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Topic: des disques...
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soeur sourire - redux

par arbobo | imprimer | 1mai 2009

Actu cinéma oblige, republication d’un article du 17 septembre 2007. où l’on découvre que le film qui sort en salle était d’abord prévu pour être un unitaire télé.

Il y a des disques qui vous tendent les bras, de vieux 25 cm devant lesquels, la main sur la bouche, on salive d’avance à se dire “il FAUT que je montre ça aux copains”. Histoire de bien se poiler, quoi.

De concert, rigolons un brin. Profitez-en.

Ca commence aux premières heures du roqueunerole, la Nouvelle vague commence à peine, les yéyés sont encore au lycée, et la France est prête pour une bénédiction.

“Dominique nique nique s’en allait sur les chemins”




Dominique
envoyé par primaner

Le succès immédiat de ce tube inégalable s’explique, évidemment, par un vent de piété qui courba la France entière devant l’autel. Ca va de soi. Toute autre interprétation, graveleuse, n’a pas lieu d’être. Que Saint-Dominique nique, déjà, mais à répétition, en plus, visiblement personne au couvent n’avait envisagé cette interprétation, laissant la pauvre “soeur sourire” devenir l’involontaire et improbable ancêtre d’Elmer food beat. Vivant en Belgique, au couvent de Fichermont.
Enfin, de “sourire”, en tout cas, on ne vit jamais celui de l’intéressée, si peu intéressée au demeurant qu’elle laissa à sa communauté tous les droits d’auteur de ses succès. Une vraie nonne, vraiment compositrice, avec un vrai succès, et qui fait vraiment rire. Bonnard.


Succès, bel et bien, car outre Dominique, la soeur enregistra plusieurs disques. L’enthousiasme fut tel que, comme le rappelait Ama-L, elle fut même numéro 1 des ventes aux Etats-Unis en 1963 (c’est dire si les soeurs ont eu de quoi refaire plusieurs fois la charpente). En 1966 Hollywood fait même un film sur sa vie, The singing nun, avec dans le rôle titre Debbie Reynolds. La classe.

Voilà pour la partie sympa de l’histoire, success-story surprenante et un peu rigolote. Après ça, tout part en quenouille (non non, je l’ai écrit correctement !). Avec dans le rôle de la victime, une soeur talentueuse et (trop?) innocente, et dans le rôle des méchants, sa hiérarchie catholique. Tous en choeur : bouhhhhhhhhhhhhhh !

Qui dit ventes miraculeuses dit royalties faramineuses, multiplication des pains au chocolat, etc. A Jeanine Deckers le plaisir du chant et le renommée, à son ordre l’argent coulant à flots. Répartition des rôles bien réglée, mais un peu trop empirique. Car le fisc belge finit par toquer à la porte de l’ancienne soeur, en 1974. A celle qui avait quitté les ordres, on réclama des sommes folles, pour des droits d’auteur dont elle n’a jamais vu la couleur. Or les religieuses, oubliant toute notion de reconnaissance et de pardon, ne firent pas un geste. Et pour cause, puisque le contrat prévoyait que le couvent touchait les bénéfices, mais que la soeur paierait les impôts qui vont au fisc.

Elle pouvait toujours soeur-courir pour obtenir justice, en affrontant son couvent elle n’a réussi qu’à soeur-pourir.
Sale fin de vie que la sienne, achevée tôt par un geste romanesque.

Après être sortie de l’ambiance du couvent grâce à la faculté de théologie (elle est restée croyante toute sa vie), elle quitte son ordre en 1967, passant soudain de la gloire à une pluie d’emmerdements.
La deuxième carrière de Luc-Dominique, nouveau pseudonyme de Jeanine Deckers, est surtout dominée par la pillule d’or, hymne à la contraception que le Vatican ne lui pardonna pas, avant qu’elle ne vivote de gala en salle des fêtes. Plus qu’un changement, car elle chante elle-même “elle est morte soeur-sourire“, chanson mi-règlement de compte mi-nouveau départ. Concession au manque d’argent, elle qui débuta sans montrer son visage, enregistre en 1982 le remix pseudo-disco de son fameux Dominique si moqué.
Jeanine vivait avec sa compagne Annie Pécher (fallait l’inventer!), refusant de se considérer comme homosexuelle, sans qu’on sache si elle n’étaient que pures âmes soeurs ou si elles ne réussissaient pas à l’assumer (elle avait déjà eu son compte de coups bas sans en plus affronter l’homophobie). Malgré l’hommage d’Hollywood, le quotidien était trop dur, et l’humiliation trop insupportable.


Le 29 mars 1985, Jeanine Deckers et Annie Pécher se suicident ensemble.

Fin de l’histoire. Un épilogue qu’on ne vous a pas souvent conté sur “rires et chansons”. Mais qu’une fiction télé devrait faire redécouvrir, avec dans le rôle de Jeanine sa compatriote Cécile de France.


Comments

3 Commentaires


  1. 1 Ardalia on mai 1, 2009 17:03

    Pshit, the singing nun, les rats !

  2. 2 arbobo on mai 1, 2009 22:11
  3. 3 lou on mai 4, 2009 9:56

    Encore une Belge !
    Jusqu’à récemment, je ne connaissais pas la rebelle (entrée au couvent pour fuir une famille oppressante) sinon par les croyances colportées. Alors, merci pour ce billet de synthèse, qui te vaudra peut-être les sarcasmes des trop-créants, ceux pour qui une bonne soeur, ça sent le fagot :)

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