Que fait la PJ? Elle se déboîte la voix (PJ Harvey & John Parish)
Ce qui impressionne le plus chez Polly Jean Harvey, ce n’est pas le rythme imperturbable auquel elle sort des albums, le 10e déjà en 17 ans. Ce qui nous laisse le cul vissé au sol et la machoire raclant le bitume, c’est que les mots “déchet” ou “baisse de régime” n’existent pas pour elle.
A une exception près, Uh huh her dont c’est le seul défaut pour peu qu’il en aie, jamais elle ne remet ses pas dans ses pas, étendant son territoire lorsqu’elle ne le parcourt pas à la recherche d’angles nouveaux.
Plus fort encore, elle parvient à ce degré de renouvellement en continuant à travailler avec les mêmes amis et partenaires, tantôt Flood, tantôt John Parish avec qui elle signe pour la deuxième fois un album à quatre mains. Nous voilà avec A woman a man walked by. PJ Harvey affectionne ces titres qu’on dirait tirés de livres de contes ou de nouvelles d’Hemmingway. On y trouve une entrée en matière rassurrante et l’impression fausse d’être en terre connue.
Car il faut attendre The soldiers pour entendre un écho de l’album précédent, l’ébourriffant White chalk, et sa voix de fausset si caractéristique. L’ensemble du disque est moins uni que nous n’en avions l’habitude. Plus américain aussi, même si l’on aura du mal à identifier très précisément ce qui procure ce côté country.
La fin de l’album nous ramène à des PJ Harvey que nous avons déjà croisées, du moins vocalement. Mais avant cela, elle nous a fait faire du chemin. Dans les six premiers titres (sur 10), PJ Harvey explore un nouveau chant, alors que nous sommes à peine remis de ses expériences vocales de White chalk. On la voit même parler, à la française, sur Cracks in the canvass. Des craquelures sur la toile, comme sur un vieux tableau, comme aussi une surface dont l’unité est mise à mal, ou encore la métaphore du vernis qui se craquèle pour révéler autre chose.
Jolie manière de nous faire réfléchir sur ce que nous venons d’entendre. Black hearted love ouvre l’album dans une banalité affligeante sur la forme (son sans épaisseur) que la forme (molle redite de titres d’albums précédents). On dirait bien que ce titre n’a été placé là que pour nous induire en erreur, voire pour provoquer une déception propice à la surprise. Même la pochette semble répondre à ce jeu, lui assis passivement, elle un peu floue, on craint déjà de s’embourber. Alors qu’on se prépare à renoncer à cet album, Sixteen, fifteen, fourteen nous cueille, avec son ukulele country sciant comme tout, et qu’on écoutera probablement quelques milliers de fois encore.
Il y aura bien des articles sur ce disque, et bien des manières de l’aborder.
Pour la musique, disons que si beaucoup d’ingrédients étaient déjà dans sa discrographie, on ne les avait probablement pas entendu sonner de cette manière. Que faire de cette impression de sècheresse aussitôt battue en brèche par une flute et un piano plus doux, voire plus pop comme ce premier titre trompeur?
Là où l’on avait l’habitude de disques fortement marqués par un parti pris, généralement en rupture avec l’album précédent, ici on dirait que le binôme a refusé de choisir, a laissé portes et fenêtres grand ouvert.
Au lieu d’un sillon creusé de plus en plus profondément morceau après morceau, le dessin n’apparait que progressivement dans cet album puzzle. D’ailleurs “puzzled”, en anglais, signifie être désarçonné.
Et comme chaque fois qu’elle s’y essaie, PJ Harvey, seule ou accompagnée, excelle à nous surprendre.
je ne peux rien dire, je n’est pas encore écouté cet album (bloody loi hadopi)
Bon, je sais que je ne suis pas lagarde et Becherelle, mais des fois je suis sidéré par l’énormité des fautes que je laisse dans les comms.
ça doit être à force de lire celles que je laisse dans mes articles ^^
Ben, oui, parce que c’est “je ne suis pas encore écouté cet album”.
Sinon, verdict ce soir je pense.
Pas encore écouté non plus, je l’attends de pied ferme.
Mais au fait… tu as aimé ou pas ? O_o
C’est un bon disque,
qui gagne à être écouté plusieurs fois,
mais il ne sera pas dans le trio de tête ;-)
Comme je le dis au début, elle ne fait jamais de mauvais disque, et celui-ci est bon, ce ne sera pas un disque qu’on recommande pour découvrir ce qu’elle fait, mais si on aime PJH on aimera ce disque.
Il faut dire aussi que pour moi le précédent White chalk est un authentique chef-d’oeuvre.
et je n’ai pas encore un avis définitif sur celui-ci. Il faudra que je revienne faire un PS dans quelques semaines.
Ce soir aussi pour la découverte de ce disque tant attendu (contrairement à toi, je ne tiens pas White Chalk pour un chef-d’œuvre, juste un bon disque de transition…)
Mais, franchement, cette vilaine pochette est une vraie incitation au téléchargement illégal. C’est dingue !
Hadopi ! Hadopi ! Hadopi !
Je suis d’accord avec Ska!!!
C’est bien la première fois que je ne trouve pas Dame PJ charmante, cette pochette.
Ah, non, avant y avait uh uh her ou on aurait cru qu’elle allait nous coller un pain.
Un album assez surprenant, c’est vrai… Je te rejoins quand tu dis qu’elle n’est jamais tout à fait là où on l’attend… Il y a un truc aussi avec sa voix qu’elle malmène, qu’elle pousse, plus encore qu’avant, je trouve, dans ses retranchements (cf ton titre)… Le disque est très varié, pas facile, ce n’est pas toujours complètement convaincant mais c’est un album assez impressionnant…
Eh bien voilà. Nous sommes (à peu près) d’accord. Cet album est assurément très bon, il y a de grandes chansons… mais effectivement ça fait une douzaine d’écoutes que je cherche en vain la cohérence, la ligne directrice… pour la première fois depuis 17 ans (déjà…) l’album n’a pas de vraie “couleur”. On dirait un genre de best of sonique, si j’ose dire :-)
L’autre truc qui me chiffonne, c’est que je ne comprends pas vraiment ce que Parish vient faire dans l’histoire. Je ne suis pas convaincu qu’elle n’aurait pas pu enregistrer le même disque sans lui… à moins que ce soit justement lui ait donné l’impulsion, qui l’ait incitée à ne pas soucier d’un parti-pris, à faire les choses au feeling… c’est une possibilité, à vrai dire. Toujours est-il qu’autant sa patte était évidente sur Dancehall, autant là, il n’a jamais autant donné l’impression d’être une guest…
je ne crois pas que PJ ait encore “besoin” de qui que ce soit pour apporter quelque chose à sa musique,
après, il y avait son envie de faire ce disque avec son ami qui lui a appris la guitare,
mais j’ai l’impression que PJ trouve elle-même son inspiration, elle choisit ses collaborations en fonction de ce dont elle a envie, et ce n’est pas ces collaboration qui apportent des idées nouvelles.
ça fait un peu panégyrique ce que je viens d’écrire ^^
je vais tenter l’ode iambique en 3 strophes :o)
Un peu panégyrique ? mais non, si peu, si peu :-)
Toujours est-il que tu as bien compris ce que je voulais dire : ce serait un album de PJ Harvey toute seule, on ne verrait probablement pas la différence, John Parish semble tout de même très en retrait (surtout comparé à Dancehall). Mais c’est sans doute (en effet) parce que Polly n’a plus besoin de personne, ce qui n’était peut-être pas encore tout à fait le cas au plus fort de leurs collaborations passées…
Maintenant que j’ai pris le temps de bien l’écouter… je ne dirai rien de bien original, je suis à peu près d’accord avec tout le monde… pas le meilleur PJ, c’est sûr, mais un bon album, tout de même… quelques morceaux anecdotiques, mais d’autres très réussis…
Un avis qui ne sert à rien, qui ne dit pas grand chose, mais c’est pas ça qui allait m’empêcher de le donner…
un avis tres utile au contraire, on peut dire qu’une tendance se confirme,
d’autant que nous ne sommes pas toujours tous d’accord :-)
Classe la nouvelle version du site arbobo. Je ne suis pas encore venu à bout de ma découverte de cet album donc je suis venu, dans l’attente, lire ce que tu en disais. Le fait qu’il y ait une chanson parlée n’est pas une nouveauté, rappelle-toi le précédent album avec John Parish : “Is that all there is”, qui me tire toujours des larmes…
Autrement, c’est vrai que tu laisses des grosses fautes dans tes billets. Dommage car c’est toujours intéressant à lire.
A une prochaine
M