Marquises : lost lost lost. Comme une île en France.
Attention.
Anomalie. Groupe à tension, électricité dans l’air. Statique, magnétique, platine qui tourne, oreille aux aguets. Lyon, quelque part en France. Les Marquises, loin, en Belgique, dans la bouche de Jacques Brel.
Nouveau. C’est le nom, le nom de famille, de Jean-Sébastien. Dominique, c’est pour le coup de pouce. A. Dominique A., le seul avec Pinksuhion a avoir senti l’importance de ce groupe avant l’heure. Marquises. Comme les corolles de verre qui protègent les perrons 1900. Marquises comme un temps perdu, trois fois perdu.
Les marquises ou, une fois de plus, la démonstration que la déprime se porte bien en France. Et le post-rock aussi, de Hitchcock go home à La corda ou Cyann et Ben, sans oublier les Marquises, donc. De ce groupe, de cet album parfaitement calibré, 33 minutes qui passent trop vite, on retient d’abord la saveur. On est séduit par les premières mesures, mais c’est la solidité de l’ensemble qui convainc pour de bon.
Lost lost lost, c’est le point d’équilibre. La recherche quasi aboutie du paradis perdu. Comme une traversée du catalogue 4AD, la qualité acoustique et mélodramatique de Dead can dance, les voix perdues de Lush ou Cocteau twins… Pourtant on est bien loin de tout ça.
Les marquises au point d’équilibre, mais avec quel fil conducteur? On tourne le dico du rock en tous sens, et le laisse retomber dans le fauteuil. Non, on a beau faire, malgré le fond binaire et la guitare saturée, on sait qu’on fait fausse route. On se remémore une conversation du 20e siècle conclue par le constat suivant, Love pussycats & carwrecks de Funki porcini, c’est du jazz. En pleine explosion “trip hop”, en plein essor du “post rock”, ce disque là, sur un label électro, était bel et bien du jazz au bout du compte.
On reprend la batterie, on l’écoute autrement. Ces remarquables variations subtiles (Comme nous brûlons), et ce son élégant des cimbales. On s’attarde sur la trompette, un de nos instruments préférés entre tous, et qu’on entend rarement de cette manière. On se demande si Miles Davis aurait aimé, pourquoi pas, il aimait aussi le rock le bougre. Il a su, avant d’autres, trouver le point d’équilibre. Comme dans le trip-hop sanguinolent et ascète de DJ Krush, les dérives sous lsd de Boards of Canada. Ni totalement électro, ni vraiment hip hop, ni tout à fait… jazz.
Le jazz dans cet album fait de rêves et de viscères, il est partout. Dans le travail d’atmosphères qui ferait saliver Artaud ou le frères Belmondo. Dans ce côté free qui inspire les dérapages contrôlés du sommet de l’album, sound and fury. Voilà, les jazzeux vont enfin aimer un disque de rock, et les rockeux un disque de jazz, et chacun revendiquera la victoire.
L’unité du disque tient d’abord à une gamme de tempo assez lente, et des ambiances sombres qui s’installent progressivement. elle tient aussi à ces boucles de courts motifs étirés et répétés, soulignés par un écho bien dosé. Ce disque est aussi perdu que nous à la fin de son écoute. Dans le jour clair et l’agitation urbaine, une seule certitude : la ville est vide et il est 3 heures du matin. L’heure des faux semblants. L’heure grise où jazz, hip hop, post rock, se faufilent dans les mêmes ruelles sans s’accorder un regard. L’heure grise des repères perdus, où tout est possible, où tout est Nouveau.
Merci ou Bravo? Pour le mot de la fin on hésite. Merci ou bravo? On hésite. On hésite…. A bientôt !
Les Marquises - Sound And Fury from LES MARQUISES on Vimeo.
Sortie le 2 novembre.
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j’ai l’impression de lire la chronique de Magic! qui m’avait poussé à acheter The Cycle of Days And Seasons de Hood à l’époque… disques qui se ressemblent fort d’ailleurs.
Et la voix de Jordan Geiger de donner un sublime allant à l’entité.
(je me suis permis de transmettre l’article à Jean-Sébastien, lyonnais oblige !)
Merci beaucoup!
merci les gars ^^
l’année finit en beauté, le neil young, le belin, le sadier, et puis celui-ci, là un peu plus surprenant à la longue qu’il n’en a l’air…
Et essaie le nouveau Ben Weaver. Quelque chose me dit que c’est aussi ton rayon…
:-)
“l’année finit en beauté, le neil young”
c’est vrai qu’il aurait été dommage qu’il ne nous gratifie pas d’un “yeeeeeeah, it’s angry world!”
pouf pouf, je suis déjà sorti…
ouais, ben écoute les marquises tu feras moins le malin ^^
Hé bé, entre ton article et le commentaire de Yosemite (”The cycle of days and seasons” aaaaaargh, plus bel album automnal-dépressif-post Talk Talk de tous les temps et de l’univers) (je pèse mes mots), je vais m’empresser de l’écouter…
Et je ne dis pas ça à cause d’un goût patronymique pour les îles éloignées de tout ;)
Au fait, s’il s’agit de répandre la bonne parole, j’ai vu qu’il est dispo chez Deez-ta-soeur.
Gareth de Hood a même remixé un morceau, c’est dire si cet album est pour toi, Dahu !
(et ce même disque devrait être même disponible physiquement dans les bonnes boutiques, toujours plus sympathiques que deezer… d’ailleurs, il est dispo en streaming sur le site du groupe, ça c’est une bonne nouvelle !)
il y a le lien de ton article sur le site:
http://immune.free.fr/lesmarquises/PRESSE.html
:)
“ce même disque devrait être même disponible physiquement dans les bonnes boutiques, toujours plus sympathiques que deezer”
>> Ah bah ça, je ne vais pas te dire le contraire… sauf quand on n’en a que des pâtes à se payer en ce moment ;D
“d’ailleurs, il est dispo en streaming sur le site du groupe, ça c’est une bonne nouvelle !”
>> Ah bah ça c’est cool, tant qu’à y prêter l’oreille en string-mince, autant le faire là-bas…
On en avait brièvement parlé et je te suis bien là dessus. La chronique est top en plus. Nice shot man :)
merci ^^
content qu’on soit d’accord, c’est une belle réussite
Les Marquises oui mais le chef d’oeuvre de Jean-Sébastien Nouveau pour moi c’est “Not Until Morning” sorti en 2008 sous l’appellation de Immune. Et pour avoir laissé un commentaire sur je ne sais plus quel webzine comme quoi cet album m’avait bouleversé, une petite chose à laquelle tu ne t’attends absolument pas s’est produite et a illuminé ma journée, j’ai eu un mail très sympa de Jean-Sébastien himself. Je lui ai répondu en essayant de ne pas tomber dans la banalité genre “j’adore ce que tu fais” (même si c’est vrai mais que c’est con de le dire) je lui ai juste suggéré d’éditer ses disques en vinyles…
Enjoy !
Cette fois, ça y est, le disque sort demain dans les bacs ! (2 novembre)
Mais vous pouvez aussi l’achetez sur notre site contre 1O euros (port compris):
http://lesmarquises.net/
(c’est encore le mieux pour tout le monde soit dit en passant ! et ça n’est que 10 euros comme ça)
mr.pop, j’aurais aimé effectivement sortir le disque des marquises en vinyl, mais c’est plus cher (et pour être distribué…). mais si un jour je peux, je ne me gênerai pas, c’est sur !
merci en tout cas pour tous ces commentaires sympas !
JS
ça commence à prendre cette histoire, c’est cool :-)
c’est vrai que le vinyl ça fait plaisir, mais un plaisir coûteux à distribuer comme dit JS
Hello.
Très bon papier, ou plutôt post (modernité technologique oblige), qui donne vraiment envie de découvrir ce groupe !!
Niveau références citées, que des trucs que j’aime. Et cette phrase si joliment écrite : “Comme une traversée du catalogue 4AD, la qualité acoustique et mélodramatique de Dead can dance, les voix perdues de Lush ou Cocteau twins…” Que du lourd !
Et le “Love pussycats & carwrecks” de Funki porcini, excellent. Ca me rappelle ma découverte du trip hop, alors que j’étais en pleine période rave party. Musique idéale pour les redescentes de l’époque !!!
Les références jazz citées, identiques. Que se soit Artaud, que j’ai vu en concert avec Julien Loureau (sax) et Bojan Z (clavier) ou le frères Belmondo. Et forcément “électric Miles” avec cette trompette sublime !!!
Je trouve que, d’après les quelques titres écoutés, La Marquise est entre les atmosphères vaporeuses et neurasthéniques du dernier chef d’œuvre de Blonde Redhead (”Penny Sparkle”), la dream pop de Cocteau Twins, le post rock mâtiné de break beat des méconnus Downliners Sekt avec “The Saltire Wave” (2008, chez un Netlabel) et les rythmes lancinants du trip hop de Krush bien sur mais aussi et surtout du duo anglais trip hop jazz Spaceheads !!!!
En tout cas, merci de cette si belle découverte !
A + + + !!!!!!!!!
merci Franky,
que de références en effet cela nous évoque, mais que des bonnes n’est-ce pas :-)