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Roken is dodelijk, Laetitia Sheriff, au salon de musique de St Eustache

Roken is dodelijk / Laetitia Sheriff au salon de la musique de l’église St Eustache à Paris le mardi 17 novembre 2009.
Les photos de Chrystèle sont là (merci à Jeremy). L’interview/podcast de Laetitia Sheriff est ici.

Le salon de musique de l’église St Eustache : vous la connaissez, vous, cette salle de concert à Paris ? Eh bien moi non. Alors, avec mon petit vélo, j’ai fait tout le tour de l’église St Eustache et d’ailleurs, j’ai croisé un mec à pied qui faisait comme moi. C’est dans une impasse que j’ai trouvé l’entrée, il n’y a pas un seul néon ni aucune indication et j’ai eu du bol de voir deux mecs devant une petite porte qui attendaient dans le froid pour deviner que j’étais sans doute au bon endroit. Les deux gars ne pouvaient pas entrer, c’était archi complet. J’ai eu de la chance. On m’a laissé entrer (et j’ai repris mon vélo pour dire au gars à pied où était l’entrée).

Une fois à l’intérieur, vous montez un escalier en pierre sur deux étages qui vous donnent l’impression d’être dans une vieille école catho plongée dans le noir, et vous arrivez devant une salle pas plus grande qu’un terrain de squash, rempli de chaises pliantes toutes occupées, avec même des gens le long des murs, des lustres au plafond, des rideaux blancs et un piano à queue noir planqué dans un coin sous des tableaux religieux du 18ème. Très curieux comme ambiance, très feutré, très calme. Roken is dodelijk était en train de jouer, guitare sèche et voix, aucune amplification à part un petit micro face au chanteur. Je le dis tout de suite, c’était très bien. Ils étaient 6, assis eux aussi sur les mêmes chaises, face au public, en arc de cercle, 5 gars et une fille.

Selon les morceaux, ils tapaient du pied, remplaçaient la guitare par un ukulele, parfois la fille posait sur ses genoux un xylophone ou un petit synthé tout pourrave, mais c’était tout comme instrumentation. Donc, vraiment très très sobre. Et les 6 chantaient. Et c’était ça qui était vraiment bien. Bien sûr, le chanteur, au centre, chantait les chansons en jouant de la guitare, mais les autres faisaient l’un la ligne de bass à la voix, l’autre une ligne de saxo à la voix et encore un autre je ne sais quoi à la voix. Ça rendait un truc assez curieux et on voyait bien que le groupe prenait plaisir à chanter-jouer. Quand c’est aussi sobre, il ne reste que la mélodie et justement les mélodies étaient bien et c’est cela le principal. Le public a d’ailleurs beaucoup aimé.

Moi, j’étais arrivé en dernier et j’étais tout au fond de la salle, mais c’était très bien parce que j’étais juste à côté de Laetitia Sheriff ! J’ai pu lui glisser à l’oreille que j’étais un grand fan et que j’étais venu juste pour elle. Mais en fait, j’ai beaucoup aimé Roken is dodelijk. Et à la fin de leur concert, je suis descendu fumer une cigarette et je suis tombé sur 3 membres du groupe. Et c’est là que j’ai appris qu’en fait, c’était rien qu’un groupe de rock avec batterie, bass et tout et tout et que là, pour la première fois, ils avaient tout fait en acoustique, a capella. Cela faisait plusieurs jours qu’ils s’entraînaient à transformer leurs morceaux pour les faire rentrer en douceur dans le salon de la musique de l’église St Eustache.

Je rajoute deux choses encore :
ils avaient beaucoup d’humour et le chanteur a bien fait rire la salle qui en redemandait.
Je viens d’aller sur You tube et de regarder des vidéos de leur groupe (aujourd’hui, mon ordi n’arrive pas à m’amener sur myspace !!). Je viens de découvrir que c’est un groupe de pop assez douce et mélodieuse. J’ai trouvé ça moins étonnant, plus banal aurais-je même l’outrecuidance de dire. En définitive, je veux garder en tête leur superbe prestation au salon caché de la musique à St Eustache. Et encore bravo.

Ensuite Laetitia Sheriff est venue. Elle était seule avec sa guitare électrique, quelques pédales qui lui ont servi principalement à faire des loops et un micro. Moi j’aime beaucoup Games Over, c’est le seul album que je connaisse d’elle. Donc, je ne suis pas très objectif. En fait, je préfère l’orchestration qu’il y a sur l’album que lorsque je l’ai vu ce soir-là, seule sur scène, mais les morceaux restent bien.

Je ne sais pas trop quoi en dire : personnellement, je cherchais à reconnaître les morceaux que je connaissais et écouter la façon dont elle parvenait à les jouer seule. Je n’ai pas reconnu tous les morceaux et puis j’ai commencé à me désintéresser de ce petit jeu parce qu’il se jouait autre chose sur scène. Laetitia Sheriff était particulièrement intéressante à regarder. En fait, j’ai vite eu l’impression qu’elle était super tendue. Et ça lui donnait une fragilité à fleur de peau qui donnait beaucoup de tension et de relief à ses morceaux.

Et c’était ça qui était le plus chouette à regarder. Elle a du recommencer un morceau ; sur un autre, elle a fait une ou deux fausse note à la guitare et on la voyait grimacer et pester contre elle tout en se concentrant sur ses doigts sur le manche ; elle parlait pas mal entre les morceaux, essayant elle aussi de faire rire comme Roken is dodelijk. Et finalement, dans son style gêné qui s’embourbe, elle y est parvenue (en tout cas, moi je la trouvais amusante). Si vous rajouter à cela, ce salon de la musique tout petit et tout silencieux, on avait l’impression d’être proche d’elle et de bien ressentir toute la sensibilité qu’elle mettait dans chaque morceau. Ça veut pas dire grand chose cette phrase, mais tant pis ! Elle avait un super son de gratte. Ça, c’est une phrase qui veut dire quelque chose, hein ! Un son distordu et lourd et parfois, même souvent, elle faisait la ligne de bass avec les cordes graves de la guitare et le son était super bon.

Il y a quand même un défaut à cette fragilité et cette tension que j’ai senti chez elle, c’est qu’elle ne s’est pas lâchée, elle ne nous a pas fait un feu d’artifice, je n’ai pas eu l’impression qu’elle se donnait au public de façon généreuse. Voilà. Mais c’est peut-être à cause du salon caché de la musique de St Eustache ou du franc succès qu’à eu Roken is dodelijk en première partie, j’en sais rien en fait. Mais moi, comme j’aime bien Laetitia Sheriff, je dis que, même quand elle est mauvaise, elle est bonne ! Et toc. Parce que, pour revenir à cette fragilité, sa voix était chouette et toutes ces petites loops de guitare étaient bien trouvées, elle a fini deux ou trois morceaux, baissée sur ses pédales, à torturer les loops jusqu’à ce qu’elles fassent n’importe quoi pendant qu’elle baissait le son petit à petit.
Et après, elle se relevait lentement, avec un petit sourire, la tête baissée et elle disait merci. Bon, faut acheter l’album quoi !

PS : la guitariste/chanteuse de Roken is dodelijk officie aussi sous le nom de Lena Deluxe. Interview à paraître bientôt :-)