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Solange Knowles : Bad girls (Verdine version)

Ah cette basse de Verdine White, faussement nonchalante, qui vous dégrafe les corsages et délie les ceintures…
Il pourrait y avoir dans ce son de basse toute la vulgarité des années 80, les cabotinages de Don Johnson où ces outrages à l’idée même de mode arborés dans la moitié des clips de l’époque.

Mais Solange Knowles a du goût. Suffisamment pour refuser de remplir ras la gueule ses albums de chansons inutiles, comme tout le monde sans que sa soeur fasse exception. Assez de goût pour laisser entre deux disques le temps qu’il faut, au lieu d’accumuler le cachet facile (ce qui n’arrête pas certains plus riches qu’elle). Après tout, cette même basse moite hantait aussi un des albums phares de 2012, celui de Chairlift. Un peu le même genre de groupe qu’on trouve chez Terrible records, le label de Solange.

Il y a chez Solange une certaine classe, jusque dans la manière de mettre en valeur sa plastique. Au vu des standards actuels de la pop, se contenter d’être jolie et élégante passe désormais pour une pudeur surannée.

Ce qui tient bien entendu un peu de la pose, à tous les sens du mot. Un moyen de souligner sa spécificité sans jamais laisser ignorer de qui elle est la soeur.

Mais tout de même. On la trouvera plus facilement dans le sillage de Jill Scott que sur les pas de Rihanna ou de Beyoncé. Une retenue, une indifférence à la surenchère. Et une petite touche de soul, la pincée de sel qui vient relever le tout. Solange s’entoure des meilleurs, rayonne sur le moindre portrait, est déjà riche de tous les titres qu’elle a co-signé pour d’autres. Elle peut se permettre ce luxe supérieur, l’élégance de ne pas céder à la folle course qui se joue sur les plateaux de MTV ou à la mi-temps du super bowl.
On ne peut s’empêcher d’y penser, et de lui en savoir gré. Et voilà comment un disque pas mauvais de nu-soul, embelli par cette touche de style, devient plutôt un bon disque qu’on a envie de partager.

Le clip de Losing you est une réussite, mais on préfère encore le morceau final, Bad girls (Verdine version), ci-dessus, et son goût de fruit défendu.

L’album True est disponible.