Petit bréviaire de la hype (2009)
Aujourd’hui un bon musicien passe plus sa vie sur ebay qu’en studio de répétition. A moins que ce ne soit le nez plongé dans le petit livre des instruments à la mode.
Les belles heures de la flûte électrique sont derrière nous, rassurez-vous. Les folles envolées qui décrochèrent à “mes meilleurs copains” leurs éphémères succès scéniques sont restées sans lendemain :-)
Mais d’autres instruments ont pris le relais de la grosse totale hype grave cool (rayez la mention inutile). Je peux toujours me moquer, j’ai un coupable penchant pour plusieurs d’entre eux, et j’ai déjà entrepris de vous parler d’instruments bizarres ou rares, comme la reac table ou le Theremin.
Mais tout de même, pour assister à beaucoup de concerts de jeunes artistes, je prends parfois peur. On dirait que les nouveaux artistes sont vendus en kit avec leur panoplie complète.
Dans la trousse de survie : un melodica, un ukulele, un glockenspiel, et parfois un banjo. Vous avez les images dans l’article, et pour info le melodica -bien qu’il utilise une anche- rappelle un peu le son du bandoneon en plus synthétique.
Utiliser un de ces instruments ne fait pas nécessairement de vous une victime de la mode, et Cocoon utilise à merveille l’ukulele, par exemple. Mais en ce moment c’est devenu risible à force de prévisible. avant l’entrée en scène, vous pouvez lancer les paris. Parmi la liste ci-dessus, combien d’instruments seront utillisés?
Un seul? Cocher la case “artiste dans le vent mais discret (tendance bon goût)”
Deux? Cocher la case “artiste sensible aux sonorités et aux vents dominants (tendance floue)”
Trois ou plus? Cocher la case “fashion victim (tendance éphémère)”
J’ai l’air méchant mais avouez que certaines prestations tiennent de la check-list de la hype. Malgré ses morceaux intéressants et sa prestations excellente, Mina Tindle m’a tout de même amusée avec ses 2 melodica, son ukulele, son glockenspiel. Idem pour le duo Too soft lancé chez EMI. Attention à ne pas confondre “concert” et “concept” et à ne pas glisser du showcase au case study…
Je n’ai rien “contre” ces instruments, ou n’importe quel instrument d’ailleurs (même le saxophone, c’est vous dire !). Utilisés à bon escient je peux les trouver magnifiques.
J’avais mentionné l’importance actuelle des violons dans la galaxie pop et rock, qui réussit à merveille à Bat for lashes ou au Konki duet. Chez Cocoon, l’ukulele correspond à l’univers d’enfant abîmé qui est le leur, tout en fausse légèreté. Le melodica est évident chez les Koko von Napoo, imprégnés de l’époque new wave.
Le banjo de JP Nataf ou Hitchcock go home est le prolongement d’une écriture en arpèges, et une culture connectée à la country et au folk, en plus du rock. Le glockenspiel d’Au revoir Simone est tout aussi logique, ses notes très détachées, cristalines comme leurs voix de contes de fées.
Mais il y a aussi une utilisation un peu fainéante de ces instruments, simplement pour faire joli, pour se faire plaisir, ou pire, parce qu’on a vu un artiste les utiliser et qu’on trouve ça sympa, marrant. Je préfère qu’un artiste ait d’abord une musique marrante, et qu’il trouve ensuite les instruments qui collent à son univers.
Tout ça pour vous dire que vous n’avez pas fini de voir des ukulele sur les plateaux de télé ^^
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Et c’est tellement vrai…
BIIIIIP !!! Rappel à l’ordre !
“J’ai l’air méchant mais ”
Mais rien du tout ! Ne jamais s’excuser ! Surtout quand on a raison ! ^^
En tout cas, j’ai cartonné dans mon kit d’instruments indus cette semaine : après ma tronçonneuse que j’ai reboostée, j’ai un nouveau groupe électrogène (atteution : il ne s’agit pas d’un groupe qui joue de l’électro qui gêne, nan nan (je dis ça juste pour couper l’herbe sous le pied d’Arebay qui rêvait de la faire ^^)) de 4750 W, avec égaliseur de tension en sortie, ce qui permet de plugger tous les effets électroniques que vous voulez sans craindre la moindre surtension.
Et croyez moi, avec leur ocarina pétomane, les hypeux de 2009, je les prends quand vous voulez au premier tremplin rock venu.
Noududjuuuuu !
Hu hu hu
Je suis bien d’accord avec Christophe ^^
C’est très vrai, oui, et ça vaudrait le coup d’une typologie par genre : le ukulélé tarte à la crème de la scène pop, l’accordéon tarte à la crème de la scène “chanson”, etc. etc.
Les “hype” instrumentales c’est toujours assez fugace, par ex le Theremin est déjà passé de mode mais il y a quelques années il était servi à toutes les sauces…
Allez, Arbobo, encore un peu de sel et de citron dans ton mélange, et tu pourras prétendre au titre d’honorable correspondant des Oreilles en pointe ;-)
le banjo chez Sufjan Stevens est indispensable…
sinon, j’ai bien rigolé tellement c’est vrai mais Orouni joue parfaitement de l’Omnichord (je vous laisse googler pour voir cque c’est !)
Après, il manquerait plus qu’on utilise les instruments selon les arrangements d’un (et bien d’un) seul morceau… :-)
ah, l’omnichord, je me suis retenu d’en parler, je prévois un article dessus :-)
En fait je connais plus d’artistes qui en ont que de musiciens qui l’utilisent su scène.
il ne faut se retenir de rien, yosemite, mais les instruments qui rentrent et qui sortent des placards au gré des clips mtv ou des CAE de la blogothèque, ça me fait sourire ^^
et si tout ça n’était un immense hommage à Rémy Bricka??????????????
Ce qui est intéressant, c’est de voir les précurseurs qui se retrouvent happer par la hype.
Thomas Fersen jouait du Ukulélé avant Mareva Galanter ou Julien Doré, et même avant Johann Sfar.
Les Têtes Raides jouaient de l’accordéon avant le revival Chanson Réaliste.
Et à un moment, le truc fait la bascule dans la mode;
pour qui pour quoi, that’s the question.
je crois que tu viens de décrire le drame de toutes les démarches artistiques un tant soit peu d’avant-garde, yosemite,
en tout cas les musiques dites populaires subissent toutes une logique de mode, de vagues, etc, non?
et puis, pour l’ukulele (et un peu pour le banjo),
ça correspond bien à notre époque,
les jeunes adultes ne veulent pas vieillir, j’ai 34 ans et je vais aux concerts avec des Stan Smith aux pieds,
il y a le côté enfant, instrument jouet (comme pour le glockenspiel),
et aussi le côté “nature” de l’instrument (d’où ma comparaison avec le banjo),
tu écoutes un ukulele en mettant de la confiture bio sur tes tartines, c’est un peu la tendance du public pop et rock, non?
:-)
le rock bio, punaise, mais c’était ça mon titre ^^
drame ?
comme tu y vas fort…
:-)
peut-être qu’après la vague (sûrement même) Christian Olivier continuera de jouer de l’accordéon (et c’est tout à son honneur).
Oui pour le retour en enfance… Yann Tiersen seul sur scène avec ses toy pianos etc.
et le côté folk… Hughues Aufray nous manque un peu…
et il était bio avant l’heure…
(mais quelle horreur, je ne cite que des français ou quoi ?)
Bon, j’ai ma soupe au quinoa qui brûle, faut quj’aille retourner mon vinyle de Malicorne.
Moi qui pensait qu’un bon musicien avalait des tonnes de disques pour s’enrichir… et le pire, c’est que tu dis vrai. Enfin non, le pire c’est le ukulélé quoi… rien que le nom…
le ukulélé…
chez Beirut, deux sur scène, et c’est juste magique…
je crois que ça dépend à quel escient on l’utilise non ?
Arbobo : “En fait je connais plus d’artistes qui en ont que de musiciens qui l’utilisent sur scène. ”
non, tu connais des musiciens qui en ont mais il n’y a peut-être que les ARTISTES qui s’en servent correctement…
:-)
ouch, ça ça taille bas yosemite ^^
pour ce qui est d’écouter des disques, thom, ça dépend. certains artistes connaissent l’actu sur le bout des doigts (genre keren ann quasiment incollable), d’autres n’écoutent presque rien, et trouvent leur nourriture ailleurs, notamment dans leur imagination (c’est le cas de dick annegarn, 18 albums au compteur, ou de cat power)
Christophe a raison, tu n’as pas à t’excuser…
Moi, ils me font marrer, ces instruments. Mais c’est vrai que la musique européenne, en ce moment, a un petit côté régressif gloubi-boulga bizarre. On a presque envie de clavecin et de viole de gambe pour contrecarrer cette puérilité galopante…
C’est étrange, parce que d’un certain côté, ça suit un peu ce qui s’est passé en musique contemporaine.
Dès le moment où il a été bien établi que la tonalité c’était out, et que le timbre devenait du coup la catégorie du sonore mise en avant alors qu’au second plan jusqu’à présent, tout, je dis bien TOUT, a été essayé en termes d’instrumentation, surtout de percussions.
C’est ainsi qu’il y a des steel drums ou du cymbalum chez Boulez - au demeurant, toute la panoplie des percussions du monde entier a été minutieusement appelé à la rescousse. Et pour chaque instrument déjà existant, TOUT a été passé en revue : taper sur la table des violons, passer un crayon dans les cordes de harpe, amplifier la harpe avec une jeu de pédales de distorsions (comme à la guitare), mettre des trucs sur la peau des timbales pour que ça résonne, jouer les violons avec un plectre, et j’en passes des trucs bizarres et étranges aux instruments à vent (comme les multiphoniques, trucs qui rappellent le couinement d’un extra-terrestre, en pire).
Donc, je pose comme hypothèse de travail, outre pour faire classe (”hypothèse de travail”, ça fait méga-classe), qu’il y aurait quelque chose de général à tout ça comme mouvement de fin de siècle et début d’un autre - dans les musiques populaires, ce serait alors pour une incitation exactement opposée, à savoir le blocage une fois pour toutes de grilles harmoniques fortement tonales et surexploitées d’une carrure à quatre temps, et de la forme couplet/refrain immuable.
Bref, on camouflerait sous un attirail exotique la capacité d’un vrai renouveau (toute musique confondue).
J’ai dit que c’était une hypothèse, hein.