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Shannon Wright à la Maroquinerie

Un concert de Shannon Wright, c’est toujours un moment particulier.

Au vu de son nouvel album, Secret blood,  on espérait retrouver la dureté, la sécheresse de titres comme Violent colors ou Comonner’s saint, vrais bijoux aux mains ensanglantées. Car malgré des titres au piano et d’autres au tempo assez sage, Secret blood est un des albums les plus rapeux de l’américaine. Il se trouve que c’est dans ce registre qu’on la préfère, c’est quand elle défonce notre patiente attention à coup de pioche qu’elle nous touche et nous donne envie d’en reprendre une.

On a vu Shannon Wright dans un immense théâtre, de jour, on l’a vue dans le petit Nouveau casino plein à craquer,  on la voyait ce soir là clôturer la partie française de sa tournée, devant un public nombreux et acquis. On l’est encore plus après coup. Car Shannon Wright a fait le concert qu’on espérait d’elle, concrétisant l’album fantôme dont on rêve, un disque qu’elle ne sortira probablement jamais et qui concentrerait la brutalité et la puissance de son set.

A peine deux titres à l’orgue (et Defy my love était déjà le 9e du set), pour reprendre haleine, et son trio infernal repart pied au plancher. Comme d’ordinaire, son jeu de scène se concentre sur son jeu de guitare et son chant, les seules paroles prononcées seront un merci laconique mais sincère avant de quitter les planches. Le retour sera une avalanche. En final, des titres du fabuleux Over the sun, qu’elle transcende en live, en armurière, et le termine le canon de sa winchester encore fumant.

Entrer dans un concert de Shannon Wright, c’est se préparer à en sortir difficilement. On fait le compte de ses organes, vérifie que rien ne manque, essuie ce nez qui saigne, tente de percer le halo brumeux qui nous sépare des autres et du monde. Décidément, Secret blood est en train de devenir notre album préféré, il traverse l’épreuve de la scène sans répit, et nous laisse épuisé. Tant mieux.

Pour capter cette folie maîtrisée, cette brutalité sans bestialité et sans animosité, il fallait une Chrystèle. Ca tombe bien, elle était justement là.