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La drôle de frimousse de Lissy Trullie

A New York, avoir du style est plus important qu’avoir le ventre plein. Avoir du style c’est ce qui te fait exister.
On n’est pas à la fois capitale mondiale des névrosés et de la hype pour rien.

Vu de Paris, le style parfait inquiète ou rend boudeur, en tout cas il sème la jalousie et fait naître la suspicion.
Autant dire qu’avec sa bouille d’enfer et son pedigree de top model, Lissy Trullie a de quoi en faire, des jaloux suspicieux.
Et ce n’est pas l’écoute de son disque qui va arranger ses affaires, parce qu’en plus les musiciens de tout poil vont s’ajouter à la liste des envieux. Et puis tiens, c’est décidé, je lance une pétition contre ces gens trop cool, trop beaux et trop talentueux. Comment ça, “aigri”? Vous voulez rire, je suis juste envieux jusqu’à la dernière goutte, rien de plus ^^

L’an passé Ladyhawke nous avait fait prendre un abonnement à “cuir et décibels magazine”, le magazine que si tu aimes les rockeuses qui bougent bien tu l’aimeras aussi. Cette année Lissy devrait lancer une épidémie de “et sinon, heu, t’es sûre que tu veux pas mon number?”

Et comment, qu’on veut lui donner son number à la miss. Non mais écoutez moi ça, on est déjà en train de faire le gogo dancer debout sur le bar au 2e morceau. Il en reste 4, va falloir penser aux anabolisants pour que les jambes tiennent.

On avait promis de vous en reparler, de cette pépite du festival des Inrocks. Alors on vous en cause :-)

Le plus étonnant avec Lissy Trullie, c’est que cette new yorkaise jusqu’au bout des ongles nous sort des titres aux airs de d’inédits des Smiths (sur Boy boy, mais même sur Forget about it). Amateurs de pop anglaise au cordeau, vous allez être servis.
De sa voix grave juste ce qu’il faut trainante, elle balance l’air de rien comme si elle en était à son 5e album. Attaques nettes et voix maitrisée sans faux pas, elle se paie le luxe de nous apporter un timbre qu’on n’avait pas encore entendu.
Sans fioritures, ses morceaux bien balancés et syncopés laissent la Fender passer devant puis derrière la voix, avec des finals un brin rétro tout ce qu’il y a de plus cool. Et alors qu’on pensait pouvoir se reposer deux minutes, on termine sur Ready for the floor, son faux rythme à la Clash, sa petite phrase en français, et comme un regard par en-dessous qui décidément nous fait sortir de la réserve. Self taught learner est paru chez Downtown, où elle côtoie sans rougir Art brut ou Santigold.

On a beau tourner le truc dans tous les sens, rien n’y fait. Se demander pourquoi on passe son temps à fustiger chez tant de groupes le manque d’originalité, si c’est pour sauter de joie lorsqu’une effrontée nous ramène 25 ans en arrière. Rien n’y fait. Des colonnes, avec des croix. Un graphique avec de belles courbes en couleur. La colonne des “moins” reste vide, et la seule courbe qui ressort est de couleur rousse comme la crinière d’Elizabeth “Lissy” Trullie.
Au premier qui nous dira que Boy boy débute sur un air de ressemblance avec Dancing with myself, on rétorquera que ouais mec, ouais mec, en hochant bêtement la tête tellement on s’en fout. Du moment qu’on peut balancer les bras avec herself, on a ce qu’il nous faut.

Ce EP démarre carré et fruité, et se déguste tout du long comme une bonne mousse fraiche au bar de notre salle préférée. Elle envoie à fond, sûre de ses fondamentaux, nous toise depuis la scène alors on s’approche. “Are you watching me? Am I different or am I just the same?” interroge-t-elle à la manière de la Madonna des débuts. Pour répondre il faudra comparer avec son prochain disque. Et on comparera d’autant mieux qu’on ne va pas se lasser de celui-ci.

A déguster dans le Festival des Inrocks tck tck tck, elle sera notamment le 7 novembre à Paris !