Marina Gallardo, éleveuse de fantômes
Il y a les artistes à qui on demande d’expliquer leurs choix, le titre d’un album par exemple. Et il y a Marina Gallardo, dont l’album parle de lui-même : Some monsters die and others return.
On va dire que c’est du folk ça nous fera gagner du temps, même si le jeu et les percus de l’interlude (in the pines) font naître des flopées d’images bigarrées, même si on trouve des évocations de calypso dans Smile, et un fond d’indie rock (New worlds). Cat power, on ne compte plus tes enfants illégitimes ;-)
Tired man
Avec sa voix de douce sorcière, de celle qui apaisent les angoissés et éloignent les mauvais esprits, on se demande dans quels coins sombres elle a fourré son nez depuis l’enfance. Hors de tout, loin du temps, les chansons de Marina ne soulèvent qu’une seule question (”bon il est où, ce bouton replay dont tout le monde parle?”). Les morceaux s’égrènent comme de petites perles, et en quelques 25 minutes le charme prend fin.
… replay
Oubliez tout, par la grâce de quelques accords c’est votre privilège. Laissez-la faire, elle s’y prend tellement bien cette jeune portugaise. Les titres se succèdent et on n’est pas bouleversé, on n’est pas épris ni sublimé non plus. On est bien. Juste bien. De ce bien-être serein qu’on voudrait ne jamais quitter.
Quand la guitare électrique remplace l’acoustique sur New words, c’est définitivement la famille des meilleurs songwriteurs “indie” qu’elle rejoint. Tout devient facile avec elle, comme ces notes longues toutes bêtes qui montent à l’orgue derrière elle sur tired man. Elle tresse de ses cordes un pont souple et solide entre nos rêves d’enfant et nos joies d’adulte. Comme Henri Michaux, dont elle cite des extraits, savait marier l’étrange et l’évident, parfois dans les mêmes figures. Evidemment, lorsqu’on est espagnole portugaise*, qu’on fait un mélange folk-pop à l’américaine, et qu’on est sur un label catalan, on multiplie les chances de percer par zéro. Mais en allégeant ses morceaux après un Working to speak déjà réussi en 2008 (mmmm, ce Bloody moonshine), en allant plus à l’essentiel, bref avec un brin de radicalité, elle est monté d’un cran et mérite que ça se sache.
Some monsters die and others return est paru chez Foehn Records.
* ne parlant ni espagnol ni portugais, je me suis fait rattraper au vol par ses amis, qui me font remarquer sur facebook qu’elle est bel et bien espagnole, de Puerto de Santa Maria ! Toutes mes excuses pour la méprise, et longue carrière à elle.
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Super, c’est doux et agréable, effectivement on est bien en l’écoutant !
viva portugal !
je t’embrasse
ouais, c’est recommandé par Boudha, je crois :o)