Sam Amidon, un petit signe de la main
Avec gourmandise, on salivait il y a peu à l’écoute de l’extrait annonçant le nouvel album de Sam Amidon. I see the sign est sorti, et en fait de signe, c’est plutôt dans une fausse piste que ce morceau inaugural nous avait envoyé.
Faute de précision sur les percussions utilisées par Shahzad Ismaily, on ne saura vous dire si ce sont les lames d’un marimba ou d’un senza qui nous harcèlent joliment sur How come that blood.
Ce titre magnifique était la promesse d’un Sam Amidon tout nouveau, loin du doux songwriting qui était sa marque. Mais non, le premier titre restera une parenthèse, obligeant à dépasser la déception et remettre le reste de l’album à l’épreuve.
Jusqu’à réaliser qu’il est bon. Il n’a pas changé, Sam Amidon, juste une carte postale envoyé de loin, puis retour aux sources, une écriture fine et un chant à mi-voix. Une voix captivante, tout en hauteur, presque en surplomb des morceaux.
Sur une base folk portée par la guitare, il ornemente de cuivres et de cordes, comme sur le très bon All is well (2007) auquel il ressemble beaucoup. Du coup on pense à toute une famille qui accorde douceur mélodique et arrangements de musique de chambre, Tindersticks en tête, the Nits, Bon Iver ou Laura Veirs… Mais sa manière de frotter des accords répétitifs comme sur Way go Lily le rapproche aussi du rock indé dépouillé. Comme on a fini par s’en apercevoir, ce croisement de genres est ce qui tient lieu de genre au nouveau siècle. Avec Sam Amidon, le mélange tient du petit exploit, capable d’évoquer la Cat Power des débuts, Nick Drake, ou les Tindersticks en effet pour la luxuriance des arrangements. Beaucoup s’y essaient, mais peu trouvent le bon dosage.
On est souvent à la limite du “trop”, les cordes de Nico Muhly sont parfois trop présentes, et l’écriture parfois trop peu exigeante (Relief). Mais le garçon a son projet, son identité, et s’y tient. C’est une qualité et une force, qui lui permet d’inviter Beth Orton pour des duos qui épicent le disque comme sur le beau You better mind. Mais les meilleurs titres sont les moins chargés, comme I see the sign, Sam s’y révèle plus à nu, moins caché, laisse plus de place à ses émotions mais aussi aux nôtres.
Sans fracas, Sam Amidon continue de creuser son sillon, avec un talent bluffant et déjà plusieurs excellents disques à même pas trente ans.
I see the sign est paru le 28 mars.
Ce qu’en dit Sfar.
Comme souvent avec les albums de ce genre, je me demandais qu’en dire : on aime, mais, bon, expliquer pourquoi c’est une autre paire de manches…
Tu l’expliques, alors, ça va, c’est fait. Merci!
;-)
Ceci dit, je retiens surtout “Bon dosage” : ce qui veut tout dire et ne veut rien dire! Mais, oui, c’est ça, “bon dosage”…
uh uh merci mmarsu ^^
Ca y est, moi aussi, je commence à l’apprivoiser. Le disque, pas le Mmarsu ^^
oui thierry, j’ai d’abord du laisser passer la déception que tout ne soit pas comme “how come that blood”, ensuite ça prend bien :-)
Première écoute satisfaisante, j’attends de creuser pour m’exprimer sur le dosage.
laissons le temps au temps ^^
j’étais passé à côté du précédent, du coup j’ai découvert les deux en même temps et je dois avouer que ce fut une belle surprise. Finalement peu de gens en ont parlé…
Et il sera mercredi prochain au café de la danse
:-)