It’s raining cats
Et grâce à la radio, grâce à internet, on peut la voir en concert, à la télé, en interview…
Son concert aux Transmusicales de Rennes le 7 décembre 2006, un mois après celui déjà si bon que j’ai vu au Grand Rex, est déjà réputé pour être un des tout meilleurs de sa carrière. D’après l’extrait que je vous mets ici, je suis tout prêt à le croire : dans l’ordre could we, extrait de the Greatest, Satisfaction des Stones, Lived in bars (the Greatest)Même ici, en compagnie de ses potes Jim White et Judah Bauer, la salle lui semble trop grande (”this room’s too big for us”) et on voit à certains gros plans que sa nervosité revient aussi vite qu’elle la chasse.
Elle ne cesse de réarranger ses chansons, entre le disque, le concert avec le Memphis Rhythm band et celui-ci, on a 3 versions différentes. Si j’insiste là-dessus c’est parce que la demoiselle est une musicienne autodidacte, qui s’est mise à la guitare à 19 ans.
Exemple sous forme de petit edit à cet article : The greatest, voix plus piano voilà ce que ça donne, alors que la version album sonne comme ceci (en milieu de page en téléchargement gratuit). Moins bon, voici un autre passage télé qui donne une idée de la version concert avec le Memphis Rythm.
Dans mon premier billet sur Cat Power, j’ai parlé de son duo avec Buddy Guy sur France 2. Mais le lien renvoyait vers une vidéo pourrie désynchronisée. En qualité correcte, c’est nettement mieux :-)
Ici, on la voit avec les Flaming lips reprendre War pigs de Black Sabbath. Sympa. Elle fait aussi du hard, elle fait de tout, j’aime bien ça même si la reprise est pérave..
On peut aussi passer par la radio en ligne pour retrouver Chan donnant une interprétation solo, au piano, de son dernier album the Greatest. Les petits agacements provoqués par une orchestration un brin trop sucrée et encombrante disparaissent, on redécouvre ces titres plus beaux qu’on ne pensait, et le talent toujours intact de Cat Power à réorchestrer sans cesse ses propres morceaux.
La radio est KWRC, les noms de radio aux Etats-Unis sont particulièrement pourris, mais elle a des tonnes d’archives en ligne, et sur leurs pages on peut entendre le set entier de Chan Marshall le 12 septembre 2006, ouvert par The greatest, justement, plus fort que jamais, suivi d’un Wild is the wind beau à mourir, d’un Remember me glaçant de tristesse, je vous fais grâce de la fin de la set list, à vous de la découvrir. Comme à son habitude elle personnalise les paroles, chantant donc qu’elle est unE Ramblin’ woman en reprenant ce blues.
Sur une autre page on peut entendre sa session précédente sur la même radio, après la sortie de You are free, le 27 février 2003. Voici la video de cette excellente session (le son de la video est moins bon). Dans la même promo, elle a aussi fait cette télé seule au piano.
Le premier disque de Cat Power est paru en Italie, mais la seule interview radio que j’aie entendu est curieusement plombée par une musique de fond, une techno bourrine super chiante et qui n’a aucun rapport avec la musique de Cat Power. La radio française n’est pas en reste. Il est difficile de trouver sa “white session” chez Bernard Lenoir, mais en revanche elle en a accordé deux (2 !) à une petite radio parisienne, Aligre, qui a une bonne émission de rock indé, Planet Claire, dont le site permet de télécharger à la fois les titres et les interviews. Ce ne sont pas ses meilleures sessions mais ça reste sympa, et Chan y est toujours aussi espiègle que d’habitude.
Elle joue souvent, le plus souvent des reprises à la radio. Sur Aligre elle explique en interview qui a écrit ces blues sortis de nulle part qu’elle interprète souvent, Michael Hurley. Mais chez John Peel elle a aussi repris Wonderwall d’Oasis, Freebird de Lynyrd ou Deep inside de Mary-Jay Blige, pour qui elle témoigne en interview une sympathie mêlée d’admiration.
C’est ce qu’on peut constater en regardant l’interview très poignante qu’elle a accordé au New York Times en septembre 2006 (avec de la pub, ou sans sur youtube). C’est déroutant de voir combien cette femme est toujours franche, s’exposant sans cesse alors qu’elle est hypersensible aux réactions d’autrui. D’ailleurs elle ne voit plus grand monde.
On n’a généralement qu’une retransmission partielle du concert, comme ce titre tiré de son concert à Western University en 1999, concert très sombre mais un des deux ou trois plus beaux que j’ai entendus d’elle.
Après, si vous sentiez une âme de pirate, ce lien pourrait probablement (qui sait?) vous ouvrir la voie à pas mal de versions inédites en disque. Celles-ci semblent avoir été prises sur le vif.
Sans compter les 7 albums, je me retrouve avec plus de 600 morceaux de Cat power dans différentes versions, et quelques interviews radiophoniques (les interviews écrites, j’en avais déjà plusieurs).
Dit comme ça, on se rend mieux compte, hein :-) Ca fait tout de suite plus malsain, genre le mec en imper qui vous guette à la sortie du métro jusqu’à votre immeuble. Que Chan Marshall se rassure, je prends souvent le bus au lieu du métro, et de toute façon elle bourlingue tellement qu’elle est rarement dans sa piaule new yorkaise. C’est que je finis par la connaître un peu, cette musicienne.Car je ne sais pas si elle se rend compte (elle ou les personnalités publiques en général) de tout ce qu’elle dit d’elle de ci de là, qui bout à bout la met très à nu. Comme si ses chansons ne le faisaient pas déjà suffisamment… Je n’ai pas l’intention de relier les pointillés et vous la décrire en détail (en une seule interview, celle-ci ou celle là, on sait d’un coup à peu près toute sa vie pas très rose).
Elle est de ces gens qui ne savent pas faire autrement que donner beaucoup d’eux-mêmes, dans certains concerts ou plus d’une session radio son interprétation dégage tant d’émotion qu’elle me submerge. En se mettant à nu à ce point, on peut comprendre qu’être sur scène face au public soit compliqué.
En quelques mots, Chan Marshall est bavarde, elle adore raconter des histoires, quitte à surprendre des interviewers décontenancés qui ne savent plus retomber sur leurs pieds, Chan est drôle, sur scène comme en interview, elle est spontanée, gentille au possible, et passe sa vie à s’excuser (et à dire aux spectateurs “c’est pas de votre faute, c’est moi”). Comme Kim Gordon et d’autres, elle aime être pied nus sur scène.
Bourlingueuse, comme j’ai dit, elle passe une bonne moitié de son temps en tournées, nouant des contacts avec des musiciens de calibre (Sonic Youth, Dirty three, mais aussi Bob Dylan son idole, ou David Bowie) et attirant l’attention de Karl Lagerfeld pour une campagne Chanel (!) . Sa préférence va pourtant à une musique humble. Son album de reprises témoigne de ce goût qu’elle a pour des blues et des folk songs peu connus voire impossibles à trouver, comme ceux de Michael Hurley. Et si vous avez la chance d’écouter le Freebird qu’elle a joué chez John Peel, et que vous sentez les larmes monter, vous ne serez pas les premiers, je vous assure.
Une sacrée nana :-)
2e EDIT : en fait il y a eu au moins 3 sessions sur Aligre, et on a d’autres interviews sur cet excellent site que je viens (enfin!) de trouver.