L’ombre affolante de Bat for lashes : Two suns
Le premier album avait grandi progressivement, bénéficiant d’une sortie nationale, puis mondiale, recueillant progressivement quelques éloges, puis d’autres, et le temps aidant on s’aperçut que Natasha Kahn, alias Bat for lashes, avait sorti l’un des premiers albums les plus forts qu’on ait entendu.
Ce disque impressionnant, original mais accessible, on n’a pas fini de l’offrir autour de soi.
Alors le piège, c’est qu’on aimerait retrouver avec Two suns, son nouvel album, la surprise merveilleuse du précédent. On voudrait pour chacun de ses disques, qu’on espère nombreux, les entendre comme une première fois. C’est l’équation impossible d’une rencontre dont la part de magie reste l’une des plus reéouissante de ces dernières années.
Oubliez que vous avez entendu Daniel, le single, hors de son contexte, et que vous l’avez trouve assez plat, pas très intéressant. Après trois ou quatre écoutes, vous vous apercevrez que vous l’aimez, pour ce qu’il apporte a ce disque pas facile.
Il faut bien lâcher le mot, Two suns est un concept album (murmures effrayés dans l’assistance). Natasha Kahn a laissé son alter ego onirique, la blonde Pearl, y exprimer sa part de noirceur, plus encore qu’avec les ombres portées de Fur and gold. Cette rêverie est le fil rouge du disque, et même les divagations restent coheéentes car les rêves, justement, ont leur propre logique étrange.
Plus on l’écoute, plus on comprend que cet album, chose rare actuellement, tire une grande partie de sa force de l’ensemble qu’il représente, de sa complexité et sa diversité. Ce qu’il n’a pas en facilite d’accès, il l’a en cohérence et en profondeur de champ, comme un tableau dans lequel on entre lentement.
Glass
Parfaitement construit, l’album ouvre en douceur, avant que le beat entre en scène. Elle nous l’avait promis en interview, Natasha Kahn a voulu donner plus de place aux beats et a la basse, aux rythmes déjà si originaux et forts auparavant. Sa science des rythmes est encore accrue, et tout en restant mélodiques, ses morceaux sont aussi plus dépouillés dans la construction.
On retrouve donc les ambiances et les qualités de Fur and gold, mais aussi beaucoup de choses qu’on n’y entendait pas ou en filigrane, du gospel, ou un cote 80s. Si l’horizon s’élargit, jamais pourtant on ne s’egare, jamais elle n’en fait trop, ne se laisse griser.
Hormis l’Angleterre, Bat for lashes est aussi allée enregistrer en Californie, puiser l’inspiration (chamanique?) jusque dans le Joshua tree desert. Si l’on compte avec la part d’eéectro bien plus affirmée maintenant, on a des contrastes tres marques. La chanson piano-voix de Moon and moon, comme un blues de jazzwoman, succède a deux titres dont le beat est omniprésent et délicieusement entêtant, dont ce Glass d’ouverture en écoute ci-dessus. Peace of mind adoucit encore le propos, entre country et gospel. Nous laissant desemparé a l’arrivée d’un Siren song de plus en plus oppressant et torture.
De ces ténèbres, elle ressort telle catwoman, les yeux cercles de noir dans un Pearl’s dream chaud et sale a la fois. Elle a emprunte le titre d’un chanson qu’elle a déjà utilise sur scène, tirée de la B.O. du plus beau et plus sombre des films, La nuit du chasseur. Décidément on n’est jamais loin des images dans l’inspiration de Natasha Kahn. Chaque titre mériterait son paragraphe, mais avant tout ils s’enchainent parfaitement, et on tire aussi plaisir, dans une époque très shuffle, a se laisser emporter dans un cheminement habilement construit.
A la reflexion, on a rarement croise artiste dont la vision soit aussi solide et personnelle. Qu’elle puisse inviter Scott Walker sur le final the big sleep, sans le reduire au rang d’utilite ni paraitre ridicule, illustre combien elle est solaire, et capable de proposer un imaginaire fabuleux.
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Je n’ai pas été vraiment convaincu par Fur and Gold, que je trouvais largement surestimé… j’ai du coup écouté celui-ci avec un peu de distance, prêt à lui mettre un petit 6, à le balancer dans mon classement, et ne plus y revenir… mais j’ai été très agréablement surpris… je le trouve bien plus réussi et intéressant… et si je ne partage pas ton emballement pour Fur and Gold, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu dis sur celui-ci, qui a une vraie profondeur de champ, et de la diversité…
Je garde encore quelques réserves, qui pourraient bien tomber au fil des écoutes…
Fur & gold était joint à des cat Power et autres albums de meufs lors de la quinzaine où Arbobo décida de me bourrer le mou avec tout ça, d’un coup. Finalement, c’est Bat for lashes qui tira son épingle du jeu et devint l’un de mes albums de gonzesses les plus écoutés (derrière PJ Harvey mais devant Antony & the Johnsons).
dans quelques jours ou semaines, je remettrai le couvert, mais j’ai effectivement été refroidi par le single tout pourri (enfin pas tant mais tellement… ado !) que ce sera un album que j’écouterai d’une traite, seul et plusieurs fois.
Et alors on verra.
Hello Arbobo, contente de te retrouver.
Des percus, de la basse, La nuit du chasseur et Siren song, comment veux-tu que je resiste à ce nouvel opus !!
à ++
eh ! bon retour à toi titi,
je suis content de te lire… et que tu apprécies toujours autant bat for lashes :-)