La rébellion des indés : combien rapporte une diffusion de chanson?
Plusieurs producteurs indépendants ont publié une lettre ouverte, lisible sur le site CD1D, ou sur celui de Télérama, assortis dans les 2 cas de commentaires d’internautes.
La publier, c’est normal et c’est sain, car dans un secteur archi-dominé par les majors du disque, on n’entend guère d’autre voix dans les discussions autour d’Hadopi ou plus largement sur les enjeux de l’économie de la musique.
Ce texte est donc une bonne chose, par son existence.
Son contenu me paraît en revanche nettement plus critiquable. Faible hauteur de vue, des raccourcis saisissants… La discussion sur art-rock n’est d’ailleurs pas très tendre envers ce texte. Vous allez voir que les auterus de ce textes, au lieu de se poser des questions, s’en sont tenu à leurs idées préconçues. Avec pour conséquence un contresens très gênant.
On finit la lecture de ce texte comme après avoir entendu une longue plainte, on entend la souffrance mais on cherche les arguments solides. Tout le monde est méchant, et puis internet qui a été conçu pour pirater vous rendez-vous compte? La posture défensive illustre toutefois à quel point l’économie des labels est fragile, combien leur survie, constamment, ne tient qu’à un fil. C’est une réalité, qui, elle, ne me fait pas sourire, et dont j’ai bien conscience. Le nombre faramineux de concerts que je paie (dont certains que je pourrais ne pas payer), et disques que j’achète (même remarque) démontre que je me sens concerné. Ce qui explique ma déception, c’est justement qu’un texte émanant de producteurs indépendants, j’ai spontanément envie d’être en accord avec lui.
Mais ce texte n’apporte rien, hormis quelques réflexions poussives. Je me contenterai d’un seul exemple pour l’instant. Les revenus publicitaires générés par Deezer (pourquoi diable s’en prendre à un seul site, d’ailleurs, mystère…). Le texte nous dit :
“– La rémunération de Deezer aux producteurs est ridicule et inadmissible : 24 185 écoutes = 22,85 euros.”
Ils trouvent que c’est scandaleusement bas. Hormis le label tôt ou tard (Delerm, Yaël Naïm, Fersen), les autres labels signataires n’ont quasiment jamais aucun titre de leur catalogue diffusé en radio (et cropyez bien que je le regrette), en tout cas pas en playlist sur les antennes à grosse audience. Autrement dit, ils ne savent pas de quoi ils parlent. On comprend mieux qu’ils sursautent à ce chiffre qui est, ma foi, pas si risible.
Attention à vos mirettes, on va faire chauffer la calculette. But du jeu : comparer ce que rapportent aux producteurs les écoutes radio, en tenant compte du nombre d’auditeurs.
Sur Deezer, une écoute = 1 diffusion, c’est pareil. On comptabilise une écoute lorsqu’une personne, sur un ordinateur à la fois, écoute une fois un titre.
Une diffusion radio, au contraire, touche l’ensemble des auditeurs à un instant t. Les plus grosses radios cumulent plusieurs millions d’auditeurs. 1 diffusion = des milliers d’écoutes.
Je me suis plongé dans les rapports de la Sacem, et de l’Observatoire de la musique (l’étude sur la diversité de la programmation musicale en radio).
Faisons le calcul. Les radios ont versé à la Sacem 55 millions d’euros pour 2007. Soit 13,75M€ pour un trimestre, vous allez voir pourquoi je ramène à un trimestre.
Sur ces revenus, une fois déduits les frais de gestion de la Sacem (pitié, ne nous lançons pas dans un débat périphérique, je mentionne juste pour être exact), la moitié revient aux producteurs, l’autre moitié va aux auteurs et compositeurs.
L’observatoire a mesuré, pour le 4e trimestre 2007, une diffusion radio de 29′582 titres différents. Pour un total de 806655 diffusions. L’audience cumulée de ces radios est de 65356 millions de “contacts” (oui, 65 milliards, mais c’est du cumulé, tout va bien vous pouvez respirer normalement).
Le calcul est le suivant : pour 1 diffusion, les radios versent 17 euros. Soit pour 1000 diffusions, 17000 euros.
Comme les producteurs n’en reçoivent “que” la moitié (cf plus haut), on doit donc retenir 8500 euros. Pour Deezer, 1000 écoutes = O,94 euro. 9042 fois moins, arrondissons à 9000. Il faut 9000 écoutes Deezer pour rapporter autant qu’une seule diffusion en radio. Si l’on ne tient compte que de ce critère, la disproportion est effectivement choquante. Mais…
Mais à qui allez vous faire croire que l’audience moyenne d’une radio est de 9000 auditeurs? Reprenons encore les chiffres de l’observatoire. En divisant le total de “contacts” par le nombre de diffusions, on trouve une moyenne de 81087 contacts, arrondissons encore à 80000. Rappel : une diffusion radio rapporte 8,5 euros. Une diffusion radio = 80′000 auditeurs, donc 80′000 écoutes radio rapportent 8,5€ aux producteurs.
Sur Deezer, “24185 écoutes rapportent 22,85 euros”, donc 80′000 écoutes rapportent… 75,20€.
Conclusion : ramené au nombre d’auditeurs, Deezer rapporte aux producteurs environ 9 fois plus!
Comentaire des signataires du texte : “ridicule et inadmissible”.
En procédant à un calcul différent, Philippe Astor compte que Deezer rapporte 5 fois plus (et non pas 9), mais je vous rappelle que le texte des producteurs ne mentionne QUE la part qui leur revient à eux. Dans les deux cas un point commun : on constate que Deezer rapporte beaucoup plus que la radio.
Si Deezer rapporte encore peu aux artistes, en volume global c’est tout bonnement parce qu’à l’heure actuelle internet est loin de concurrencer l’audience des radios.
D’autres facteurs rendent plus intéressante encore l’écoute des productions “indé” sur internet. Le calcul de répartition est d’une précision redoutable sur les sites internet. La rémunération des ayant droit se fait au pro rata exact des écoutes. Une chanson écoutée 45000 fois rapporte 45 fois plus qu’une autre écoutée 1000 fois, point barre. Alors que pour la radio, c’est nettement plus flou.
D’abord, pour se simplifier la vie, les radios ne déclarent généralement que ce qu’ils appellent leur playlist, à savoir les titres qui sont en rotation lourde sur un mois, et pas les titres diffusés 1 fois dans une émission (la radio associative Néo est quasiment la seule à faire ce travail scrupuleux). La Sacem ne peut pas tout vérifier et doit donc se fier en grande partie à ces déclarations inexactes, qui surestiment les “gros” et spolient les artistes les moins diffusés.
Chaque radio reverse un pourcentage de ses recettes publicitaires, pourcentage qui a même été augmenté sensiblement il y a 1 an. Le secteur de la musique a donc plus de revenus de la radio qu’avant, à audience constante. Mais l’audience n’est pas la même à toutes les heures de la journée, et la répartition des droits se fait au nombre de diffusions, qu’elle soit en heure pleine ou en heure creuse. Autrement dit, les sites de streaming présentent des garanties que les radios ou les télés (les télés rapportent près de 4 fois plus aux ayant droit que les radios) ne peuvent offrir.
Je m’en suis tenu à un argument parmi d’autres de ce texte, mais c’est un argument fondamental car c’est évidemment des revenus que dépend la survie de ces petits producteurs et éditeurs. D’ailleurs on peut se demander quelles conséquences aura, pour les revenus de la musique, la suppression de la publicité sur l’audiovisuel public.
Au moins ce texte aura-t-il été l’occasion pour vous de découvrir le site CD1D, qui permet notamment de télécharger en format flac (non compressé, qualité CD), et de réviser un brin l’économie de la radio.
En attendant un dossier plus complet (très complet) que je vous prépare pour bientôt :-)
Tweet
La semaine prochaine : Revisitons l’impact de la surexposition sonore en concerts par une analyse comparée des différentes salles parisiennes selon une échelle logarithmique de base 7.
Sinon, ce que j’ai compris, c’est que j’ai bien raison de ne pas écouter Deezer mais Rapidshare, ça rééquilibre la balance.
Ils devraient prendre en compte qu’à la radio on n’entend que les “singles”(+ quelque fois d’autres morceaux d’un album) alors que sur Deezer on peut tout y entendre (si tout l’album a été encodé - ce qui est devenu une norme, les “Deezernautes” se plaignant quand il n’y a pas tout un album). La radio ne se substitue donc pas aux ventes de disques, elle en fait la promo. Deezer et les autres peuvent se substituer aux ventes puisqu’on peut y écouter quasiment ce qu’on veut au moment où on le souhaite, comme un lecteur CD en somme mais dont on n’a plus besoin d’avoir le disque.
c’est aussi un argument en effet, JB.
le texte en question est un vrai chalut, un peu de fil et beaucoup de trous.
Je reviendrai plus en longueur sur la place des sites d’écoutes dans le “modèle économique actuel” (désolé pour le gros mot, mais c’est ainsi que ça s’appelle ^^),
la question étant aussi celle de la prescription.
les partages de playlist font partie de cette prescription d’aillerus, ça peut donner des envies d’achat.
mais JB, certes on peut écoute des albums entier sur les sites d’écoute (il n’y en a pas qu’un, jiwa, lastfm, spotify, etc.), mais n’oublie pas que les ventes en ligne sont presque toujours individualisées, je peux acheter les pistes 2 et 7 de l’album, si je veux. L’écoute de single est d’un impact prescripteur ambivalent.
le débat est vaste, mais je crois avoir démontré que diaboliser par principe, sans prendre la peine de chercher les faits, est une bêtise.
La différence très essentielle entre Deezer et une radio est que sur Deezer, vous écoutez ce que vous voulez, quand vous voulez, d’où vous voulez et autant de fois que vous le désirez. Aussi, comme nous l’écrivons, Deezer n’est donc pas une radio qui, elle, programme ce qu’elle veut.
Il y a donc de la part de Deezer une exploitation totalement différente d’un catalogue que nous considérons donc très très mal payée d’autant que, elle implique forcément qu’il n’y a donc plus de raison à acheter ces mêmes oeuvres.
la comparaison de rémunération n’est valable que pour des modèles égaux, ce qui n’est absolument pas le cas ici. Je rajoute que les radios locales paient un forfait à la Sacem qui n’est donc pas réparti sur la programmation réelle.
que notre texte ne soit pas parfait, c’est certain. il a pour but d’interpeler, de déplacer le débat (et la place des sites de streaming est un vrai débat d’autant que, comme vous le savez, Deezer s’est construit sur du contenu illégal et contient encore du contenu illégal (bien que certains labels aient demandé, sans succès, le retrait de leurs oeuvres).
je dois rajouter que, pour nous, et même si cela vous parait totalement présomptueux, un disque reste une oeuvre artistique à part entière et qu’il n’est pas à priori une déclinaison du live. Le live et l’enregistrement sont deux expressions artistiques différentes.
Vous avez raison concernant Itunes (et là je parle à titre personnel) qui nous a imposé le prix de vente ainsi que ce que j’appelle la vente à la découpe c’est à dire l’obligation de vendre titre par titre, au mépris de la volonté de l’artiste qui a tout à fait le droit de considérer que son oeuvre est une et indivisible.
Oui le sujet reste vaste et compliqué ; cette lettre n’est qu’une première étape que les labels indépendants veulent fortement poser ; je trouve quand même, contrairement à vous, qu’elle lance des pistes, n’est pas là pour râler seulement, reste ouverte au dialogue avec de la pédagogie et du parler vrai, ce qui est plutôt rare dans ce débat.
Les labels indépendants ont mis beaucoup de temps il est vrai à se forger des opinions. C’est d’autant plus difficile que nous travaillons tous “la tête dans le guidon” en faisant 10 métiers à la fois et en connaissant pour la très grande majorité une instabilité économique qui demande à chacun de parer au plus pressé. J’ai en tout cas l’impression qu’aujourd’hui nous sommes parvenus à entrer de plein pied dans le débat. Venez parler avec nous, venez voir comment nous travaillons, avec quels moyens, essayez de comprendre comment fonctionne l’industrie de la musique et cela devrait vous aider à y voir plus clair également.
merci d’avoir pris la peine de venir, Philippe.
je reste en désaccord avec votre texte sur plusieurs points (pas tous, rassurez-vous).
Je sais comment vous travaillez, et le désaccord sur ce texte n’enlève rien au bien que je pense de votre travail et de vos productions (par exemple j’adore ce que font Ter à terre ou vicious circle, qui ont signé ce texte).
je reviendrai une autre fois sur la question de la prescription, qui est essentielle.
comme je vous le disais sur le site de télérama,
je regrette aussi qu’en montrant du doigt deezer vous fassiez l’impasse
1/ sur des sites équivalents (jiwa, lastfm, spotify, pour ne citer que les plus connus)
2/ sur le problème de la répartition des droits radio.
vous en parlez ici en commentaire, c’est en effet une question fondamentale,
car rappelons le clairement :
à cause du forfait, 1 titre indé passé en radio finance d’abord Zazie et Obispo, alors qu’une diffusion deezer vous finance vous.
Sur la gratuité de la musique,
on en sait encore assez peu sur le sujet, d’abord si c’est gratuit pour l’auditeur ça n’empêche pas que vous percevez des droits via le reversement des recettes publicitaires, ensuite les comportements d’achat sont encore mal connus.
L’effet d’éviction des sites d’écoute reste à mesurer, il est un peu tôt pour être catégorique, mais de toute façon il faut aussi se demander s’il est tout bonnement possible de raisonner comme si deezer et ses équivalents pouvaient fermer.
Plus largement, et deezer n’y est pas pour grand chose, on a un enjeu de pouvoir d’achat, et une concurrence accrue entre loisirs de plus en plus cher.
enfin, comme vous le dîtes dans votre lettre, depuis quelques temps le débat sur la fin du CD (en tout cas d’un support physique) est souvent présenté comme une évidence, alors que c’est moins certain que ça, surtout pour les productions indé. Ca fait partie des points de votre lettre avec lesquels je suis en phase.
le débat continue.
Merci d’avoir cité Néo comme rare exemple de radio qui déclare scrupuleusement ses diffusions ; j’en citerai une autre : Nova. Dans les deux cas, des radios qui ont un créneau très différent des grosses ventes. (Avec un peu de chance, Fip le fait aussi, et très probablement TSF.)
Sur le fond, c’est compliqué de comparer vraiment des sites de streaming à la radio car comme c’est dit plus haut, les radios ne programment pas “à la carte”. Je peux découvrir un album sur Deezer, pas sur Nova (mais je découvre sur Nova des tas de trucs que je n’aurais pas entendu ailleurs). On a deux modèles assez différents quand même…
Quant à savoir si ce que rapporte Deezer (ou d’autres) est ridiculement bas, là c’est autre chose. À ma connaissance, les modèles des sites de streaming sont très fragiles, ça ne rapporte pas grand-chose à qui que ce soit, pour la bonne et simple raison que le seul apport de fric, c’est la pub, et que cet apport-là n’est pas franchement en expansion (pas seulement parce que “c’est la crise”, aussi parce que le “retour sur investissement” est quand même assez limité… pour le coup, l’impact d’un spot radio est beaucoup plus fort, vu qu’on y échappe beaucoup plus difficilement ! Alors que la pub sur un site, l’oeil la zappe facilement).
De toute façon, plus ça va et moins je sais quoi penser de tout ça. Le discours de criminalisation du téléchargement me brise les noix depuis toujours, mais celui, récurrent (pas ici bien sûr ^^), qui consiste à cracher sur les labels me hérisse aussi prodigieusement, comme si pour faire un bon disque il suffisait d’un mec, d’une guitare et d’une poêle à frire. La musique est une économie, les gens dont c’est le boulot ont le droit d’être payés, et producteur c’est un métier - il n’y a qu’à voir le premier artiste “produit par les internautes” via Nomajor : Grégoire, qui est quand même la daube de l’année ! Bref, on vit ni plus ni moins un changement de modèle et je n’ai pas la moindre idée de ce qui en sortira, mais je suis assez convaincue que nier le fait que fabriquer de la musique est un travail méritant salaire est aussi prodigieusement con qu’imputer au téléchargement la crise du disque, comme s’il n’y avait pas d’abord un problème de fric.
Mais là dessus on est d’accord :-)
Un peu HS mais tout de même, tous les musiciens avec qui j’ai eu l’occase de causer des conditions d’exercice de leur métier récemment m’ont dit la même chose : la crise du disque, pour eux c’est un caillou dans la grolle, mais ce qui leur fait se péter les chevilles et pour certains envisager de changer de métier, c’est la réforme du régime des intermittents. Et je ne parle pas d’obscurs groupes connus de trois blogueurs, mais du bassiste de Java, genre.
C’est pas tout ça mais il faut que je la lise, maintenant, cette lettre ^^
Très bon article (même s’il fait un peu mal à la tête^^), et j’attends avec impatience le dossier complet…
Pour répondre à Philippe Couderc : j’ai l’impression - et ce n’est pas la première fois de la part des labels indés - qu’en vous cachant derrière certaines pseudos-valeurs, vous ne faites que de continuer à vous marginaliser.
Des plateformes comme deezer, jiwa & co permettraient justement de rendre vos artistes beaucoup plus “visibles”, de les faire mieux connaître… Les radios sont monopolisées par les produits des majors, avec ces sites de streaming, il y a aurait au moins la possibilité de mettre vos artistes sur un pied d’égalité, de les faire écouter à tous… mais non, vous restez enfermés dans une logique de “peur”, peur que l’on achète moins vos disques si on les écoute en streaming… du coup, vous êtes encore plus invisible. Rien ne prouve que l’on achèterait moins vos disques si on pouvait les écouter sur ces sites. Pour certains qui se contenteraient de cette écoute sur leur pc, beaucoup pourraient découvrir vos albums et avoir envie de les acheter parce qu’ils les auront vraiment adoré et veulent l’original.
N’oublions pas que les labels disaient dans les années 20, avec l’arrivée de la radio “pourquoi les gens continueraient-ils à achèter des disques s’ils peuvent écouter de la musique toute la journée à la radio ?”
Le disque en a souffert quelques années, puis l’industrie a su se relever, se renouveler, et faire encore plus de profits.
@ Ama-L : Pas d’accord sur Grégoire… enfin, si sur le fait que c’est une grosse daube, mais pas pire que tant d’autres daubes faites par des artistes kleenex et variétoches qui ont de “vrais” producteurs… Ce n’est pas l’absence de producteur qui fait que Grégoire, c’est de la merde, c’est plutôt le goût des gens, formaté par les producteurs des majors.
Que la musique soit une économie, doive permettre à ceux qui la font d’en vivre si leur musique plaît à un grand nombre d’individus, personne ne dit le contraire… mais pourquoi faudrait-il garder ce système-là ? Pourquoi faudrait-il forcément des producteurs ?
S’il existait un site du style “mymajorcompany” qui s’adressait à des gens plus exigeants, il en sortirait forcément des choses bien plus intéressantes…
Ce qui est passionnant dans l’histoire, c’est qu’on est dans une situation “révolutionnaire”, le rapport à la musique a radicalement changé depuis l’arrivée du net, et tout est à repenser… je ne pense pas que les vieux modèles soient “l’avenir de la musique”, et soient adaptés à cette nouvelle ère…
merci GT ^^
je partage tes questions, et j’insisterai encore sur le fait qu’on a plus de questions que de certitudes sur les modèles de l’économie numérique, c’est justement d’être si catégorique sur la question qui me parait à côté de la plaque dans le texte de ces producteurs.
Oui, ils sont bien trop frileux, et ce n’est sûrement pas comme ça qu’ils sauront s’adapter…
Concernant l’ami Grégoire et Mymajorcompany, je dois avouer qu’on est là face à un truc qui me rassure pas: Je crains que si ce sont les auditeurs qui produisent, on se retrouve à ce qu’on nous sorte des trucs pas mieux voire pire qua ce qu’on subit à l’heure actuelle. 2 raisons à ça:
- Les gouts des auditeurs: Sur ce point là je suis pas forcément d’accord avec G.T…. Ce ne sont pas forcément les major qui ont format les gouts de l’auditeur, c’est surtout, selon moi, que la musique est un art “batard”, en ce sens que c’est celui qui touche le plus de monde (des gens qui ne lisent pas ca existe, des qui n’écoutent pas de musique, beaucoup moins), mais aussi celui qui est traité le plus “par dessus la jambe” (de véritables passionés de musique, oui, il y en a, mais comparé à l’ensemble des gens qui en écoutent ca fait peu au final). Résultat, la majorit des gens qui écoutent de la merde n’en ont pas conscience… Et s’en tamponnent complètement! Si tu leur dit que c’en est tu te feras traiter de snob sans autre forme de proces.
- Le comportement pécunier: le systeme de MMC fait que on peut obtenir un “retour sur investissement” conséquent (l’exemple Grégoire avait fait la une quand étaient tombs ces sous là d’ailleurs.) Ce qui fait que j’ai peur que ce soit là une faille de ce système, dès le départ: créé pour que le gens filent un coup de main à des artistes qui leur plaisent, ca risque de dégénérer (si c’est pas déjà fait) en possibilité que les gens misent sur des artistes qui risquent de rapporter… un peu un PMU avec des chanteurs quoi.
Sinon, c’est bien entendu un article très intéressant que tu nous sors là Arbobo, avec un point soulevé qui me gène vraiment, outre le fait de jouer avec les chiffres (j’ai toujours été récalcitrant face aux statistiques… quelles qu’elle soient d’ailleurs.). C’est qu’il y a une grosse différence entre l’auditeur radio et ben “nous”. Le classement des trucs les plus écoutés sur Deezer c’est toujours les trucs déjà en rotation lourde sur la FM… Personnellement j’en déduis donc que la majorité des utilisateurs de Deezer y viennent pour… écouter ce qu’ils entendent à la radio, mais quand bon leur semble. En ce sens le site fait juste doublon de l’existant…
Et puis même, de toutes façons, j’ai l’impression qu’on oublie facilement que pour avoir accès à Deezer, il faut avoir un PC sous la main… ce qui n’est pas toujours le cas. En voiture, dans les transports, ou meme quand on a simplement envie d’utiliser sa chaine histoire d’avoir du son correct, c’est pas vers Deezer qu’on se tourne… Il sert plus d’outil intermédiaire avant d’aller plus loin (pour “nous”)…
En fait… je comprends pas le message que veulent faire passer les indés: ils préfèrent le fait de ne pas passer en radio à celui d’être découverts sur Deezer en fait, c’est ça?
pour deezer, il faut avoir un pc sous la main… ou un téléphone 3G, il y a une application iphone et je pense pour d’autres portables.
ce qu’il y a, c’est qu’on a besoin de temps pour mesurer le seffets de ces nouveaux types d’écoutes et analyser les comportements des utilisateurs.
or il faut bien prendre des décisions avant d’avoir ce recul. Je comprends que pour les acteurs du secteur ce soit flippant.
quant-au message, je crois que c’est “au secours” ^^
“Résultat, la majorit des gens qui écoutent de la merde n’en ont pas conscience… Et s’en tamponnent complètement ! Si tu leur dit que c’en est tu te feras traiter de snob sans autre forme de procès.”
Pfiouu, et c’est moi qui suit élitiste ? :o)
Si je vous dis que le rock c’est de la merde par rapport au classique, vous me traiterez pas de snob alors ? (hin hin hin) :op
(Tiens je sais pas du tout comment ça se passe chez le classique en termes de vente de disque. Est-ce que ça reste comme d’hab, c’est-à-dire merdique, ou est-ce que ça devient pire que merdique, je sais pas - faudrait voir chez Harmonia Mundi, jusqu’à présent ils se débrouillaient magistralement dans un secteur pourtant a priori impossible)
intéressant le cas Harmonia munbdi, parce qu’en jouant la différence ils se sont protégé sans le savoir de la disparition des disquaires, puisque la majorité de leurs points de vente sont des librairies.
le réseau de disquaires est devenu totalement moribond, par exemple ma petite ville de Niort a eu longtemps 2 disquaires (très bons, d’ailleurs), puis 3, puis 4 en comptant un spécialiste de l’occasion, et depuis 5-6 ans c’est la bérézina. Depuis décembre 2008, il n’y a plus que l’espace culturel leclerc, dans la zone commerciale.
et… Harmonia mundi chez le libraire.
Ce que j’en ai lu dernièrement, c’est que le classique, déjà un marché de niche, souffre moins que le reste. C’est un peu pareil pour le jazz. C’étaient et ce sont toujours des passionnés qui achètent des disques. Par ailleurs ce sont des musiques qui ne se vendent pas “à la découpe” (en singles), et ça joue.
Pour la même raison, les radios “de niche” comme Nova souffrent moins de la désaffection des auditeurs, quand les Skyrock, NRJ & Co se cassent sérieusement la gueule (sans doute qu’il y a là une concurrence des sites de streaming d’ailleurs).
@GT :
Grégoire “pas pire que tant d’autres daubes faites par des artistes kleenex et variétoches qui ont de “vrais” producteurs” : pour moi si, clairement. Je ne pourrais pas te dire précisément à quoi ça tient, mais je préfère deux heures de Lara Fabian à 10 minutes de Grégoire, c’est dire.
Producteur, c’est un métier, un savoir-faire, de la technique. Que certains utilisent cette technique pour faire de la merde n’y change rien. C’est exactement comme dire “on n’a plus besoin de journalistes, quand on voit Voici ou Entrevue ça prouve bien que, etc. etc.” N’empêche que je n’ai jamais lu sur aucun blog des grands reportages comme on en trouve dans XXI ou comme on en écoute sur les radios de service public ! Un bon producteur, un bon mixeur, ce sont des gens qui ont du goût, de la technique, de l’expérience et tout ça ne s’acquiert pas en deux jours ni en faisant ça une fois de temps en temps. Si ces métiers disparaissent, c’est la mort de la musique enregistrée. Restera le live, mais c’est juste pas pareil.
“S’il existait un site du style “mymajorcompany” qui s’adressait à des gens plus exigeants, il en sortirait forcément des choses bien plus intéressantes…”
Explique-moi, GT, comment il se fait que ce qui émerge sur MyMajor et autres “labels participatifs” est majoritairement sans intérêt. ça n’était pas dans leur code génétique : ils ne choisissent ni les artistes qui s’inscrivent chez eux, ni les internautes qui viennent miser.
S’ils avaient posé un macaron “Interdit aux goûts de chiotte”, tu aurais ouvert le porte-monnaie ?
Et s’ils décidaient de choisir tel artiste plutôt que tel autre sans tenir compte des votes des internautes, ils feraient quoi ?
Un boulot de… producteur.
CQFD !
mais rien ne dit, ama-l,
qu’entre des articles sur l’économie de la musique,
un reportage à manchester
ou des interviews d’une heure,
certains blogueurs ne finissent par se rapprocher du journalisme ^^
(c’était la minute “chevilles”)
la logique mymajor company ne peut fonctionner qu’à la marge,
parce que ça demande un investissement en temps, parce que le retour sur investissement financier n’est pas garanti non plus.
c’est comme la star ac ou nouvelle star, le public vote, et le gagnant fait un disque. On a vu avec la fin de la star’ac (qui ne faisait même plus de tournée) que ça ne dure qu’un temps.
Il faudra toujours des producteurs, je le pense aussi.
“Il y a donc de la part de Deezer une exploitation totalement différente d’un catalogue que nous considérons donc très très mal payée d’autant que, elle implique forcément qu’il n’y a donc plus de raison à acheter ces mêmes oeuvres.”
Ouais bah qqn qui trouve suffisant d’écouter un artiste sur deezer et de ne pas acheter le dit artiste en support CD n’est pas un auditeur d’artistes indés d’abord mais qqn qui écoute principalement des produits musicaux! Donc cette personne se sert finalement de Deezer comme d’une radio major lambda. Alors au placard cette pseudo-explication.
M**** me voilà encore énervé à lire ce genre de c*****.
Bref je souscris à cet excellent article (en attendant la suite) et aux propos de nouveau écrit par G.T. (par ex en quoi l’écoute du streaming va avoir une conséquence sur les ventes des artistes indé? puisque JUSTEMENT on ne peut pas les entendre à la radio, et que DONC ceci peut permettre de toucher un maximum de monde.)
Et traitez moi de snob, mais c’est qui ce Grégoire? Enfin je me doute que je loupe rien LOL
“mais rien ne dit que certains blogueurs ne finissent par se rapprocher du journalisme”
tutafait ^^
Mais ça reste “se rapprocher” ;) pour la simple et bonne raison qu’à rebours de l’idée reçue, le journalisme est une affaire collective. Un bon papier, c’est un bon rédacteur + un bon photographe + un bon SR + un chef de rub’ qui a relu (au minimum). Un bon sujet audio c’est un bon journaliste de terrain + un bon ingé son pour le montage et le mix + un animateur producteur qui a passé une bonne commande ou qui a affiné le sujet avec le reporter. Etc.
De la même manière, un bon disque, ça n’est JAMAIS un mec tout seul, il y a toujours au moins un mixeur, ou un ingé son dans le studio, des musiciens, enfin d’autres gens dont c’est le boulot, qui sont payés pour ça etc.
Dans le débat il n’y a pas juste des artistes, des auditeurs et des boîtes de prod’. Or j’ai l’impression que toutes ces “petites mains” sont, en général, évacuées du problème et c’est ça qui me gêne un peu.
“Mais ça reste “se rapprocher” ;) ”
ne t’en fais pas pour mon ego, je suis parfaitement d’accord.
on fait parfois la totale soi-même, dans certains journaux (en radio, les journalistes fotn leurs sons et les donnent montés, en tout cas un certain nombre, j’ai pu le voir de mes yeux),
en le formulant un poil différemment,
malgré une photographe de grand talent, sur arbobo.fr il n’y a en revanche ni conférence de rédaction, ni SR (je laisse plus de coquilles qu’ue armée de caliméro), ni chefs de rubrique…
d’où aussi un contenu plus fluctuant, moins rubriqué que le tien par exemple.
la possibilité technique ne fait pas tout.
re qui nous ramène au rôle des producteurs ^^
Dr F., sur ec que tu dis de la consommation de “produit” je suis assez d’accord, mais il y aussi une question de budget, un ado ayant bon goût, ou un rmiste qui se débrouille pour garder sa connexion internet, peuvent aller sur deezer écouter de la bonne musique.
une fois encore l’effet de substitution deezer/achat, on ne peut qu’avoir un avis sur la question, je n’ai pas encore lu d’études, et je ne sais pas si elles seraient univoques, d’ailleurs.
promis, je vous le point bientôt sur l’économie du secteur en tout cas sous un de ses angles importants.
“en radio, les journalistes font leurs sons et les donnent montés”
Quand ils sont très courts, pour du journal par exemple. (Et encore : sur une radio jeune de service public que je connais, les chroniques mêmes courtes sont mixées par des techniciens.) Mais un reportage chez Mermet n’est jamais livré “clé en main”. Et puis ils ont toujours discuté du sujet avant avec un chef de service. De manière générale, plus les journalistes sont multitâche, plus c’est signe de paupérisation de leur support (ça ne vaut pas que pour eux d’ailleurs : à Libé, les SR sont aussi maquettistes et correcteurs). Et si tu regardes bien, ça s’accompagne généralement d’un appauvrissement du contenu éditorial… que les blogs compensent pour une part, mais une petite part seulement.
… et je pense que c’est vers ça qu’on va tendre pour l’industrie musicale. Du pro qui se délite, de l’amateur éclairé qui compense sur certains aspects mais pas sur d’autres. Il en sortira bien quelque chose, certes. Mais quoi ? O_o
“mais il y aussi une question de budget” je suis bien d’accord avec toi et je sais de quoi je cause… n’ayant aucune source de revenu depuis 4 mois…
Et donc justement le streaming peut-être une source alternative de découverte puisque de toute façon, ces personnes n’ont pas les moyens d’acheter pour le moment. Alors on préfère avoir des artistes touchant le maximum d’auditeurs (enfin maximum c’est une façon de parler) via ce genre de procédés ou rester dans un certain anonymat? Je force le trait volontairement, les passionnés de musique sont minoritaires mais les faire pointer comme responsable de la chute des ventes de disques, y’a de quoi se les bouffer… surtout quand ça vient de maisons de disques indés…
@ Ama-L : Le fait que tu trouves Gregoire pire que n’importe quel boys band ou chanteur de variétoche… c’est bien sûr tout à fait personnel… et rares sont ceux qui partageraient cette opinion. C’est juste de la chanson française à la con, comme on en subit depuis très longtemps.
“Explique-moi, GT, comment il se fait que ce qui émerge sur MyMajor et autres “labels participatifs” est majoritairement sans intérêt. ça n’était pas dans leur code génétique : ils ne choisissent ni les artistes qui s’inscrivent chez eux, ni les internautes qui viennent miser.”
Ah mais si, c’est dans leur “code génétique”… parce que c’est un système de pari, d’investissement et de rentabilité, forcément, les gens vont miser sur ce qui ressemble le plus aux produits des majors, pas sur des groupes plus aventureux qui toucheraient un public plus restreint et ne leur rapporteraient rien…
Sur l’importance des producteurs… je ne vois pas trop en quoi la “nouvelle donne” actuelle supprimerait tout poste de producteurs, d’ingés sons, etc… il y en aura toujours besoin, et il y aura toujours des groupes qui pourront s’en payer.
Après, certains peuvent très bien s’en passer… on peut faire de la musique sans producteurs. Beethoven n’avait pas de “producteur” qui venait mettre son nez dans sa musique, et ses oeuvres n’en sont pas moins bonnes ou fascinantes que celles de tous les groupes de maintenant…
Suis à 100% d’accord avec les propos de GT et Dr F. Avant d’acheter des albums, faut pouvoir les écouter… Mais bon
Je voudrais par contre aborder le problème de la SACEM, SABAM, … contre qui les indés ne se révoltent jamais!!!! Ils plombent systématiquement les budgets des organisateurs de concerts(surtout de petits concerts évidemment) et les clés de répartition et tous les modes de calculs sont exploités par les majors qui jouent avec (via les programmations, les hits parades, … sur lesquels par manque d’infos, ces sociétés se basent).
Rien dans ce système n’est fait pour aider les indés. Pourtant, ILS ONT LES MOYENS DE VOUS AIDER (je me demande combien de millions ils touchent)! Nous, on PAYE (arghhh) … la Sabam (Sacem) quand on vous programme, mais elle ne vous donne rien! Si quelques centimes histoire pour vous faire taire! (pardon, je vais allez fumer un clope). Il ne s’agit pas ici de discuter de la légitimité de la Sacem et autres, qui est fondée, mais de son détournement. La aussi ce trouve une cible que tout le monde tait, et pourtant les scandales sont légions. Mais c’est plus facile de victimiser le mec qui écoute Deezer (pathétique).
en effet fonzi.
précisons tout de même, que depuis un livre assassin sur la Sacem, et un rapport de la cour de comptes sur les organismes de répartition (pas seulement la sacem),
il y a moins de silence sur les insuffisances de leur fonctionnement :
frais de gestion élevés (en baisse depuis, bien obligés),
qualité de la répartition à améliorer.
donc le constat est fait même par le institutions de contrôle,
la Sacem doit faire beaucoup mieux.
je le dis régulièrement, ça fera une fois de plus ^^
Oui, elles doivent faire mieux, mais je n’y crois pas. Elles vont jeter quelques miettes en plus et mettre en avant de pseudos efforts de rationalisation! Ce sont des sociétés privés et elles ont un monopole absolu. Elles sont tranquilles!
Quelques réflexions et pistes sur le sujet :
- pourquoi payer des droits d’auteur lors des concerts vu qu’on paye déjà un cachet au groupe pour son travail et sa prestation (on ne paye pas que le spectacle, c’est le contenu qu’on achète aussi, donc les droits d’auteur pour la durée du concert). Ça serait une fameuse bouffée d’oxygène pour les organisateurs qui se répercuterait directement sur la fréquence des concerts et le nombre de groupe qu’on pourrait inviter, donc faire de la promotion, ce qui leur permet aussi de vendre des disques au concert, ce qui marche toujours bien!
- pourquoi les radios payent des droits d’auteur à la Sacem qui se sucre au passage et les redistribue de façon plus que douteuse. Que les radios s’arrangent avec les labels et les labels avec les groupes! Une radio, un site de streaming, … qui diffuserait un groupe sans son accord pourrait être attaquée par ce dernier. Il faut dés lors créer cadre juridique efficace, et simple (il s’agit simplement de diffuser ou non un morceau, comme d’avoir le droit de vendre un produit). Les médias sont des clients des artistes. Et pas l’inverse comme tout le monde semble l’oublier!
Des sociétés de gestion de ces droits seraient alors créées très rapidement, créant alors une concurrence bénéfique. On ne peut pas se passer d’organismes de contrôle des droits d’auteurs. Mais dés lors que l’on pourra choisir selon quel mode de fonctionnement les artistes désir se vendre, elles pourront se démarquer.
Pour finir, j’ai parfois l’impression que les artistes et les labels ont perdu le contrôle. C’est comme si je passais par une entreprise indépendante (ayant un monopole et aucune connaissance de mon métier) pour toucher le fruit de mon travail. Non, JE facture le client en direct! C’est une fuite de capitaux énorme. La aussi se trouve une partie du salaire des artistes,
Ces réflexions ne concernent que la musique (pour la video, les livres, … et autres, je n’y connais rien)
Bon, c’est peut-être naif, mais ça me semble quand même plus intelligent que payer la Sacem! Et j’ai bien conscience qu’il ne s’agit que d’une pièce du puzzle, mais cette pièce pèse lourd.
Le fameux livre dont parle Arbobo, c’est Main basse sur la musique, enquête sur la SACEM… un excellent livre, édifiant… d’ailleurs, après les majors, je comptais m’attaquer à la SACEM… parce que même s’ils ont dû revoir certaines choses, ils restent très critiquables.
Je ne sais plus qui me disait sous “la pub audio sur deezer” qu’il serait bien content de voir deezer couler, que ces gens-là cherchent juste à se faire du fric sur le dos de la musique… mais ce n’est rien face aux majors et à la SACEM. On me dira que les producteurs et la SACEM apportent aussi aux artistes, sont impotrants… mais des sites du genre deezer sont aussi importants pour le public, dans cette nouvelle ère…
Et quand on voit les dépenses inconsidérées de la SACEM et des majors, faites sur le dos du travail des artistes, on a souvent l’impression de parasites, qui plus que de “servir les artistes”, se servent des artistes… quand on voit le fric qu’ont pu rapporter les artistes et que majors et SACEM ont jeté par les fenêtres, il y a de quoi avoir la haine, surtout lorsqu’on est un jeune artiste qui galère…
Un article sur la Sacem et la gestion des droits d’auteur… je suis déjà curieux de voir les avis!
fonzi,
je partage certaines de tes critiques,
mais attention sur certains points :
- “pourquoi les radios payent des droits d’auteur à la Sacem qui se sucre au passage et les redistribue de façon plus que douteuse. Que les radios s’arrangent avec les labels et les labels avec les groupes!”
c’est une aberration totale !
déjà les radios ne se donnent pas la peine de faire une sortie précise des titres qu’elles diffusent, alors qu’elles ont un interlocuteur unique,
comment peut-on croire 2 secondes qu’elles se donneront la peine de prendre 10 fois plus de temps pour : faire ce décompte correctement, rétribuer les artistes directement.
d’ailleurs ce n’est pas leur boulot. Leur boulot est de déclarer précisément ce qu’elles diffusent, si déjà elles le faisaient on ferait un grand pas. Les artistes n’ont pas forcément le temps de gérer ce genre de choses, et encore moins les moyens de vérifier sur quelle base on les rémunère. Comme s’ils n’avaient pas déjà assez de trucs à gérer eux-même ;-) Pour la sacem c’est simple, les comptes des radios sont publiés, on connait le montant de leurs ressources publicitaires et on applique un pourcentage.
tu dis toi-même plus loin qu’il faudra toujours des organisme de gestion-répartition des droits. La question c’est d’exercer un contrôle efficace sur ces organismes. La concurrence n’est pas une solution en soi, on le voit bien avec l’entente sur les prix entre les chaînes d’hypermarchés ou dans la téléphonie. D’ailleurs sur les paroles, la Sacem et la SACD sont d’ores et déjà en concurrence. La vérité aussi, c’est que le nombre d’artistes a explosé depuis un moment, aggravant les conséquences d’une mauvaise répartition. Un bon contrôle, c’est justement le rapport fait par la cour des comptes et par la commission chargée de les surveiller.
ensuite tu dis :
“pourquoi payer des droits d’auteur lors des concerts vu qu’on paye déjà un cachet au groupe pour son travail et sa prestation ”
ce que tu dis ne marche que dans un seul et unique cas :
aucun disque diffusé avant le concert ni entre les sets, et aucune reprise jouée.
Le cachet c’est un contrat de travail, ce n’est pas une rémunération de la propriété intellectuelle.
évidemment, la vigilance du public sur ces points ne peut qu’aider à pousser dans le bon sens :-)
Je m’attendais à être critiqué, et c’est légitime vu que je ne suis pas spécialiste Mais (ben oui!)
Même si je suis ton raisonnement, qui est juste, je ne voyais pas du tout les choses de cette façon :
Je te cite :
“comment peut-on croire 2 secondes que les radios se donneront la peine de prendre 10 fois plus de temps pour faire ce décompte correctement, rétribuer les artistes directement”
100% d’accord. Aucune (quasi) radio ne le fait. Et ni les artistes ni la Sacem ne sont en mesures de contrôler la diffusion. Du coup, ca donne des modèles de calcul débiles. Alors pourquoi continuer sur ce système!!!! On est sur un mode de calcul basé sur un nombre de diffusion que personne ne peut contrôler et qui de plus fait le jeux des Majors qui nous passe 15 fois Britney par jour. Non, c’est un mode de calcul absurde et non contrôlable. Quand j’ai émis l’idée que les labels s’arrangent avec les radios, c’est selon un principe plus simple qui élimine les intermédiaires. Si j’étais artiste, je vendrais mes droits de diffusion d’un album pour un montant fixe à une radio, et on arrête d’essayer de compter,ce qui coute et ne sert à rien! Selon la notoriété, les prix pourraient varier. Idem selon la qualité. Certain groupe pourrait pratiquer des prix plus bas? Ben oui, et alors… C’est comme ca que ca marche pour tout le monde, sur tout les marchés, mais pour l’art, c’est tabou. Et les groupes à la con, on en aurait peut-etre un peu moins par un choix plus réfléchis des radios. C’est dans ce sens que je proposais que les labels vendent à des radios le droits de diffuser, selon un tarifs fixe et unique. Quand on achète un album, on le paie une fois et on l’écoute autant qu’on veut. Idem pour tout objet.
- pour les droits d’auteur dans les concerts, on paye la Sacem (Sabam chez nous), en fonction du cachet total du plateau présent pour le concert (ou selon le nombre de places vendues. Le choix est évidemment le plus avantageux pour la Sacem). Et cela même si il n’y pas de Dj, pas de radios, pas de gsm et qu’on interdit à tout le monde d’écouter son MP3!!!! C’est peut-être différent chez vous. En gros, on paye chez nous pour les concerts!
Voila déjà un peu plus de précision.
PS : je suis pas un spécialiste du sujet, des raccourcis parfois trop simple (je m’en excuse), mais le système actuel est débile et la Sacem doit cesser d’exister. Elle n’a jamais été utile, au contraire. Je suis pour un contact direct des artistes avec les radios, et pas une Sacem au mileu qui prend sa “com” comme un ministre. Mes solutions ne sont peut-etre pas les bonnes… ca oui, c’est possible!
d’après le “B” de sabam, je déduis que tu es belge, je ne connais pas le système belge, donc je n’ai pas d’avis.
je ne crois pas au système de relation directe, parce qu’il crée une différence entre les artistes qui feront l’effort de démarcher eux-mêmex, et ceux qui ne le feront pas, pour des raisons qui leur appartiennent (légitimes ou non, là n’est pas la question),
donc je trouve que c’est inégalitaire dans le principe, alors que le problème de la sacem n’est pas dans le principe mais dans l’application.
Je trouve odieux de donner l’avantage aux artistes qui sont les plus “gestionnaires” ou les plus capables de réclamer leur blé, alors que la question n’est pas là, elle est que tout artiste doit être rémunéré pour son travail. Je ne t’accuses de rien, simplement je vois les choses autrement. Je vois où tu veux en venir, mais le moyen me parait inadapté.
Le principe de la sacem n’a rien de scandaleux, je suis même 100% d’accord avec sa vocation, c’est le résultat qui craint.
cela dit, ne t’excuse pas de ne pas être spécialiste, le sujet est compolexe et technique, certes, mais tout le monde a légitimement le droit de donner son avis :-)
La, je suis pas d’accord avec toi car je prend pas le problème dans le même sens!
Inégalitaire, avantage aux artistes gestionnaire. Evidemment. la vie est inégalitaire. Des artistes doués qui bougent pas, j’en connait trop et depuis assez longtemps que pour arrêter de les plaindre. La plupart ont eu des opportunités qu’ils n’ont jamais su saisir (le plus souvent par paresse, c’est pas un problème de capacité).
Ceux qui se sont battus ont réussis. C’est pas toujours la richesse, mais ils vivent de leur passion, c’est qui est un luxe en soi. Dans la vie, y’a pas que des cotés positifs. Dans mon métier, tout ne me plait pas, mais c’est comme ca! Si on ne fait que ce qu’on aime bien, on est mort! Pour les artistes, c’est comme si leur génie devait suffir!!!!!!
Pour le principe de la Sacem, moi aussi je suis d’accord. Mais il faut avouer que ca ne marche pas! Et je ne vois pas comment une gestion aussi lourde pourrait un jour marcher. C’est pas réactif, complètement inadapté aux moyens de communication actuelle. Ce sont des petites structures réactives, innovantes, qui sont à même de suivre une évolution de plus en plus rapide et variée!
J’espère qu’il y aura un article sur le sujet. Je vais pas continuer à débattre sur la Sacem ici, c’est pas le but de ton article.
PS : pour les artistes qui en glandent pas une, j’y vais fort! A la relecture, un brin de modération aurait été le bienvenu.
Arbobo, si jamais un jour tu voulais rencontrer L.Petitgirard pour discuter de tout ça, tu peux me faire signe ! ;o)
Petitgirard est président de la sacem, d’où la propsition de djac.
Je ne dis pas non et j’apprécie ton offre. J’avais en tête d’autres sujets que la répartition des droits, mais je retiens l’idée. Si l’envie l’en prend il peut évidemment venir ici aussi défendre son point de vue :-)
J’ai trouvé quelque une de ces relfexions :
je pense que nous arriverons à une nouvelle forme de licence où les utilisateurs, moyennant une majoration de leur abonnement à laquelle aura participé le fournisseur d’accès, auront accès à des fichiers fournis par l’ensemble des producteurs avec des fichiers sains et normés, assurant une parfaite traçabilité des ayant-droits” (c un système simple de forfait)
Lorsqu’ils vont se rendre compte que l’Hadopi ne marche pas, “ils vont mettre au point la licence globale en se partageant le gateau avec les fournisseurs d’accès, monter une structure dans laquelle l’ensemble de l’argent réparti ira d’abord des fournisseurs d’accès aux majors, et les majors distribueront des miettes aux artistes”, prédisait Jacques Attali. “C’est très important que les artistes comprennent qu’il faut que eux prennent en main le système”. (Ha , lui aussi il pense que les artistes doivent gerer leur businnes, mais ce me pariat bizarre de la part du président de la sacem)
Bon, j’arrête, c’est promis. J’attends ton article!
Quand on est programmateur en radio, on programme (on devrait en tout cas) selon la qualité des morceaux, pas la “gnaque” des artistes (je ne compte plus les artistes à “gnaque” hyperactifs dans le web 2.0, dont le répertoire est sans intérêt aucun). Et on les rémunère (on devrait en tout cas) de manière égalitaire.
Je connais des programmateurs qui font un excellent boulot, et même qui déclarent scrupuleusement les diffusions au poil près à la Sacem. Leur demander de dealer directement avec les labels, non seulement c’est assez délirant techniquement (ça n’est quand même pas leur boulot) mais en plus c’est la porte ouverte au clientélisme ! Les bons attachés de presse se donnent déjà la peine de faire le forcing auprès des programmateurs, mais si en plus la relation de fric est directe, ce serait la porte ouverte à tous les abus et à toutes les magouilles.
La Sacem n’est pas parfaite, ça ne fait aucun doute, mais la concurrence, c’est nettement pire.
C vrai. Suite à tes commentaires mais également ceux d’Arbobo, je réfléchis pas mal sur le sujet et je commence à changer d’avis… ben oui. Mais je ne désespère pas de trouver un jour quelques pistes! (suite dans un article dédié au sujet)
http://www.lesechos.fr/info/metiers/020239846063-la-musique-en-streaming-cherche-la-rentabilite.htm
un article qui fait parfaitement le point sur la viabilité pas encore démontrée du modèle deezer.
j’en profite, puisque le journaliste ne le fait pas, pour souligner combien les recettes de deezer sont minuscules comparées à celles d’une grosse radio musicale.
L’industrie musicale a cru, naïvement car elle avait surtout envie d’y croire, que les recetes allaient seulement se déplacer, alors que dans le “nouveau modèle”, il y a moins d’argent pour elle, de toute façon.
Je viens de tomber par hasard sur votre article et je dois dire que le vrai problème des indépendants vis à vis des grosses radios n’est qu’un problème politique. Je pense que l’on devrait instaurer des quotas de diffusion pour les indépendants sur les radios et les télés comme cela a été fait pour la chanson française. Aujourd’hui, si vous êtes indépendant, même si vous débarquez avec un gros hit, les grosses radios ne vous rentreront jamais en playlist. En effet, les radios préfèrent diffuser des titres provenant de major car les majors sont de bons clients qui ont les moyens de promouvoir les oeuvres diffusées à l’échelon national et d’acheter de l’espace publicitaire à l’année sur les grosses radios. La boucle est bouclée. Il est donc évident que le petit indépendant n’a aucune chance de réussir sauf miracle.
Alors à quand un quota de 15% de musique indé sur les playlists de toutes les radios ?
Vu le nombre de nouveaux artistes qui deviennent extrêmement célèbre chaque année (4 ou 5), l’artiste indé a sûrement beaucoup plus de chance de devenir riche en jouant à l’euromillion (50 par an)
exactement wurtzy, c’est une affaire de sous, les majors dépensent énormément en pub et font bien comprendre aux radios que si la playlist ne reflète pas cet “investissement” elles peuvent retirer leurs billes.
et ce n’est pas près de s’arranger :-/
Merveilleuses reprises
Bon article, mais je ne comprends pas bien l’argument du nombre d’auditeurs simultanés pour la radio. Il s’agit justement de deux mediums différents, pourquoi les comparer ? Et chez moi on écoute Deezer à deux, il faut refaire le calcul ?
Les services de streaming ne se posent pas comme alternatives à la radio, mais comme alternatives à l’achat de musique “matérielle”. Là, le constat est beaucoup plus consternant, quant on calcule combien il faudrait d’écoute en streaming pour réunir l’équivalent de la vente d’un CD (environ 10 000 écoutes…)
C’est l’histoire d’un modèle économique qui change, qui induit une consommation qui change - on trouve normal d’avoir à notre disposition des millions de titres pour finalement presque rien.
Il ne se passe rien de nouveau qu’à l’époque du piratage (à mon avis, le streaming est une forme de piratage qui a tout simplement trouvé une faille légale); s’il y a disponibilité universelle et (presque) gratuite de toutes les musiques, on ne peut blâmer l’audiophile d’en profiter. Ou si on veut voir plus noir, la musique a aujourd’hui encore moins de valeur qu’à l’époque du téléchargement illégal : elle ne vaut même plus l’espace qu’elle prendrait sur notre disque dur !
Malheureusement, amis musiciens, il va falloir s’y faire : plus personne ne veut payer pour la musique numérique, plus personne ne veut stocker la musique matérielle, et quelles que soient les lois ou ententes commerciales passées, rien n’y fera.
T