Julie Doiron et les états d’âme d’Eric
A la basse, Julie Doiron fit ses premières armes musicales dans un groupe baptisé Eric’s trip, d’après le titre d’un morceau de Sonic Youth. Lourde influence, mais un son tout aussi lourd pour un rock au papier de verre.
Nous voilà avec 9 albums de Julie Doiron, l’un des trésors les mieux gardés du Canada. Un album qui revient à ce son rock, lourd, épais, des premiers disques d’Eric’s trip mais aussi de ses premiers enregistrements, qu’on peut retrouver sur Broken girl.
On se demande ce qui peut manquer à Julie. Elle est géniale, aimable, libre comme le vent, elle mène à la fois des tournées internationales et une vie de mère, les cadors se précipitent pour chanter avec elle, elle est sur un label remarquable (Jagjaguwar)… Elle vit même à peu près de son art, autant dire un luxe. Et puis on se souvient d’une chose. Lorsque, tout fier, on clamait partout qu’on l’a interviewée, personne ne voyait de qui il pouvait bien s’agir. “Jodie qui? … laisse tomber, écoute ça plutôt”.
Si le rock est une voie lactée, certaines étoiles se voient moins que d’autres. Mais quand on s’approche, c’est de ces astres là qu’on veut se mettre en orbite. Des Lisa Li-Lund (son amie), des Okkervil river, des Marie-Flore, à l’inspiration sans cesse renouvelée, des artistes au style affirmé mais qui savent s’aventurer dans différentes contrées, qui à force de mélanger des registres rock, pop, folk parfois, au service de leur songwriting, nous font oublier que ces styles se sont longtemps ignorés.
Avec Julie Doiron, les albums sont richement mis en son, armés pour l’écoute répétée. Sur scène, elle se contente souvent de sa guitare, décidant en cours de concert ce qu’elle va jouer. A nu, direct et sans complexe, sans atour, avec une facilité déconcertante. Toujours avec une apparente légèreté qu’on retrouve sur cette nouvelle pochette, aussi enfantine que son Glad to be alive final.
Retrouver Julie Doiron, c’est toujours une vraie joie. Après le très rond, très pop Woke myself up, truffé de bijoux, elle nous a donné l’an passé un disque passé totalement inaperçu. Avec le groupe Mount Erie, elle a publié un Lost wisdom sec et terreux, aux confins du blues, un des meilleurs disques de 2008 dont personne n’a pris le temps de vous entretenir. Cherchant toujours à éviter l’ennui, la voilà dans une troisième direction en trois disques, mais arpentant toujours un territoire qu’on sait le sien.
Voilà donc I can wonder what you did with your day. Dès le début on retrouve ce petit chat dans la gorge, ces histoires qu’elle raconte avec naturel. Son compatriote Neil Young semble en embuscade sur Spill yer lungs, un des nombreux sommets rock de ce disque. Après l’avoir entendue sur scène, on savoure la version album, plus ample par la force des choses, plus crade aussi (consolation prize). Mais aujourd’hui Julie sait laisser sa voix devant, douce et détachée, nous embarquant sur Tailor, et revenant pour une fois au français (Je le savais), qu’elle n’avait utilisé que sur un seul album.
Elle peut alors se permettre des sons moins habituels chez elle, plus “studio”, comme ces frottements quasi électro de When brakes get wet, qu’on se repasse et qu’on se repasse.
C’est un beau disque. C’est du Julie Doiron. C’est normal. :-)
Le clip de Heavy snow
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jolie découverte (pour moi), merci…
au plaisir :-)
la découverte est justement le but de ce site.
Je comprends pas comment j’ai pu passer à côté avant. Vraiment splendide. Je t’ai backlinké pour la découverte ;)
A+
Bzn
http://www.playlistsociety.fr/2009/05/julie-doiron-i-can-wonder-what-you-did.html
merci benjamin :-)
il faut dire qu’elle n’a jamais beaucoup de presse cette chère julie, je ne comprends pas pourquoi. à son dernier passage en france elle a à peine rempli la mécanique ondulatoire, c’est fou!
C’est un beau disque. C’est du Julie Doiron. C’est normal. :-)
Que tu dis.
Ben oui, aussi un des meilleurs trésors cachés du Canada, comme tu dis aussi.
Elle fait rien pour que ça change d’ailleurs puisqu’elle vient de sortir un album sans le dire à personne.
Je n’aime pas l’autolien, mais, bon : Daniel, Fred & Julie.
;-)
pour les intéressés, nous avons réalisé un album tribute à julie doiron :
http://www.paperheartmusic.net
il comporte des morceaux fait par ses anciens camarades de eric’s trip, snailhouse, herman dune,etc….
Tout l’album (ainsi que nos autres sorties ) sont en téléchargements gratuits sur le site )
francois (pph)
merci françois
banzaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !