Holden, Sidération
Holden est un groupe inadapté.
Les complexes arrangements de Mocke, les paroles d’Armelle Pioline qui se révèlent pleinement après plusieurs écoutes, se fondent mal dans l’époque. Un peu comme un Bertrand Belin dont l’écriture ne se donne pas à vous si aisément.
Trop d’efforts nécessaires. Pas assez d’évidences, de côtés “catchy”. On pourrait se réfugier derrière le fait que Sidération n’est peut-être pas le meilleur album de Holden. Il faudrait être gonflé d’attendre chaque fois des chefs-d’oeuvre comme Madrid ou Comme une fille. Peut-être aussi le duo remet-il parfois ses pas dans ses pas, dans les mélodies du chant par exemple. Mais les amoureux du groupe ne devraient pas y voir matière à de trop grands reproches.
Sidération ne se laisse pas aborder facilement. Il faut prendre le temps de prendre son temps. Y venir et y revenir. La richesse mérite sédimentation, comme dans Les bouteilles de ciel.
Essayez-vous à l’autre silence. Goûtez cette alchimie qui fait de Holden un groupe au parcours singulier et aux chansons aisément reconnaissables. Après des disques réalisés séparément, sous les noms de Midget et de Superbravo, passés plutôt inaperçus, on espère que la reformation apportera à Holden un peu de la lumière qu’ils avaient su capter par le passé. Hors du label qui les avait soutenus jusque là, Holden a financé ce disque grâce à la mobilisation de ses fans sur internet (par “crowdfunding”). Une forme de retour en bas de l’échelle, dure épreuve qu’ils abordent avec ce qu’il faut de détachement et d’humilité.
On ne saurait trop non plus vous inciter, lorsque l’occasion se présentera, à profiter d’eux en concert. Ils y déploient avec chaleur et charisme toute la beauté de leur répertoire.
Quel ami