James Blake (LP). Le temps s’arrête, le dubstep repart.
Parler. Attendre. Ecouter. Attendre.
Attendre. Espérer, un peu.
“Meilleur espoir”, fameuse catégorie de prix, c’est dire si l’on place l’espoir au-dessus de la satisfaction pour récompenser cette excitation des préliminaires.
Or depuis le deuxième album de Burial, super héros masqué de l’électro, demi-dieu du dubstep, la frustration grandissait.
L’espoir, inversement, vacillait. Le souvenir des jours d’antan, l’envie de ne pas perdre de vue le continent électro, nous poussèrent à élire Mount Kimbie dans nos palmarès 2010. Avec une légère pointe de dépit, comme par défaut. De quoi passer le temps et meubler l’attente.
Mais déjà courait la rumeur. Au coin des écrans un nom banal imposait ses caractères. James Blake publiait un 4 titre CMYK, et son nom circulait plus vite que l’Eurostar. L’album n’aura pas tardé. Et d’espoir la tribu électro n’a plus besoin. On n’espère que ce qu’on n’a pas. Puis, parfois, on l’a.
Burial est célèbre pour son total anonymat, pas une photo, pas un nom, rien qui perce le mystère, mais de mystère on galvaude un peu le mot car toute la techno s’était déjà construite sur l’anonymat. Déjà légendaire mais moins anonyme, James Blake. Malgré le flou de la photo, le clip ci-dessous en témoigne. Et moins exclusivement electro que sur les 4 titre qui l’ont d’abord fait connaître.
Il y a d’abord cette touche acoustique, sur Limit to your love, semi-reprise de Feist dont le début passerait aisément pour du Joan as police woman, aussi bien que d’un fils caché de Stevie Wonder. Nous prenant par surprise, le nouveau maître ès dubstep reprend sa vraie voix et met les mains sur le piano. Il ne faut pas long pour saisir ce qui a plu à Gilles Peterson, John Peel des temps actuels. Ce mélange d’électro, de soul, de gospel (voire Nina Simone, sur Give me my month), de hiphop, cette modernité tranquille qui ne renie pas les anciens. Et cet art du midtempo, qu’on met aussi bien pour danser que pour aller cueillir le bonheur sous les draps.
James Blake se joue des époques. Il se joue aussi de nous, à couvrir son chant il laisse à croire que c’est pour en masquer les limites, mais le coeur de l’album révèle un nouveau Terry Callier !
Sachez le, James Blake figure déjà dans tous les palmarès de 2011. C’est ce qu’on appelle donner le ton.
James Blake, sans titre, sortie le 7 février
James Blake - Limit To Your Love from James Blake on Vimeo.
Chroniqué sur Des oreilles dans Babylone.
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“aller cueillir le bonheur sous les draps”
quelle phrase mazette !
Le EP Klavierwerke (même pochette, mais en noir et blanc) valait le détour aussi!
Impatient d’écouter ça…
Bon ok faut que je le réécoute alors. Lors des deux premières tentatives, j’ai trouvé ça à mille lieux de la finesse du Burial :) Mais bon why not :)
merci drgbs ^^
mmarsu, la grande différence que tu entendras ne sera pas la qualité je crois, mais en plus du dubstep presque un tiers du LP est très organiques, chant non masqué par les effets, piano…
j’adore ce disque :-)
benjamin, le burial c’est un des disques de sa décennie, je le mets un peu à part,
le truc comme je disais à mmarsu, c’est que cet album n’est pas que dubstep, il part aussi vers un genre plus mainstream, quasiment soul.
pas-du-tout-ac-cro-ché par ce morceau. Très en deça de ce qu’en laisse entendre le billet pour l’album. Je ferai un effort un de ces 4.
c’est aussi le risque des extraits, en l’occurrence j’ai choisi de ne pas prendre autre chose que le clip proposé par le label, mais c’est un des derniers de l’album et on y arrive par des chemins très différents.
Je renchéris : je me le suis dégoté il y a à peine une semaine et ça tourne régulièrement chez moi !
Depuis ses EP CMYK et Kavierweke que j’avais chroniqués, je savais qu’on tenait là un mélange aux vertus d’élixir loin des infâmes potions musicales qu’on veut parfois nous faire ingurgiter (et pas seulement à cause de son impeccable patronyme, hem…). Post-dubstep ou pas il y a de la grâce dans cette électro soul au temps suspendu . Il me fallait bien ça pour me remettre de la purge Anna Calvi, hein…
Mais tu as pris une sacré avance sur tout le monde trois semaines avant sa sortie ;-)
une perche tendue hier m’a fait accélérer mon calendrier inopinément, blake ^^
je vois qu’on est en phase, et je crois qu’on n’a pas fini d’entendre parler de ce disque :-)
je vois que le nouveau James Blake a déjà bien fuité, moi aussi je commence à l’écouter tout doucement et je trouve ça nettement moins dubstep/electro que les deux Eps. C’est bien ou pas, je ne me suis pas encore fait mon opinion.
Toutes mes excuses, cher arbobo pour avoir cité chez “Des Oreilles dans Babylone” la connexion James Blake-Nina Simone en omettant de mentionner qu’elle avait d’abord été établie par toi ici-même.
Tellement c’était évident, je l’ai régurgitée sans complexe mais sans volonté de départ de me l’attribuer. N’empêche, pour dissimuler toute ambiguité, je m’en excuse platement ici !
“Il faut toujours rendre à César”, n’est-ce pas… :-)
y’a pas de mal blake inutile de t’excuser (je sais, j’ai l’air un peu susceptible sur le web ^^), mais comme je suis aussi tombé sur cette excellente chronique j’en ai profité pour faire ma pub :o)
Y a que moi qui l’ai trouvé chiant et racoleur ? Ah mais ces voix, c’est difficilement supportable. Je préfère un dubstep beaucoup plus austère et intransigeant. Ou Burial dans le genre “j’utilise des voix partout”. C’est dommage parce qu’il y a des bonnes idées, comme sur le premier titre.
Les EPs étaient un peu meilleurs, quand même, faut le dire.
d’après ce que j’ai lu Nathan tu n’es pas le seul, mais j’ai lu plus de compliments.
pour l’autotune, justement je trouve qu’il ne l’utilise pas différemment de Burial, en tout cas ça ne va pas jusqu’à me gêner, c’est pas Kanye West non plus c’est pas horrible à ce point ^^
Le truc c’est qu’il s’aloigne largement du dubstep peu chanté de ses EP, forcément pour ceux qui voulaient que ça continue je comprends que ça peut décevoir.
après, racoleur… je vais pas te forcer à aimer :-)
mais moi ça me fait plus penser à la sensualité du trip hop, à Love pussycats & carwrecks de Funki porcini, des trucs comme ça.
Et puis il y a ces morceaux très soul, vraiment très soul, que je trouve tellement plus réussis que ceux qui battent actuellement ce pavillon.
sur Chroniques électroniques ils disent à peu près comme toi Nathan, si ça peut te rassurer ^^
Ouais, je viens de la lire. Et il résume assez bien ce que j’en pense. Le “racoleur” c’est pour les voix. Trop r’n'b niaiseux pour moi. :)
Il y a aussi le fait que je m’attendais pas du tout à ça, je me suis retrouvé à entendre une sorte de pop soul gentillette, alors que je m’attendais à un dubstep plus… percussif.
Je trouve qu’on perd un peu le côté électronique, et qu’on tombe trop dans la pop. Ce que Mount Kimbie évitait avec brio.
Je te rejoins sur la sensualité trip hop par contre. Et j’aime pas spécialement le trip hop. :)
Bon, et j’attends toujours ton mail pour le truc sur Lille. ;)
En effet, on est carrément sur la même longueur d’ondes sur celui-là, Arbobo. Quant à la vague de déception chez les puristes, elle était plus que prévisible !
ah ah, Dave alors nous ne sommes pas puristes, donc par opposition on doit être un peu losers ^^
Oui, sans doute, et même pas bioutifouls…
J’étais obligé d’en écrire beaucoup de mal, tellement les nouvelles écoutes m’ont enervés !
http://brainfeedersandmindfuckers.blogspot.com/2011/01/humain-trop-humain.html
:D
ma foi Nathan ton point de vue est clair, et puis tu es énervé de cette manière qui révèle une attente, je trouve pas très négative ta chronique
Je rejoins le camp des déçu, mais attention, je ne trouve pas l’album mauvais. C’est simplement que j’attendais autre chose de ce garçon qui ouvrait pas mal de portes sur ses EPs.
Bon, ben, moi, je n’aime pas du tout.
Précisons que je ne connais pas le dubstep.
Je juge juste sur ce disque.
Je n’aime pas les effets sur la voix, l’autotune, tout ça… Je n’aime pas l’affectation dans son chant.
Je trouve ça très irritant en fait. Pas très spontané.
Dans un genre décharné et à l’autre bout du spectre, c’est aussi gonflant que Sufjan Stevens et ses machines sur The Age of Adz (!)
ska, je crois que de toute façon on peut très bien apprécier ce disque (au sens neutre du terme) sans avoir écouté de dubstep, il est assez crossover, mainstream même par moments.
ça reste un de mes gros coups de coeur 2011, mais il commence à être concurrencé par 2-3 autres dont je vous parlerai très bientôt :-)
Ska, on n’avait pas dit que tu n’oublierais plus de prendre tes petites pillules, non ?