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Les lieux du rock. Passage obligé?

Charles Berberian est un fan de musique. Avec ou sans Philippe Dupuy, on lui doit notamment pas mal de pochettes de disques, ou des récits liés à la musique. Et pour cause, car Berberian le scénariste et dessinateur, est aussi musicien. Un gars qu’on aime bien et qui inspire une bonne dose de respect.

En 2010, il a ajouté un nouveau volume de sa bibliographie débordante. Un petit volume qu’il illustre, et dont les textes sont de Matthieu Rémy. Et l’on retrouve Les lieux du rock dans toutes les librairies depuis quelques semaines.

D’un petit livre, par la taille et le nombre de pages, on ne peut attendre l’encyclopédisme. Une fois admis par les amateurs de rock qu’ils refermeront peut-être le livre sans avoir lu une ligne sur leur lieu fétiche ou tel autre qui leur aurait paru “incontournable”, on peut se laisser aller au plaisir de la lecture.

Ne vous fiez pas au logo de la couverture qui parait le réserver aux spécialistes de death métal et autre sludge joué les doigts en sang. Le dessin de Berberian a toujours sa rondeur et sa douceur, et Rémy n’est pas un tueur non plus.
C’est un livre, pas un roman graphique et encore moins une BD. Aussi les contraintes de mise en page et les hasards de l’inspiration font que Berberian dessine le livre plus qu’il ne l’illustre. On ne trouvera pas des masses de salles de répétition ou de concert, encore moins de carrefour d’Abbey road ou de façade de l’Apollo theater. Chacun son espace, à gauche Berberian, à droite Rémy, chacun à son rythme et avec son point de vue. C’est tant mieux, et c’est la première qualité de ce livre.

Il n’en manque pas de qualité d’ailleurs, ce petit bouquin dont l’idée centrale est rarement exploitée. Les lieux du rock ne catalogue pas les salles de concert célèbres, il emprunte le parcours d’un groupe. Où va-t-on “avant et après le concert”? Où se recueille-t-on? Berberian nous laisse, sans légende, tenter de reconnaître ses artistes favoris mêlés à la faune rock et ses beautiful people. Rémy, qui s’est solidement documenté (obligé, la collection est dirigée par Philippe Manoeuvre), nous conte moult anecdote connue ou plus obscure.

C’est un livre sympa qu’on offrira volontiers, à soi-même ou aux potes. Mais on ne sera pas surpris si l’un ou l’autre regrette après coup n’avoir trouvé ni description plus fine d’au moins un lieu choisi avec coeur, aucun plan, rien qui nous amène dans les lieux plus concrètement. C’est la limite du casting. Berberian n’avait pas à se travestir en dessinateur d’architecture ni en peintre d’intérieur, ni même en dessinateur “rock”, il n’est pas en cause. Mais en le choisissant pour un livre consacré à des lieux, on faisait le choix d’en parler sans les montrer, alors même que le dessin tient la moitié des pages.
D’où peut-être cette couverture étrangement neutre et dépourvue de la patte de Berberian. On a donc deux auteurs, mais ont-il fait le même livre? C’est à cette profonde et pénétrante réflexion qu’on vous invite à répondre en vous faisant votre propre idée ^^

Les lieux du rock. High voltage, aux éditions Tana. 10€