Inrocks 09 : et un froid de gueux s’abbatit sur la Cigale
Cette grande salle vide, elle nous fait tout plein de courant d’air. Un satané hasard de calendrier nous a empêché de venir écouter la veille Lissy Trullie et d’autres joyeusetés qui ont mis le feu, paraît-il.
Pour nous punir, on arrive à l’heure, pour constater que Bombay Bicycle club, qui nous avait fait choisir cette soirée, est annulé. C’est devenu le nouveau truc des concerts à Paris, en tournée les groupes qui se croisent ne se demandent plus “et toi, tu joues où?”, mais “t’annules quelle salle à Paris, cette année?”. Ce sont 5 ou 6 artistes annulé dans cette édition du festival des Inrocks 09, dont 2 seulement ont pu être remplacés à temps.
Et puis ce téléphone qui n’en finit pas de vibrer, nous sortant de notre demi-sommeil. Premier SMS : “suis aux Inrocks à Toulouse, Florence + the machine, c’est bon ça!”
Ben tiens, on assiste donc à un faux concert, le vrai se déroulant à des centaines de kilomètres. On comprend mieux le spectacle qui nous est proposé. On essaie de ne pas trop faire le renfrogné, on reprend le dessus, on s’intéresse, quoi.
On s’est dit que, par abnégation, on resterait jusqu’à Sliimy, qui clôture le bal. Sans trop comprendre ce qu’il fait là. Les programmateurs ont voulu faire plaisir à leur progéniture? Le partenaire Alias a imposé son artiste pour cette soirée? Mystère et bulles ça comme. Des bulles d’air dans les tuyaux les amis, ça carbure qu’à moitié ce soir.
On a lu quelques critiques précoces sur cette édition 2009, regrettant l’absence de poids lourds, bref “c’était mieux avant”. Les poids lourds sont chers, et c’est plutôt une bonne chose que les Inrocks jouent la carte de la découverte. Le problème n’est pas là, dans la notoriété, ce soir il est dans la qualité. Sans doute, rétrospectivement, la soirée la plus pauvre musicalement de toute la semaine. Peut-être aussi qu’une semaine complète de festival (à Paris, moins en province), c’est trop. Car la ville est saturée de concerts, surtout en octobre-novembre.
Voilà. Une soirée pour rien. Un concert sans intérêt pour le public des Inrocks, qui ne s’y est d’ailleurs pas trompé en restant massivement chez lui.
Esser joue le jeu et monte l’ambiance en deux-temps, trois mouvements. Les musiciens sont plus là pour danser et occuper l’espace, visiblement. Le seul qui soit branché est le sampler au fond, mais sur scène il n’apporte rien, autant faire un vrai playback à la Madonna tant qu’à faire. Esser c’est sympa, il chante bien, il a du style, et Headlock est hyper dansante.
De toute façon on savait depuis l’annonce de la programmation que ce festival serait très dancefloor.
Au bar c’est pas la grande foule et encore, on a l’impression qu’une bonne moitié du public y est pourtant.
Curieux, curieuse impression d’assister à une répétition générale devant une salle vaguement peuplée des équipes techniques, deux pelés trois tondus.
Qu’est-ce qui nous attend?
La voilà, Marina and the diamonds. Habillée au choix en WonderWoman ou en péripatéticienne d’opérette, elle va réinventer sous nos yeux la naissance de Madonna, transposée dans la campagne profonde moldave. Ecossaise d’origine grecque, parait-il, elle donne l’impression d’avoir écumé tous les concours est-européen de l’Eurovision. En attendant Sliimy, on a Sloggy (en cuir).
Les morceaux ne sont pas mauvais, ça groove, elle se donne bien avec un naturel et un charme incontestables, on ne s’ennuie pas. On repartira du concert sans savoir si ce qu’on a vu était au premier ou au second degré. Inspirée tantôt de Nina Hagen tantôt du chant de Kate Bush (on frise le clonage), Marina a une jolie voix mais elle l’utilise curieusement. Comme si Sophie Hunger se prenait pour Dido. Comme si les Pet shop boys avaient ouvert une école de stars à Tirana.
Cheap à ce point, pas sûr qu’on aie déjà vu. Et malgré tout elle a un truc cette fille. Pas “le” truc, mais un petit quelque chose, qui au final nous laisse indécis sur sa prestation. Même si constamment on a eu envie de se moquer, on a aussi eu envie de danser, et il faut bien avouer qu’elle est désarmante cette jeune chanteuse.
Deuxième SMS : “Passion pit c’est bien sympa aussi. Tubesque à fond”
Ca nous apprendra à rester à Paris au lieu de passer le week-end chez les amis à Toulouse, tiens.
On se croit tiré d’affaire en découvrant que la salle s’est un peu remplie pour le passage de Jack Peñate. Il attaque pied au plancher, secoue ses membres en tout sens en frappant ses percus. A peine débuté, et il est saoulant. Tout va trop vite, tout est trop fort (le son, quand est-ce qu’on va décider les tourneurs à virer les ingés-son sourds comme des pots qui mettent systématiquement 20 décibels de trop sous prétexte qu’il sont hors-service!?).
Dans ce maelstrom, la choriste met 20 bonnes minutes à trouver sa place, à devenir audible et à servir à quelque chose. Il faut dire qu’à sauter partout Jack ne l’aide pas trop. Le batteur est impeccable, et les titres les plus inspirés des Talking heads, mélangeant pop et caraïbes, fonctionnent bien. Même si on est loin de l’original.
S’efforçant de recréer le CBGB, il alterne rock punkoïde, pop baggy, rythmiques ska, et il se défonce. Il se défonce mais entre les arrangements pompés sur Toto, les guitares calquées sur les (mauvais) Simple minds tardifs, on sombre de plus en plus dans une FM survitaminée plus proche de RFM que des Inrocks.
Mentalement, on essaie de visualiser Toulouse, pour voir les choses en rose.
Patiemment, on se dit que le plus dur (ou le plus long) est passé, et qu’après tout ça un petit Sliimy ne nous fera pas de mal, et fournira une conclusion toute logique à la soirée. Il s’agira plus d’un épilogue que d’une conclusion, puisque seuls 200 ou 300 pékins sont encore présents lorsque le fils caché de Prince et de Mika foule la scène. Grimé en Joker, il arbore un visage mi-noir mi-blanc. Loupé, l’ambiance restera à la grisaille.
Certains morceaux tiennent bien la route, et le guitariste est excellent, vraiment. Tout surpris, on réalise que du point de vue scénique c’est le premier groupe qui soit vraiment carré et dans les clous de toute la soirée. Sliimy fait celui qui n’a rien vu et fait son show pour les quelques fans massés devant lui. Pas facile mais il s’en sort bien, il a du cran. Plus de cran que de talent, mais vu les conditions et vu ce qui a précédé on n’a pas le coeur d’être méchant.
Tout ça arrive bien tard. Après s’être efforcé de voir le positif de trois concerts bancals ne tenant pas leurs promesses, notre capital “effort” est épuisé et on renonce à voir Sliimy jusqu’au bout. Malgré sa “presta” millimétrée et son guitariste.
A l’Olympia on a passé une soirée superbe conclue en apothéose. Ce soir à la Cigale on tombe de haut et on s’ennuie. Les Inrocks ont fait un pari sur cette soirée, et ils sont passé à côté. On n’est pas venu le bon soir, tant pis. Un coup pour rien. A Toulouse ils ont passé une bonne soirée, c’est déjà ça :-)
Tweet
Pour une fois que c’est pas “tout pour les parigots” hein….
Ha ha ha quelle poilade :D
Bon, histoire de ne pas te faire bisquer jusqu’au bout, sache tout de même que les gens qui étaient avec moi à ce concert n’ont pas du tout, mais alors PAS DU TOUT aimé Passion Pit.
Perso je croyais bien en avoir soupé du revival 80s, mais c’est tellement au ras des baskets à velcro, limitte bubblegum, que je trouve ça très réjouissant.
Comme je ne tenais pas à me fâcher avec mes new collègues, ni à rentrer à pinces (car en fait, ça ne se passait pas à Toulouse mais à Ramonville, ça a l’air tout près sur une carte mais dans la vraie vie, beaucoup moins), j’ai donc plié les gaules avant la fin du set et, en conséquence, raté Two Door Cinema Club, qui remplaçait La Roux (ah oui, l’annulation de La Roux, ça fait une petite ombre au tableau aussi, d’autant que j’avais très envie de la revoir sur scène).
J’espère que ça te console un peu ;)
Sinon, Florence, c’était vraiment bien en effet, et le son était un peu fort mais très bien balancé, et sans exagération sur les basses… je dois dire que ça me change agréablement !
Et à part ça, tu passes quand tu veux, hein :)
Dis moi quand sliimy joue j’arrive aussitôt
C’est bien la première année, depuis longtemps, où je n’aurais pas mis un pied au Festival des Inrocks…
En fait, c’est ça, cette année, je m’en foutais complètement…
Esser j’avais trouvé ça plutôt sympa, pas d’une originalité folle mais efficace. Ceci dit, une semaine après je me rappelle de mon impression mais pas du set lui-même. Et Penate c’est vrai qu’il faudrait qu’il se calme sur les substances illicites avant de jouer, tout à fond en gesticulant c’est vrai que c’est pénible.
par contre Marina and the diamonds alors là non. aucun intérêt et si je me suis ennuyée. Tout dans la pose et le mimétisme (Nina Hagen le mythe, mais du sous-sol), ceci dit c’est normal qu’on ne soit pas d’accord, je ne fais visiblement pas partie du public qu’elle vise.
heu… on peut pas dire que mon CR soit très valorisant, même pour elle ^^