Nice nice, comme son nom l’indique
Les bons labels évoluent ou meurent, mais Warp parvient à garder une touche de “bizarre” dans son catalogue. En l’occurrence avec le duo Nice Nice. Un duo venu de Portland, l’autre capitale américaine du son depuis quelques années (une capitale à l’Est, une à l’ouest, c’est la stéréo).
C’est un peu trompeur de sortir un tel disque au même moment qu’un biopic des Doors. Son psyché et planeur dans la tête sont bien là. Pour le reste, on est loin du blues et de la mélodie de le bande à Morrison. Bande son pour l’enterrement de Dennis Hopper, alors? C’est déjà mieux trouvé, mais alors un Dennis fort jeune, avance la descente de speed et les bad trip. Et avouez que pour faire une pochette aussi mochedingue, il faut être sérieusement défoncé.
Nice nice, comme son nom l’indique, fait de la musique pour avoir du soleil dans la tête, de la brume dans le regard, un sourire niais et des réflexes de menhir. N’empêche, les petits salopiauds, ils le font bien (on a une préférence pour On and on et pour A little love).
Extra wow, dit l’album. Un brin survendeur, mais pourquoi pas, même si cette morgue de façade ne s’entend pas dans leurs chansons. Ni aussi barrés que les Crystal antlers, ni aussi ténébreux que les Black angels, Nice Nice fait du bon psyché. Ni plus ni moins, mais avec savoir faire. D’ailleurs ça sent le recentrage, car sur leurs disques précédents et en particulier sur Yesss ! en 2005, Uh oh, était plus électro, voire plus intéressant. Faudra pas oublier d’y revenir, les gars, même si dès vos EP de 2006 (Fall, puis winter), vous avez commencé à fumette.
Ils savent prendre leur temps et nous obliger à oublier le nôtre. Pour une fois, on fait un compliment sincère en disant que leurs morceaux de 5 minutes paraissent durer le double. C’est le signe qu’ils nous ont fait perdre la pendule en cours de route.
A l’époque, la grande, celle de Dennis où “la route” signifiait l’aventure, le psychédélisme était affaire de groupe, d’utopies communautaires, constamment dévoyées par les ego et sabordées par les incidents sordides, mais utopie tout de même, et groupe malgré tout. Du groupe, Nice nice n’a gardé que le minimum, le duo, sans doute l’entité la plus éloigné de toute notion de groupe. On vous laisse machouiller ce constat vaseux en écoutant confortablement ce disque. De toute façon, Monterey, le 13th floor, les Seeds, c’est loin tout ça et j’étais même pas né, alors laissez pousser barbe et aisselles et passez à l’extra wow. Si après ça vous êtes devenus accros, leur And many more de 22 minutes en apesenteur vous tend les bras.