Lee Fields transpire à grosses gouttes, moi, je pisse froid mais j’ai les pieds chauds
après avoir traîné plus d’une fois avec elle dans les plus beaux concerts soul de la ville, j’ai le plaisir de laisser la plume à Sof, qui parle des concerts tellement mieux que moi.
Aller écouter Lee Fields et Charles Bradley accompagnés des non moins célèbres Menahan Street band en plein coeur de l’hiver parisien, c’est la certitude de réchauffer ton petit coeur (et accessoirement tes sous-vêtements), toi, le fan de soul music et de cuivres.
J’avais vu Lee Fields au New Morning en juillet dernier et j’en conservais un souvenir du type “waaoou, wtf, best concert de l’année, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, Aloe Blacc, retourne apprendre à groover, jeune con”.
Visiblement, je ne suis pas la seule, la Maroquinerie affiche complet. J’ai du mal à comprendre le choix de la salle (aucune contrepétrie dans cette phrase, je les connais, les lecteurs d’Arbobo, hein), dont la scène n’est pas vraiment adaptée à ce genre de formations.
Effectivement, quand le Menahan arrive sur scène, on se rend compte qu’ils sont drôlement serrés. Fallait-il y voir l’annonce d’une prestation étriquée ?
2 titres instrus, et arrive Lee Fields. Ha non, en fait, c’est Charles Bradley. On va pas bouder notre plaisir, le monsieur y met du sien, la salle ondule de la tête quand lui a conservé cet incroyable mouvement de hanches. Il est tonique du bassin, le bougre ! Musicalement, c’est à la hauteur de la réputation de ces messieurs, ultra carré.
Au tour de Lee Fields, vêtu sobrement (c’est à souligner tout de même, c’est pas si souvent que ça), on est bien, c’est agréable, on dodeline, mais on ne retrouve pas la puissance qui nous faisait bouger sexuellement nos booty en juillet. Lee aurait-il perdu la flamme du sex power ? Pourtant il se donne, il transpire à grosses gouttes, il apostrophe les jolies filles du premier rang pendant Ladies, il met du love dans Your Love. Alors, on s’interroge.
Est-ce le même setlist qu’au New Morning ? Le froid ? La salle ? Je jette un oeil aux musiciens et la, déclic, le pianiste ne s’amuse pas, il bouderait presque en fait.
C’est carré, ha ça, ils font le job, les musiciens du Menahan. Le batteur a toujours ce style improbable, le bassiste est toujours aussi sérieux. Ils connaissent leurs gammes par coeur. Et c’est sans doute ça le problème. La première fois qu’on les voit, on est époustouflé, les mecs maîtrisent (faut dire que quelques semaines avant, Mayer Hawthorne et sa boîte à cuivres faisaient vraiment peine à entendre au Trabendo), c’est groovy, ultra professionnel, pas à dire, on kiffe.
Mais la seconde fois, on a envie qu’ils aillent plus loin, qu’ils sortent de ces chemins trop bien balisés et trop bien maîtrisés. Que nenni ! Ce sont des pro, leur prestation aussi, on pourrait presque prévoir comment ils vont aborder les breaks et les reprises. Certes, ils ne font pas leur pétasse comme les rappeurs américains mais on sent bien qu’ils n’en feront pas plus non plus. Pas de folie, pas d’impro, oserais-je dire plat et attendu ?
Alors, on apprécie le show, on s’enthousiasme mais on ne décolle pas. 1h30 plus tard, on dira au café des sports que c’était un chouette moment là où quelques mois plus tôt on ne trouvait pas de qualificatif pour décrire. On avait dansouillé là où quelques mois plus tôt on s’était déhanché à s’en démettre notre bassin de trentenaires.
Pourtant, en rentrant, à défaut d’avoir une culotte mouillée, j’avais les pieds chauds. Et ça, quand même, c’est suffisamment rare en février pour être noté.
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ah les groupes trop carrés, je vois le problème.
bravo pour ce titre et la mise en situation, sof :-)
merci d’avoir accepté le titre ! :)
entre le foutraque, voire le foutage de gueule de certaines formations dites soul (aloe blacc, mayer hawthorne, ben l’oncle soul, etc) et le trop carré des Menahan, je préfère quand même le trop carré, même si on SAIT que ces mecs pourraient faire tellement plus fou.
Une petite vidéo pour illustrer le propos :
http://www.dailymotion.com/video/xhd62t_charles-bradley-the-menahan-street-band-live-in-paris_music
ça c’est du suivi de prestation, sensi :-)
merci, pour la vidéo et pour faire passer arbobo en Iso 9001 ^^