Gui Boratto : III. Le coup de la matraque brésilienne
Depuis septembre les 2 enceintes sont fixées sur le chiffre III. Un vrombissement les habite et nous poursuit.
L’architecte brésilien a publié son nouvel édifice sur un label allemand, Kompakt, comme de juste. Parce que l’electro a toujours lorgné sur la science de l’espace et de la géométrie de l’architecture. Parce que Gropius, le Bauhaus, parce que Cluster, Kraftwerk… Rien de surprenant non plus à ce qu’OMD aie intitulé un album Architecture and morality, ou que Depeche mode signe avec Alan Wilder Construction time again.
Car l’Angleterre n’est pas loin quand on met ce disque. Gui Boratto est un type déroutant, mais qui sait fort bien où il va. On trouve notamment dans Galuchat un clin d’oeil appuyé au Massive attack de Mezzanine. Boratto rénove, innove, mais paie aussi son tribut, de la minimale (A reminiscent drive, Boards of Canada) au trip hop ou à la new wave. Grâce à la basse, dont il nous matraque avec insistance, puissance, élégance. Une basse crasseuse et souple, terrible, dansante et dure comme… la new wave.
Pourtant III reste un disque electro. Très au-dessus de ses disques précédents, Boratto passe enfin de la catégorie “espoir” à celle des maîtres. Nous serons ses serviteurs volontaires.
Gui Boratto Striker Kompaktcd90 by smithphilipps
Même si la pression se relâche progressivement en fin d’album, III nous met entre l’enclume et le marteau la plupart du temps. Bam. Bam. Bam. Le corps tremble et la vue se trouble. Tous nos sens en désordre, le son de Boratto devient notre hormone essentielle.
Les montées dosées au microgramme sont bien celles d’un DJ, capable de transformer en rave un festival comme Coachella, ou une plage en piste de danse. Et quand on transpire, poumons vides, en regrettant la fin précoce de Stems from hell (8 bonnes minutes), il enchaîne avec son morceau jumeau Striker, une tuerie tout en puissance sexuelle déchaînée, insupportablement trop courte (même pas 7 minutes, salaud!). Amoureux des dancefloor trop obscurs pour qu’on aperçoive sa propre main, où l’on se frôle en feulant de désir, Gui Boratto vous a bien soignés.
Grand disque de basse comme on en entend une fois tous les… grand disque de beat… III est le missile de 2011, dont la trajectoire conduit droit aux podiums de fin d’année.
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Peut-être qu’il n’y a finalement aucun gramme de génie dans cet album. Rien qui ne confine à l’innovation magistrale, au grand chambardement, à l’inouï.
Et pourtant… Pourtant cet album est le truc électro qu’il nous fallait, qu’on aime à se passer en boucle (mon compteur iTunes affichait 3 en début de journée et achève son 8e passage en ce moment sur ce III), qui s’usera probablement avant la fin de l’année mais qui additionne des pépites sous influences monumentales : Massive certes, Alan Wilder de bout en bout (les fans de Recoil l’apprécieront probablement), j’en passe et des meilleurs.
Merci à Arboboss de m’avoir démontré qu’il n’y a pas que la bossa, la rumba et le baile funk au Brésil.
Loooooooooooooooolllll !!!
:oD
lõõõl en effet ^^
m’avez donné envie lå et pour le reste du bresil un survol ici par sunalee et cie http://www.lamediatheque.be/bresil/
Christophe: de la rumba au Brésil ????
essaie la tecnobrega !
ah ah, merci pour les tuyaux :-)
J’avais été complètement écoeuré par la guimauve du second album, après le grand disque qu’était Chromophobia. Du coup j’ai un peu ignoré Gui Boratto ces derniers temps, mais ta chronique me donne envie de retenter le coup. Je reste méfiant quand même…
dave, j’ai pas beaucoup aimé le deuxième non plus,
je mets celui-ci très au-dessus, et pas du tout guimauve (aperçu dans l’article :-)
Hey les gars, Fuji Kureta a un nouvel album qui sortira le 19mai, il s’appelle ANDREY. Check sur http://www.soundcloud.com/fujikureta