“O”, comme Overdub
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O, comme oreille (ça vient de me passer la tête, mais ça tombe bien), et comme overdub.
L’overdub consiste à s’enregistrer par dessus ce qu’on a déjà enregistré. Les premiers utilisateurs de cette technique l’ont aussi baptisée “sound-on-sound” (edit ou “re-re”, pour re-recording, ou ré-enregistré).
Exemple-type, sur l’album What’s going on dont je parlais précédemment, Marvin Gaye a assuré lui-même toutes les parties chantées, or par moment il y a 2 voix simultanées (ci-dessous).
On peut overdubber des instruments tout aussi facilement, certains artistes jouent eux-mêmes tous les instruments de leur disque. Exemple ici avec Eric Clapton qui assure le solo ET la guitare rythmique, sur Sunshine of your love, lorsqu’il faisait partie du groupe Cream.
L’overdub n’a pu exister qu’à partir du moment où l’on pouvait enregistrer séparément les pistes d’un morceau. Pour une prise “live”, tout le monde joue le morceau ensemble, comme sur scène. Donc un morceau de 2 minutes 15 ne demande qu’une prise de 2 minutes 15.
Avec l’enregistrement piste par piste, dont une fois encore What’s going on est un chef-d’oeuvre exemplaire, on enregistre chaque voix, chaque instrument, l’un après l’autre. L’avantage étant qu’on peut tester ou refaire différemment une voix, un solo, etc, sans avoir à faire rejouer tout le monde. Overdub et piste par piste sont indissociables. Au début on a eu des consoles 2 pistes, puis 4 pistes (pensez au 4-track demos de PJ Harvey), 8, 16, et aujourd’hui avec le numérique le nombre est potentiellement illimité.
Jusque dans les années 40, l’enregistrement multipiste était impossible.
Les Allemands avaient inventé durant la guerre le magnétophone. En 1945, le musicien et génial inventeur Les Paul (William Polsfuss) s’est démené pour en obtenir un. Il enregistra jusqu’à 6 pistes de guitare en overdub. Mieux encore, en ajoutant une 4e tête de lecture sur son magnétophone (en plus des 3 usuelles, effacement enregistrement, lecture), il pouvait faire de l’overdub en live, sur scène !
Autrement dit, il préfigurait, dès les années 40, les séquenceurs qui permettent depuis quelques anneés seulement aux musiciens solo de jouer plusieurs parties sur scène (la française Anaïs est connue pout utiliser cette technique).
L’overdub est plus frappant encore pour le chant, puisqu’on reconnait la voix et qu’on l’entend simultanément plusieurs fois. La première à avoir appliqué l’over-dub au chant serait Patti Page, en 1948, lors d’une session où ses choristes l’avaient plantée. Encore une anecdote où le hasard a provoqué l’invention.
Tiens, tu me fais repenser à un cas d’école d’overdub : “I swear there was somebody here”, le dernier morceau du “If only I could remember my name” de David Crosby (un empilement de bribes vocales, par Crosby tout seul).
Et n’oublions pas les “hommes-orchestres” : Stevie Wonder et ses chefs-d’oeuvre du milieu des 70’s, Todd Rundgren et sa trilogie psychotropée, Prince à ses débuts… Et puis le mille-feuille vocal du “I’m not in love” de 10cc (300% rock’n'roll credibility ^^)
Super intéressant, merci. J’ose à peine imaginer la gueule des gens dans le public de Les Paul à l’époque !!
Probablement assez saisissant pour le public de l’époque en effet, baggs.
Et merci du compliment !