Mount Eerie (Wind’s dark poem), on monte à bord
Les vrais, les purs, tracent leur voie, à travers champs. A travers les herbus, à travers pentes et plaines. Là où le vent fait entendre un sombre poème, nous dit Phil Elverum. L’état du Washington réserve bien des surprises musicales, mais celle-ci…
Wind’s dark poem
Si je devais avoir un regret pour l’année 2008, c’est d’avoir trop peu insisté sur la beauté de ce disque polyphonique, enregistré avec Julie Doiron et Fred Squire, Lost wisdom. Cette année Mount Eerie revient avec un album lourd et contrasté, Wind’s poem, toujours aussi glacial. Au moins aussi beau. Sous différents formats, voilà une oeuvre déjà bien remplie, de plusieurs albums et EP. N’y cherchez pas la fausse note ou le signe de faiblesse.
Phil, c’est le mec avec lequel tu ne pourras jamais gagner à “dessinez c’est gagné” s’il est dans ton équipe. Et si tu veux venir avec un pote à ton premier rencart pour mettre à l’aise ton “date”, oublie tout de suite son numéro.
De toute façon, Phil, tu lui en veux un peu de t’avoir cassé un plan sans même s’en rendre compte, mais tu l’envie aussi. Ce mec là charrie dans ses mèches des histoires incroyables, et ne connait pas la solitude. Il a une vie à lui, et dans ton lycée où la moindre originalité faisait de toi une cible, il a réussi à survivre, écrivant des chansons lugubres dont les filles parlent en secret en baissant la voix.
Oh, tu les connais, les Vic Chesnut, les Low, les Do make say think. Leur noirceur. Leurs chansons trempées dans la cendre. Phil y ajoute un dépouillement et une sobriété inquiétantes, il semble ne chercher ni notre écoute ni notre approbation. Comme s’il assistait à ses propres chansons.
C’est dur et beau comme une lande qu’on parcourt en solitaire. Revenu au chaud, on nous demande comment était la randonnée, et l’on profite du bol chaud pour éviter de répondre. Un regard intense nous trahit, et ravive dans l’assistance ce mélange d’intérêt envieux et de rejet effrayé.
A ceux qui franchiront le pas, son label vous est ouvert.
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bienvenu à Paris Phil !
ce sera le 2 avril à la flêche d’or :-)