Rodolphe Burger interview en 3 dimensions
A l’occasion de la sortie de No sport, troisième disque publié sous son nom (l’ensemble de sa discographie, en revanche, prend une belle étagère), Rodolphe Burger a accordé un long entretien à arbobo.fr.
Ne manquez ni l’un ni l’autre, je vous le conseille.
D’abord quelques mots sur l’album, sans ressasser des indications que vous retrouverez dans l’entretien. On entre facilement dans No sport, mais c’est après plusieurs écoutes qu’il s’épanouit pleinement. Sa richesse, sonore, rythmique, de fond, de forme, méritent qu’on lui laisse du temps. Comme un grand vin, qui plait dès l’attaque, mais qui est long en bouche et continue de surprendre vos sens.
No sport sera très haut dans les palmarès des disques 2008.
La France n’a pas de Radiohead. Mais elle a Rodolphe Burger, ça n’a rien à voir et pourtant à l’écoute de no sport c’est la réflexion qui m’est venue. Puissance, inventivité, voix captivante, mélodies sans cesse renouvelées…
De bout en bout mille échos, mille images et références viennent à nous, de Melody Nelson en ouverture au Massive Attack de Mezzanine en cloture, mais ce disque n’est pas référencé. Il puise ses racines aussi largement que profondément. Burger explique parfaitement combien faire un disque sous son nom correspond à un besoin de se “recentrer” musicalement, mais stabiliser ce centre permet d’autant mieux de faire graviter en un tout cohérent tout ce qui l’intéresse et le nourrit.
Ouverture en douceur avec Avance, poussée d’adrénaline avec J’erre, de bout en bout on est porté par un souffle. Vicky, comme ses paroles, est liquide comme les vagues, je pourrais l’écouter des journées entières. Mais je ne vais pas toutes vous les décrire.
Après la beauté rèche de Cheval mouvement en 1993, après le choc, radical et quasi drum’n'bass de Meteor show, Rodolphe Burger rompt avec l’ancrage dans un sillon radical. Il élargit, épaulé de nouveau par Doctor L. No sport est d’une ouverture et d’une richesse qui donneraient le tournis si on ne s’y repérait pas avec une aisance déconcertante. Lorsque la voix de James Blood Ulmer, bluesman et tant d’autres choses encore, rejoint la sienne sur Marie, soutenue par le jurukelen d’Ali Farka Touré, jamais le morceau ne sonne composite ou ne vire à l’exercice de style. De même lorsque l’arabité de Rachid Taha fait d’arabécédaire un cours de langue, jamais la musique ne singe l’orient, bien qu’elle s’y abreuve.
La musique de Rodolphe Burger parle à nos sens, mais elle est aussi pétrie de sens. Chaque élément, chaque son ou invitation de musicien, fait sens et conforte un sentiment d’extrème cohérence, alors même que l’horizon de No sport est d’une rare étendue. Et le terrain d’une expression vocale vraiment bluffante.
Charnel, physiquement et humainement engagé, ouvert sur le monde entier et “recentré” sur Rodolphe Burger, ce disque est vaste. Finesse et force, ces qualités qui font que Rodolphe Burger donne envie de discuter durant des heures, sont aussi celles de son disque.
Tandis que je regagne la sortie de Capitol, Rodolphe Burger se demande bien pourquoi il doit se diriger vers une séance photo. “Pourquoi est-ce qu’ils veulent tous me photographier?” Peut-être parce que l’homme impressionne.
L’entretien est ponctué respectivement d’extraits de Blue skies, Vicky, Marie, Elle est pas belle ma chérie?, Ensemble, et Un nid.
La version totale est téléchargeable ici en mp3 (clic droit, “enregistrer”).
1. Doctor L, une production très acoustique, les albums solo, se dépayser, les instruments, les reprises (9′56)
2. La guitare, composer au piano, le jazz de recherche, les micros, l’inclusivité (7′27)
3. Ali Farka Touré, l’Amérique et l’Orient, la musique modale, “déchirer le plan harmonique”, le dialogue (8′11)
4. Un chant étendu, pas de la chanson française, l’équilibre musique/texte, chanter en anglais, l’enjeu de l’écriture, la position du sujet (10′12)
5. Un sentiment politique fort, Rachid Taha le rocker, un vrai moment de studio, le midtempo, l’arabe (9′31)
6. Mélange d’époques, intensifier, dilater l’esprit, les collaborations, la forme album, réel et virtuel (6′37)
Merci Rodolphe ! et merci à Xavier pour sa bienveillance.
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Merci pour cette interview arbobo. Très envie de l’écouter l’album.
Commentaire n°1 posté par joe le 18/02/2008 à 03h46
merci joe ^^
J’espère bien qu’elle aura le même effet sur tout le monde !
Commentaire n°2 posté par arbobo le 18/02/2008 à 10h53
je sais que le format d’écoute que je vous propose n’est pas forcément commode (prévoir trois-quart d’heures),
et je réfléchis à la mise en place, dès que j’en trouve le temps, soit d’un mini lecteur en pop-up,
soit (mais ne comptez pas trop dessus, c’est encore très hypothétique) des podcast d’interviews.
dites-moi également chaque fois que vous avez des problèmes de vitesse de lecture des interviews, certains membres des Koko von napoo se sont entendus en ralenti, je comprends que ça fasse drôle :-/
J’ai toujours aimé lire des interviews fleuves, lorsque le contenu et/ou l’interviewé m’intéresse.
La formule audio peut paraître plus lourde, mais on peut aussi pousser un peu le son et faire comme avec la radio.
Mais c’est aussi un contrepoint aux montages rapides et à la formule devenue systématique et donc effrayante des “3 questions à”.
il m’arrive de faire des billets plus courts, et il est possible que je fasse des itnerviews rapides,
mais mon point de vue d’auditeur et amateur, et mon parti pris de blogueur, est qu’il est bon d’avoir l’occasion de prendre le temps d’entrer longuement dans un parcours artistique.
C’est pourquoi plusieurs des interviews que j’ai mises en ligne dépassent les 40 minutes (soit autant qu’une heure d’interview radio entrecoupée de chansons).
Je n’ai aucun scrupule là-dessus et surtout pas de regret, en revanche je continue de m’interroger sur la meilleure présentation technique de ces contenus, et c’est sur ces points que j’envisage des modifications.
Sentiez-vous libres de me faire partt de vos remarques.
Commentaire n°3 posté par arbobo le 18/02/2008 à 14h26
Effectivement, je n’en ai pas encore entendu le bout ! ;o) Mais c’est vachement intéressant. Tu as du être tout fier. Ni itw de fan, ni itw de journaliste : une itw de curieux, avec le genre de question qu’on aimerait vraiment poser. Le podcast serait effectivement génial ! sfq
Commentaire n°4 posté par Christophe le 18/02/2008 à 14h33
en arrivant au bout tu verras à quel point je suis fier ;-)
Commentaire n°5 posté par arbobo le 18/02/2008 à 14h40
Je sais que c’est contraignant pour toi, mais je suis aussi pour le podcast.
Sur le web directement, je n’arrive pas à passer trois quarts d’heure sur la même page, et ça m’embête de saucissonner l’écoute. Avec un seul morceau téléchargeable, je collerais ça sur mon MD et je l’écouterais dans les transports :-)
Commentaire n°6 posté par Ama-L le 18/02/2008 à 14h45
en gros, et vous avez raison, vous voulez de la qualité professionnelle…
je vais essayer de m’en approcher :o)
Commentaire n°7 posté par arbobo le 18/02/2008 à 16h43
ça ne me gêne pas de bloquer un peu de temps (beaucoup ;-p ) pour écouter sur le net, du moment que je sais ce qui m’attends. En fait, j’écoute plus attentivement, c’est pas plus mal. Sauf que là je suis complètement crevette alors je garde ça pour demain :-) Mais je comprends qu’on ai envie de podcaster. Il me semble que tu devrais pouvoir touver une solution intermédiaire avec quicktime (par ex.) Pour l’avoir vu fonctionner sur d’autres sites, je sais que tu peux avoir un lecteur en streaming, et avoir la possibilité de télécharger le son si tu veux. Maintenant ça veux dire que : - tu laisses tout le monde télécharger ton itw - tu cherches le lecteur parce que je ne sais pas comment on fait…
Commentaire n°8 posté par rififi le 18/02/2008 à 17h11
Je n’ai pas encore tout écouté… mais le début est vraiment intéressant…
Je rejoins les autres intervenants sur la difficulté éventuelle d’écouter 45 mn (surtout quand, pour moi en tous cas, l’ordi n’est pas dans la pièce où je passe le plus clair de mon temps —> bref, je ne peux l’utiliser comme une radio).
Mais c’est très bien qu’un entretien se déploie ainsi sur la longueur. Et il est vrai qu’une retranscription est difficile à lire sur écran. Alors que, paradoxe, je me doute que dans un magazine, j’aurais déjà tout lu…
Et à ce soir pour le concert !
Commentaire n°9 posté par Ska le 19/02/2008 à 12h48
j’y travaille mais je cours après la pendule en ce moment o_O
dans un premier temps ce sera un fichier téléchargeable, le podcast au sens strict viendra par la suite (j’esspère dès Laetitia Sadier, mais je ne promets rien).
Le fichier Burger sous 36h, avec un peu de chance dès ce soir (tard).
Commentaire n°10 posté par arbobo le 19/02/2008 à 13h55
tu peux être fier, et pas seulement pour la fin :-)
bon, on va attendre ce soir pour le téléchargement alors
Commentaire n°11 posté par rififi le 19/02/2008 à 15h07
whaouh… passionnant, en effet. Pas ma préférée (le rythme des Koko m’avait beaucoup plus) mais de loin la plus passionnante. Peut-être parce que j’ai régulièrement croisé le chemin de ses goûts musicaux (rien que son apport sur Fantaisie Militaire !). Juste un point, mais je pense que d’autres reviendrons au fil du temps : sur le mid-tempo voire le down tempo, c’est la première fois que je fais un petit exercice dans ma tête où je me rends compte que les morceaux (et albums) qui me pulvérisent sont les plus lents. Ils ramassent, comme un caterpillar raclant tout pour le porter plus loin. On parlait de Bashung (Mes prisons par exemple), mais on pourrait prendre presque tout Massive Attack, le Cure de Faith ou Pornography, le hard-core quasi sousterrain d’Henry Rollins, la moitié de Radiohead, même Dépeche Mode dont je viens de zapper chacun des morceau pour estimer que les bpm sont entre 60 et 90, rarement plus, ce qui est lent pour de la techno (pop certes, mais techno). Et puis le blues, qui m’a toujours vrillé aux tréfonds, et je découvre subitement pourquoi : la lenteur. Merci Arburger ! 6bp
Commentaire n°12 posté par Christophe le 19/02/2008 à 17h56
je vois ce que tu veux dire sur le rythme de l’interview,
et ce n’est pas totalement un choix de ma part, j’ai passé plusieurs heures au montage et je n’ai pas pu affiner plus.
merci à vous ^^
le concert ce soir était remarquable, la tournée s’annonce bien :-)
Commentaire n°13 posté par arbobo le 20/02/2008 à 02h01
je viens d’ajouter un lien permettant de télécharger la version intégrale en 1 fichier mp3. (en attendant un podcast au sens plein du terme)
arbobo va faire son entrée sur vos disques durs :o)
Commentaire n°14 posté par arbobo le 20/02/2008 à 02h03
Le rythme de cette itw est très bon. C’est celui des Koko qui m’a surpris : rapide, frais, curieux, et on te sentais aussi très joyeux. Alors qu’avec Rodolphe, tu as l’air plus… tendu ;o) 5tg
Commentaire n°15 posté par Christophe le 20/02/2008 à 08h40
Aaaaaaah, le podcast :-)
Bon, plus que trois jours à cravacher comme une dingue et je pourrai enfin rattraper mon retard.
En tout cas l’écoute partielle de l’album m’a fait saliver, le son est effectivement superbe.
Commentaire n°16 posté par Ama-L le 20/02/2008 à 10h22
merci pour le mp3, Arbobo…
Et je confirme, le concert hier soir à la Flêche d’or était formidable.
Avec des invités de marque comme Fred Poulet et Sarah Murcia (en première partie) et Rachid Taha (pour épauler Burger sur un morceau). Sans compter le grand Jacques (Higelin) dans le public. Bref, c’était “the place to be” hier soir…
Commentaire n°17 posté par Ska le 20/02/2008 à 13h06
Merci beaucoup pour cette interview, de loin la meilleure que j’aie pu entendre jusqu’ici. Un truc de fond pour une fois, un vrai dialogue en plus, ça devient rare, c’est pourtant tellement bon… Passionnant, c’est très vrai !
Commentaire n°18 posté par elliott le 22/02/2008 à 10h15
merci elliott,
plaisir partagé :-)
Commentaire n°19 posté par arbobo le 22/02/2008 à 10h54