Mostar diving club : le beau pont sur la Neretva
Rien que le nom est déjà tout un dépaysement : Mostar diving club. Mais l’imagination produit de plus beaux disques que l’imitation, et cet anglais ne connait pas grand chose de Mostar, ville natale de son père. Et les histoires qu’il se raconte en chansons nous donnent à voir une ville où on aimerait passer les prochains mois. Une image vient, celle de ces ados qui sautent en riant du haut d’effrayantes falaises, ou du pont sur la Neretva comme les membres du Mostar diving club. Ses chansons sont nourries de cette insouciance passée magnifiée par le souvenir (Vagabonds and clowns).
the medicine show
Il ne sera pas facile de choisir un titre à vous faire découvrir, parce qu’ils sont tous bons. Les gros amateurs de pop indépendante resteront dans des frontières connues, on ne criera ni au génie, ni à la révolution musicale. Mais on goûtera sans renâcler, et on guettera un éventuel passage en concert. Damian Kathkuda est aussi le chanteur du groupe Obi, ce qui ne vous dira probablement pas grand chose.
La presse anglo-saxone ne tarit pas d’éloges sur ce projet solo, passé plus inaperçu sous nos cieux malgré un bel album sorti en 2008 sous le nom Kathkuda. D’ailleurs il est signé chez Chrysalis, qui hébergea notamment the House of love, et qui s’occupe aujourd’hui des perles indé signées chez EMI. Voilà des mois qu’on écoute ce disque, Don your suit of lights, et officiellement il n’est toujours pas sorti. On commence à s’impatienter et à se demander si ce disque sortia enfin par des voies officielles.
Mostar diving club est bien plus qu’une récréation solo. Damian est un beau représentant d’une veine actuelle qui mêle une atmosphère “indé”, des chansons bien écrites et délivrées à voix douce.
Utilisant souvent le piano, ne dédaignant pas les cordes, ouvrant quantité de portes vers d’autres courants musicaux, cette musique actuelle est celle d’amoureux de la musique, qui écoutent aussi bien les chants traditionnels de leur pays d’origine que Pet Sounds des Beach boys. D’ailleurs on trouve toute une batterie d’instruments, -du glockenspiel au violon en passant par l’harmonium- pêché mignon de notre époque, mais lorsqu’ils sont utilisés avec justesse comme ici, il devient difficile de faire la fine bouche.
A la manière de ce que fait chez nous 1973, Mostar diving club ouvre sa pop à tous vents, pour le meilleur. Ce banjo sobre de the medicine show, il est bientôt entouré de toute une section de cuivres qui le tire de sa rêverie vers la piste de danse. Ses morceaux alternent la douceur intime du guitare-voix, et les envolées puissamment arrangées. Une touche de lyrisme et un savoir faire jamais pris en défaut.
Oh, il y aura toujours moyen de se plaindre que DM Stith ou d’autres ont sorti de belles choses dans une veine proche. C’est vrai, mais abondance de bien ne nuit pas. On est sûr de ce coup là, comme on l’était de Broadcast 2000, ou James Yull, ou 1973.
Cette pop à la fois modeste et sûre d’elle, est pile dans son époque. Pas si simple qu’elle en donne l’air, pas toujours débordante d’originalité (Then came a thousand elephants), mais généreuse et sincère. Sur You be me, on est même vraiment touché.
Don your suit of light contient son lot de titres réussis. With his new armour ou Ghost train suintent la solitude, mais une ballade comme the medicine show vient la compléter d’une chaleur réconfortante. Ainsi va ce disque, du sombre au plus clair, de l’introspectif au dansant, avec le même talent.
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Ben pour ce qui est du dépaysement, moi le nom me fait automatiquement penser à la guerre en Bosnie-Herzégovine :-/
mais sinon j’aime bien le titre, je vais écouter le reste :-)
oui, mais la région a été une destination touristique de choix pendant les périodes de paix
(faut dire que la région a souvent été un théâtre de guerres en 1 siècle et plus, je te l’accorde)
la photo est d’aillerus tirée du site de la région, c’est un jeune du mostar diving club qu’on voit plonger :-)
oui il parait que la région est très belle, mais on a les associations d’idées qu’on peut…
Il n’y a pas les autres titres dont tu parles sur myspace, et finalement à l’écoute ça reste un peu trop “plat” (si je trouve un autre terme, je corrigerai). Globalement sympa donc mais sans plus, un peu comme Vampire Weekend en fait.
Mignon. plus que ça même, très 1971, ça n’aurait pas déparu dans la BO de MASH (de ces eaux là environ).