Juliette Desurmont à mots découverts : interview
Durant les années 90, de beaux albums de pop intelligents et élégants ont fleuri en France, rencontrant rarement le grand succès. La critique pourtant a su rendre justice à certains d’entre eux, à commencer par Juliette et les indépendants.
Après quelques morceaux et deux albums, dont un magnifique 14 juillet qui n’a toujours pas vieilli, le duo a plié bagages. Mirwaïs, qui en avait profité pour clore définitivement la période Taxi girl, a ensuite été l’artisan du renouveau de Madonna (Music). Et Juliette Desurmont, avec sa réserve naturelle, sa grâce et ses paroles droit au coeur? Que devenait donc Juliette?
Lors d’un showcase il y a quelques temps, elle m’avait fait en guise de dédicace un petit crobard très rigolo, avec pour tout commentaire “pour … plein de cheveux”, au vu de la touffe qui surmontait mon crâne ^^
C’était mignon, personnel, et plein d’humour. C’est cette femme là, cette chanteuse trop rare, que je me suis enfin décidé à appeler après des mois d’hésitations.
Je la prends un peu par surprise au milieu de l’été, et voilà qu’elle accepte des questions mal élevées :-)
On lui souhaite bon vent et une belle route pour la suite, quelle qu’elle soit.
Un si beau paysage
Juliette, on a souvent mentionné que tu étais mannequin avant de chanter. Est-ce que les deux se sont superposé?
Il y a eu un moment entre les deux, je ne suis pas passé directement de l’un à l’autre, déjà parce que j’ai arrêté très tôt. J’ai arrêté à 20 ans, à un moment où ça marchait vraiment très bien, ça commençait à bien décoller comme mannequin. Mais j’ai arrêté à cause de la frustration de ce métier, c’est banal à dire mais on est un instrument. Autour de nous tout le monde apporte un aspect créatif, alors que soi-même pas vraiment. Et puis arrêter tôt c’était une manière de prendre les devants, arrêter avant qu’on ne m’arrête.
Ce passé dans la mode, c’était un avantage ?
Avoir été mannequin n’aide pas vraiment à faire de la musique. Ca fait parler, parce que c’est un milieu qui fascine, parce que ça incarne la beauté, mais dès qu’on veut en sortir c’est rapidement un désavantage. Ca colle à la peau et c’est très difficile d’acquérir de la crédibilité ailleurs.
Le chant et l’écriture, est-ce que c’est le fruit de rencontres ou d’abord de ton envie?
Je suis venue à la musique par mon propre désir, c’était un choix. Puis j’ai rencontré Mirwaïs, et comme dans Taxi girl ils travaillaient de moins en moins ensemble, je me suis glissée dans l’ouverture. Comme on vivait ensemble il ne pouvait pas trop dire non. (rire)
Dans Juliette et les indépendants tu as d’abord apporté les paroles, mais aussi des mélodies progressivement.
Nos tout premiers enregistrements datent de 1986 environ. D’abord j’écrivais les textes puis de plus en plus je me suis impliquée dans les mélodies. Sur l’album 14 juillet j’ai apporté beaucoup de mélodies vocales. Après Juliette et les indépendants, en travaillant toute seule je m’y suis mise entièrement, mais ne pas jouer d’instrument me limite. Je fais tout à l’oreille, ce qui complique un peu.
Tu as aussi écrit pour d’autres.
C’est d’abord parti d’un concours de circonstances. La chanteuse Marie-France était en studio quand elle y a rencontré Mirwaïs, et elle m’a demandé des paroles. Ca n’était pas simple, il a fallu que j’adapte mon écriture à son phrasé. Le deuxième tiroir est sur son album de 1997, la musique est de Yann Péchin. C’était la première fois que j’écrivais pour quelqu’un d’autre. J’ai aussi fait un texte pour Jil Caplan, mais la chanson n’a jamais été publiée.
Aujourd’hui, es-tu toujours dans la musique?
J’ai arrêté il y a un peu plus d’un an. J’ai fait des maquettes, une dizaine de titres, ça prend du temps. Mais j’ai tendance à ne pas insister quand ça ne fonctionne pas, c’est tout le problème quand soi-même on doute c’est difficile de s’accrocher.
Quoique soient vos projets, chère Juliette, on s’accroche avec vous, de tout coeur !
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l’Arbobo est grand !
pas aussi grand qu’un cactus tout de même ^^
mais je suis ravi que tu apprécies :-)
juliette et les indépendants reste un groupe fabuleux d’une rare pureté quelquechose qui touche droit au coeur juillet reste incontournable et unique.
je ne m’en lasse pas non plus sophie :-)
Toujours un bonheur, qui remet de la douceur dans l’éclectisme ambiant. Et quelle production !
Charmant groupe (re)découvert il y a peu, bien représentatif de la pop française de l’époque.
Voix acidulée de Juliette sur fond de synthé/guitare, mmmh…
La reprise de “Je suis déjà parie”, entre autres, est encore supérieure au titre par Taxi Girl.
Un album que j’écoute régulièrement depuis sa sortie.
Le mix entre seppukku et melody Nelson.
Juliette, reviens!!
comme tu dis asco :-)
je crois que juliette a fait un autre choix, mais il nous reste ses disques (et moi, le souvenir de ces rencontres fugaces, que je garde jalousement)