Marie-Flore, Feathered with daggers. Un éclair dans la nuit
Les yeux clos et l’oreille tendue vers tout ce qui nous entoure, une nuit propice nous nimbe et notre corps s’imprime dans le bien nommé oreiller. Comment décrire…
Le corps entier parcouru par l’onde sonore, électrisé. La peau, membrane vibrante au rythme de son chant. Le coeur aligne ses battements sur chaque morceau, et sur nos bras une ola muette se dresse d’extase.
Savoir le chemin parcouru, les embûches sur la voie solitaire, ne fait qu’ajouter de l’émotion à ce disque qui en procure déjà tant. Reprendre ses esprits. Se frotter les yeux, s’apercevoir que plus un son ne sort des enceintes depuis un moment mais que chaque morceau de Marie-Flore continue de nous accompagner.
Se remémorer la frêle jeune musicienne qui affronta la première fois, par notre faute, face à face son public dans un salon conquis. Se souvenir toutes ces fois où, souvent seule avec sa guitare, elle nous démontra que son talent ne devait qu’à elle même, de compositrice, de chanteuse captivante, d’arrangeuse, de musicienne…
Prendre enfin conscience que Feathered with daggers est à la fois un cadeau et une surprise. Car non seulement on est déjà en train d’apprendre par coeur chaque morceau, tant on les aime, mais on ne s’attendait pas à ça.
Se remettre en cause, aller plus loin malgré les compliments si fréquents sur les chansons précédentes, Marie-Flore a su le faire. Ouvrir de nouveaux horizons. S’imposer des choix, quitte à effacer, d’un doigt sûr, des semaines d’enregistrement synonymes d’économies amassées durement. Continuer, encore et encore, jusqu’à graver ce qu’elle avait en tête.
Le résultat : Feathered with daggers. On découvrait il y a quelques semaines un extrait de ce disque, By the dozen, bijou pop plus anglais que tout ce qu’elle avait jamais enregistré, clin d’oeil à ses tournées à ouvrir les concerts de Peter Doherty qui lui renouvelle sa confiance. Un morceau maîtrisé et riche, où la finesse de sa voix répond à celle des arrangements et de la composition.
On s’attendait déjà à un disque dans cette tonalité, synonyme de maturité et de beauté. Sibyllin king et Wolfe’s breath ont quelque chose de cette atmosphère, c’est vrai. Mais ce Waste of time ! Un morceau de Marie-Flore qui balance à ce point?! Ca rocke, et pourtant entendez bien tous ces moments où le chant porte seul la mélodie, à peine soutenu par une note tenue. Ummmm nananananana…. such a waste of time… du gâchis, tout ce que cette chanson n’est pas.
Et puis il y a ce coup de génie, comme si tout cet étalage de talent ne suffisait pas… Feathered with daggers, son inquiétant vrombissement qui nous caresse tout le corps. Inquiétante, obsédante, elle s’immisce et nous glisse à l’oreille des mots d’adieu qui nous font dire “encore”, plaque ses accords comme on te plaque au mur pour partir avec sur le corps les moiteurs de l’amour.
Feathered with daggers
Au fond d’une anse d’un océan de félicité, des sirènes jalouses se désolent qu’une petite française ait ravi leur secret. Et nous, et nous, heureux comme Ulysse qui aurait croisé Marie-Flore.
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Le morceau en écoute est magnifique ! Il y a un côté Tricky quelque part qui, et un peu du début du second Archive, mais sans que tout ça ne soit daté des grandes heures du trip hop (mon dieu, 20 ans déjà !!!).
Ah pourquoi ce morceau est-il si court ?
Je veux bien écouter tout l’album.
il est sur Deezer :-)
je suis complètement raide dingue de “feathered with daggers”, et une fois de plus le mélange de sa voix avec celle de gregg foreman fait des étincelles
Je ne peux pas écouter Deezer depuis mon accès satellite dans les glandes quand il me croit parfois hors de France.