort toujours des bombes de musiques originales (cf. Battles, Gonjasufi, etc.)
Bien sûr, j’écoute plus de son oldies que récents mais je ne dénigre pas tous les nouveaux artistes, mais plutôt la radio et plus généralement la façon qu’ont les gens de consommée la musique qui nous amène les majors à nous vendre des albums bâclés et simples d’écoutes. (cad ce que les gens veulent finalement.)
merci dzik,
je suis moins connaisseur d’électro, et c’est vrai que le gonjasufi est super (je suis moins fan de battles ou de flying lotus, mais peu importe),
je sais bien qu’il y a des expérimentateurs qui continuent de creuser, et ce n’est pas par hasard que j’insiste sur Arandel dont le disque m’a soufflé.
pour la radio, c’est simple, j’ai résolu la question il y a plusieurs années : je ne l’allume jamais.
Sur Marie-Flore: Ah oui, oulàlà, s’affranchir du “carcan” du couplet-refrain, quelle audace!
Sur “l’imagination au pouvoir”: Euh, ouais, bon, euh… Se forcer à avoir de l’imagination pour faire le truc que personne a fait avant… Ptet tout simplement que personne en a envie en ce moment.
Accessoirement, dès l’instant ou une chanson n’est pas une reprise, l’artiste a FORCEMENT fait preuve d’imagination vu qu’il a concu une nouvelle mélodie, un nouveau texte etc…
En fait je réalise que j’aime pas trop le ton que tu utilises, pas forcément dans l’article, mais dans les commentaires, un petit côté “hophophop, les artistes, là, va falloir penser à se sortir les doigts du cul et faire preuve d’un peu d’imagination (oui, parce que ta façon de parler de l’imagination, on dirait presque que c’est facile d’être imaginatif.)… Parce que là ca fait 200 disques que j’écoute cette année et j’ai pas vraiment pris de grosse claque, et désolé, mais c’est un de mes droits fondamentaux d’auditeur que celui d’avoir droit à des nouveaux genres, des styles qu’on connait pas et tout ça. Alors vous arrêtez d’écrire des chansons comme on en connait déjà mille siouplait et vous me sortez une innovation dantesque parce que je vous le dis, il est hors de question que je crève tant que j’aurais pas eu droit au Sgt Pepper des années 2000 hein.”
(Oui c’est une grossiere caricature, mais bon.)
Ouh pinaise que c’est intéressant comme débat ! Je sens que mon commentaire va être foutrement brouillon et faire dans le résume à gros traits, mais Bontempi (c’est pour le côté vine-tedje ;DD)
Pour ma part, ça me tracasse pas mal ces histoires d’originalité et d’innovation. Je ne crois pas que ce soit l’essentiel en art (influence des Asiatiques ? chépatro^^) (en tout cas, il me semble que c’est bien occidental, tout ça). N’importe quel artiste bosse à partir de formes, de cadres, de contraintes si “antédiluviens” qu’on sait pas trop qui les a “inventés”, quand, ni où, donc l’essentiel c’est (merci d’insister là-dessus, Arbobo) l’imagination. Les changements radicaux, les “ruptures”, les “révolutions”, ce sont des choses que le recul amène systématiquement à relativiser, hélas c’est très dur de mettre à bas les “solutions” les plus faciles et évidentes : put*in, combien croient toujours que le punk est “né” avec les Pistols, et ne connaissent pas Blue Cheer, par exemple ? Ou que le “premier” titre hip hop c’est “Rappers’ delight”, alors que bon, au hasard, “Le goudron” de Brigitte Fontaine… Bref, je m’égare, mais il y a un côté “immaculée conception” ou “il est né le divin enfant” là-derrière qui me fait doucement marrer.
Le problème n’est pas “d’inventer” quoi que ce soit, le matériau de base, les formes, les genres etc, tout ne se met pas subitement à bouger tous les quatre matins, bien au contraire. La question, c’est d’insuffler sa patte, une certaine forme de “distinction”, de l’épaisseur et de la densité émotionnelle, stylistique, de (ré)assembler les éléments du jeu de Lego à sa façon (et sans clamer partout qu’on fait “bouger les choses”, ça demande trop de souplesse d’être juge et partie^^). Tiens, je repense à ce que disait Gilles Tordjman dans sa préface au “Rock, pop” de Philippe Robert, à propos des “personnalités” évoquées dans le livre : “originales sans avoir jamais cherché à être bizarres” (les mots importants, c’est “jamais cherché” ;)) , ce qui exclut les marioles, les poseurs, les fiers-à-bras (tout ce qui est pas solide pour deux balles dès qu’on gratte le vernis, quoi).
Je dis ça, faut voir que LE disque qui m’a chamboulé le crâne et m’a ouvert des perspectives dans toutes les directions, c’est “…Endtroducing” de DJ Shadow. Pas une seule note sur l’album n’est “de lui”, c’est uniquement du sampling (donc du recyclage), et pourtant, illico on sait que c’est lui et personne d’autre, c’est sa sensibilité qui traverse et porte le disque. Alors bon, quelque part, l’idée du “neuf”, ça me laisse sceptique (je suis grosso modo bien d’accord avec Thom)… Mais l’imagination, put*in de bordel de foutre que c’est l’essentiel !
Quant à la “fin de l’art”, “on a fait le tour”, “tout a été dit”… pouarf ! C’est comme si un type venait me voir : “Hé ! j’ai trouvé une télécommande, hé ben t’appuies sur un bouton et ça stoppe le bouillonnement de magma au centre de la Terre !” LOOOOOL
Et la citation (de Gide, y m’semble), c’est bien : “J’ai lu la chair et tous les livres sont tristes, hélas” ? ;D
Sans déconner, dans le bon ordre, ça sonne beaucoup trop esthète de droite blasé à mon goût ^^
(j’ai sans doute oublié plein de choses, mais je repasserai, au pire…)
Ah tiens, je crois que Guic met le doigt sur un truc à propos de “l’imagination”. D’ailleurs, en me relisant, je vois bien qu’on ne met pas les mêmes choses derrière le terme (avec Arbobo, hein, je penche plutôt du côté de Guic, là ;))
bah ya des millions d’années des cro-magnons ont bricolé des instruments à partir de ce qu’il trouvaient tapé sur des tronc en beuglant et dans les années 80 les neubauten ont fait pareil et on les trouve géniaux et revolutionnaire.. ben oui une revolution c’est quand on a fait un tour completet qu’on est revenu au point de départ :D
guic c’est marrant comme le fait d’avoir lu 2 fois marie-flore dans une page te fais sortir de tes gonds ^^
pour une fois que je parle de ce que je regrette plus que de ce que j’aime, ça valait le coup, les réactions en disent pas mal sur nous tous ;-)
dahu, guic, imagination, innovation, ambition, dites ça comme vous voulez. Quand je lis des comms admiratifs (pas les votres, en l’occurrence) sur Sprawl II d’Arcade fire, qui serait donc un des meilleurs de l’album, alors que c’est à peu de choses près une reprise de Heart of glass de Blondie, je ne trouve pas abusif de me poser des questions. Ok il est très sympa ce morceau, mais il l’est en tant que simili-reprise d’un titre super, je trouve pas que ce soit là-dessus que AF a été le plus imaginatif parmi leurs 3 albums.
sinon me faire dire le contraire de ce que j’ai écrit, c’est un des trucs qui m’irritent vraiment, donc guic t’étonnes pas que je réponde pas point par point ;-)
diane, c’est bien pour ça que je me suis gardé d’utiliser ce mot galvaudé et mal employé :-)
Arbobo, je ne voulais pas “te faire dire le contraire de ce que tu as écris”, mais le fait est qu’à la relecture c’est le ressenti que j’ai eu (et j’ai grossi le trait, c’est vrai).
Sinon concernant Marie-Flore, non, ce n’est pas le simple fait d’avoir lu son nom qui m’a fait bondir, mais par contre: “je défends que sa manière d’écrire est souvent aussi originale que son jeu de guitare, affranchie de la logique couplet-refrain,”, là j’étais franchement hilare. Moi aussi ça m’irrite qu’on me prète des intentions et des racourcis oratoires qui ne sont pas miens.
Nan mais Arbobo, j’ai oublié de le dire : ton article est passionnant et a l’immense de mérite d’amener un débat qu’il aurait été fort dommage de garder dans un tiroir ^^
C’est juste que je préfère qu’on évoque nos divergences plutôt que de tous se passer la pommade, ça enrichit le “fight” ;)
Diane : hé, le truc “révolutionnaire” avec Neubauten, c’est qu’ils ne tapaient pas sur des troncs (ni des bambous, d’ailleurs^^), mais sur des tôles et des caddies ;DD
(des caddies, ou des “voiturettes”, comme dirait Môssieur Leclerc en visite dans un de ses établissements ^^)
lâche toi guic, de toute façon j’ai du mal à prendre pour argent comptant des critiques qui feraient de moi un vilain consumériste prenant les artistes de haut,
mais bon, je suis rassuré sur l’état de nos divergences après avoir relu ta critique de The suburbs où tu reproches notamment à AF de ne pas être… surprenant :-)
comme quoi l’envie d’un brin de nouveauté et/ou de surprise ne t’est pas étrangère.
dahu, je ne crois pas être dupe sur l’imagination, pas plus que vous ne l’êtes avec guic.
apparemment vous trouvez que je mets trop de monde à la poubelle, ce qui n’était pas mon idée. Ce n’est pas binaire, tout ça, l’imagination elle est plus ou moins poussée. Je ne crois pas non plus dénigrer le travail des artistes ni le sous-estimer, ou alors vous avez du oublier que je reste celui que vous lisez depuis déjà un certain temps, d’ailleurs si j’insiste sur l’air du temps, la tendance générale au rétro, c’est justement parce que je ne crois pas que les artistes soient seuls en cause dans la revivalite actuelle. Ils ne sont pas pas des émanations abstraites coupées du monde, et chez Benjamin F je disais au contraire “Pauvres de nous, si nous inspirons si peu nos artistes nous devons être une génération bien fade”.
Je trouvais mon article déjà un peu trop long, mais pourquoi pas développer en commentaires alors.
Je n’ai pas cessé d’aimer “my sweet lord” de Harrison le jour où j’ai appris que c’est un plagiat des Chiffons. Je préfère sa version, esthétiquement, mais je trouve pas que que soit très imaginatif de sa part (autant faire une vraie reprise, bien personnelle, à la limite si elle est réussie c’est autrement plus valorisant que perdre un procès pour avoir chourré dans le sac des voisines) ;-)
Sonic youth a surtout été inventif à leurs débuts, parce qu’ils apportaient aussi sur le plan formel, sur le son, pas seulement les compos, ce qui ne m’empêche pas d’aimer certains morceaux récents d’eux.
En revanche quand tu écoute leurs voisins, le jeune groupe Grooms, tu as l’impression d’entendre des chutes de studio de SY. J’étais en train de les réécouter il y a 2mn, et c’est pas mal du tout, d’aillerus je vous conseille assez l’album “rejoicer”, j’aime bien, mais je me dis que si ça se trouve vu leur talent ils auraient les moyens de faire un truc qui soit plus personnel et moins “référencé”. J’ai pas l’impression qu’ils ont essayé de le faire, donc j’en reste à ma supposition et j’en profite en l’état. Et du coup je peux pas m’enlever de l’idée que sonic youth a plus d’envergure, et tout bêtement ils m’excitent plus.
je pensais qu’un lecteur de R&F pouvait comprendre une phrase du type “j’ai envie d’entendre des trucs qui m’excitent” ;-)
(je le pense encore, malgré tout)
“apparemment vous trouvez que je mets trop de monde à la poubelle”
Alors là, pas du tout ! C’est pas moi qui vais te reprocher de “jeter” trop de disques, au contraire, défricher dans la jungle de disques juste passables, médiocres ou carrément inutiles, bien sûr que c’est “vital” ^^
Et j’ai bien dit que je “penchais plutôt” du côté de Guic, pas que je souscrivais en bloc à son commentaire. Là où ça m’a titillé, c’est quand il a parlé de “Se forcer à avoir de l’imagination pour faire le truc que personne a fait avant…”, juste une sorte de recherche de la “nouveauté”, et comme je te l’ai dit plus haut (en évoquant le commentaire de Thom), cette histoire d’apporter du “neuf” ça me paraît très très relatif…
Mais alors, surtout n’y vois pas une attaque (je ne suis pas un de tes lecteurs réguliers pour rien ;)).
Je me rends bien compte que c’est avant tout une affaire de termes, et je ne crois pas que ça aille chercher beaucoup plus loin que ça. Quand tu dis “j’ai envie d’entendre des trucs qui m’excitent” (moi itou !^^), en gros si tu évoques un disque A “qui t’excite”, tu diras qu’il apporte “du neuf” ou qu’il y a “de l’originalité” ; si j’évoque un disque B “qui m’excite”, je dirai qu’il est “imaginatif” ou “inventif”. Et en fait, on peut pinailler tant qu’on veut sur le sens qu’on met derrière ces mots, il se trouve qu’on parlera malgré tout du même type de “résonance” intellectuelle, émotionnelle, spirituelle, esthétique etc, du même genre “d’écho” que lesdites oeuvres peuvent avoir sur, ou rencontrer en chacun de nous deux. J’ai été plus clair, ou… ? ;)
(et tes 2 exemples me parlent : le plagiat de “My sweet lord” ne m’empêchera jamais d’adorer cette chanson non plus. Et je ne connais pas Grooms, mais pour ma part, la similarité de Magik Markers avec SY ne m’empêche pas d’apprécier la musique des premiers)
(tout pareil, quoi^^)
houla, le contenu des termes, on va y passer un moment ^^
en tout cas je sépare la qualité d’une part, l’innovation de l’autre, cf. Scarlett& yorn que je préfère nettement à animal collective.
ce qu’il y a aussi en filigrane de mon propos, et de mon désir de plus de “neuf”,
c’est mon penchant pour l’éclectisme.
De la même manière que je suis ravi qu’on me fasse découvrir la radical jewish culture, la cumbia argentine ou le rock péruvien des années 60, je suis ravi quand une approche ou un style nouveau émerge parce que je préfère quand l’univers est en expansion ^^
si personne n’avait électrifié de guitare, ou fabriqué de trompette, ou de piano, ou le contrepoint, ou la polyphonie, ou les raga, beaucoup de musiques n’existeraient pas, or j’adore cette diversité et l’innovation c’est aussi ça, accroître la diversité.
Ma boulimie n’est qu’une déviance idiote de ce goût pour la divdersité et l’éclectisme, que je revendique pour le coup, et qui explique en partie cet article :-)
“l’innovation c’est aussi ça, accroître la diversité”
Et meeeeeerde, c’est qu’en plus, on va finir par être d’accord ! ;DDD
(tu sais que je ne suis pas du tout éclectique non plus, hein^^)
1. Tu as du mal lire ma critique d’AF, car, en fait, ce que je leur reproche n’a rien a voir avec la surprise. Au contraire, ils ont sorti l’album que justement je craignais, alors qu’en vrai, j’aurais adoré une resucée du premier pour tout dire, plutôt que ça. Quand je leur reproche de ne pas “surprendre”, c’est plus dans une question de “minutage précis et anticipable” que vraiment vouloir de l’innovation.
2.Aucune accusation de consumérisme dans mes dires…. Juste une accusation d’être… “Frustré pour de mauvaises raison”? Un truc comme ça… Disons que le reproche que tu fais, je le comprends, mais ne le ressens pas, donc fatalement… Après, c’est sur que ton “je ne crois pas que les artistes soient seuls en cause dans la revivalite actuelle. Ils ne sont pas pas des émanations abstraites coupées du monde” et la citation de Benjamin me rassurent, parce que la citation, met en cause l’époque et l’auditeur. Parce que tous les exemples que tu cites concernant la revivalite et la multiplication des suites n’ont qu’une raison d’être: ça marche, ça rapporte, et ça coute pas cher en imagination (Saw VIII quoi. Ils vont dépasser Police Academy.)C’est pas une question de pas inspirer les artistes. C’est qu’ils ont pas à se casser le cul pour plaire.
3 et dernier: Là, je t’avouerai quand même que ton “ou alors vous avez du oublier que je reste celui que vous lisez depuis déjà un certain temps” (doublé d’un “les réactions en disent pas mal sur nous tous”) me vexe quand même pas mal.
Parce que je pense rester celui qui te lit et que tu lis, tu sais à peu près ce que je pense,on commence à se connaître assez bien pour que tu saches que je suis pas non plus un anonyme arrivé de nulle part pour troller ou t’accuser de quoi que ce soit. Tu sais pertinemment que JAMAIS je ne t’accuserai de trucs dans le genre “vilain consumériste prenant les artistes de haut” (c’est pas parce que mon paragraphe est écrit sur un ton ironique / parodique / satirique que je considère que tu les prends de haut, merde! Exemple parmi le reste: “c’est facile d’être imaginatif” (que je considère à la relecture comme le truc le plus “violent” parmi ce que j’ai écrit), par là je veux dire que les 2/3 des limites qui bloquent l’imagination de l’artiste… l’artiste en a peut-être même pas conscience (tics de composition, nécessité de sonner juste, rien que ça limite le champ des possibles dix fois plus que les problèmes financiers!)
Sincèrement, ça fait chier que tu puisses croire ne serait-ce que l’espace d’un instant que je suis capable de penser un truc aussi … con et hors-propos.
bon, guic on va pas jouer à celui qui a les plus grosses cicatrices, mais tu as bien fait de remettre les pendules à l’heure je voyais vraiment pas d’où venaient ces reproches ^^_
pour AF j’aurais aussi préféré un Funeral bis, y’a pas photo, d’ailleurs sans parler d’eux certaisn artistes font toujours le même disque, mais si c’est ce qu’ils ont de mieux dans les pognes c’est pas forcément plus mal :-)
je ne vais pas apporter grand chose à cette intéressante conversation vu que les nouveautés je n’en ai pas beaucoup écouté cette année. En partie parce que rien ne m’a accroché effectivement mais aussi je crois un peu par overdose ; je trouve qu’à force de vouloir écouter «tout» ce qui sort on ne prend plus le temps de profiter de ce qu’on aime. En fin c’est un avis très personnel.
Ceci dit je suis d’accord avec Thomas, la tendance à faire revivre le passé n’a rien de neuf, sauf que je pense que ça a commencé encore plus tôt, au début des 90’s. Avec un cycle assez régulier dans les époques reprises 60’s (et même un peu de 50’s fin des années 80), 70’s, 80’s, allez, un peu de 90’s pour vous faire plaisir ;o), et ça repart 60’s….
Ce qui me fait penser que l’influence de la musique qu’on a écouté pendant son enfance joue un rôle qui n’est pas anodin (si on pense à ce que globalement pouvaient écouter les parents de chaque génération), la période de l’adolescence étant la plus importante dans les influences.
C’est peut-être aussi une partie de l’explication de la différence avec les premières générations «rock» qui n’avaient pas accès à autant de musique facilement en écoute. Il est tout de même à noter que ça a commencé à partir du moment où la musique est devenue l’essentiel de la programmation des radios écoutées par les jeunes.
pour la surdose je crains que tu n’aie raison ^^
pour ce qui est des revival, il y en a sans doute toujours eu, question de dosage, parce que les Stray cats et Jesse Garon c’est pas les 90s,
mais cette tendance s’accentue depuis quelques années.
c’est bien vu le rapprochement que tu fais avec la programmation des radios jeunes,
je me demande si on ne pourrait pas étendre à l’univers sonore dans lequel on baigne, le supermarché, les rues piétones des petites villes, les quais du RER, les boutiques, les restaurants, les bars, on y diffuse de la musique non-stop.
Et les années 80 c’est aussi la génération de la musique portative, ghettoblaster, walkman, on commence à avoir sa propre musique avec soi tout le temps.
mais à l’époque on n’avait pas la même quantité à disposition. Quoique, en enregistrant la radio (tous les ados de ma génération l’ont fait) on pouvait réentendre nos tubes et nos émissions sans acheter les disques, et avec les débuts des médiathèques on a aussi pu s’enfiler des discographies entières de nos ainés à peu de frais. Internet et les collections économiques de cd n’ont fait qu’accélérer ça. Mais à quel point!
J’en reviens donc à cette idée que nous baignons dans le patrimoine jusqu’au cou :-)
N’empêche si on pouvait arrêter avec ce satané revival 80’s, ça serait pas un mal en fait ^^
Je te rejoins, il y a un manque d’ambition ou d’insouciance initié en partie par la facilité qu’on peut avoir maintenant de tout écouter, en schématisant, dans le rock en particulier, on attendait pas de tout connaitre d’un style pour faire de la musique… désormais on a l’impression que la digestion est passée prioritaire devant la création :-P
ouais exactement, on veut des p’tits jeunes qui ont faim, qui ont le couteau entre les dents ^^
PS : doc t’abuses, les 80s c’est la décennie de tous les délicieux nanars dont tu parles et dont je suis aussi très friand :-D
“Parce qu’on mérite mieux que passer nos vies en charentaises.”
C’est joliment dit. :-)
Réaction à retardement, donc très condensée.
Guic’ >>> révolution non-liée à la technologie… Joy Division ? Révise tes classiques, autant Uknown Pleasures est un disque assez brut, autant Closer est très lié aux évolutions technologiques, sur lesquelles Martin Hannett était hyper pointu (utilisation de séquenceurs, de boites à rythmes…). “The Eternal”, “Decades” et “Heart & Soul” sans les évolutions technologiques de l’époque, j’aurais bien aimé voir ça :-)
Bobo >>> si tu parles d’ambitions (oui, je fais allusion à ton tout premier commentaire ^^), je te suis déjà plus. C’est vrai que les albums des dernières années, et plus spécifiquement ceux de 2010, manquent cruellement d’ambitions. L’an dernier on trouvait effectivement Biolay, mais aussi Chesnutt, dont les albums avec Thee Silver Mt et le gars de Fugazi (j’oublie toujours son nom) témoignaient d’une volonté de faire du folk-rock de manière complètement différente (il est d’ailleurs assez intéressant de réécouter ces deux albums - North Star et At the Cut - à la file, et de s’apercevoir que derrière leur côté intimiste et feutré se cache deux disques bien plus originaux qu’on pourrait le croire). Il y avait aussi le controversé Grizzly Bear (à qui on a beaucoup reproché, à l’inverse, d’avoir les yeux plus gros que le ventre), l’album hallucinogène et mystique de Current… ce qui faisait finalement peu… mais cette année, euh… Janelle Monae ? Je plaisante :-)
merci anna ^^
thom, c’est vrai que l’ambition c’est un peu différent, mais pas sans lien, cette année c’est vrai que la monae se veut ambitieux, mais pour moi les rares qui pourraient mériter cegt adjectif seraient zola jesus (sur ses 2 disques), arandel, et le gil scott-heron aussi.
malgré ses qualités je sais même pas si le gonjasufi est si ambitieux que ça. Excellent, oui, mais ambitieux ça se discute ^^
Très bon billet pour provoquer la discussion. J’arrive un peu après la bataille mais voici mes quelques idées sur le sujet.
Il est vrai qu’aucun mouvement vraiment nouveau et d’importance n’est apparu depuis longtemps (20 ans ?) ce qui ne veut pas dire que dans de nombreux genres des artistes n’aient pas fait preuve d’originalité. Mais les labels, majors comme indés “respectables”, ne prennent strictement aucun risque se contentant de signer des artistes rassurants (donc sans la moindre originalité) ou dans l’air du temps. Comme en plus tout semble s’uniformiser autour de Pitchfork…
Mais cela n’empêche pas la sortie de disques différents et ambitieux, malheureusement trop souvent sur de tout petits labels. Je pense en particulier pour cette année à The Magic Theatre ou Pagan Wanderer Lu.
merci lyle, je note ces noms !
Si tu considérais vraiment “le grunge”, Radiohead, PJ Harvey ou Stereolab (des recycleurs de première !) comme novateurs en 91, c’est peut-être parce que tu étais plus jeune, tu avais moins de culture et de bagage qu’aujourd’hui, tu étais moins blasé.
Aujourd’hui dès qu’un groupe guitare-basse-batterie se “contente” modestement de composer de belles chansons, on lui reproche d’être rétro…
tu nous laisses dans le flou, oooh-man,
à part que tu es plus âgé et plus cultivé que moi, ce dont je ne doutes pas ^^
où veux-tu en venir? que toi aussi tu t’en tapes et que ce sont les bons morceaux qui comptent? c’est une position qui se tient, et elle est soutenue par de vrais connaisseurs, why not.
mais finalement, si tu n’es pas capable d’entendre que girls, vv brown, harlem, ariel pink, les bb brunes, etc., sont objectivement et délibérément rétro, tu ne dois pas avoir l’oreille si fine que tu crois.
ou alors explique toi mieux ;-)
Thom>>> Justement, je pensais à Unknown Pleasures, plus particulièrement: le son décharné, la basse omniprésente, toutes ces choses étaient possibles depuis au moins 7 ans quand ils l’ont fait, mais ils sont (à ma connaissance), sinon les premiers à l’avoir fait, du moins les premiers a avoir rencontré du succès en faisant celà. (je dis bien “les premiers à ma connaissance”, connaissance très lacunaire comme chacun sait.)
en effet Closer a une prod fabuleuse, rien que d’y penser je frissonne :-)
mais thom & guic, je dirais que c’est aussi une histoire de techniques d’enregistrement, au moins autant que de bonds technologiques,
quand je parle d’imagination et d’innovation c’est faire quelque chose pour la 1e fois, ou parmi les premiers,
quand Les Paul invente l’overdub, c’est en utilisant de manière novatrice des technologies déjà anciennes, technologiquement dès que l’enregistrement/restitution a existé le principe de l’overdub était possible, mais il a fallu attendre plus de 50 ans pour qu’un type le fasse.
Les consoles à 4 pistes, puis 8, puis 16, puis les numériques sans limites de nombre, c’est pareil. La technologie existait, même si ça pouvait coûter cher à fabriquer ou ne permettait pas forcément une qualité optimum.
le “wall of sound”, c’est un certain type de mixage, technologiquement et même techniquement spector n’a rien inventé, mais musicalement, artistiquement, sa production est novatrice.
Le punk et la new wave, et quasiment en même temps, apportent une vraie nouveauté, la technologie n’est qu’une partie du tableau, parfois un élément dispensable.
Il est vrai que l’arrivée du synthé nous a permis de bénéficier de Jean-Michel Jarre et de Partenaires particuliers…
uh uh mais quel salaud ^^
et kraftwerk aussi, c’est sûr, mais bon, un instrument ça reste un instrument, ça peut donner des envies mais c’est pas ce qui fournit l’imagination ni le talent :-)
groupe ambitieux et novateur, aujourd’hui?
bah… même le 3e Portishead, pourtant un très très grand disque, est assez peu novateur.
Peut-être que dans 5 ans c’est le Gonjasufi qu’on mettra au pinacle, sait-on jamais.
Tu m’as mal compris Arbobo - ou je me serai mal exprimé.
Ce n’est pas moi qui suis plus âgé et cultivé que toi.
C’est toi-même qui es plus âgé et cultivé que celui que tu étais en 1991.
C’est pourquoi tu as cette impression teintée de nostalgie qu’à l’époque il y avait plus d’innovation.
Tu écoutais Stereolab, “Blue Lines”, du “grunge” en te disant “Voilà du neuf” (je te cite). Tu trouvais la violence des Pixies et de PJ Harvey “inouïe” (je te cite encore).
Si tu avais su alors ce que tu sais aujourd’hui, tu aurais qualifié ces mêmes disques de rétro.
Massive Attack samplent la soul et le jazz-funk 70s pour retrouver ce “feel” du passé, ils utilisent de vraies cordes et non des string-ensemble : par rapport à KLF, William Orbit ou Coldcut, ils sont clairement et délibérément rétros.
Stereolab utilise exclusivement des synthés analogiques des 60s (leurs chansons sont nommées d’après eux), ils citent Neu!, chacun de ses titres d’albums est une référence à un album du passé, même le nom du groupe est une référence à un label des 60s ! Ils sont rétros jusqu’au bout des ongles !
Quant aux Pixies et PJ, ils enregistrent avec Albini, c’est-à-dire en analogique, sur bande, sans overdub : comme dans les 60s, et encore, les early 60s. Compare à ce que font Primal Scream ou MBV au même moment, de toute évidence, ils sont rétros.
En fait tout ce que tu trouves rétro dans la musique d’aujourd’hui, tu le trouvais “neuf” et “inouï” dans celle d’il y a 15 ans.
Girls et Ariel Pink ne sont pas plus rétros que les Pixies et Massive Attack : c’est juste toi qui es plus vieux.
ok, oooh-man,
je vois mieux,
mais je te renvoie à ce que je dis plus haut sur l’utilisation différente de techniques existantes :-)
je vois bien ce que tu dis, mais blue lines reste hyper novateur à mes yeux, alors qu’aujourd’hui je connais le dub et la soul et à l’époque non ;-)
on ne doit pas entendre la même chose par rétro, je ne veux pas avoir une approche trop techniciste de ça, mais bon je m’en suis déjà expliqué, on n’est pas obligés d’être d’accord ^^
Ah, j’arrive un peu tard, mais ces questionnements sont intéressants. J’ai moi aussi exactement le sentiment que tu exprimes dans ton article Arbobo. Cela vaut surtout pour la télévision, les séries et le cinéma, pour la musique je serai plus nuancé (peut etre parce que je connais bien mieux ce domaine…)
Je rejoint rififi et Ooh-Ooh-Man quand ils disent que ce sentiment de sur place est du autant au effets des divers revival que tu décris dans ton article qu’à notre propre évolution musicale. C’est à dire beaucoup plus de culture, et trop de disques (”je trouve qu’à force de vouloir écouter «tout» ce qui sort on ne prend plus le temps de profiter de ce qu’on aime”) - Lorsque nous nous sommes mis à écouter de la musique, tout était nouveaux pour nous, on ne pouvait donc pas avoir ce sentiment de déjà entendu, quoiqu’on pose sur la platine.
enfin, pas d’accord avec mmarsu. Le fait que tout le monde puisse faire de la musique entraine au contraire une baisse de la qualité de la musique. Avant pour faire musicien, il fallait etre pret à en chier pour pas un rond, c’était une vraie prise de risque que ne prenaient que les gens réellement motivés, à fond dans ce qu’ils faisaient… Il y a une bonne chanson des Weepers Circus sur le sujet, qui s’appelle “tout le monde chante”.
sur le dernier point, ça dépend de quoi on parle,
déjà parce que s’il est devenu extrêmement facile de faire un disque, le faire dans de bonnes conditions reste compliqué, et de toute façon vivre de la musique, même chichement, est devenu (re-devenu?) ultra-minoritaire.
la qualité moyenne, je persiste à trouver qu’elle est bonne voire en hausse, mais souvent sans grande originalité et encore moins d’audace.
exemple : Revolver, ou 1973. C’est bien fait, ça dépasse de nulle part, ça fait pas mal aux oreilles mais c’est joli, bien arrangé, les morceaux tiennent bien debout (et pour cause, puisqu’à peu de choses près tout est relativement pompé sur des recettes éprouvées).
mais merci xavier et les autres, c’est bien parce que c’est une discussion argumentée que je parviens à affiner mon point de vue :-)
Je repassais ici pour linker cet article dans un autre, et je vois le commentaire de Xavier… et je suis évidemment d’accord avec sa dernière remarque. Tout en étant d’ailleurs tout à fait d’accord aussi avec Mmarsu.
En fait, le principe de “tout le monde peut faire de la musique et tout le monde peut la diffuser”, génial sur le papier, s’est avéré terriblement décevant. Parce qu’il y a eu une telle prolifération que finalement, on diffuse sa musique, mais il n’y a pas grand-monde pour l’écouter. Je serais curieux de savoir combien de pages de groupes il existe sur Myspace, mais je pense que le nombre doit être absolument terrifiant.
A côté de cela, qui demeure malgré tout une évolution positive, on a eu une prolifération des labels, donc des signatures. J’en rigolais il y a quelques mois en disant qu’on a parfois l’impression qu’à un moment donné, chaque fois que deux mecs s’entendaient bien, ils créaient un label. Le résultat est évidemment qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de disques (tout comme de livres, du reste… proportionnellement il y a beaucoup moins de films, quelle surprise que des trois industries ce soit celle-ci qui se porte le mieux… enfin c’est un autre débat). Je trouve bien que tout le monde puisse faire de la musique, ce n’est pas pour ça que je considère que tout le monde le doit. On signe à tourne-bras le moindre groupe capable d’écrire une chanson qui tient de bout, et comme si ça ne suffisait pas on lui fait en plus enregistrer un album (à croire que l’industrie n’est pas si pauvre qu’elle le dit, parce que même en 2010 et contrairement à une idée reçue largement répandue, ça coûte quand même de l’argent).
Tu parlais du punk ou du grunge, mais souviens-toi du nombre de groupes punk ou grunge devenus cultes et qui n’ont enregistré qu’un seul album, voire aucun à part une compile de singles. Et ça, c’est en partie parce que les labels ne font plus du tout leur travail de direction artistique, ou de moins en moins, signent des produits pour les majors et leurs potes pour beaucoup d’indés…
thom, je reviendrai bientôt sur ce point là, la prolifération de musique et le changement de formes de l’édition musicale,
ça mérite bien un article en soi :-)
d’autant qu’il faudra le lier à un autre sur l’argent de la musique, vaste sujet sur lequel à force de crouler sous la doc je finirai bien par pondre quelque chose XD
J’arrive un peu après la bataille mais je suis d’accord avec Ooh Ohh Man qui dit bien plus savamment ce que je souhaitais dire. Et pareil, d’accord avec Xavier. Quand on est jeune, on écoute en boucle le même album, qui donc nous marque peut être plus. Dans la boulimie musicale, et la facilité de tout écouter, on est moins porté à écouté 150 fois le même disque… et comme il y a une plus grande faculté d’écouter tout, qu’il y a moins de prescripteur qui va dire “c’est le groupe à écouter” et que de toute façon tu n’as l’argent que pour t’acheter un seul CD comme c’était le cas il y a 10 ans, et bien oui forcément, il y a moins de consensus! Mais c’est aussi lié à l’augmentation de la culture de chacun, pas forcément à la diminution des grands albums. Après je ne connais que très moyennement l’actualité musicale donc… En tout cas la fragmentation et la culture musicale augmentée et plus variée de chacun fait justement qu’il n’y a plus de mouvement fédérateur (donc plus de mode débile où tout le monde joue la même chose au passage parcequ’un mouvement c’est probablement le contraire de la création artistique…). Mais je trouve que quand j’écoute un album de rock pitchfork ou du rap skyrock, ça a beau être rétro, on l’identifie sans peine à “musique de la fin des années 2000).
Sur la prolifération du nombre de groupes, je trouve ça plutôt une bonne chose. Bien sûr que ça ne veut pas dire qu’il y aura plus de grands groupes, et bien sûr que ça rend le rôle des journalistes plus difficile (et plus important) mais si un petit groupe trouve son public, tant mieux! L’histoire de la musique est faite autant des génies, que de la masse de simples bon musiciens, qui se font plaisir et ont la satisfaction de partager ce qu’ils font même si c’est médiocre. c’est bien que tout le monde puisse faire de la musique, ça ne veut pas dire que chacun doive tout écouter… je ne vois pas le problème à ce qu’un petit groupe ait un petit public alors qu’il y a 20 ans il aurait eu 0 public.
Et, mais je commence à avoir l’impression de radoter sur un débat qu’il y a avait eu sur Art-rock (oups Music lodge), il y aussi le fait qu’on a du mal à évaluer l’importance de groupes ou mouvement sans recul. Un super album tel année, 10 ans après il devient le père spirituel d’un mouvement. Et 50 ans après, une référence absolue indépassable… Il n’y a qu’à regarder les critiques des classiques du rock au moment de leur sortie, ça m’étonnerait qu’ils anticipaient leur portée!
Leadbelly, il jouait des chansons qui avaient 50 ans… Et puis le vieux Django Reinhardt il n’a fait que mélanger le jazz (la musique à la mode aux US) avec le musette (la musique à la mode en France) et la musique gitane (la musique qu’il écoutait avec ses potes)… Et Cervantes, ce n’est qu’une parodie habile des romans de chevalerie! Bref, laissons le temps aux albums qu’on aime de décanter et je suis sûr qu’un jour il y aura un consensus et qu’on fera le tri entre les grands et les bons albums. Moi même qui découvre tout avec 10 ans de retard, je commence à découvrir “mes” grands artistes des années 2000: Asa Chang, là en période Los Hermanos et avant j’écoutais en boucle les premiers albums de Calle 13… qui datent du début et milieu des années 2000…
D’ailleurs c’est marrant comment quand on fait un top des années 2000, il n’y a que les albums du début de décennie qui sortent (et c’est même sur que Kid A va remporter le top de la décennie de GT, un album sorti en 2000 comme par hasard!)… une illustration parfaite du fait qu’on réévalue le passé, ou plutôt qu’il faut du temps pour apprécier si un album marque ou non, s’il vieilli bien ou pas. Et on juge aussi par rapport aux albums suivant. Les génies ne sortent pas d’albums médiocres. Les grands artistes ne sortent pas d’albums mauvais. Les bons artistes n’ont souvent plus d’idées (ou plus les bonnes) au bout du 2 au 3 eme album et finissent par se parodier ou se prostituer… et c’est aussi avec ce recul là qu’on juge un grand album et qu’on verra si on y verra le génie à venir ou le mauvais goût qui transparait. Il était bien difficile en 1970 de dire qui de Brassens, Brel, Ferré ou Gainsbourg était le plus grand, aujourd’hui ça ne fait plus de doute à mon avis…
Sur ce, bonne nuit :-)
Brel, bien sûr.
j’aime beaucoup la manière dont la discussion de départ a dévié,
sans doute parce que ma manière de poser la question n’était pas si importante que ça.
comme je disais à thom, boebis, je compte revenir bientôt sur cette idée de la prolifération d’artistes. Je suis moins sévère que xavier sur ce point.
difficile en tout cas de séparer ce sujet de la question de savoir ce qui fait un bon disque, finalement :-)
je n’ai pas de références précise sous la main, il faudrait que je fouille un peu dans mes lectures, mais en sciences sociales je suis de l’avis de ceux qui considèrent que le changement existe, mais qu’il se nourrit du passé et n’est pas une rupture totale spontanée.
ça pose évidemment des problèmes plus épineux d’adopter ce point de vue, que de dire qu’il y a des ruptures, que machin est “révolutionnaire”, etc.
Mais c’est aussi plus proche de la réalité humaine il me semble.
Le fait que Hendrix faisait du blues n’enlève pas la nouveauté de son jeu ni l’innovation de son style, il me semble. Mais c’est du coup, en l’absence de frontières nettes et précises, c’est plus difficile de faire des catégories.
ET POURTANT…
c’est bien ce que nous faisons avec le rock’n'roll. dès qu’il s’agit de dater précisément le début du r’n'r personne n’est d’accord sur les dates, le premier disque, le premier artiste. Et c’est normal, ça ne peut pas être aussi simple que ça. N’empêche qu’en 1950 on ne peut pas dire que le r’n'r existe, même si ses ingrédients sont quasiment déjà là disséminés çà et là, et en 1956 il ne fait plus aucun doute que le r’n'r est né et s’est affirmé comme un style nouveau.
je veux dire par là que le changement est un processus, et l’innovation également.
Sur ce, je file à mes nombreux brouillons d’articles ^^
Ouh pinaise, je suis parfaitement d’accord avec ce que tu dis sur le changement et la rupture, tu l’as bien mieux dit que moi, Arbobo ^^
Les questions que pose Boebis sont très intéressantes, ça sera bien marrant dans 20 ans de voir quels musiciens de la décennie 2000-2010 seront cités en référence par les nouveaux artistes (si on n’a pas tous finis comme dans “Dr Folamour” entre-temps) (OK, je déconne) (quoique^^).
Quand on avait discuté autour des battles chez GT, et que j’avais repensé aux albums qui m’avaient marqué dans la décennie, ça m’avait bien étonné de voir que l’immense majorité datait de la première moitié, voire de 2000 et 2001 précisément…
Avec le recul, on verra bien ce qui restera dans le tamis, et quelles baudruches se seront dégonflées (pour prendre un exemple dans les “classiques” du rock, dois-je évoquer “Who’s next” pour fâcher Xavier ? ;D).
Et le jour où on se décidera à reconsidérer les années 90, on va se marrer du côté du rock (quelle décennie surestimée, à mon sens, je crois que c’est en partie ce qui m’a éloigné du rock pendant des années…). C’est assez drôle de voir le nombre de disques qui semblaient apporter du “neuf” à leur époque, et sont déjà “périmés” 10 ans plus tard.
Mais non Christophe, c’est Brassens! Là tu ruines toute ma démonstration ^^
Sinon, mon post était un petit peu “fight” mais le débat est vraiment intéressant, surtout pour moi qui n’ai pas vraiment d’avis sur la question principale n’étant pas calé du tout sur l’actualité musicale (ce qui est pourquoi je n’y ai pas répondu).
Sinon sur la question qualité/originalité, que je vois en relisant en diagonal les commentaires, je pense pas qu’on puisse tellement les séparer. Pour moi un artiste original, ce n’est pas un artiste qui va se dire “tient je vais faire ça car personne ne l’a fait auparavant” mais plus un artiste qui va faire une musique personnelle, et que toute musique authentiquement personnelle et aboutie est forcément originale si l’artiste a de la personnalité. Et par original je dis vraiment original soit “différent de ce que j’ai entendu avant” pas “je met un instrument exotique, je fais un truc bizarre ou dissonant pour faire original alors que je ne fais que copier l’avant garde d’il y a 15 ans…” Souvent la musique qui se veut originale est encore plus conformiste que le reste sauf que les conventions sont un peu différentes et les types qu’ils copient moins connus.
Peut être que je confonds personnalité et originalité… en tout cas à mon avis, l’originalité artistique ne découle que de ce qu’on a quelque chose d’original à exprimer et ce qui passe nécessairement par un renouvellement de la forme, pas par une recherche musicale purement abstraite sans fond.
Et sur la prolifération musicale, c’est vrai que la multiplication des groupes est du au fait qu’on signe ou que s’autoproduisent beaucoup de “groupes du dimanche amélioré” (sans connotation péjorative, je veux dire de groupes débutants). Avec la fragilité de l’industrie, on peut les signer pour faire un album mais sans les payer, ce qui fait qu’ils n’auront peut être pas le temps d’acquérir la maturité artistique et technique nécessaire pour qu’ils sortent un grand album un jour. Et donc que la prolifération peut peut-être cacher une diminution du groupes de professionnels ou semi professionnels? Des hypothèses lancées par quelqu’un qui ne connait rien au petit monde de l’édition musicale…
J’arrive largement après la bataille, mais bon quand même, je vais y aller de mon petit commentaire. :)
Déjà, très bon article et bons débats en commentaires.
Plusieurs choses sur tout ce qui a été dit:
- Je ne pense pas que le point principal de la musique soit l’innovation. Je préfèrerais toujours un album qui “sonne comme” à un album qui se veut novateur mais qui n’a que ça à se mettre sous l’oreille.
Innover pour innover n’a pas trop d’intérêt pour moi.
Mais si on en est là, c’est peut-être aussi, comme disait jesaispuki dans les commentaires, qu’on est arrivé au bout d’un chemin. Et que tout ce qui a été fait, inventé dans les années 60, 70 ou 80, ben ca a été possible car il y avait du créneau, la place pour inventer ca.
On le voit bien quand on essaie de qualifier une musique, à base de slow-post-rock ou de folk-electro-pop (c’est débile, je sais, mais j’en suis friand finalement): à chaque fois, ce terme a déjà été utilisé et au final, on se rend compte aujourd’hui que TOUT a été dit ou fait.
Je ne pense sincèrement pas que c’est un manque d’ambition de la part des artistes, c’est juste que, objectivement, tout a été dit.
- la prolifération des groupes sur myspace, je ne pense pas que ca ait qqch à voir de près ou de loin avec cet état de fait. A l’époque (disons dans les 90s), y avait pleins de groupes qui répétaient dans leurs garages, comme dans la vieille image d’Epinal éculée. Sauf qu’ils n’enregistraient pas.
Aujourd’hui, c’est la même chose sauf que les gars enregistrent et tentent de diffuser. Aujourd’hui, Myspace c’est devenu un garage virtuel, rien de plus.
Ca n’empêche pas les très bons groupes de sortir du lot et d’avoir si ce n’est un succès public au moins un succès d’estime.
- j’ai cette discussion sur un forum en ce moment concernant l’importance des années 2000 dans l’histoire de la musique. Et je me bats contre qqs mecs qui considèrent qu’aujourd’hui, y a plus de groupes fédérateurs et que c’est du au manque de talent des gus. Mais c’est complètement faux!
On a totalement changé d’époque! En 1991, tu écoutes les Pixies ou Nirvana parce que ca passe à la radio ou parce que tu as lu un article sur eux qui a titillé ton esprit (bien sur, il reste la possibilité d’avoir un grand frère qui vit aux USA et qui te ramène les meilleurs trucs, mais c’est quand même très minime comme proportion de gens). Pour écouter de la musique, tu fais “confiance” à la promotion et si ton libre arbitre est toujours présent, il n’est pas très développé tant les sources d’informations sont très minimes.
Aujourd’hui, tout a changé, on n’est plus obligé de suivre les conseils des Inrocks ou de RNF. On se fait son avis tout seul. Alors oui, on ira pourquoi pas écouter cet album de truc parce qu’il a eu 4F dans Telerama, mais on se fera son idée soit même, à l’écoute, sur Spotify ou sur deezer. On n’est plus à la merci de la promotion comme on pouvait l’être à l’époque.
Aujourd’hui, tu mets la situation actuelle de l’industrie du disque dans celle de 1994 par ex, mais Arcade Fire, ils ne vendent pas 60 000 albums de Funeral hein. Ils en vendent des camions entiers. Ils pètent pas loin du million en France. Et Time to Pretend devient un hymne absolu pour toute une génération.
A l’inverse, tu mets Nirvana au début des 90s mais avec la situation du net aujourd’hui, ils cartonnent mais jamais autant, même avec un label comme Sub Pop derrière. C’est aussi simple que ca.
Les années 2000 n’ont peut-être pas inventé l’eau chaude, mais elle recèle de très bons groupes, de très beaux albums. Certes, sans sortir d’albums fédérateurs (mais c’est normal et ca n’arrivera plus), mais suffisamment pour se poser à mes yeux en sérieuses concurrentes face aux délicieuses années 60 et 80.
(désolé de ce commentaires complètement décousus et presque incompréhensible).
pas décousu twist et tu as bien fait d’y aller de ton couplet :-)
sur l’innovation,
il va de soi que ce n’est pas un critère exclusif, ni même en soi un critère de qualité, mais pour ce qui est de “tout a été dit”,
on l’a cru en littérature, on l’a cru en musique et puis bam, au début du 20e siècle, des types inventent des formes étranges et nouvelles, qui satie, qui stravinski, qui schoenberg,
le jazz, on a cru que ça touchait au but, et puis le bebop arrive, puis le free jazz, et le jazz fusion….
des expérimentations il continue à y en avoir en rock aussi, le mélange folktronica c’est récent, mais il n’y pas encire eu de chef d’oeuvre, juste quelques réussites, pas de quoi tirer tout le monde dans cette direction à commencer par le public.
tout dépend évidemment de ce qu’on appelle innover, on en revient aux limites floues et poreuses.
mais je ne crois pas à l’approche “fin de l’histoire”. ça colle trop bien, comme par hasard, à tout un ensemble actuel, comme l’absence de corps idéologique établi.
période de creux, à mon avis, plutôt :-)
et ça repartira peut-être de plus belle, mais en attendant on a de bons et très bons disques, c’est déjà bien ;-)
“le mélange folktronica c’est récent, mais il n’y pas encire eu de chef d’oeuvre, juste quelques réussites, pas de quoi tirer tout le monde dans cette direction à commencer par le public.”
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Ah mes yeux, ‘Rounds’ de Four Tet est un chef d’œuvre de folktronica. Après, que ca ne touche pas forcément le public, c’est plus logique, entre la typologie de celui qui écoute de la musique et de l’absence de “tubes”.