Ladyhawke, l’interview en VF
Je vous rappelle que l’interview est avant tout là, avec le son original et sa présentation.
Voici la traduction française de l’interview de Ladyhawke, je vous laisse avec la demoiselle :-)
Bonjour “Pip” Brown, aussi connue sous le nom de Ladyhawke…
bonjour…
… Ladyhawke dont tu as écrit que c’est un film “tellement mauvais qu’il en devient bon”
Yep (rires) C’est vraiment ça, c’est hallucinant. Ca fait partie de ces trucs des années 80, quand tu les regardes aujourd’hui tu te dis “houla, c’est vraiment un trésor celui-là”. En fait j’aime ce film.
Ca veut dire aussi que tu ne te prends pas trop au sérieux.
Non, pas vraiment. Je pense que quand on est musicien et qu’on se prend au sérieux, on est vraiment une bite. (rire)
Donc tu n’es pas une bite.
Heu… heureusement pas. (rire) Je ne sais pas ce qu’en diraient les autres du groupe.
Tu as fait une sacrée route jusqu’ici, puisque tu as commencé la musique à Wellington, c’est ça?
A Masterton plus exactement, qui est une petite ville à une heure et demie au nord de Wellington. Je suis née et j’ai grandi là-bas, et j’y ai commencé la musique à 11 ans. Même avant en fait, j’ai débuté le piano plus jeune. Et je suis partie à Wellington à 18 ans.
Aujourd’hui avec Myspace, Virb, Youtube et tous les outils internet, on peut toucher un public dans le monde entier tout en vivant dans un endroit éloigné comme la Nouvelle Zélande. Est-ce que tu pensais qu’il fallait partir, ou tu es venue en Europe simplement parce que tu en avais envie?
Je ne me suis jamais sentie poussée à partir. Mais je pensais intimement que c’était une bonne décision. J’ai choisi de venir ici. Je me suis donnée deux ans ici, j’ai vraiment le mal du pays. Mais je suis une grande grande fan de Paris. Je me suis presque installée ici plutôt qu’à Londres, mais mon label m’a convaincue d’être basée à Londres. Du coup je suis là-bas mais je suis complètement fan de Paris.
Ton label c’est Modular. Tu le as rencontrés à Sidney ou en Europe (ils sont installés aux deux endroits, ndli)?
J’ai beaucoup d’amis signés chez Modular qui sont de Sidney ou d’Australie. C’est comme ça que j’ai rencontré les gars du label, quand j’étais dans un autre groupe, on jouait des trucs assez proches de leurs artistes. Ils savaient qui j’étais, je savais qui ils étaient, et un jour mes démos sont arrivées entre leurs mains. Ca s’est fait un peu par accident, je suppose.
Dans les années 80, les gens qui s’intéressent au rock indé connaissaient pas mal de groupes néo-zélandais, de Split Enz et Crowded house pour les plus connus, ou The Bats, Jean-Paul Sartre Experience… Est-ce que tu connais toute cette scène?
Crowded House, tout bon Néo-Zélandais grandit avec ce groupe et l’adore. Et c’est la même chose pour Split Enz. Tu ne peux pas y échapper en Nouvelle-Zélande. J’ai de super souvenirs associés à la musique de Split Enz et Crowded house quand j’étais enfant. J’étais une grande fan, je les aime beaucoup.
Est-ce qu’ils ont joué un rôle dans ta décision de devenir musicienne?
Je pense que j’ai toujours été musicienne. Ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé un jour, en fait j’ai toujours fait de la musique. Ce qui m’a aidé à croire que je pourrais peut-être avoir une chance de trouver un petit succès à l’étranger, c’est il y a 5-6 ans. Quand un groupe néo-zélandais d’Auckland, les Datsuns, ont eu un gros succès en Angleterre. Or ce sont de très bons amis à moi. Ca m’a influencé en ce sens que je me suis dit, s’ils ont réussi, si des amis à moi peuvent le faire, je peux réussir aussi. C’est très important je trouve, en tant que Néo-Zélandaise, d’avoir des compatriotes qui réussissent, ou du moins qui font ce qu’il faut pour, ça aide à se dire que ce n’est pas impossible d’y arriver soi-même.
Mais tu n’as pas monté Ladyhawke immédiatement. Tu as d’abord joué dans deux groupes.
J’ai joué dans des tas de groupes depuis que je suis toute petite. Mais mon groupe principal, quand j’étais plus jeune, s’appelait Two lane blacktop. C’était un groupe rock du genre le Clash rencontre Iggy Pop et les Stooges. J’ai adoré ce groupe. Quand nous avons arrêté le groupe, c’est à dire quand je suis allé en Australie, j’ai commencé à jouer dans un groupe appelé Teenager. Avec un gars qui s’appelle Nick Littlemore, un groupe super.
Donc tu as chanté tardivement, au départ tu n’étais ni la leader ni une chanteuse. Avec Ladyhawke tu es devenue les deux.
Oui, j’étais juste une musicienne. Songwriter et guitariste, musicienne, gratteuse, ce que tu veux. Jamais chanteuse. Je n’avais jamais pensé que je pourrais le devenir. Et finalement me voilà. Je me suis lancée. Mais je ne me vois toujours pas comme une chanteuse, à l’heure actuelle je me considère toujours comme musicienne. Au chant je fais ce que je peux, et ça donne ce que ça donne. (rire)
Ta manière de chanter, justement, n’est pas du tout dans la puissance, ta musique non plus d’ailleurs, c’est très pop. Sur myspace, parmi tes influences tu mets des groupes de rock et de hard comme les Stooges, Black Sabbath…
Led Zeppelin (rire)
Led Zeppelin… des groupes de rock assez lourd, assez éloignés de ton chant et de ta musique.
Ce sont des groupes qui m’influencent depuis toute petite, aimer ces groupes c’est encore aujourd’hui une force motrice pour moi. Savoir que de tels groupes ont existé, avoir leurs disques, les adorer, ça ne veut pas dire pour autant que ma musique sonne comme eux. Ce n’est pas de cette façon là qu’ils m’ont influencée, c’est sans doute déroutant pour les gens de voir tous ces noms que je cite, mais ils sont plus une inspiration qu’une influence directe.
En même temps dans ta bio que tu as écrite pour Modular, tu écris que plus jeune quand tu jouais “plus c’était fort, mieux c’était“.
Avec mes soeurs quand j’étais jeune et que je voulais ennuyer mes parents, le jeu consistait à jouer le plus fort possible, littéralement. C’était comme ça, mais Ladyhawke n’est qu’un aspect de ma personnalité. J’ai beaucoup d’autres facettes, comme le gros jeu de guitare tout bête, et je suis aussi une fille pop toute simple. Ladyhawke ce n’est qu’un aspect, mais j’ai toujours envie de faire du boucan, plein de boucan (rire).
Malgré tout dans tes chansons j’ai l’impression que l’instrument principal est la voix, c’est vraiment elle qui tient la mélodie. La basse viendrait sans doute en second, puis autres instruments.
Ah bon? Je n’avais vu les choses sous cet angle. Parce que je n’ai jamais été une chanteuse. J’ai toujours eu l’oreille attirée par la mélodie, je sais ce qu’est une bonne mélodie. Mais j’écris toujours la musique en premier, les paroles et la mélodie du chant en second. Si la mélodie se révèle bonne, on peut avoir l’impression qu’elle est plus forte que les autres instruments. J’aime que tous soient à égalité.
Je suis surpris parce que j’avais presque l’impression que tu composais par le chant.
Vraiment?! (rire)
La manière dont tu utilises les instruments, justement, sonne très années 80. Je suppose que c’est voulu.
C’est voulu jusqu’à un certain point, tout ne l’est pas. Ca vient aussi naturellement, parce que j’aime les synthés, et les groupes synthétiques comme ELO (Electric light orchestra), ça m’influence forcément, or beaucoup de ces groupes sont des années 80 ou 70. Mais je ne cherche pas à sonner 80s.
Tout de même quand on voit le vidéo de Back of the van…
Très années 80. (rires) Oui. C’est Kinga Burza qui l’a réalisée. C’est une grande fan des années 80. C’est une amie à moi, australienne, et elle m’a dit qu’elle rêvait de tourner une vidéo de ce genre.
Dans les années 80 tu étais une petite fille, on dirait que ce qui t’a le plus influencée n’est pas la musique de ton adolescence.
A l’adolescence j’étais beaucoup de grunge, Hole, Courtney Love, les Smashing Pumpkins, mon groupe préféré était Nirvana. Ils m’ont beaucoup influencée mais comme je te disais c’est tout un autre aspect de moi. Nous avons toujours une facette plus visible à un moment donné, qui remonte à la surface. D’une manière générale j’ai plus été influencée par Nirvana que par, disons, E.L.O. Mais il se trouve juste que ce que je fais en ce moment correspond plus au côté années 80.
Et plutôt le côté positif des années 80, comme l’italo disco.
Je ne connais pas vraiment l’italo disco, beaucoup de gens m’en parlent. Il faudra que je regarde ça (rire).
C’était un courant très populaire en Europe, et dans une veine assez romantique. Est-ce que tu dirais que ta musique l’est?
Romantique? Mmmmm. Je pense que oui. Je crois que je suis une indécrottable romantique, alors ça doit transparaître dans mes chansons, elles ont un côté doux-amer, “happy-sad” (heureux-triste) qui renvoie à la romance, un peu à la nostalgie aussi.
Je me demandais aussi, pour finir, si c’est toi qui avais décidé de faire une version française de Paris is burning, Paris s’enflamme.
Paris s’enflamme (elle rit). Oui oui, je voulais vraiment la faire, et mon ami Pascal, qui est belge et avec qui j’ai fait la moitié de l’album, m’a aidé pour les paroles et la prononciation. Je ne parle vraiment pas bien français, il m’a aidée pour la prononciation, mais je ne sais pas trop si j’ai réussi. J’ai essayé en tout cas, parce que j’aime énormément Paris, j’adore la France. Du coup je tenais vraiment à faire une version française, en espérant que les gens l’aiment. Je crains que mon français soit si affreux qu’ils se moquent de moi, mais bon, je me suis lancée.
C’est très mignon.
rires. Merci (elle rit toujours).
Merci Pip.
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