“S”, comme side project
L’art c’est comme la vie, on a un vrai boulot la journée, et le soir on peut se consacrer à ses loisirs. Tout pareil.
Alors un jour on découvrit que certains artistes faisaient des infidélités au groupe rock pour lequel ils étaient connus. Par exemple, lorsque Robert Smith, leader farouche de the Cure, prit un peu de temps pour lui et pour faire un disque sous le nom de the Glove, en bonne compagnie puisque Steve Severin des Banshees était lui-aussi de la partie.
Figurez-vous qu’on appelle ça un “side project”. Comme un side-car, mais en musique, ça roule un peu plus droit mais c’est moins marrant à piloter. En français : “ouais j’ai un groupe, mais de temps en temps je fais des trucs à côté, just’pour’m'marrer”. Vous avouerez que “side project” c’est moins long à écrire.
Las, 3 fois hélas, je vois à votre oeil courroucé que d’aucuns désapprouvent mon allusion à the Glove. Les side project ne sont pas forcément l’union temporaire de stars ou membre de groupes phares. Ils peuvent aussi être des projets solo durant une carrière de groupe. Keith Richards et Mick Jagger ont chacun pondu des albums solo, jamais très mémorables, mais jamais la mort des Rolling Stones n’a été prononcée, ni même le mot pause ou suspension. Quant-à Mc Cartney, il a vendu plus de millions de disques avec les Wings qu’en pur solo.
On s’aperçoit à la longue de la nature du projet. Side project, c’est un peu vague. Est-ce que le Crazy horse sont un side project pour Neil Young, en parallèle de sa carrière solo? Ou plutôt l’inverse?
Est-ce que les disques solo de membres “ordinaires” sont des side project? Je pense en particulier à Mick Harvey, qu’on a longtemps connu comme un des noms des Bad seeds qui accompagnent Nick Cave, avant qu’on entende ses disques solo. En revanche le projet Grinderman est clairement un side-project de Nick Cave, de même que les Raconteurs pour Jack White des White Stripes. On va laisser de côté le cas de Damon Albarn, qui mériterait quelques tomes et que j’ai déjà évoqué là.
Dans la mesure où certains groupes ont un véritable et unique leader, on parlera plutôt de “carrière solo” pour Mick Harvey. Mais quand Jim White quitte la batterie des Dirty Three pour aller taper les futs du Dirty delta blues auprès de Cat Power, n’est-ce pas un side project?
Voilà encore une définition bien délicate, ou plutôt il est délicat de déterminer à qui on l’applique. Généralement, c’est l’artiste lui-même qui nous donne la réponse. Lorsqu’il dit être passé à autre chose, avoir pris un tournant dans sa carrière, prenons le au mot. Si au contraire il nous dit que son groupe existe toujours, qu’il a seulement eu envie de tenter des choses plus personnelles de son côté, alors on sait qu’on tient un side project.
C’est le cas de Monade. Lorsque Laetitia Sadier enregistre les premiers titres de Monade en 1997, Stereolab a encore plusieurs disques devant eux. C’est alors un projet solo qui ne remet en question ni l’existence de Stereolab ni la participation de Laetitia Sadier en son sein.
Hey, ça y est, j’ai trouvé ce que je dois mettre sur mon CV ! Personne n’y comprends jamais rien, parce que je fais toujours plusieurs trucs en même temps. Je vais mettre : groupe principal et sides projects ! Merci Arbobo ;-)
mais Dirty Three n’est-il déjà pas un Side Project de Warren Ellis ?
Putain y en a un qui veut que tu l’embauches, mais alors vraiment…
Sinon, l’album solo de Thom Yorke, c’est un Side project de Radiohead, le solo de Doherty un SD des Babyshambles a priori…
(En gros, un “album solo durant la carrière” ca devrait compter comme, non?)
wow, ludovic, le temps que tu reprennes tes esprits je fais un peu de ménage dans ton flooding ^^
on y verra plus clair :-)
side project, ça fait partie de ces expressions qu’on croise régulièrement, qui ont effectivement un sens, mais dont les frontières sont assez floues :-)
pour les dirty three, je ne m’étais pas posé la question, en revanche les projets solo on pourrait facilement les exclure de la définition, en même temps si side-project n’est qu’un synonyme pour “escapade”, alors les solos en font partie comme ceux de martin gore et dave gahan, etc. (la liste est longue).
c’est ce qui m’amuse avec ces expressions, et qui me fait une bonne raison de faire ces articles abécédaires, c’est qu’elles ont une réalité sans vraiment avoir de définition :-)
exemple concret : est-ce que la pédophilie est un side-project de MJ ou bien un hobby?
tu vois le cas de conscience…
Ben depuis le temps, c’est plus sa carrière qui est devenu un side-project.
Est-ce que B-Devotion est un side-project pour Sheila ? ou alors des compagnons de touzes ? Allez savoir…
Recoil, side project devenu carrière principale.
Tin Machine, erreur davantage que side project
Sinon, j’aurais spontanément défini le side-project comme une possibilité pour le bassiste de placer ses compos vu que le chanteur et le guitariste trouvent que c’est de la daube.
“j’aurais spontanément défini le side-project comme une possibilité pour le bassiste de placer ses compos vu que le chanteur et le guitariste trouvent que c’est de la daube”
j’adore ^^
mais ça ne vaut ni pour macca ni pour bowie :-)
en revanche pour Electronic ou the Glove, c’est clair ^^_
le side-project c’est parfois aussi le leader du groupe qui l’amorce, genre the Glove pour Robert Smith justement, alors que dans the Cure ça a toujours été lui qui décide de tout
Dernier side project que j’ai pu apprécier (malgré le side que je ne mettait pas devant project ;) celui de The Last Shadow Puppets.
Puisqu’on en est à parler des “choses” appréciées, ce billet en fait parti !
c’est vrai que ce disque est bien, stéphanie :-)
et merci à toi !
Trackback en lien avec ce billet : http://www.lesoreillesenpointe.fr/post/2009/09/29/Choux-carottes-≠-navets