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LFSM 2010 : le festival s’emmêle? Sydney Wayser à la rescousse

Les festivals poursuivent leur politique de teasing, en organisant un concert des semaines avant le “vrai” festival. Le but étant d’avoir plus de visibilité, et de mettre l’eau à la bouche.

Du coup on s’interroge sur le drôle de casting que nous a proposé Les Femmes S’en Mêlent (LFSM) ce 29 janvier à la Maroquinerie. Ca sent la baisse de régime malgré la réussite Sydney Wayser, mais vu la concurrence effrénée qui règne en France pour l’organisation de concerts, on n’est malheureusement pas surpris. Au même moment, Laura Veirs présentait dans une autre salle parisienne son nouvel album. Tout un symbole, car sans être fabuleuse Veirs aurait peut-être amené plus de piquant à la soirée, et une artiste de ce calibre aurait vocation à figurer dans le festival LFSM.

Référence très courue, qui fit débuter en France Cat Power, Regina Spektor, Shannon Wright, et qui programma Kim Gordon ou les Slits, Les Femmes S’en Mêlent excitent moins, ce soir là. L’an passé, des dates inégales avaient tout de même permis de profiter de Lena Deluxe ou Au Revoir Simone. En 2010, le festival a visiblement fait un faux départ, alors qu’en 2009 la date avancée présentait les Vivian girls et Battant au sommet de leur forme.

Mais à y regarder de près, cette soirée inaugurale est-elle si mauvais signe que cela? Pas tellement, car plutôt que rassembler un cocktail hétéroclite le concert est centré sur un des aspects du festival. L’an dernier c’était le côté rock et dur qui servait de mise en bouche, cette année le côté soft et sans doute plus grand public, mais dans les deux cas on n’épuise pas toutes les facettes d’un festival qu’on aime particulièrement.

LFSM #13, ce sera du bon et du lourd, on prendra d’ailleurs le temps de vous en reparler de ces soirées à venir qui nous font saliver, avec Chicks on speed, Sarah Blasko, Tender forever, Lonelady ou the tiny…

Autant dire -et tant mieux pour vous- que le meilleur de l’édition 2010 reste à venir!

Difficile de tout voir dans un festival, 11 dates sont programmées à Paris. Les trois que nous avons vues en janvier ne nous ont pas donné envie d’y regoûter.

Basia Bulat est seule en scène la plupart du temps, avec sa guitare ou son autoharpe (les photos ci-dessous vous en apprendront plus sur cet instrument). Sa technique n’est pas en cause, elle est irréprochable. Ses morceaux très country & western nous laissent sur le bord de la route. Elle passe tout en puissance, comme si la scène était une performance sportive avant d’être le lieu d’un échange avec le public. On retrouve cette même absence de nuance qui nous avait semblé sur ses albums. Même son vibrato est outré, et l’ambiance de foire de l’Oklahoma qui se dégage ne donne pas très envie de renouveler son passeport.

Thao est la vraie célébrité de la soirée, entourée du groupe Get down easy. Là encore, grosse performeuse, technicienne solide, il y a un des reproches qu’on ne lui fera pas. Pourtant il y en aurait, plutôt les mêmes qu’envers Basia Bulat. En interview aux Inrocks, Thao disait qu’elle ne veut pas rajouter de la tristesse musicale sur la tristesse des paroles. Mais cette idée respectable peut donner le meilleur (la nuance et l’ambiguïté travaillée de la française Berry), comme le pire.
Le pire c’est un concours féminin de testostérone, ou comment une chanteuse en robe essaie de prouver que c’est elle qui a la plus grosse. Débauche de vocalises, surenchère sexuelle, Thao est sympathique mais résolument saoûlante. Elle a indéniablement du chien, mais tout ce qu’elle nous montre est surjoué. C’est d’autant plus dommageable que ses morceaux, sympa mais d’une pop assez mainstream, ne sont pas du tout raccord avec le show de Roselyne et les lions qu’elle nous présente. Le décalage devient gênant à la longue, malgré des morceaux sympa, groovy, waltz rock, pop, mais dont on se demande si elle les a compris bien qu’elle en soit l’auteure. Thao, pour nous à l’avenir ce sera à la radio ou sur disque, mais on évitera de se pointer à ses concerts.

En revanche une fois de plus LFSM nous ont réservé une belle surprise en ouverture. Vous êtes prévenus,  voilà un festival où il serait dommage de louper les premières parties.

Celle de ce soir est assurée par Sydney Wayser. Comme toutes les artistes de ce soir, un petit bout de jeune femme, pas spécialement apeurée et au grand sourire engageant. Comme quoi les mêmes apparences recèlent parfois des shows bien différents.
Elle est jeune, Sydney, et sort son premier album. Les titres en sont aussi réussis que d’une originalité très relative. Mais elle est juste du début à la fin, dans l’interprétation, dans l’intention, dans l’émotion, dans la nuance. Novice, c’est-elle qui montre la voie à ses aînées baroudeuses dures à cuire. Elle débute a capella, ce qui ne manque pas de panache, et joue joliment de son timbre qui se voile lorsqu’elle envoie.
Alors même si son ukulele et son autoharpe sont très “air du temps”, on se laisse faire. Parce qu’elle sait jouer de sa timidité pour nous approche d’elle. Parce qu’elle sait passer de titres un peu jazz années 50 à une folk de bonne facture, dont les arrangements sont toujours taillés à la bonne mesure.
Excellente chanteuse, la jeune new yorkaise a beaucoup de goût, et tire le meilleur de compositions qui privilégient la tendresse sur l’ambition démesurée.
Le public parisien et provincial des Femmes s’en mêlent 2010 passeront un joli moment.

D’ici là, rincez-vous les yeux avec ce portfolio de Chrystèle, nouvelle fonction que nous proposons désormais pour vous proposer le plein d’images! (en cliquant sur le bon bouton, vous l’aurez même en plein écran)