Motorama : houra pour l’Oural
Ce n’est pas qu’ils viennent particulièrement de l’Oural, mais on a préféré un jeu de mots foireux à l’exactitude géographique.
Le principal avec Motorama, étant que ce mélange de new wave et de pop anglaise, cette sorte de cocktail de l’émission de John Peel, soit aussi plaisant.
Un (très) bon disque de plus, voilà ce que vous avez entre les pattes. Le fait qu’il vienne de Russie, c’est peut-être anecdotique mais ça nous conforte dans notre approche d’un rock indé définitivement mondialisé, qu’il vienne d’Espagne, du Danemark, ou du Costa Rica…
Là, malgré le titre de l’album (Alps), c’est en Sibérie qu’on va se réchauffer les esgourdes (ou à Rostov sur le Don, je n’ai pas encore bien cerné d’où vient ce quintet addictif).
Vladislav chante à la manière d’un Stuart Staples sous speed (ce léger vibrato dans le grave), même si la voix est sous-mixée derrière les guitares et la rythmique. Choix artistique (et travers de l’époque, il nous semble), car son accent est largement à la hauteur. Sans être très originaux, Motorama font de bons morceaux avec un je-ne-sais-quoi en plus (plus originaux que leur nom en tout cas, utilisé par un paquet de groupes d’autres pays, caramba).
Cette manière, probablement, de marier des genres voisins. En Angleterre, il n’y a pas plus hostiles les uns envers les autres que les supporteurs de deux clubs d’une même ville (Manchester city vs. United, au hasard). En musique c’est un peu pareil, mais Motorama allie la pop aux guitares légères de Sarah records (Wind in her hair) à la gravité new wave de Factory.
There’s no hunter here
C’est ce petit air de pas y toucher qui les rend si intéressants. Ce léger pas de côté qui change la perspective et fait entendre autrement. L’an dernier, on avait eu un premier aperçu du groupe avec leur Bear EP, un maxi déjà savoureux et rythmé sans se presser.
Car si les bpm montent parfois assez haut, Motorama a suffisamment écouté les grands de la new wave (Joy division et the Cure en tête, n’est-ce pas madame la bassiste) pour savoir poser la voix et la basse sur le frein juste ce qu’il faut pour faire danser sans transpirer. C’est joliment dosé.
Le plus marrant c’est qu’un groupe de garage entièrement féminin porte le même nom… en Italie. Savoureux pied de nez aux clichés, le gros son produit par des filles d’Europe de l’Ouest, et broderies pop ajustées par des russes de Sibérie.
On ne sait pas qui a produit l’album de Motorama, mais il ne s’est pas foutu d’eux et leurs compos méritaient ce traitement soigneux, qui ne s’essoufflent pas et nous laissent en beauté avec There’s no hunters here (encore un pied de nez) que beaucoup de groupes, de the National aux Cold war kids, auraient adoré écrire eux-mêmes.
Si la police ne mange pas leurs passeports, voilà un groupe que les tourneurs de toute l’Europe devraient bientôt s’arracher et les mélomanes apprendre à mieux connaître :-)
Vous voulez savoir le plus dingue? Cet excellent album est téléchargeable gratuitement sur le site du groupe !
Ci-dessous, Vlad et Max reprennent Ready for the floor de Hot Chip.
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J’avais pas vu, M’sieur, cet article.
Moi, des Russes, ça me titille!
;-D
Déjà que j’écoute des japonaises à cause de toi!
excellente nouvelle :-)