Mirror face, Slouse EP
Si les disques gratuits continuent à être de ce niveau, les gros industriels du disques ne pourront bientôt plus crier au loup sans se couvrir de ridicule. C’est injuste, sans doute, mais applaudissons la beauté du geste.
Après les excellents Motorama l’an passé, voici des nouvelles de Russie. La Russie… en 1990, on trouvait dans les rues de Moscou des disques sous le manteau, sur des cassettes de fortune, du rock à peu près actuel, moins vieux en tout cas que les 33t d’Elvis ou McCartney des magasins officiels. On a gardé de ce séjour édifiant d’un empire décati, une touche de soupçon.
La moitié des groupes actuels, américains, anglais, français, tutti quanti, baignent en ce moment dans les eaux trop brassées des années 80 et début 90. On s’en plaint parfois, on s’en réjouit aussi, mais de ce Moscou de 1990 on garde l’idée que les disques arrivent en Russie avec un brin de retard. C’est que Novossibirsk n’est pas l’épicentre de la culture moderne, ni même une destination envisageable pour les groupes défendus ici. Une ville énorme, mais perdue dans le permafrost sibérien. La notion de coolitude et l’obsession de la hype sont sans doute différents dans une île humaine oubliée au milieu de la steppe.
Peu importe. Les disques de Mirror face dégèlent à leur rythme, libérés des glaces par le réchauffement planétaire, largués par erreur d’un B52 il y a 25 ans. Tout est possible, aussi. Mirror face, maillon oublié d’une politique de guerre psychologique contre l’URSS? Une cellule dormante chargée d’instiller le goût du rock occidental par quelque esprit reaganien dans un bureau de Langley? Projet expérimental du MI5 et du ministry of foreign trade pour doper les exportations des groupes mancuniens et sortir Liverpool de son désarroi industriel?
Tout cela à la fois. Mirror face, juste un groupe cool, c’est possible. Mirroir tendu par la jeunesse décongelée à une Europe qui n’en finit plus de pleurer son âge d’or. A l’Est, une nouvelle New wave se lève. A moins… attendez, et si c’était un coup de cocos pour asséner le coup de grâce aux majors anglo-américaines? Malin, très malin, avec Mirror face ils tiennent un atout maître. Tremblez!
Slouse EP la tient bien droite et bien haute, la relève. Et si l’un des titres s’appelle The Fall, n’y voyez pas un hasard. Ce n’est pas parce que le disque est gratuit qu’il est fait à la légère. D’ailleurs une cellule dormante ne fait rien au hasard.
Chut! vous entendez? Les Russes arrivent.
You Know - Slouse EP by Mirror Face
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Slouse n’est pas une bouse (ui, je sais, je sais…).
Mais bon, c’est un peu trop précieux pour moi, trop délicat, trop Arbobien. je préfère écouter du hard-core rappé ^^
Il y a quand même un petit côté début 90’s à divers titre, même si c’est plus tendu que du House of Love (au hasard)
Sinon le soundcloud dont la sève orange monte progressivement est… comment dire… ^^
tu as les 7 titres en écoute sur le soundcloud (et le bandcamp), tout n’y est pas si “arbobien” (ce que tu vas chercher, quand même ^^)
pour le gros rock qui tâche penche toi sur les flamands Triggerfinger, ça déchausse 2-3 plombages
pas grave j’ai racheté un baril de stéradent dans un vide-grenier.