Quand un disquaire ferme ses portes
Histoire commune, un disquaire de province ferme ses portes.
La ville a 60′000 habitants, elle a eu un super disquaire dans les années 70-80, puis une chaîne régionale est venue le concurrencer, puis le premier a fermé, et maintenant le second.
Un certain centre commercial a ouvert son “espace culturel” il y a 3 ans, c’est un miracle que le disquaire du centre ville ait tenu aussi longtemps.
Parce que mine de rien ces “espaces” qui fleurissent autour des villes moyennes remplissent le rôle des Fn** dans les plus grandes. Avec une sélection parfois à la hauteur, et même une salle de concert attenante. Celle de Niort affiche même une programmation très classe, cette année Barbara Carlotti ou Alela Diane, par exemple.
Alors le 26 décembre, tandis que je me dirigeais vers la librairie, je passe devant cette devanture inimitable. Celle reconnaissable entre toutes, du magasin qui liquide son stock avant fermeture définitive. J’entre sans prêter attention aux messages de la vitrine, et sur les rayons un chiffre barré a été remplacé par un autre. “80%” de réduction à la caisse. Une mention a été rayée le matin même (”sauf étiquettes blanches”), car voilà, le temps presse désormais et peu importe la couleur de l’étiquette.
Je repars en ayant dépensé un peu moins de 27 euros. A la caisse, j’ai retenu un commentaire qui me brûlait les lèvres, pas la peine d’exprimer des regrets, d’enfoncer le clou, autant faire “comme si”, c’est encore comme ça que c’est le moins douloureux.
Contenu du sac : 8 disques, dont 2 doubles.
Nico, the frozen borderline 1968-1970
Funk inc., Funk inc. + chicken lickin’
Dick Annegarn, Mireille
Go Go Charlton, Beaucoup schlager
Kim, don lee doo
Sly & the stone family, Life
Nick Drake, Family tree
Ladyhawe (sans titre)
Voilà, plutôt du bon et aussi du super bon, et l’occasion d’écouter enfin le dernier album du très déjanté Kim (dont voici également le blog)
Don lee doo, c’est un album pas trop mal chanté (je commence par le point faible), immédiatement séduisant et qui ne lasse pas. Parce que ce mélange inédit entre Prince et Robert Wyatt, c’est bluffant, c’est réussi, c’est efficace, et ça fait diablement plaisir. Il est en tournée, le 9 janvier c’est au Truskel que ça se passe.
Je vous poste également en article-supplément son clip de Because of sylvie, l’un des bijoux de cet album.
Tweet
C’est vraiment glauque.
Il va falloir prendre sa bagnole maintenant, comme chez les Ricains, pour aller se payer un bon disque. Ou alors, télécharger illégalement, comme tout le monde. Et les irréductibles acheteurs de galettes? Ils n’ont plus qu’à aller à la crêperie du coin se taper la sucre-nutella, et puis quoi encore, ils nous emmerdent.
C’est très sympa Kim (mais c’est vrai qu’un ou deux cours de chant ne seraient pas superflus :-) )
il y a aussi la vente par correspondance et l’achat électronique à vil prix (emusic, 100% légal),
mais un plaisir disparait, doublé d’une vraie utilité,
ces moments à flaner dans les rayons, puis se laisser convaincre par un disquaire de qualité d’écouter ça, et puis ça, et repartir avec tout autre chose que ce qu’on pensait, sans même le regretter :-)
comment se portent les disquaires à berlin, magda? et dansle reste du pays?
Seulement 8 disques !?!?
Mais comment as-tu fait ?
noir
ben après le 8e, j’arrivais plus à choisir :-)
Eh oui ! tout doit disparaître !
http://libellus.over-blog.com/article-26422653.html
Dans ce qui est déjà une ville, à 30 km, le magasin hi-fi a fermé -
- soyons juste : remplacé par une librairie, une vraie, la précédente ayant disparu pour laisser place à… un espace culturel, c’est partout, c’est clerc [barré] c’est clair et là, dans l’espace, il y a des “chaînes” mp3 mais plus aucun Denon vivant ;)
“plus aucun Denon vivant”
excellent, tu commences l’année en fanfare, lou ^^
Dur dur… je me rappelle d’un excellent disquaire rock et jazz dans le quartier de la gare de Genève (Matchbox pour ceux qui connaitraient)… même sort il y a quelques années… et désormais, difficile de dégoter des disques en dehors de la FNAC, également installé en Suisse depuis presque 10 ans, et quelques autres chaines multimédia suisses.
Pas plus tard que l’autre jour, je constate qu’un petit magasin axé plutôt métal a fermé aussi… Décidément!
SysTooL
Il n’y aura bientôt plus de disquaires…
D’un autre côté comme les distributeurs ( adios Pinnacle ) disparaissent aussi et que de nombreux petits labels sont dans des situations très difficiles…
Le disquaire était un endroit de découverte. Encore maintenant malgré l’omniprésence d’internet, il m’arrive d’y découvrir des trucs. Et demain ?
demain, espérons, des vendeurs hyper géniaux dans les rayons des grandes surfaces “culture”. ce sera déjà ça, mais oui, malgré tout le mal que j’ai pu écrire des majors qui ont coulé le système, il n’avait pas que des défauts…
Dans le reste du pays, aucune idée. Je n’ai jamais mis les pieds ailleurs qu’à Berlin, en Allemagne. D’ailleurs, Berlin est-elle vraiment en Allemagne ? Ça se discute ;-)
Mais à Berlin la situation est difficile comme partout en ce qui concerne le CD. Pas pour le vinyl, qui est incroyablement à la mode, et dont les DJs (50% de la population berlinoise, quoi) se servent pour travailleren mode EP, of course. Ici, tout le monde s’achète un joli mange-disque qui grésille et qui crachote aux Puces, et les galettes qui vont avec. C’est du dernier chic. Avant le retour fatal de la cassette, qui ne saurait tarder. Je me moque un peu, mais moi-même je suis à deux doigts de m’acheter une platine, parce que quand même, c’est chouette toutes ces pochettes, et ce diamant, et ce sillon, et cette manière élégante d’ouvrir le capot, et de devoir changer soi-même de face… non? C’est pas Christophe qui dira le contraire !
ni moi, dont les murs sont littéralement tapissés de pochettes de vinyls ^^
(une petite trentaine je pense)
je précisais à dessein, parce que la situation, comme tu dis, ne peux être que meilleure à Berlin par rapport au reste du pays.
c’est marrant cette manière de dire que berlin n’est peut-être pas en allemagne, on dit aussi beaucoup ça de new york, mais l’histoire n’est pas la même, la connotation de cette phrase son plus du coup…
c’est un peu le cas de tous les “petits commerces” :-/
justement je vais de moins en moins dans les fn** et autres, ou alors via le net, et je retourne chez les libraires et disquaires. Pour l’ambiance dans un premier temps, et probablement un jour pour le choix et les conseils des libraires/disquaires (quand je serai suffisamment acclimatée pour que les mots retrouvent le chemin des lèvres;-p)
En fait Berlin est en Europe, très clairement. En Europe élargie, l’Europe avec l’Est, quoi. On sent tellement clairement le passage de ces décennies communistes (même si le gvt actuel essaie de les effacer de façon un peu minable. C’est retirer à des millions de gens leur histoire personnelle que de faire comme si la RDA n’avait jamais existé, de raser les restes du Mur, détruire le Palast des Republik, etc).
“Berlin est en Europe”, j’aime beaucoup, tu as toujours la formule qui fait mouche :-)
merky