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My bee’s garden : Hunt the sleeper. Un album de Melody

Dans la famille Adams, c’est la pestiférée. Trop gentille sous la noirceur de ses ambiances. Trop légère malgré le noir aux ongles et les cheveux de jais. Morticia a tout fait pour rompre les liens, et Wednesday n’a de cesse de transpercer joyeusement la poupée à son effigie.

Ah, Melody, ton nom trop évident fait se frotter les yeux, on remonte sur le trottoir de peur qu’une Rolls gainsbourienne ne déboule. Ah, Melody, ce prénom qu’on croit anglais, assurément, à moins que…

Des madrilènes de Boat beam aux réminiscences Cocteau twins chez Warpaint, on a pris l’habitude de chercher ta trace aux pays des enfants perdus, Melody. Tu nous donnes l’adresse dans le nom de ton groupe, My bee’s garden. Et qui dit miel dit abeilles, fleurs, mille parfums, courses badines dans les herbes hautes.

On est venu dans ta clairière, Melody, ton chant nous guide, biches et hirondelles accourent vers toi. Mains nues, à peine couverte d’un voile, entouré de cette fumée qui éloigne les travailleuse, on comprend pourquoi ta voix nous a parue irréelle et comme sortie d’une nuée. Un ours danse près de toi, plus gourmand de tes chansons que du miel qui s’échappe de tes doigts.

Hunt the sleeper est un livre de contes. Tu fus une enfant dans les années Cocteau twins et Lush, dans les années Slowdive, tes menteurs de parents en ont substitué les livrets aux pages cornées d’un vieux Grimm, heureuse gosse. Ce disque est trop léger pour impressionner, tu sais bien. Il est là pour rassurer contre nos fantômes.

C’est en voyant la lune, et la faune évanouie, qu’on réalise le temps passé, et qu’on n’est pas prêt de se lasser. Petite fée, de quel phyltre as-tu usé, pour nous constituer captif volontaire?

Half asleep, conclues-tu. C’est justement l’impression qu’on avait, de ce moment où, déjà éveillé, les créatures du sommeil ne nous ont pas encore quitté. Elles nous murmurent l’emplacement de la maison du loup solitaire, et nous racontent les folles courses à jouer avec leur lion préféré. On en rit encore, de ces cache-cache dans la crinière, tu l’as déjà raconté tout à l’heure, ce sont encore les mêmes histoires mais on s’en régale. On cherche le point faible du récit que tu as tricoté. Certainement pas the noise it makes, qui n’aurait pas déplu à Air ni à Beach house.

Ce soir un ours rigolard vient nous border. De sa grosse pattoune il essuie une trace de miel à nos commissures, et gonfle son poil en corolle pour imiter le lion. Il fait le con, ton ours, Melody, quel clown, lui-aussi est sous le charme.
Comment ça, “lui aussi”? Arf, trop tard, on en a trop dit ^^