Se remettre au jazz?
j’ai toujours entendu du jazz chez moi, mais j’en écoute peu de contemporain, d’actuel.
Un peu pourtant, « hymnes au soleil » des Belmondo, le premier Artaud (et les suivants si décevants), la classique mais délicieuse Melody Gardot, ses ainées Stacy Kent ou Madeleine Peyroux… Pour le reste j’ai plus eu tendance à compléter ma maigre connaissance de Miles Davis, Sun Ra, ou Ahmad Jamal, qu’à me plonger dans les dernières parutions.
Peu importe ce qui aurait changé, le fait est là. Et le constat pas plus brillant que pour la pop, le rock, l’électro : beaucoup de choses moyennes, peu de disques qui m’emballent pleinement.
En 2010 et 2011, je peux mettre dans le panier jazz quelques disques que j’ai écoutés : Cyro Baptista, Eric Legnini, Meursault, François Couturier, Artaud, Dave Douglas, Tigran, Samy Thiebault, voire Julia Kent même si cette dernière se rapproche plus de la musique contemporaine. C’est tout? C’est déjà pas mal mais non, ajoutons Melody Gardot, le trio Joubran, Colin Stetson, ou Stefano di Batista et son nouvel album imminent, les Belmondo… Et puis ma “compatriote” niortaise Géraldine Laurent (qui ne m’as pas encore complètement réconcilié avec l’alto, mais elle en prend le chemin).
01 - Nawwâr | Le Trio Joubran by lineoftruce
Les frères Joubran ne sont pas seuls à jouer avec les frontières du genre, pour mon bonheur. C’est plus du côté du groove que ça papote, tout de même, Christian Scott, Stanley Brinks, Mulatu Astatqe, les Bamboos, le Budos band, Tommy Guerrero…
Pas de doute, c’est plus dans ces interstices que je trouve du plaisir, chez les Joubran comme auparavant chez Anouar Brahem, que chez Couturier qui m’ennuie ou Tigran qui me laisse un peu froid. Le truc du jazz, c’est d’accepter d’en découvrir du médiocre ou du peu intéressant, avec la même désinvolture qu’en pop ou en rock. Or rien à faire, aujourd’hui pour trop de mauvaises raisons le jazz est du côté des musiques sérieuses. Avec pour effet que je prends très mal un disque moyen ou passable, je le juge sévèrement au lieu de passer rapidement à autre chose.
En fonctionnant de cette manière on découvre peu, et on revient toujours sur son Maiden voyage adoré ou son In a silent way vénéré. Ce serait très bien si ce repli n’avait pas dans son revers le risque d’une muséification. C’est la faute, aussi, un peu, de Blue note et Sony (CBS, Capitol) dont les politiques de réédition et de compilations ont saturé le marché par la nostalgie. Mais le manque de curiosité n’a pas d’excuse valable, alors je reviens au jazz, pour l’instant, pour le moment. Par ses nouveautés, de vieux papis comme Astatqe ou de jeunes pousses (G. Laurent, Tigran), et un bonheur très variable.
Revenir au jazz, pour moi, en 2011, c’est un peu un défi, et cela me demande de m’inspirer de ma manière d’envisager les musiques “pop”, ce que je m’étais toujours gardé de faire. Petite révolution culturelle. Révolution de palais, pour y reprendre le goût.
Alors, vous? Une oreille sur les nouveautés, ou empêtrés comme moi dans les années 50?
As fâr, du Trio Joubran (2011), actuellement en tournée en France
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Empêtré dans Tzadik.
Je dis empêtré dans Tzadik, parce qu’il faut le PIB du bénélux et la disponibilité d’un rentier pour suivre le rythme effréné de ce label (dont je n’écoute pas tout, avouons le).
tu triches, ça t’oblige à suivre des nouveautés, forcément :-)
à toi le jazz bénélux, à moi le jazz bénénuts
aaaah, le jazz belge, Toots Thielemans, Philippe Catherine….
Moi pas jazz, ou très rarement. J’ai en partie été dégoûté par les jazzeux cités ci-dessus, à tel point que j’ai tout mis dans le même sac. Du coup, la découverte est très très lente, au fil des disques qu’écoute mon homme.
je suis pas fan de toots non plus, sunalee
je fais un peu car spirales, par capilarité,
untel a joué sur tel disque de miles davis que j’adore, je vais voir (ensuite j’aime ou pas), pour certaines périodes ça marche aussi par label,
et puis parfois au petit bonheur, aussi,
par quel miracle j’aime bien Parker dans le film “Bird”, et plus du tout sur disque une fois rentré chez moi? ^^
j’ai écouté le dernier album d’un belmondo hier sur deezer, c’est sympathique!
j’aime pas toujours tout, pas encore écouté celui dont tu parles,
mais l’hymne au soleil des frangins m’avait émerveillé
C’est marrant que tu ranges le Trio Joubran en “jazz”, je ne les associerais pas au genre. Même si, en effet, le jazz est maintenant une catégorie assez hybride… mais pour moi, qui dit jazz, dit swing ou groove, rythmes ternaires avec des 7° sur tous les accords^^ (ce pourquoi le Un Jour si Blanc de Couturier est bien plus proche du classique que du jazz).
C’est assez juste ce que tu dis sur la “muséification” et le fait que, puisqu’on l’associe à une musique “sérieuse”, on le juge plus sévèrement… j’aurais pour ma part tendance à être assez radical et dire que de toute façon, le jazz est mort. Ou, du moins, agonise depuis une trentaine d’années. Depuis qu’il a définitivement perdu ce qui en faisait sa force et sa pertinence comme moyen d’expression de la communauté noire américaine. C’est maintenant la “bourgeoisie blanche” qui s’en est emparée, ce qui nous vaut une musique beaucoup plus lisse, délicate. Une musique de bon goût pour un public trop “pointu” pour se vautrer dans la pop, et pas assez pour s’aventurer dans la musique contemporaine…
j’ai hésité, mais finalement c’est notre échange chez toi qui m’en a convaincu, à savoir la comparaison avec Anouar Brahem, signé pour sa part sur un label emblématique du jazz “différent”, ECM.
il y a le jeu lui-même et l’impro aussi, et puis le choix de faire une musique instrumentale à l’encontre de la tradition ou c’est le chant qui est mis en avant, comme l’explique bien Samir (dans Vibrations, je crois, ou dans les inrocks)
C’est vrai… mais c’est pas vraiment du jazz, c’est pas vraiment de la “musique du monde”, et j’en ai fait une chronique qui n’était pas vraiment une chronique^^ :
http://www.musiclodge.fr/article-le-trio-joubran-as-far-71480081.html
perso, ce sont plutôt les Mehldau et autres Medeski Martin & Wood qui me donnent envie d’écouter du jazz contemporain…
ah oui, Medeski Martin & Wood, quel regretable oubli !!
Jolie introduction. Puis je te conseiller :
Journey to the center of an egg : Rabih abhou Khalil
Suite for Tina Modotti : Francesco Bearzatti Tinissima Quartet
http://www.citizenjazz.com/Francesco-Bearzatti-Tinissima.html
“suite pour Tina Modotti”, tu sais comment me parler ^^
merci pour ces suggestions