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Health au Point éphémère : la claque dans ta gueule

En première partie de Health, il y avait Chad Valley ; jamais entendu parler.

C’est un type seul sur scène, devant une table remplie de petites machines électros qui fait de la new wave des années 80. Il se sert très bien de ses quatre ou cinq machines, il avait tout le temps les yeux rivés dessus, à bidouiller tel bouton de la main gauche et à jouer sur un petit clavier de la main droite, tout en chantant.
Pour chanter, il utilise un micro posé sur pied, mais ça ne lui suffit pas, il a aussi un autre micro qu’il tient dans sa main, souvent collé tout contre son torse, comme un homme qui chante des chansons d’amour. Le type chante bien et se sert pas mal de sa voix.

Mais surtout, sa voix, elle me faisait rire parce qu’il faisait vachement de OOOhhhhhhhoooo et de Oouuuuuuuu, assez aigu, hyper années 80 et je n’arrivais pas à savoir à quoi ça me faisait penser. Ce qui est sûr, c’est que ça ressemblait à de la très mauvaise new wave façon Duran Duran ou Aha ou Alphaville, enfin, un truc dans le genre. J’ai passé tout le concert à chercher à quoi ressembler sa voix sans y parvenir.

Mais par contre, ce que je me suis dit, c’est que ce type avait dû être bercé de mauvaise new wave pendant toute son enfance. Ce sentiment de « musique qui vient de l’enfance » était renforcé par le fait que le chanteur est plutôt rondelé, pas du tout rock star, plutôt fils de boulanger, et qu’en le regardant jouer, on avait vraiment l’impression d’un jeune homme entrain de faire de la musique dans sa chambre. Et avec ses oooooohhhh et ooouuuuuu très aigus, j’ai eu l’impression qu’il chantait des chansons pour sa grande sœur qu’il adore, mais qui va bientôt partir faire ses études dans une lointaine université.
Et alors, j’ai compris pourquoi la musique d’il y a vingt ans revient toujours à la mode. C’est parce que les chanteurs d’aujourd’hui ne font que reproduire la musique qu’ils ont entendu quand ils étaient petits. Et après, ils sont tout nostalgique de ça et ils font des oooohhhhh et des ooouuuuhh hypers aigus en tenant le micro contre leur cœur.
Là, vous avez l’impression que je vous décris un bisounours. Mais la nature humaine est bien complexe car deux ou trois fois, le type a parlé (en américain) et sa voix était en fait grave, posé, très sûre et le type était hyper serein. Et qu’il a peut-être même pas de sœur d’abord.

Ensuite Health est arrivé ! ! ! ! ! ! !

Le batteur au fond, le chanteur sur le coin à gauche, un autre gars sur le côté droit et au centre, immense, un homme avec des cheveux très longs qui gesticulait dans tous les sens avec sa bass (Rickenbacker) pendant que la lumière vive et blanche ne venait que de derrière lui. Impressionnant à voir. J’étais avec un copain qui aime bien les hommes et il était au moins aussi impressionné que moi. (Quand les femmes des pubs L’Oréal secouent leurs cheveux en sortant d’ascenseurs modernes avec leur tailleur chic, elles sont vraiment minables à côté de ce bassiste. Il te faisait des 360 avec ses cheveux en veux tu, en voilà et je saque sur ma bass.)
On a réussi à vachement s’avancer et on a eu un peu de place pour sauter en l’air. Il y avait moins de monde tout devant que tout derrière ! Quelle bande d’imbéciles quand même ces parisiens qui ne veulent pas se lâcher. D’ailleurs, vers la fin du concert, mon copain a hurlé un truc du genre « C’est super votre zik. Faites pas attention aux parisiens qui bougent pas .» Mais il a hurlé ça juste au moment où les applaudissements cessaient, en plein milieu d’un silence. J’ai eu l’impression de réduire de 55 centimètres tellement j’étais gêné. Mon copain s’est tourné vers moi, très fier de lui, tout content. Et moi, j’ai juste levé mon pouce hyper discrètement et je lui ai fait un tout petit sourire, en espérant que personne ne remarque que j’étais avec lui. (ahlala, comme quoi, faut jamais sortir avec les mecs qui aiment les hommes, moi je vous le dis !!) On ne s’est pas fait lyncher.

J’en ai marre parce qu’à chaque fois que je fais des commentaires dans ce blog, je dis qu’il faut aller voir tel ou tel groupe dont je suis entrain de parler. Et là, c’est pareil bien sûr. Je me répète encore. Mais là, c’est encore plus vrai que les autres groupes. Il faut me croire, je vous jure. Je me suis pris une claque dans la gueule, comme ça ne m’était pas arrivé depuis hyper longtemps (depuis The Ex l’année dernière). Sur le mypsace de Health (que je n’ai même pas envie d’écouter pour ne pas salir mon splendide souvenir de hier soir), leur musique est soit hyper agressive, soit très synthé un peu molle. Là, hier soir, ça déchirait sa race du début à la fin. Ce qui j’ai le plus apprécié, c’est les structures hyper bizarres de leurs morceaux, ça coupe d’un coup, ça reprend n’importe comment ; tout d’un coup, il n’y a plus que de la grosse caisse hyper rapide, puis la voix hurle et tout s’arrête. Deux secondes de silence dans la salle et les applaudissements arrivent. J’étais déboussolé toutes les 30 secondes, sans cesse surpris, à me prendre des claques à chaque fois. Quel bonheur ! Et en plus, leur son était une tuerie de la mort qui tue ta sœur qui s’est cassée, pauvre conne, dans son université de merde et tu t’en tapes parce que Health, il déchire grave. C’est un mélange de guitares et de sons de synthé. Parfois tu ne sais plus trop si c’est de la guitare ou du synthé que tu entends, mais vraiment, on s’en fout parce que les sons t’éclatent dans les oreilles. Ahlala, je voudrais en parler des heures, mais c’est inutile, ça rend rien.
D’ailleurs, ils n’ont pas joué longtemps, 45 minutes, pas plus. Ils sont venus faire vite fait une chanson en rappel, un truc bizarre avec que des voix et de la batterie. Un morceau très bref et paf, ils étaient déjà repartis. Quelqu’un dans le public m’a dit qu’il terminait toujours comme ça.
(Pour ceux qui aiment le groupe Health :)
Ensuite, on a bu des coups avec mon copain qui cherchait à prendre en photo les 4 mecs du groupe. Il a réussi à prendre l’immense bassiste aux cheveux très longs et au visage à moitié indien, à moitié asiatique. Et puis il a pris le chanteur en photo. Le chanteur avait un t-shirt de PIL. On a pu parler avec lui 5 minutes. Il était très cool et buvait des Kronenbourg tièdes en cannette dans un sachet de 6. Je lui ai dit que sa musique était à mes yeux nettement meilleure que celle sur son t-shirt.
Il m’a dit que PIL avait fait un super album avec quasiment que de la batterie. Et d’ailleurs, il nous a avoué que la musique de Health était influencée par cet album. Je suis désolé d’avoir autant bu parce qu’il m’a cité deux noms de groupe qui influencent sa musique et je les ai oublié. Pardon. Il nous a dit aussi qu’ils composaient tous ensemble. Quand je lui ai dit que sa musique était de la musique de fous d’asile psychiatriques, il a pris ça comme un compliment.

Purée, quel souvenir ce concert ! Pour tous ceux qui veulent être secoués un peu le soir en sortant du boulot, allez voir ce groupe.

PS : avec un peu de bol, mon copain va m’envoyer un texto pour me dire les groupes dont le chanteur nous a parlé hier soir. Mais il était hyper saoul aussi, alors c’est pas gagné.