Les indépendants ou la victoire d’internet?
Dans la crise du marché du disque, les labels indépendants souffrent énormément. Pourtant, en regardant plus large, c’est le marché de la musique qui et en pleine mutation et la période qui s’ouvre, un “après-disque” si l’on veut, pourrait voir les indépendants tirer leur épingle du jeu grâce à internet alors que les majors semblent être à la rue. Je clos ici (temporairement) ma série d’article sur les enjeux actuels du numérique pour la musique.
Cet article est long, n’hésitez pas à l’imprimer, il n’était pas possible de faire court sur un sujet aussi vaste.
L’industrie du disque fait eau de toute part
Tout se bouscule depuis l’été. A une riche actualité, que j’ai déjà en partie commentée dans des billets précédents, je vais tenter de répondre par une mise en perspective de l’état actuel du marché du disque et ses perspectives d’avenir. Rien que ça… Ce ne sont pas seulement les auditeurs et leurs usages qui sont en cause, la question est, plus largement : comment tenir compte des évolutions technologiques.
Rappel des actualités choc de septembre et octobre. 1/ Trent Reznor de Nine Inch Nails incite ses fans à voler leurs disques (trop chers), et annonce qu’ils distribueront eux-même le prochain à 4$ environ (moins de 3 euros). 2/ Radiohead lance son album In rainbows par internet en téléchargement à prix libre suivi d’un coffret luxueux à 60 euros. 3/ Madonna quitte Warner au bout de 25 ans pour le plus gros organisateur de concerts mondial, avec à la clef un contrat de 120 millions $. Madonna est l’une des artistes qui gagnent le plus d’argent et sa décision prouve que ce ne sont pas qu’une poignée d’artiste rock au coeur pur qui désertent les maisons de disque.
Historiquement, l’industrie musicale s’est faite par le progrès technique et technologique, et ce sont les fabricants de matériel (Edison, Victor, pour commencer) qui furent les premiers à vendre de la musique enregistrée, les premières “maisons de disques”. Mieux, elles ont souvent joué de ce progrès technique pour augmenter les ventes conjuguées de matos et de musique, en passant du cylindre au disque, du disque en shellac au vinyl, du 78 tours au LP de 33 et au mini de 45, ainsi de suite jusqu’au CD. Suivant cette même logique, Apple distribue gratuitement son logiciel itunes, qui pointe directement vers son site de vente en ligne, et vend des millions d’ipod.
Cette évolution ne paraît pas pouvoir être enrayée, et c’est même peu souhaitable. Or le téléchargement pirate a lui aussi explosé avec internet et plus largement la copie privée. Le piratage va aussi vite que les maisons de disque et les fabricants. Les premiers à gueuler sont évidemment les disquaires, on les comprend, car même si le téléchargement payant prenait le dessus, la disparition du disque les fait disparaître quoi qu’il advienne. Et cette disparition (ou réduction à la portion congrue) ne fait pas de doute.
Cité dans Rock& folk via un blog passionnant, Mick Jagger dit ceci :
Donner les droits des concerts aux majors ? Mais pourquoi ? Il faudrait être dingue, s’insurge ce mois-ci Mick Jagger dans Rock & Folk. […] Pour les remercier d’avoir laissé couler le disque, on leur donnerait le spectacle ? Dites aux groupes de ne surtout pas faire ça ! J’insiste.
Pourquoi cette déclaration? D’abord parce que le disque meurt, en effet, en tout cas en tant que secteur économique de masse. Ensuite, parce qu’en peu de temps, des groupes connus et gros vendeurs se sont lancé dans un nouveau rapport marchand, hors des majors.
Pour avoir une vue d’ensemble, il faut considérer l’ensemble du domaine musical, pas uniquement le disque tel qu’on le connaît, LP ou CD. Car là où Jagger n’a pas entièrement raison, c’est que les majors n’ont pas délibérément tué le disque. Elles s’y accrochent même jusqu’à s’arracher les ongles, avec des procédés pas bien jolis. Or, même si l’agonie du CD va se prolonger des années, il est le support phare d’un modèle économique qui, lui aussi, a vécu.
une ligne Maginot pour le CD
C’est même là le problème. Les majors et les distributeurs dépensent beaucoup d’énergie à décourager les utilisateurs de suivre le progrès technique. A l’évidence, c’est peine perdue. L’industrie continue à raisonner principalement à partir du CD au lieu, comme elle le fit pendant des décennies, d’imaginer le futur avec envie et imagination. Il n’y a que pour les sonneries de portable qu’elle a su se mettre à jour.
Problème : les pouvoirs publics ont décidé à leur tour de n’envisager les choses que pour la défense héroïque du CD. Toute réflexion d’ensemble est bannie. Conséquence : les majors sont des anges meurtris et les internautes de sales pirates vicelards, justifiant une politique répressive et des procédés contraignants (disques et fichiers protégés, DRM en tout genre).
J’avoue que je suis surpris par l’attitude des majors. Certes, le marché du disque est “déprimé” mais la véritable chute est très récente, et ils ont engrangé des trésors de guerre dans les années 80. Comme on va le voir, les évolutions actuelles sont en germe depuis 10 ans. Or on dirait que les majors sont restées assez statiques durant cette décennie, avant de réagir soudainement en 2007. Entre temps, le principal mouvement a été celui d’une concentration encore accrue.
Rappelons d’abord que les majors ont effectivement une responsabilité dans l’hostilité grandissante qu’on leur oppose. Comme le rappelle Mark Coleman dans son excellent bouquin Playback (Da capo press), en 1990 le coût de production d’un CD avait chuté de 2.50$ à 1.25$ sans aucune baisse des prix. On avait des CD plus chers que les LP alors que leur coût de fabrication était inférieur. Certes le son est meilleur, mais imaginez les marges… Certains magasins ont même fait une croisade de bas prix, qui les a fait couler. Avec l’arrivée des plate-formes payantes mp3, rebelotte. Sauf que cette fois-ci, comme je vous le disais avec insistance récemment, le son est moins bon que celui du CD (12 fois moins bon pour itunes, 8 fois moins pour Fnacmusic) alors que le prix est le même (de 99c à 1,3€ le morceau) et sans même un livret en Pdf, et sans coût de fabrication ni de distribution (là encore, la marge est faramineuse).
Où l’on revient à la double question des possibilités techniques et des usages des particuliers. Le téléchargement pirate est d’une facilité déconcertante, depuis maintenant 10 ans. Le nombre de morceaux piratés (puis de films) est incroyablement élevé. On peut comprendre que les majors flippent. Pourtant même elles se sont aperçu rapidement que “they [Napster users] can’t all be criminals” (Thomas Middlehoff, Pdg de Berstelmann, 2000, cité in Mark Coleman).
Malgré cette prise de conscience de Middlehoff, le secteur a réagi par une logique défensive suicidaire, cherchant à instaurer face à l’internet libre une ligne Maginot aussi efficace que son ancêtre. Cette ligne Maginot est technique (les DRM, verrous numériques) et légale (répression accrue, procès).
La première pierre de cette ligne a été posée d’emblée quand les industriels ont créé, comme d’habitude, des formats différents incompatibles entre eux. Sony vient juste de renoncer au sien, l’Atrac, et Apple est sommé régulièrement au nom de la concurrence et de “l’interopérabilité” d’ouvrir le sien, l’aac (un équivalent de la norme ouverte mp3 mais réputé meilleur à compression égale).
Coleman explique remarquablement que toute l’histoire de la musique enregistrée est aussi celle d’une guerre des formats sans cesse renouvelée, la guerre entre 33 tours et 45 tours ayant failli être fatale au secteur tout entier (la guerre continue entre le blu-ray et ses concurrents). Or avec l’existence du mp3 et de logiciels gratuits permettant de convertir soi-même, et de réseaux d’échange mondiaux (Napster d’abord, des dizaines d’autres depuis), la situation en 2000 est nouvelle. Créer des formats propriétaires est une DRM qui est, économiquement, “désincitative”.
J’ai un balladeur Archos, je ne peux pas mettre dessus ce que j’ai acheté sur itunes, sauf à faire plein de manip chiantes et illégales. Autres DRM, les dispositifs anti-copie sur les CD, tellement bien faits que certains Cds ne pouvaient pas être lus sur un ordinateur. Autre DRM, celle qui empêche de graver des titres mais seulement de les déplacer sur un lecteur mp3. Or on peut vouloir entendre dans sa voiture des morceaux qu’on a payé légalement, ce qui implique généralement de les graver. Impossible, dans des cas comme l’offre Neuf-Universal.
N’oublions pas que depuis la cassette audio, on a pris l’habitude de pouvoir tout copier sans obstacle technique, et les auditeurs ne sont pas nécessairement idiots ou salauds et ont simplement du mal à concevoir que le progrès technique passe par une régression pour les utilisateurs. Qu’on trouve ça bien ou mal, c’est une réalité dont l’économie de la musique se doit de tenir compte, surtout lorsque les outils technologiques permettent de se passer de leurs services.
Or comme je vous le disais la stratégie retenue par les pouvoirs publics est défensive et réactionnaire (car elle n’envisage pas l’avenir). Lorsque la ministre de la culture Albanel a nommé le Pdg de la Fnac à la tête d’une commission destinée à lutter contre le piratage, on a atteint un sommet. Entre l’intitulé et la lettre de mission d’une part, la fonction d’Olivennes d’autre part, on connaissait le résultat final avant même leur première réunion. Effectivement ! La commission s’est même payée le luxe d’une mascarade, prétendant avoir atteint un consensus alors que des auditions cruciales n’avaient pas encore eu lieu. Quand on est juge et partie, le résultat est toujours prévisible. Et avant même le rapport final une loi répressive est adoptée. Pourtant même dans la majorité des élus préconisent déjà une amnistie des téléchargeurs. Ce n’est pas de la démagogie de leur part, mais plutôt que la piste répressive est vouée à l’échec, en tout cas si on en attendait une protection du secteur du disque. D’autant que les procédures envisagées contre le piratage sont très dangereuses pour les libertés individuelles.
le piratage, facilité ou preuve du retard des industriels?
Pour toutes les raisons que je viens d’exposer, le téléchargement pirate ou la copie privée de pairs à pair (je te passe mes Cds pour que tu les copie au lieu que tu achète sur internet ou en magasin) sont souvent le meilleur ou le seul moyen d’avoir un son correct et des fichiers utilisables partout (tous balladeurs numérique, et gravables sans restriction).
Petite hypothèse : j’ai un lecteur CD en voiture, un balladeur Sony, mes enfants ont un ipod, et un accès haut débit à internet. Pire : j’aime écouter un son de qualité, en tout cas meilleur que le 128kbps d’itunes ou le 192 kbps de la Fnac (plus le chiffre est bas, plus la qualité est faible).
Les principales offres de téléchargement payant ne me permettent ni d’utiliser mes achats sur tous ce que j’ai cité, ni d’avoir un son de qualité (je reviendrai plus loin sur les offres alternatives). Le piratage me permet non seulement de lire partout les fichiers, mais aussi d’avoir un son de qualité, compressé à 320 ou 480 kbps voire pas compressé du tout. Pour l’interopérabilité (lire sur tous les appareils) et pour la qualité, je suis obligé de pirater.
Or les fautifs sont les industriels. Ils ont créé leurs standards incompatibles, imposé des verrous DRM qui emmerdent le peuple, et nous vendent donc des balladeurs à prix d’or sur lesquels on ne peut pas lire la moitié de nos achats. Imaginez, on vous vend des voitures mais les unes ne peuvent rouler qu’en ville, les autres que sur les nationales, et d’autres que sur l’autoroute. Sauf à acheter des modèles piratés. Vous faites quoi? Ma comparaison est bancale, mais le problème bien réel.
Durant des décennies les industriels avaient la main, ils pouvaient imposer au public les usages car ils maitrisaient le circuit. Avec internet et les logiciels libres, ils ne le peuvent plus, et c’est donc une erreur économique majeure de ne pas en tenir compte.
La commission Olivennes n’est pas seule en cause. Un rapport rendu en mars 2007 au Ministre de la Culture fait le point sur l’offre de téléchargement légal et les raisons de sa faible attractivité. Le rapport marche sur la tête. Il constate qu’en 2006 il y avait environ 6 millions de balladeurs type mp3 (rappel : l’ipod utilise sa propre norme), marché en croissance, mais ne parvient pas à en déduire que tous ces utilisateurs ont des attentes légitimes nées de l’achat de ces appareils. Une charte signée en 2004 entre pouvoirs publics et acteurs économiques prévoyait que l’offre de titres téléchargeables en France passe de 300′000 titres (c’est très peu) à 600′000 en 2006. Heureusement l’offre est supérieure, avec 1,2 millions de titre à l’échéance fixée. Conclusion du rapport : puisque l’offre a cru au-delà des engagements, l’argument de l’offre faible n’est plus une excuse valable pour le piratage. Certes. De plus le rapport constate que les achats sont très concentrés sur les plus gros vendeurs, contrairement à certaines anticipation (scénario de “traine longue”, cf page 5 du rapport).
C’est faire un peu vite l’impasse sur les contraintes que j’ai évoquées plus haut. Entre les débuts de Napster à la fin des années 90 et le million de titres disponibles en 2006, les internautes ont pris des habitudes et les acteurs économiques accumulé du retard. Surtout que les questions de la compression, des DRM (les internautes détestent ça) et de l’inter-opérabilité sont loin d’être résolues ! Ajoutons à cela le prix extrêmement élevé et des plate-forme mal conçues.
Expérience vécue : j’achète un forfait d’une vingtaine de titres sur le site Fnacmusic. J’ignore alors que je vais télécharger du format propriétaire (wma), première mauvaise surprise. Deuxième mauvaise surprise : j’utilise le navigateur Firefox et le site de téléchargement ne fonctionne pas avec ce navigateur ! Lorsqu’on sait que plus on est internaute chevronné et susceptible d’avoir un balladeur et d’acheter en ligne et plus on est suscceptible d’utiliser Firefox, c’est dingue. “Heureusement”, je n’avais pas désinstallé Internet explorer, et j’ai pu utiliser mes achats (en plus il y a une limite de temps après laquelle mes achats restants sont perdus). Résultat : on s’est foutu de ma gueule, je ne reviendrai pas. Que ce soit itunes ou Fnac, les 2 plus grosses plate-formes en France, on a tout fait pour décevoir, et les déçus se tournent vers …… (complétez les pointillés).
Un autre rapport du Ministère de la culture, de juin 2005, évalue les pratiques des internautes. Il en ressort que les 2/3 des pirates n’ont pas changé leurs habitudes de consommation légale (médiathèque, concerts, achat de disques, écoute radio). Mais sur le tiers restant, ils sont plus nombreux à avoir acheté moins depuis qu’ils téléchargent, qu’à acheter plus. Il est scientifiquement impossible de déduire de cette simple déclaration quel est l’impact du téléchargement sur le marché (pour ça il faudrait au minimum affiner par nombre de disques achetés et son évolution avant-après). Pourtant le rapport conclut cranement à l’impact négatif du peer-to-peer (échange gratuit de fichiers, type Kazaa ou emule), ce qui est totalement abusif et de courte vue (quelle réflexion sur les causes?). On retrouve le raisonnement tronqué dont la commission Olivennes est le sommet.
Se borner à dire que les industriels ont fait mieux que prévu en mettant 1,2 millions de titres en ligne ne permet ni de comprendre comment internet évoloue depuis des années, ni pourquoi tant de jeunes ne voient pas de raison de payer pour la musique en ligne.
Surtout que l’expérience démontre, sur les sites d’écoute, que l’usage finit par s’imposer de fait. Deezer, dont je vous vantais les mérites il y a peu, vient de signer un accord avec EMI le 10 octobre pour mettre en écoute son catalogue. Internet fonctionne depuis longtemps selon la logique du fait accompli, c’est pour cela que la stratégie réactive des majors et des disquaires est vouée à l’échec, elle a toujours un métro de retard et on sait d’avance qu’ils finiront par plier. Non sans avoir emmerdé les internautes au passage. Trouvez ça injuste si vous voulez, mais les spécialistes d’internet pensent comme moi (ou inversement ;o).
quels scénarios d’avenir pour le secteur de la musique?
J’ai critiqué les pouvoirs publics (honte à moi), mais pas par idéologie ou de gaité de coeur. J’ai de bonnes raisons. Un autre rapport du Ministère de la culture, lui, a tout compris. Trois économistes, Bourreau, Gensollen et Moreau, font le point sur 5 stratégies possibles pour la musqiue enregistrée à l’heure de la diffusion numérique. En toute logique, le premier scénario décrit confirme tout le mal que je viens de dire de la situation actuelle.
Mais là où ce rapport est excellent, c’est qu’il part des données du problème, en se concentrant notamment sur les différents rapports possibles à la musique et les différentes conceptions de sa valeur. Je n’entre pas plus dans le détail -lisez plutôt le rapport il ne fait que 16 pages- mais grâce à cette approche ouverte, ils définissent 5 scénarios possibles, en précisant chaque fois à qui il profite et s’il favorise une augmentation du marché ou sa restriction. Le scénario actuel est pour ainsi dire le plus néfaste, parce qu’il est défavorable aux usagers bien sûr, mais aussi parce qu’il freine la diversité de la production musicale et les ventes globales. D’autres scénarios sont possibles, qui passent par une offre décentralisée et dans laquelle les majors du disque n’ont plus tellement de place, et accordant un rôle plus important aux auditeurs.
On ne peut donc pas dire que les pouvoirs publics n’ont pas les outils en main pour comprendre les pistes d’avenir pour le secteur.
D’ailleurs, comme je vous le disais, les majors elles-mêmes passent de plus en plus d’accords “modernes”, Universal avec Neuf télécom, EMI avec Deezer, ou encore en vendant des sonneries de téléphone portable. Elless ne sont pas aveugles aux évolutions du secteur, mais la stratégie défensive prolonge exagérément la phase actuelle de transition.
La stratégie du disque cher, des DRM et des fichiers compliqués (cf plus haut), n’est pas viable, pas favorable aux utilisateurs, et d’après le dernier rapport que j’ai cité, pas favorable non plus à la diversité de l’offre.
Vous me direz, que vous aimez le CD (en tout cas d’avoir un objet physique), que mes parents ne sont pas prêts à se passer de lui et ne feront pas le saut vers le mp3 (c’est exact), que les majors font vivre des milliers de gens, et que la disparition des disquaires vous inquiète. Je suis d’accord avec tous ces points, et j’ai déjà dit que le CD aurait une agonie très longue. La plupart des disquaires ont déjà disparu (il en restera toujours quelques uns), et les grandes enseignes (culturelles ou de grande distribution) ont d’ores et déjà entériné le fait que le CD devienne une partie minime de leurs revenus. La situation actuelle n’est pas viable, voilà tout. Comme disait Musum dans un commentaire ici-même, en l’espace d’1 an un disque change 3 ou 4 fois de prix. D’abord en prix vert, puis plein pot, puis un premier prix réduit vers 10-12 euros, puis un prix réduit à 8 euros voire moins. Ce qui est surprenant n’est pas le téléchargement massif, c’est presque au contraire que des gens continuent d’acheter des CDs dans ces conditions (et je vous garantis que j’en achète une bonne centaine par an).
Par quoi passent les nouveaux modèles? Par la disparition des majors et des disquaires, nous disent certaines prospectives, radicales mais lucides à long terme. Mais aussi par les outils que je vous ai décrit en détail, sites d’écoute (Deezer, Radioblog), sites “de recommandation” (lastfm, Pandora), sites communautaires (Myspace, Virb, Facebook), blogs (votre serviteur, parmi des milliers d’autres), vidéo en ligne (cf. l’accord Warner/youtube).
Reste la question de la musique enregistrée qu’on veut acheter ou du moins télécharger chez soi. Les sites itunes et Fnac, dont j’ai décrit les limites, ne sont pas seuls au monde. Et comme par hasard, ce sont les indépendants qui ont pris les devant, il y a déjà de ça 10 ans! Proposant des fichiers de qualité et une musique intéressante, leur public est encore confidentiel et leurs catalogues restreints. Eux se sont pleinement adaptés à la “révolution numérique”.
les outils sont déjà en place
Dès 1998, les Beastie boys, et Public ennemy, ont fait la nique à leurs labels respectifs pour diffuser une partie de leur musique en ligne, gratuitement. Quand je vous disais que la sortie du nouveau Radiohead n’est pas une innovation à se pamer, c’était pas de la blague. Quant-à Madonna, elle entérine le déplacement des recettes du CD vers les concerts, ce que quantité de groupes de taille moyenne savent depuis longtemps (quand on vend 10′000 exemplaires par album, on n’a pas de quoi en vivre, or peu de groupes atteignent ce chiffre, quant-à le dépasser…). Il y a pas mal de commentaires récents sur les Charlatans qui ont ce choix bien avant Madonna, offrant leur album pour faire venir le public aux concerts (avec succès).
Tant que les indépendants, ces petits labels de disque, n’avaient que des disques à vendre, ils étaient dépendants, d’une autre manière, des circuits de distribution contrôlés par les majors. Faute de quoi, il ne rste qu’à se résoudre à toucher une poignée de fidèle en vente par correspondance et à la sortie des concerts. Idem pour la promotion, mais là les indépendants ont réussi à s’allier, sous la marque “Labels“, pour s’assurer un minimum de pub.
En 1998 les Beastie Boys d’une part, Public Ennemy d’autre part, ont mis en ligne des morceaux gratuits, allant contre la volonté de leurs maisons de disques respectives. A l’époque cette stratégie n’a pas payé, mais elle a montré la voie. Aujourd’hui encore
certains artistes sont pris entre cette intention de mise à disposition et leur maison de disque (phase de transition, vous disais-je). Ainsi de Deerhoof, qui met 13 titres téléchargeables depuis la page de leur label, tout en disant “je sais pas trop si le label sera d’accord, téléchargez maintenant on se posera les questions plus tard”.
Ces solutions, des Beastie boys à Deer hoof, n’en sont pas. Et c’est pour cela que des plate-formes de vente alternatives se créent. En plus de pouvoir vendre par le label, par le site de l’artiste, voire par la page myspace ou celle de Deezer, on voit émerger des “disquaires” indés en ligne. Sans oublier les sites qui permettent d’acheter des vinyls ou CD difficilement trouvables. Internet sauve les collectionneurs en abolissant la distance, et aide les indépendants qui se regroupent comme sur cd1d.com. La mutation économique est en cours.
En réaction aux majors, un courant muscial libertaire s’est développé. Dans la pure philosophie internet, on trouve des sites de musique “libre”, en licence gratuite Creative commons. Parmi eux le français dogmazic. Il n’a rien d’une exception, on en trouve d’autres comme magnatune qu’affectionne ama-l, par qui j’ai également fait connaissance de Travelling music (pour chaque artiste, des titres téléchargeable en licence creative commons). Citons également Jamendo, qui ne contient que du creative commons gratuit. Fairtilizer, que j’ai découvert grâce à kelblog, est également riche de promesses. Il est encore surtout un site d’écoute centré sur les indépendants (ce qui est déjà pas mal), mais permet aussi de télécharger des morceaux gratuitement. On est en plein dans le scénario ouvert décrit par le rapport des 3 économiques dont je vous parlais plus haut.
Souvent on y trouve, comme sur mp3.com, des artistes peu connus non-signés par des labels. Historiquement, ne pas être signé était plutôt mauvais signe, signe qu’on a essayé mais pas réussi à retenir l’attention des professionnels. Avec les nouvelles offres de musique libre, il semble que ça change, et qu’une partie des musiciens se lancent directement par ce moyen sans aller voir les labels. Puisque ce sont principalement les concerts qui font vivre les musiciens professionels (hormis les méga-vendeurs, qui ne sont pas représentatifs), cette formule a vraisemblablement de l’avenir.
Nouvelles technologies aidant, nous sommes peut-être à l’aube d’un divorce entre les “petits” artistes (en termes de ventes) et l’industrie du disque. Les labels indépendants, s’ils restent proches de leurs artistes et gardent une certaine image de pureté, peuvent tirer leur épingle du jeu.
Certains labels se sont lancé dans la vente en ligne de formats non-compressés et avec un livret. Une offre intéressante se développe. On sort ici du gratuit, mais on reste en plein dans les scénarios émergeants viables. L’un de ces labels français est Opera, que nous décrit ici mon amie Leirn. Quant-à Yozik, qui est venu se faire connaître ici par voie de commentaire (why not), c’est un site communautaire de vente en ligne (mp3 ou wav non compressé) de fichiers avec livrets, accessible à tout artiste.
Des formules type Jamendo (gratuit) ou Yozik (payant) sont potentiellement les plus attractives, parce qu’elles visent à rassembler un grand nombre d’artistes. On se rapproche de l’optique du disquaire chez qui on trouve des disques de tous styles et publiés chez tous les labels. Le téléchargement légal ne peut se développer pleinement que grâce, en partie, à des sites centralisés (comme le sont itunes et fnacmusic…) ou en créant des disquaires indés en ligne, comme les indépendants.
Emusic propose un compromis intéressant. Le catalogue est bon (en rock indé, jazz, classique, etc.), et emusic nous apate intelligemment avec 25 titres offerts, puis propose une formule de forfaits de téléchargement (définitifs, ceux-là). La version européenne du site permet de payer en euros. Je précise, car avec itunes certains titres ne sont pas disponibles depuis tous les pays (délirant mais vrai). Le prix par morceau sur emusic est d’une vingtaine de centimes d’euros, ce qui est le prix correct pour des fichiers compressés (itunes est 4 à 6 fois plus cher!).
La musique libre n’est pas toujours sur des portails dédiés, elle vit aussi grâce des projets ponctuels. Ainsi de protest records (merci ama-l, encore!), pour lequel des artistes de classe mondiale (Beastie boys, Cat power…) ont prêté une chanson de leur répertoire utilisable librement. Ainsi également des compilations de berceuses Have a good night de Blog up musique, où l’on trouve notamment le délicat Go back to sleep de Helluvah mais aussi Au revoir Simone ou le Konki duet. Ca permet de se faire connaître et de donner plus de public à une offre payante simultanée.
Pardonnez moi d’avoir été si long, mais vous avez compris que la mutation actuelle du secteur de la musique va bien au-delà de la seule question du CD, et que les décisions récentes des Charlatans, Radiohead, NIN ou Madonna ne font qu’entériner le passage à une nouvelle époque commencée dès le développement d’internet.
L’histoire de la musique enregistrée, excellement décrite dans Playback de Mark Coleman (2003), est faite d’évolutions techniques plus ou moins brutales, mais dont aucune n’a enrayé le développement du domaine musical.
J’espère aussi vous avoir convaincu (mais surtout expliqué) de l’impasse que représente la politique actuelle répressive mise en place contre le téléchargement à grand coup d’amendes et de DRM. Avant même d’être votées, ces mesures sont déjà dépassées. Regardons plus large et considérons, avec enthousiasme ou à contre-coeur, l’avenir de la musique qui se dessine.
edit : lisez les commentaires, ils sont truffés de précisions importantes et d’infos supplémentaires.
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bon sang que c’est long O_x
mais je suis assez fier de moi, je l’avoue sans vergogne, car il était temps de s’attaquer au sujet autrement que par des angles fermés comme je l’ai fait précédemment, et les rapports que je cite méritent d’être valorisés.
Commentaire n° 1 posté par arbobo le 20/10/2007 à 17h17
mais dites-moi monsieur Arbobo, si on imprime votre texte là, on peut toujours avoir les liens ?
Non ? je m’disais bien aussi qu’il y avait un truc qui cloche…
;o))
Commentaire n° 2 posté par rififi le 20/10/2007 à 19h09
j’ai tout lu ! j’ai le droit a un gâteau ? :-)
mais pourquoi je trouve pas ce genre d’article dans la presse écrite ? je suis aveugle ?
ah oui … c’est vrai ! le respect des annonceurs …
j’ai failli oublier !
Commentaire n° 3 posté par musum le 20/10/2007 à 19h52
au fait Arbobo ! c’est toi qui a fait l’article sur la blaxploitation sur le site des inrocks ?
je dis ça parce que y a pas “sweet sweet back…” :-)
Commentaire n° 4 posté par musum le 20/10/2007 à 19h57
C’est bien intéressant tout ça, en effet :-)
Sur les verrous, formats propriétaires, DRM et compagnie, je suis complètement d’accord avec toi. Je trouve ça totalement contre-productif.
Il suffit de vouloir utiliser son propre matos pour devenir un “pirate”. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû ripper mes propres CD pour les transférer sur mon MD. Sans compter qu’à l’époque où j’ai acheté ledit MD, c’était aussi pour faire du son et à ce moment-là j’ai dû utiliser un crack pour récupérer mes reportages en transfert numérique!
On est effectivement dans une grande période de mutation dont on ne sait pas ce qu’il ressortira.
Le fait pour les artistes de se tourner vers la scène, c’est comme tu le dis le lot commun pour la majorité d’entre eux, qui vivent d’abord de leurs cachets et pour qui les ventes de disques sont un “plus”.
Ce “plus”-là a diminué sur deux, trois ans, c’est un fait.
Et si la plupart des musiciens vivent d’abord de la scène, les labels, eux, vivent encore du disque. Je ne sais pas comment ils s’en sortiront mais ce qui est clair c’est que, si pas mal d’entre eux ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis, leur rôle artistique - de défrichage, de soutien aux artistes - reste indispensable à mon sens.
On le voit bien avec des projets comme Dogmazic ou Jamendo. Sur le fond, je trouve ça très intéressant et ça permet à plein de gens de faire circuler leurs morceaux. Il y aurait des choses à dire qur la philosophie du droit d’auteur et sur la question de la rémunération des artistes, mais ça nous emmène loin. En tout cas les licences CC posent clairement la question. Et mettent, en France, une pierre dans le jardin de la Sacem, sur qui il y a aussi des choses à dire (la redistribution de la taxe sur les supports vierges et la redistribution des droits de passage radio sont quand même de fameux exemples d’injustice et d’absurdité).
Mais la contrepartie de ces plates-formes “ouvertes” c’est qu’il y a de tout et que pour trouver des choses vraiment abouties (et en termes de compo et en termes de prod, ce qui est le gros problème) il faut s’armer d’une sacrée patience.
Ce ne sont pas tant les projets eux-mêmes qui sont en cause à ce sujet d’ailleurs, plutôt le manque d’appareillage critique. La presse zik ne s’y intéresse que sous l’angle “politique”, pas sous l’angle artistique. Bien sûr, ça peut changer si ça se développe vraiment.
Pour les labels, Internet ne suffit pas: Opera dont tu parles a commencé exclusivement sur le Net mais distribue aussi aujourd’hui des disques “physiques” parce que sinon ils ne s’en sortent pas. Ce n’est pas anodin…
Bon, je vais essayer de ne pas faire un comm plus long que ton papier :-) Disons pour finir que dans le bordel actuel se dessinent en effet des solutions alternatives pour les artistes, mais la question c’est l’avenir des “passeurs” : labels, disquaires, qui pour moi sont indispensables dans la chaîne d’accès à la musique.
Sans compter que certains artistes sont des artistes de “disques” : dans l’électro c’est assez courant (encore que pas si mécanique), et pour citer un exemple que j’aime particulièrement, je ne paierais pas forcément une place de concert pour aller voir Biolay, dont j’ai acheté tous les albums.
Commentaire n° 5 posté par Ama-L le 21/10/2007 à 00h06
Et pis sinon, sans faire court, on peut débiter en tranches, le principe des “séries” c’est pas mal des fois ;-)
Commentaire n° 6 posté par Ama-L le 21/10/2007 à 00h07
effectivement la sitaution actuelle, transition oblige, est diablement compliquée ama-l, je te suis à 100%,
notamment quand tu dis
“les labels, eux, vivent encore du disque. Je ne sais pas comment ils s’en sortiront mais ce qui est clair c’est que, si pas mal d’entre eux ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis, leur rôle artistique - de défrichage, de soutien aux artistes - reste indispensable à mon sens.”
parmi les 5 scénarios du raport que je met en évidence, l’un décrit une situatiojn entièrement décentralisée, dans laquelle les labels n’auraient pas leur place, mais iol existe aussi un scénario, celui qui me parait de très trèsloin le plusintéressant, qui prône à la fois un système décentralisé (mode “pull”), mais avec des intermédiaires qui orientent, recommandent, que ce soit via les critiques sur des sites ou directement Jamendo (par exemple) ou des blogs.
je ne sais pas si un système peyt existger où le smajors meurent à petit feu sans que les indés en patissent.
c’est pas que j’aiment pas les majors, la quesiton n’est pas là, c’estleur mode de fonctionnement qui n’est plus vraiment d’actualité.
Keren Ann est chez EMI, et je l’adore, je pars pas en croisade, j’essaie juste, en tout cas c’est ce que musum sous-entend aimablement, de ne pas être trop langue de bois.
cela dit, effectivement ama-l il y a matière à un bouquin entier ou du moins nune série d’articles, et j’attends avec énormément d’intérêt tes propres analyses et celles de musum, et des autres.
Commentaire n° 7 posté par arbobo le 21/10/2007 à 00h47
ouais, ouais…
en fait de séries, c’est déjà mon 5e article en 6 semaines sur le thème, il fallait bien songer à clore, surtout vu l’actu.
Commentaire n° 8 posté par arbobo le 21/10/2007 à 00h49
Le pb du scénario que tu décris c’est que les intermédiaires filtrent et soutiennent artistiquement, mais pas financièrement.
Or un artiste en autoprod n’a jamais les moyens de louer un studio, payer un ingé son et un réal.
Et ce boulot-là est souvent nécessaire. Les gens capables, comme Keren Ann, de “tailler” leur son sur mesure, de le penser etc. ne sont pas légion et c’est normal.
Les majors ont dépensé un pognon de dingue en campagnes promo et en paye de mégas pointures de studio, pour des résultats discutables. Qu’elles n’en aient plus les moyens à terme ne me pose absolument aucun problème. Il y a à l’intérieur des tas de gens passionnés par leur boulot, c’est indéniable, mais la finalité de la structure c’est quand même de faire le plus de maille possible et pour moi ça suffit à la disqualifier: ce n’est pas compatible avec une visée artistique.
Mais l’alternative aux majors, ce n’est pas l’autoprod. Certains artistes en sont capables, pas tous. Plein de labels indé ont fait “émerger” des artistes en leur laissant le temps de se développer, de maturer, de construire leur projet. Un label, pour moi c’est d’abord une structure qui donne à un artiste les moyens - y compris techniques et financiers - de se développer. Or pour le moment, c’est ça qui pèche.
Les modèles type Jamendo ou Dogmazic sont des plates-formes, ils n’ont pas vocation à être des labels, au contraire, leur but est de permettre l’accès au plus de monde possible. Magnatune choisit ses artistes, comme le fait un label, et leur reverse la plus grosse part des ventes sur le site, mais “n’investit” pas dans leur développement, du moins pas que je sache…
C’est de ce côté-là que je ne vois pas vraiment émerger d’alternative, mais ça peut venir.
Bon, je vais essayer de me creuser un peu le crâne pour nourrir ce débat par chez moi, ça va faire des crossover de folaïe :-D
Commentaire n° 9 posté par Ama-L le 21/10/2007 à 01h21
exactement am-l,
c’est le point aveugle de ce scénario et j’aimerais bien avoir comment les économistes envisagent l’avenir pour le groupes qui démarrent.
tu auras noté que je place mes espérances dans un avenir qui ferait une place, justement, aux labels indé.
que Opéra commercialise aussi des disques, je ne vois pas de pb ni une régression là-dedans.
le pb de la situation actulle c’est qu’oin voit ce qui n’est plus viable, mais qu’on ne sait pas encore très bien ce qui va être économiquement viable à un horizon de 2 ans, 5 ans, 15 ans…
or ça les lables comme les majors, et les artistes, ont besoin de le savoir, c’est déterminant pour leurs choix. Musum dit qu’il ne lit pas d’article comme le mien dans la presse, c’est dit par gentillesse mais je crois pas seulement.
une partie du problème est là, nous sommes peu à aborder la question de fond, or elle est cruciale pour un secteur économique très vaste et qui concerne des milliers d’artistes, pas des dizaines ou des centaines, des MILLIERS.
C’est ça aussi que je reproche aux administrations, et aux majors, c’est de ne pas faire en sorte que ce débat majeur soit u vaste débat public dont tout le monde puisse s’emparer et auquel réfléchir.
Je n’ai pas de réponses avec un grand R à donner aux questions très pertinentes que tu soulèves. Ce sont des grandes questions sur lesquelles on a envie d’entendre beaucoup de monde et sur une longue période, avec des forums, des échanges en plusieurs étapes, etc.Je crois, comme le laisse entendre musum, que ces questions sont largement évaucées, qu’on évite le débat. D’oùle ton extrèmement critique de mon article, où je dis à plusieurs reprises qu’on fonce dans le mur. En évitant à se point de s’interroger sur l’avenir, comment peut-on aller autrement que droit dans le mur debout sur l’accélérateur?
je ne crois pas avoir raison tout seul, je ne suis qu’un de ceux qui cherchent un débat de fond, et c’est à l’issue du débat, et à plusieurs, qu’on aura, dans le meilleur des cas, raison.
Comme tu le dis, l’autoprod n’est pas, artistiquement, un modèle à proner, en tout cas pas pour tout le monde (chacun ses compétences et Keren Ann elle-même, si magique soit-elle, ne s’est produite elle-même qu’après 5 albums).
A la limite, la crainte qu’on peut avoir, vu le gouvernement que nous avons, c’est qu’il fasse exprès de lire les données de travers et d’en déduire que l’avenir est l’autoprod, ce qui serait un moyen de se désengager et de laisser les artistes se démerder sans aucune aide. Ce n’est absolument pas ce que je souhaite, et si je suis ausis critique envers les majors et les pouvoirs publics c’est que, aujourd’hui fin 2007 on est encore en plein brouillard alors que si tout le secteur s’était penché sur la question on en saurait déjà beaucoup plus sur l’avenir de l’économie de la musique.
Car quand nous disons “économie”, et je sais que tu seras la première à te joindre à moi pour le dire, ce n’est pas uniquement des bénefs excessifs de quelques boites que nous parlons, mais aussi d’artistes qui vivent dans la précarité et d’autres qui ne savent jamais combien de temps encore ils pourront vivre de leur art.
Commentaire n° 10 posté par arbobo le 21/10/2007 à 01h46
Encore un sacré bon article !
Juste, sur Jagger : tu as raison de dire qu’il n’a pas totalement raison, mais comment lui en vouloir ? Même les Stones, ils vivent principalement des concerts…
(j’aurais pas dû dire ça, il y a des gens innocents qui pensent que les Stones ne tournent pas pour l’argent)
Commentaire n° 11 posté par Thom le 21/10/2007 à 11h13
Brillante synthèse des questions en cours. Bravo.
Le ministère de la culture devrait te confier une mission, non ? :-)
Commentaire n° 12 posté par Ska le 21/10/2007 à 12h03
merci les gars ^^
pour la minsitre, qu’elle lise djà les publicaitons de son ministère, ça pourrait suffire ;o)
Commentaire n° 13 posté par arbobo le 21/10/2007 à 13h42
EXCELLENT ARTICLE ! BRAVO !
Les majors se sont tellement goinffré du gros gâteau qu’elles n’ont rien vu venir et s’accrochent à un gâteau qui rétrécit sans comprendre comment faire pour empécher sa disparition.
On ne va pas les pleurer ( çà leur apprendra à nous faire des Star Academy et à virer des tas de groupes sans leur avoir réellement donné une chance ) mais des questions se posent :
1. comment apparaitront les futurs Madonna, Prince ou Radiohead sans maisons de disques puissantes ( ceci dit il y a eut très peu (pas?) d’artistes de cette dimension depuis 10 ans… )
2. les tourneurs ne risquent-ils pas d’avoir un pouvoir grandissant. Il est douteux qu’ils soient plus philanthrope que les majors… D’ailleurs la plus grande peur ne serait-elle pas de voir la création de super managers/tourneurs/publicitaires réclamant les droits sur les chansons en échange de leurs services…
3. la disparition de l’industrie du disque signifie celle de la presse spécialisée ( plus de revenus publicitaires ). Pas qu’elle soit forcément de qualité, mais elle joue un rôle dans le développement des artistes. Internet jouera-t-il ce rôle ( et est-ce souhaitable ) ?
Attendons la suite avec une certaine inquiétude…
Commentaire n° 14 posté par lyle le 21/10/2007 à 14h33
oui, beaucoup de questions et encore peu de réponses lyle.
pour les gros artistes, on voit bien d’où l’argent va venir, concerts, revenus publicitaires du web (myspace, deezer, youtube…), merchandizing. Mais où le spetites structures, type labels, vont-ils trouver l’argent, c’est plus flou.
Car toutes les musiques ne se prêtent pas au home studio, et comme le rappelle ama-l, on peut être un excellent artiste sans avoir les compétences pour se produire soi-même. Rien que ça (un orchestre à cordes, un producteur de qualité), ça coûte du pèze. La promo c’est encore autre chose.
En totu cas Radiohead et cie ont accéléré la discussion, malheureusement elle se passe surtout dans des “lieux” consacrés aux nouvelles tchnologies (qui ne sont plus nouvelles du tout, soit dit en passant) comme l’excellent blog digital jukebox parmi mes liens, et non dans le milieu et la presse muscicale.
Commentaire n° 15 posté par arbobo le 21/10/2007 à 14h40
dans ma hâte d’en finir avec cet article-fleuve, j’ai omis une donnée fondamentale.
comme nous le rappelle opportunément Phlippe Astor, le marché du secteur musique devrait continuer à croître, financièrement, au moins dans les 4 prochaines années (+ 2% par an)
http://www.zdnet.fr/blogs/2007/09/19/marche-global-de-la-musique-2011/
c’est fondamental d’avoir cette donnée, car ça confirme que c’est bien d’une mutaiton du secteur qu’il s’agit, et non pas d’une “crise” comme on l’entend parfois (le recul du CD n’est pas en soit une pruve de crise du secteur)reuve supplémentaire, si besoin était,
de l’inanité des orientations du gouvernement actuel (je vais pas vous dire que ça m’étonne)
Commentaire n° 16 posté par arbobo le 21/10/2007 à 15h17
De toute façon, il faudra des gens avec de l’argent derrière les groupes pour leur faire atteindre une certaine taille.
La mentalité DIY montre assez vite ses limites. Belle & Sebastian se sont finalement trouvé un label sympa. Des groupes comme Jetplane Landing ou Mercury Tilt Switch qui ont choisi de s’occuper de tout gérer eux-mêmes ( sortie du disque, promotion, tournées… ) ne vont pas bien loin. D’ailleurs Mercury Tilt Switch avait mis son deuxième album en entier en téléchargement gratuit sur son site. Cela a-t-il fait évoluer le profil du groupe ?
Commentaire n° 17 posté par lyle le 21/10/2007 à 16h01
je trouve que jagger a entièrement raison, les majors en se motrant trop gourmands sur leurs parts de bénéfices alors que les coûts de production baissaient ont poussé les publics consommateurs à chercher des formes de contourner le marché, c’est bien fait pour leurs gueules… et, de toute façon, ils se montraient déjà incapables d’introduire dans le circuit les jeunes talents qui ne réprésantaient pas déjà un bon investissement… donc, pas de place pour les talents novateurs…
Commentaire n° 18 posté par e-ko le 21/10/2007 à 16h45
les disquaires spécialisés vont-ils sauver leur peau?
il est trop tôt pour le dire, mais la chaine anglaise HMV semble croire que oui
http://www.coolfer.com/blog/archives/2007/09/a_new_era_of_re_1.php
j’étais passé à côté de cette info qui paraissait pourtant quand je commençais ma série et publiais mon plaidoyer pour le CD, disant qu’il serait remplacé par des memory sticks (en fait, pour l’instant, ils le sont par des clefs usb, ce qui revient au même).
Le disquaire pourrait donc devenir un lieu d’écoute orientée, guidée par un spécialiste, et d’où l’on ressort avec soit un clef usb chargée soit en ayant directement rempli son balladeur.
Quand je critique l’attitude française qui ne cherche pas à s’adapter, je ne croyais pas si bien dire, puisque des exemples étrangers montrent qu’on peut fort bien s’adapter aux nouvelles formes du marché.
Commentaire n° 19 posté par arbobo le 21/10/2007 à 18h54
eh bien, c’est excellent ! et très complet :-))
j’avais commencé à noter des trucs en lisant, pour pas oublier ; alors je les laisse même si tu as complété un peu plus tard, et puis je vais lire les comm. maintenant ;o)
juste une remarque tout de même, quand tu parles de la qualité des morceaux téléchargés. Ce n’est pas juste de baser la qualité uniquement sur le taux de compression, et en plus ça n’a rien de linéaire.
Un morceau compressé est moins bon que le même non compressé, c’est évident ; et entre une compression à 320kbs et une à 128, la différence est tout à fait sensible, mais elle l’est beaucoup moins entre 320 et 192 qu’entre 192 et 128.
Les algorythme de compression ne sont pas les mêmes non plus, à même taux kbs, l’AAC d’apple est de meilleure qualité que le mp3, je ne parle même pas de l’Atrac de sony qui n’est vraiment pas bon.
ah et puis une précision tout de même, parce que tu dis qu’on ne peut pas lire les fichiers itunes sur autre chose, et c’est hélas vrai.
Mais la Fnac fait exactement la même chose, sauf qu’ils refusent de le reconnaitre, je me suis déjà accrochée là-dessus avec eux : ils considèrent que si tu n’a pas le windows media player ton ordi n’est pas équipé pour lire de la musique (sic) !!
La bonne blague..
Tout ça n’empêche pas, on est d’accord, qu’en téléchargement payant on devrait avoir de la qualité optimale, et pourquoi pas du linéaire (qualité CD) d’ailleurs ? avec le haut débit, ils devraient au moins proposer le choix.
Commentaire n° 20 posté par rififi le 21/10/2007 à 19h21
oui oui quand je compare le 128 et le 192 je résume à gros traits, tu as raison de préciser.
pour la fnac, c’est sous-entendu dans l’ancedote que je raconte, mais ta précision est bienvenue. Mon article est déjà si long que j’ai parfois zappé des trucs qui allaient de soi pour moi, parce que je les pratique.
j’avais déjà parlé des téléchargements compressés, je n’ai pas voulu me répéter intégralement.
je suis tombé aujourdh’ui sur un site qui propose, à des prix comparables à la Fnac, des téléchargement autour de 1000kbp. A ce taux, quel que soit l’algorythme de compression la perte est minime (le WAV est en 1400).
http://www.musicgiants.com/
Comme il propose du wma, il annonce d’emblée ne fonctionner que sous IE et refuse firefox. En plus c’est totalement stupide, j’utilise firefox, mais à cause de mon lecteur Archos je dois utiliser windows media au liue d’itunes.
Qu’est-ce qu’ils peuyvent être cons quand ils veulent. Quand je vous dit que le téléchargement payant est objectivement découragé par ceux-là même qui le proposent, c’est pas un propos orienté mais une réalité chaque jour vérifiée.
Commentaire n° 21 posté par arbobo le 21/10/2007 à 19h44
oups, en plus j’ai écrit l’inverse de ce que je voulais : la différence est PLUS grande entre 320 et 192 qu’entre 192 et 128. Bref, passons
les majors me donnent l’impression de se comporter comme beaucoup de choses actuellement (publiques et privées) : elles essaient à tout prix de sauvegarder leur façon de fonctionner en tentant des réponses au coup par coup, toujours en retard comme tu dis.
Et forcément, si ça peut avoir des fois une action ponctuelle, c’est rapidement dépassé et inefficace
On dirait qu’ils refusent de voir que les mentalité ont déjà changé et ne cherchent pas de solution à plus long terme. C’est pas nouveau, ils avaient déjà fait ça en retardant la mise en place des CD alors que le système fontionnait pour utiliser les sillons jusqu’au maximum, et il ont eux-même sabordé la mise en place du SACD, je crois que tu en as déjà parlé ailleurs.
leur absence de vision est assez inquiétante je trouve
Commentaire n° 22 posté par rififi le 21/10/2007 à 20h39
Sur les limites du DIY quand même un contre-exemple: les Ogres de Barback.
Ils sont à la fois leur propre producteur, tourneur et distributeur. Et pour ça, ils ont embauché des gens.
En éco on parle d’intégration verticale: ils maîtrisent la chaîne d’un bout à l’autre. Dans leur cas, l’indépendance n’est pas un vain mot.
Mais clairement la plupart des musiciens n’ont pas envie de ça, il leur arrive le plus souvent de monter des structures à quelques groupes: par ex Adone (Fatals Picards, Oldelaf, etc.) à la fois prod et tourneur. Surtout tourneur en vrai, parce que quand les Picards ont eu l’opportunité de signer chez Warner ils l’ont fait, ils préfèrent que les coups de prod reposent sur une boîte dont c’est le métier.
Commentaire n° 23 posté par Ama-L le 21/10/2007 à 21h44
Neimo sont aussi très autonomes,
des exemples on en trouvera d’autres en cherchant, mais comme toi je ne pense pas qu’on puisse en faire un modèle économique pour tout le secteur.
et merci pour le “pa-pi-llon-de-nuit”
Commentaire n° 25 posté par arbobo le 21/10/2007 à 22h14
Une idée de comment ça se passe dans le secteur classique, j’en ai aucune idée pour ma part ?
Parce que par exemple, ça marche pas trop par “titres”…
Commentaire n° 26 posté par Djac Baweur le 21/10/2007 à 22h51
le classique ça sera probablement le dernier bastion du CD
la seule fois que j’ai voulu convertir un morceau de musique clasique en mp3, j’ai mis un taux tellement élevé que finalement je ne l’ai pas converti… ;-p
et puis des p’tits quatuors qui s’autoproduisent sur le net, y’en a pas beaucoup tout de même, si ?
pourtant, ils sont concernés aussi par le téléchargement illégal, même si ça n’a rien de comparable en volume
Commentaire n° 27 posté par rififi le 21/10/2007 à 23h16
Intéressant ton article Arbobo, merci !
Commentaire n° 28 posté par joe le 22/10/2007 à 03h07
merci Joe.
pour le classique, je peux vous dire qu’il y a une grande partie des catalogue Naxos et Harmonia Mundi sur emusic (jusqu’à 75 titres par mois pour moins de 20 euros).
mais pour le disque je serais bien en mal de répondre, djac, le volume du classique est très faible dans le marché et du coup ce n’est jamais spécifiquement mentionné dans tout ce que je lis.
ça m’intéresserait de savoir.
Commentaire n° 29 posté par arbobo le 22/10/2007 à 09h10
Y a eu des choses dans Le Monde y a trois, quatre ans sur le marché du disque classique.
Vais essayer de remettre la main dessus.
Commentaire n° 30 posté par Ama-L le 22/10/2007 à 09h47
Quel bon article ! (Tu as déjà envisagé de faire une thèse :-) ?)
En tout cas, tu soulignes très bien le phénoménal retard des majors face au téléchargement, d’autant que leur attitude conservatrice ne plaide vraiment pas en faveur du CD !
Commentaire n° 31 posté par Alex la Baronne le 22/10/2007 à 13h18
baronne, vous êtes trop bonne.
les majors, oui, mais bien que jes montre régulièrement du doigt, n’oublions pas le rôle des pouvoirs publics.
la loi davdsi, la commission olivennes, la réponse graduée qui est en passe d’être appliquée, totu ça ce sont les politiques qui le mettent en place.
Les majors, si on leur vote des lois pour qu’elles continuent de croire au CD, on ne les fait pas aller dans le bon sens, elles ne sont pas seules en cause.
Commentaire n° 32 posté par arbobo le 22/10/2007 à 14h09
Bonjour, Merci pour votre article “ça prend l’eau” et pourtant toujours des sorties d’albums, la même machine de guerre promo qui se met en route d’un côté et de l’autre, ceux (dont je fais partie) qui n’arrivent pas à faire écouter leur musique auprès d’indé saturés…et pire encore, faire des concerts des albums dans de bonnes conditons, s’exprimer quoi, devient insurmontable. Tout le monde se rince, sdrm au même tarif qu’Universal, location de salle, idem…Dossier subvention de 3 kilos à chaque étape…En fait c’est No culture. Sophie (heureusement il fait beau)
Commentaire n° 33 posté par sophie Rockwell le 22/10/2007 à 14h45
Excellent article, complet, intelligent et pertinent !
Sujet qui me tient d’autant plus à coûr que j’ai beaucoup écrit sur les forums, blogs, lors de DADVSI (et avant)…
Les majors n’étaient déjà pas en très bonne grâce auprès des passionnés de musique… mais la façon avec laquelle elles nous ont traitées, en faisant de nous leurs ennemis - nous qui continuons pour beaucoup à acheter bien plus de disques que la moyenne - … tout n’a fait qu’empirer.
Elles auraient pu voir les choses avec pragmatisme, chercher à accompagner le mouvement et en tirer profit, considérer que cet engouement pour la musique, cette volonté de découvrir plein de choses était plutôt positif. Mais non, elles ont préféré nous voir comme des délinquants cherchant à “tuer” la musique et “voler” les artistes.
Un des discours que je trouve le plus aberrant et idiot de leur part - martelé par de nombreux “artistes” qui l’ont repris en choeur - c’est que télécharger de la musique, c’est comme voler un croissant dans une boulangerie. je ne savais pas que les chanteurs fabriquaient de leurs petits doigts agiles chacun des milliers de fichiers mp3 de leurs chansons qui trainent sur le web. Et quand on écoutait un CD au casque chez le disquaire, sans l’acheter ensuite parce qu’on le trouve pas indispensable… c’était comme si on avait mangé un croissant chez une boulangère, en refusant ensuite de le payer ?
Les majors, comme tu le dis si bien, n’ont rien compris aux nouveaux modes d’écoute et de “consommation” de musiques, n’ont rien compris à la diversité des comportements face au téléchargement, elles ont passé leur temps à se tirer des balles dans le pied (criminalisation des internautes, DRM & co) au lieu de réfléchir plus posément. Faut dire aussi qu’elles ont une grosse part de responsabilité dans certains comportements. Qui a “désacralisé” la musique, en a fait un banal produit de consommation, a préféré miser gros sur des coups marketing plutôt que de faire connaître des artistes plus exigeants etc, etc… ? Elles ont beau jeu, maintenant, de lancer la larme à l’oeil de grandes phrases sur la soit-disant “mort des petits artistes”. Mais si elles les aimaient tant, elles n’avaient qu’à s’en occuper mieux auparavant au lieu de privilégier des boys-band et de claquer des sommes considérables dans la pub de chanteurs variétoches déjà bien installés….
Commentaire n° 34 posté par G.T. le 22/10/2007 à 20h44
en effet GT.
mais je commence aussi à me dire (la dadvsi a pas aidé, non plus, comme tu dis) qu’il y a un retard français, encouragé par les pouvoirs publics.quand on voit qu’en angleterre hmv vend des mp3 en magasin et universal des single en clef USB, on se dit que les majors savent parfois s’adapter, ou du moins cherchent activement à le faire.mais ici?????
j’ai bien peur que l’argent des majors leur serve surtout à mettre en place des drm et promouvoir leur top 50 de vendeurs, plutôt qu’aider des artistes débutants.
sophie, je crois que ça a rarement été la joie pour les artistes, on parle de ceux qui marchent, mais comme nous sommes un certain nombre à le dire sur nos blogs, nous savons que même des artistes qui font des concerts, sortent un album, ne réussissent pas à vivre de leur musique ni même enregistrer dans des conditions satisfaisantes (bonne prod, temps en studio, musiciens payés… sans même parler de promo). Je te souhaite bon courage.
j’attire votre attention sur le dernier billet de philippe astor qui parle de Spidart, un nouveau site pour les artsites émergents, en gros c’est un système de souscription en ligne, ou de mécénat collectif si vous préférez.
c’est là
http://www.zdnet.fr/blogs/2007/10/22/spidart/
Commentaire n° 35 posté par arbobo le 22/10/2007 à 20h58
Bon, je viens de m’envoyer TOUS les commentaires, et c’est super déprimos : on est tous d’accord :-(
Ah non, quand même : je ne vois pas pourquoi la presse spé disparaîtrait. Support pub disparu selon lyle ? Bah ils feront de la pub pour autre chose que de la musique et puis voilà. Ok, le dernier Radiohead encensé à côté d’une pub Mir Express ça fera con. Mais ça fera pas moins con que le dernier ColdPlay massacré à côté d’une pour…le dernier ColdPlay, comme on le voit régulièrement de nos jours :-)
Sinon sur le fond je suis évidemment d’accord avec tout le monde cher Arbobo, de Mick Jagger à toi en pensant à G.T. (lequel nous a fait un super com rageur - dommage qu’il le copie/colle sur tous les blogs et forums depuis cinq ans :)).
Ceci exposé, les critiques feront toujours leur travail de mauvaise f…critique, et comme ça nous, on pourra toujours se moquer d’eux, les conchier, les ridiculiser, leur reprocher tous les mots de la terre (parce que finalement on ferait quoi sans eux ? :))…
En tout cas j’ai au moins découvert le blog d’Astor, effectivement très intéressant (quoiqu’au final ses analyses du même sujet soient dix fois moins intéressantes que les tiennes ;-)
Commentaire n° 36 posté par Thom le 23/10/2007 à 02h42
ben au moins je sais pourquoi j’ai fait cet article…
pour recevoir des compliments :op
thom, je trouve que la critique spécialisée n’est pas forcément facile, les disques pullulent, les artistes peuvent venir de n’importe où ou revenir alors qu’on ne les attendait plus. Et ça reste la critique qui m’a fait découvrir le Konki Duet ou Kaki king.
Si j’en juge par ma difficulté à me tenir au courant, je dis pas que je les plains mais effectivement c’est un vrai boulot, sans doute plus que jamais car ce qui vient par les majors et grosses boîtes d’attachés de presse est souvent ce qui est déjà installé ou en passe de l’être.
Mais je pense que c’est plus une question de volume que de support, et je ne suis pas certain que le métier de critique soit si touché que ça par l’évolution actuelle (malgré des artistes qui les prennent de court comme radiohead)
Commentaire n° 37 posté par arbobo le 23/10/2007 à 09h31
Impossible de faire court, votre article est long c’est normal, le sujet est vaste. Voilà c’est le problème en ce moment tout doit être efficace, vite fait en synthèse, pourquoi avoir un cerveau et réfléchir, je vous le demande ? La mort de l’art remonte au 19 ème siècle, Hegel je crois. Mais on participe tous à cette agonie. Le simple fait de blooger, de parler à une télé. Personnellement tout ce qui se passe sur internet je trouve ça HYPER MOCHE, je trouve que tout est écrasé plat, froid, on avance masqué. Pas un site ne me plait, rien. L’art passe dans des tuyaux, ouais. Pour moi la musique doit se trouver une autre place. Découvrir des artistes émergents, (spidart) mettre des sous comme pour les courses de chevaux et puis quoi encore ? On cherche des causes à cette mutation et ce n’est pas juste pub/journaliste. Etes-vous seulement aller à un concert, en payant votre place et le cd (il faut être vraiment très con pour faire ça hein ?) Très très mal accueilli, les pieds écrasés par les vip des majors qui cherchent leur fauteuil confortable au balcon..C’est dingue que ça ne choque personne…Alors à force de goujaterie mon budget je le gère autrement en allant au théâtre dans des supers lieux où je me sens bien accueilli, et maintenant je n’achète plus de CD je ne télécharge pas je ne vais plus guère à des concerts. C’est souvent lié comme alchimie, mais en tant qu’auditeur spectateur acheteur : la bourse est vide, simplement parce que j’ai trop l’impression de n’être qu’un temps de cerveau disponible pour toutes sortes de manip. Alors je fais tourner mes vieux vinyls sur ma platine en attendant que vous trouviez des super belles idées pour que la musique soit juste à sa place, et non dans une permanence subie(magasins, lieux publics, attente téléphonique, chez le dentiste…) qui alimente outragement les caisses d’un système indigent et opaque. Rosemonde
Commentaire n° 38 posté par rosemonde le 23/10/2007 à 10h20
Rempli d’informations, de vérités et juste parfait !! Merci.
Commentaire n° 39 posté par Oliv. le 23/10/2007 à 12h16
Bon article qui fait une excellente synthèse du secteur musical actuellement.
Mais pou moi, il manque quand même deux choses trés importantes :
1 : les attaques répétées contre le domaine public et le danger que la culture collective n’existe plus en tant que telle (n est passé de 50 à 70 ans aprés la mort de l’auteur pour pas fâcher Mickey, mais la question va se reposer bientôt) ;;
2 : l’aspect “musique imprimée” est complétement absente de ton article ; quand un site diffusant des partitions tombées dans le domaine public est fermé sous les menaces des majors (affaire IMSLP), pourquoi les gouvernements, qui sont pourtant garant du respect du bien collectif et qui doivent protéger l’accès à la culture (inscrit dans la déclaration des droits de l’homme) ne voient pas qu’en défendant l’industrie privée, ils se tirent eux-même une balle dans le pied.
Cette question du bien collectif, du domaine public est à mon sens bien plus importante et influente que ne peuvent l’être les DRM. Un DRM, ça se vire (et je doute que, malgré l’aspect illégal, on se fasse un jour condamné pour avoir bidouiller un fichier drmisé acheté légalement). Le domaine public, une fois qu’il sera repoussé à 100, voire 150 ans, il ne servira plus à rien.
Commentaire n° 40 posté par Philou le 25/10/2007 à 09h35
philou,
mon ambition déjà audacieuse, n’était que de parler de l’impact des évolutions technologiques. C’est sous cet angle que j’ai parlé de la législation.
tu abordes la propriété intellectuelle, ce qui est un sujet un peu différent. Sujet grave et passionnant, mais pour lequel je n’ai pas suffisamment de connaissances pour en tirer un article.
Merci d’avoir attiré notre attention sur ces points.
Commentaire n° 41 posté par arbobo le 25/10/2007 à 10h22
J’avais loupé ce commentaire de Thom… c’est quoi ce “com’ rageur” dont il parle et que j’aurais balancé sur tous les forums depuis 5 ans ????
Il y a pas mal de choses que j’ai balancé à droite à gauche, il y en a un que j’ai en effet mis sur plusieurs forums, mais le jour même.. Mais il n’y a aucun texte que j’ai balancé régulièrement…
Bon, je vais aller lui tirer les oreilles sur le golb pour avoir quelques explications :-)
Commentaire n° 42 posté par G.T. le 04/11/2007 à 01h06