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France, terre d’accueil

… pour chanteurs en déroute.

Jane Birkin, anglaise dont toute la carrière de chanteuse s’est déroulée en France, est-elle l’exception? La bonne chanteuse qui confirme la règle?

A première vue oui, elle est une exception, la règle étant moins glorieusement à chercher du côté de Rika Zaraï ou Linda de Souza. Mouais.

En grattant un peu on trouve plus intéressant. et pas moins connu. Cette belle italienne aux airs égyptiens, qui a une place  à son nom à Montmartre, c’est Dalida. Bambino, ça ne vous fait rien quand vous entendez Dalida lui demander de gratter sa mandoline? Moi ça me caresse la nostalgie.

Dario Moreno n’était pas plus français que Dalida. Né à Smyrne (comme Balladur, oué, une bourriche pour les copains de droite), c’est là qu’il a appris à chanter. Comme Dalida, il a fait une courte escale en Italie avant de se fixer en France.

Bougez pas, j’en ai d’autres. Nana Mouskouri, Demis Roussos. Petula Clark. Anna Karina (si on la considère comme chanteuse), ou encore Sylvie Vartan, bulgare. Pour un peu je compterais Keren Ann parmi les émigrés. Mi française, mi néerlandaise, née en Israël, elle aurait tout aussi bien pu ne pas faire carrière ici. Tout comme Dave, à qui personnellement je n’ai rien demandé, surtout pas de chanter.

Deux anglophones ont connu des fortunes opposées. La blondinette Petula Clark a fait déplacer les foules, tous les Français s’extasiaient sur cette jolie nana à l’accent rigolo. Un phénomène, vous dis-je, connue mondialement pour avoir interpété Downtown en 1964, mais au moins aussi connue dans les années yéyé pour Que fais-tu là, Petula? ou ce monument de littérature qu’est le Ya-ya twist (”je l’ai connu là là, en dansant le ya-ya”). A une époque j’ai une nièce qui s’est prise d’affection pour une compil de Petula, surtout ce morceau rigolo où elle place haut perché sa voix claire : “allons donc London, pêcher les petits poissons” (A London). N’oublions pas que Petula Clark fait partie de ces chanteuses si nombreuses à qui Serge Gainsbourg a offert parmi leurs premiers tubes. La gadoue, c’était Petula en 1966, bien avant que Birkin ne la reprenne 30 ans plus tard.

Une américaine a connu un semblant de succès chez nous, déjà mieux que chez elle. Mais la carrière de Nancy Holloway, malgré quelques morceaux pas mal du tout gravés avec des jazzmen français, n’a jamais vraiment décollé. J’ai découvert son existence par une compil fantastique en 2001, Mélodie en soul sol, qui rassemble des morceaux de jazzeux français qui ont flirté avec la soul dans les années 70. Il faudra que je vous reparle de Daniel Janin un de ces 4, mais je dois avouer que le meileur morceau du disque, et de loin, est Un train vaut mieux que 2 tu l’auras de Martial Solal, extrait de son album Locomotion réédité récemment (il y est accompagné par Henri Texier et Bernard Lubat, excusez du peu).
Le succès d’estime de cette compil (dont on n’a pas suffisamment parlé) et la réédition d’un disque d’elle n’ont pas permis à Nancy Holloway de sortir de son quasi anonymat. Pour preuve, son passage dans un centre commercial au moment de cette réédition, en 2004. Je trouve que ça demande du courage de savoir s’asseoir sur son orgueil pour monter sur scène et donner le meilleur de soi-même, quand on a fréquenté des pointures et qu’on n’a pour public que le centre commercial de Corbeil Essone. Parce que tout de même elle a eu des fans, la preuve ici.

Alors, vraiment, la France c’est pas le Pérou?