Joseph Léon : hard as love
Joseph Léon a ouvert à coup de guitare une brèche dans le temps.
Lové dans un repli du passé, il distille un folk si nostalgique qu’on est saisi.
Abonné depuis des mois aux premières parties d’artistes reconnus, on l’a vu une première fois nous laisser une impression plus durable que la tête d’affiche.
Et il nous a refait le coup une autre fois, le genre de premières parties qui vous sauve un concert et vous permet de rentrer chez vous balancer aux amis : “tu connais pas Joseph Léon? vas-y direct, c’est du bon”.
Et aussitôt de recommander l’écoute prolongée de Up in the air ou oh man.
Drôle comme tout dans son rôle de pierrot lunaire, il sait aussi apaiser la tension que procure sa musique.
Up in the air
Car Hard as love est un disque fantôme. Un disque hanté et enc-hanteur. On y croise les spectres des pop songs parfaites d’America, et l’ombre dépressive de Nick Drake (Myriam). On y goûte la saveur des pique-nique au temps suspendu, et on songe aux nuits d’été. On trinque en faisant le clin d’oeil à Cat Stevens, auquel son chant me fait irrésistiblement penser.
On écoute Joseph Léon les yeux mi-clos, se demandant si c’est le vent ou une main délicate qui vient jouer avec nos cheveux. Le coeur inquiet de Joseph Léon décline ses peines (One in, one out), un verre après l’autre, accoudé au bar du cabaret (Forever cold).
Arrangé avec finesse et sobriété, cet album ignore les racines orientales et n’a d’oreilles que pour l’Amérique (Across the sea). Une Amérique de films, peut-être, calée dans la parenthèse enchantée d’un Bob Dylan toujours jeune et d’un printemps éternel de 1970.
On a alors le droit à un répit bienheureux, pour savourer Up in the air, sans doute ma préférée du disque, la plus en clair-obscur peut-être.
La douceur et le regard bonhomme de Joseph Léon sont un piège. Car on reste dans ce disque comme dans une nasse de tristesse, encore et encore. Comme sur la plage d’un pays toujours en guerre, où le temps d’un soir seul le ressac vient nous bercer d’une illusion de paix (Painless).
Que c’est bon d’être triste.
Joseph Léon sera à la boule noire les 18 & 19 septembre. Vous savez qu’offrir à vos amis :-)
Tweet
Le morceau que tu as mis est vraiment très sympa, mais ça fait un peu musique pour sieste crapuleuse je trouve…. enfin un truc à écouter (ou pas) à deux… et moi bah… chuis touseuuuule, bouuhouuuu !
à toi de le faire écouter à la bonne personne alors ^^
oui c’est aussi parfois très sensuel joseph léon, tout dépend par quelle oreille on l’entend :-)
Je vais être cruelle mais… rien ne sert de courir, il faut partir à point, et Nick Drake a déjà sprinté par-là… je trouve la filiation bien trop souligné pour ne pas être énervante! Mais c’est pas grave, je te laisse quelques jours pour me faire découvrir une autre perle. :)
soulignée* évidemment.
sur l’ensemble de l’album on pense à d’autres influences que la seule de nick drake, et puisque je parle de nostalgie je ne peux pas nier les influences, ça va ensemble,
mais il y a tout de même de vrais morceaux,
et ils “dégagent” quelque chose.
l’autre jour christophe me parlait d’un disque “tu sais, le truc tellement triste, là”, j’ai su qu’il me parlait de cet album et c’était le cas :-)
Salut,
ce garçon est-il français… ? Il en a l’accent en tous cas.
Je n’ai écouté que ce morceau sur le site, et franchement je ne vois pas du tout la filiation avec Nick Drake, du coup comme c’est celle-ci qui m’avait attiré par ici, je suis un peu déçu. C’est beaucoup plus americana à mon sens.
Cela dit, je ne trouve pas qu’il soit mauvais, loin de là mais je trouve cette mélodie un peu plate. J’attend d’en écouter plus avant de me désintéresser définitivement.
Cela dit je découvre ton blog, qui à l’air fort passionnant !
Alors, petite rectification. Je viens d’écouter le clip de One in One out également sur ce blog et cela me permet d’ajouter 2 choses :
1) C’est bien meilleur que le premier titre entendu ici !
2) Je ne vois toujours pas le lien avec Nick Drake. Avec Les Nourallah Brothers, par contre, oui !! Sans aucun doute. Et c’est un compliment en ce qui me concerne :)
salut renaudi,
joseph léon est libanais :-)
en fait au début je ne voyais pas le lien non plus avec nick drake,
mais avec les écoutes ça devient assez sensible sur la longueur de l’album,
mais les premières références qui me sont venues sont America pour le côté pop songs, et Cat Stevens.
plutôt des compliments aussi, de ma aprt :-)
des nourallah je ne connais que le dernier album de Faris, mais s’il y en a d’autres je vais écouter ça, merci du tuyau