New musik, Anywhere (madeleine)
Un temps exista où écouter de la musique exposait à un risque majeur. Deux risques. Majeurs, donc.
Le premier était de mal poser ou lever le diamant sur le vinyl, creusant une rayure qui rend inécoutable un titre entier, voire plusieurs en cas de saccage caractérisé. Le second, à peine moins effrayant, était d’entendre dans un grognement de contentement le magnétocassette avaler goulument la bande magnétique.
La plupart de mes cassettes, et avec elles celles que j’héritai de mes ainés, ont échappé à cette torture.
L’une d’elle est un hommage mal dissimulé à l’ecclectisme, ou encore la preuve que ce jour là mon frangin n’avait plus qu’une cassette sous la main. Face B, Téléphone. Ca fait bien, aujourd’hui, de dénigrer Téléphone, lorsqu’on écoute PJ Harvey et Sonic youth. Pourtant c’était un assez bon groupe (pas le meilleur, mais pas mauvais).
Sur la face A, une surprise. Un truc inconnu. New musik, rien que ça. Le nom du groupe ne transpire pas la modestie, à moins que ce soit par manque d’imagination qu’ils aient pêché. Mais dès le premier morceau on mesure qu’on tient une pépite.
Anywhere est leur deuxième album. La pochette est vraiment mochasse, mais le contenu est de haute volée. Ce disque est sorti en 1981, en pleine explosion musicale, 7 ans après le premier Kratfwerk, les musiciens de tout poil sortaient les claviers, mais en y ajoutant une bonne dose de New wave. Ces anglais me font parfois penser à un magnifique groupe belge dont je vous ai parlé, the Names. Quoique la basse assez groovy, qui compense la noirceur new wave, peut aussi rappeler leur compatriotes ABC.
Cela fait une quinzaine d’années que je n’avais pas écouté ce disque, et j’aurais du mal à vous décrire le plaisir qui m’a innondé dès les premières notes de They all run after the carving knife. Souvenez-vous qu’Orchestral manoeuvres in the dark, en dehors de nous faire danser toute la nuit, a aussi créé des titres sombres et lyriques, et vous aurez une idée de l’univers où nous emporte New musik. A la fois électronique et romantique, bande son parfaite pour une version alternative de Blade runner. De 1979 à 1982, les vraies années new wave, le groupe de Tony Mansfield a écrit des titres de “pop synthétique” qui pour la plupart étaient potentiellement des tubes. Leur nom est parvenu… jusqu’à Niort. C’est déjà pas mal :-)
J’aimerais vous mettre l’album entier, mais ce ne serait pas très fair play.
Alors je vous laisse écouter l’une de mes préférées de l’album (elles sont presque toutes mes préférées!), Churches :-)
Bon, d’abord sur New musik, et ensuite sur les K7 sorties du fond des âges avec leur lot des bonnes et mauvaises surprises :
New musik, faire du vieux avec du neuf : qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas une attaque négative, bien au contraire : je ressens effectivement ce que j’ai ressentis en découvrant OMD en 82 et que j’ai acheté le 33 Architecture and morality (je crois l’un de mes tous premiers albums, escusez du pneu !) : une musique qui est évidente comme si elle avait toujours été là, mais avec des sonorités du futur (ou tout au moins de ce que peux représenter le futur magnifié dans L’âge de cristal par exemple, je ne sais pas très bien si vous voyez ce que je veux dire, mais moi si).
En tout cas, une électropop très délicate, dansante et chaloupée, un peu craignos juste ce qu’il faut (ah la la : les années 80 ! ^^), pas assez sombre pour moi, mais de bien belle facture, et qui pourrais sortir maintenant paraîtrait furieusement hype (je n’ai entendu que ce morceau) et qui pourrait piéger des gens à l’aveugle (ce serait marrant d’essayer tiens). En brefle : typiquement Arbobesque :o)
Hm… j’espère que je vais pouvoir trouver le cd à la Fnac moi…
Rayon K7, j’en aurais des tonnes à raconter, mais juste deux trois anecdotes du moment :
Réécouté hier en bricolant et déménageant des meubles :
- Quel enfer ! une cassette du commerce de l’album de Niagara. Je ne regrette vraiment pas, car ça reste dans l’ensemble très moderne, avec des paroles parfois bien plus profondes qu’on ne le crois si on écoute au 1er degré.
- Murray Head, K7 enregistrée par mes soins à partir du vinyle que j’écoute souvent : je l’ai foutue à la poubelle après 10′ à cause d’un sifflement persistant, signe de ce que nous appelons dans notre jargon du métier : “une cassette complètement niquée”
- Supertramp 1 & 2, sur une TDK. “1 & 2″, parce que je numérotais mes cassettes en écrivant sur la tranche à la machine à écrire (une IBM 82C à boule qui effaçait les fautes de frappe) le nom de l’artiste, puis un ou deux nombres, selon que je mettais un ou deux albums sur la cassette. Ensuite, petit côté de la jaquette de la cassette, le titre de l’album (à la main à partir de là) et parfois l’année, et sur le grand côté deux colonnes avec les titres de chaque morceau en revenant bien scrupuleusement à la ligne pour chaque titre.
Supertramp 1 & 2 pour l’une des cassettes que j’ai du le plus écouter de ma vie : Breakfast in america et Famous Last words (dont le dernier morceau est amputé d’environ 40″ car la face s’arrête à 45′)
Prince 1, Sign o’ the times. No comment, si ce n’est que la cassette (une Chrome pourtant) ne rend pas assez les contrastes. Et c’est pourtant la deuxième version de ma copie K7 de cette album.
Fausto Papetti ricolta 23 : je préfère ne pas commenter. C’est tellement infâme que je ne peux parfois pas supporter que 3 titres à la suite des ces covers pourrites au saxo des tubes 70’s et 80’s, aux pochettes assez graveleuses et qui me confirment que notre Mario Cavallero national est quand même un bon musicien, lui.
Autre anecdote en forme de sondage : vous avez encore vos boites-valisettes pour ranger des cassettes et les transporter ?
J’en ai deux qui contiennent une vingtaine chacune qui m’accompagnent depuis 1983 (on va pouvoir fêter un jubilé tiens !), actuellement juste au sol derrière le siège conducteur de ma poubelle break diesel, pratique à attrapper en conduisant en glissant le bras droit légèrement à l’arrière. Je fais un nouveau plein de temps à autres, en piochant quasiment toujours au hasard parmi deux grosses caisses de quelques 400 cassettes.
Moins celles que je benne quand elles sifflent…
Sur ce je vous laisse après avoir écrit ce comm en écoutant trois fois de suite ce New musik dont je me demande vraiment bien comment sait que je vais pouvoir dégotter tout l’album…
qht
Commentaire n°1 posté par Christophe le 16/06/2008 à 10h43
l’album est assez contrasté, christophe, tu as raison sur le peu de noirceur de Churches, j’ai préféré mettre l’un des titres les plus “évidents”, les plus séduisants, mais d’autres plus lents et pas forcément très gai élargissent la palette.
en plus l’abum atteint les 50 minutes, chose rarissime pour l’époque, sans rien à jeter.
de la belle ouvrage :-)
Commentaire n°2 posté par arbobo le 16/06/2008 à 10h58
Je plussoie ce qu’il a dit l’autre, là :
“En tout cas, une électropop très délicate, dansante et chaloupée, un peu craignos juste ce qu’il faut (ah la la : les années 80 ! ^^), pas assez sombre pour moi, mais de bien belle facture, et qui pourrais sortir maintenant paraîtrait furieusement hype (je n’ai entendu que ce morceau) et qui pourrait piéger des gens à l’aveugle (ce serait marrant d’essayer tiens).”
Je le passerais bien en soirées blind test, je crois qu’on rigolerait grave en effet :-)
Sinon, moi aussi j’ai des boîtes-valisettes pour K7, et je me demande s’il existe un autre objet aussi laid que celui-là.
Sans déconner, vous trouvez pas ça complètement dingue?
Commentaire n°3 posté par Ama-L le 16/06/2008 à 21h13
Dingue ! ml2
Commentaire n°4 posté par Christophe le 16/06/2008 à 22h26
ça n’a vraiment rien à voir, mais le garçon qui habite chez moi mate un épisode de Grey’s Anatomy à la tévé et y a “Not Going Anywhere” de Keren Ann dans la bande son et ça me fait super plaisir.
Voilà :-)
Commentaire n°5 posté par Ama-L le 17/06/2008 à 00h17
oui, excellente la sélection de la bo de cette série, j’en ai parlé ici d’ailleurs,
http://arbobo.over-blog.com/article-10547002.html
assez girl-oriented, comme la série, ce qui n’est qu’un constat rien de plus.
Commentaire n°6 posté par arbobo le 17/06/2008 à 00h50
puisque vous êtes convertis, on n’a plus qu’à se bloquer un bar un de ces soirs, 3 djs dont christophe, ama-l et moi (ah tiens, çà fait 3 ^^)
et hop
Commentaire n°7 posté par arbobo le 17/06/2008 à 00h52
impossible d’écouter le titre en lien :-(
par contre, j’ai trouvé New musik sur Deezer, pas le même album, et c’est exactement le genre de groupe que je n’aimais pas dans les années 80 justement.
Pas assez sombre et trop délicate sans doute ;-)
Commentaire n°8 posté par rififi le 17/06/2008 à 17h10
ah ben non tiens, “Sanctuary” ça me plait davantage. Plus dansant.
bon, il faut écouter l’album alors…
Commentaire n°9 posté par rififi le 17/06/2008 à 17h12