Fantomatisme : Holden rêve tout haut
Holden a sa patte, et s’autorise pour son 4e album à s’affanchir de ses habitudes, à se surprendre pour nous surprendre.
Le 20 mars Holden jouait à la Maroquinerie, occasion pour beaucoup de découvrir en live les morceaux de Fantomatisme, sorti le 23 mars. En rappel, Sur le pavé, soudain, sonnait comme un titre oublié d’Autour de Lucie. Et ce sentiment soulignait, si besoin était, combien tous les autres sonnaient bel et bien “Holden”.
En concert, Holden livra l’essentiel du nouvel album et une bonne moitié du précédent, Chevrotine. Les arrangements, le fait de tous les jouer dans la même configuration, donnaient une forte impression de continuité.
Tel est le but d’un concert, et l’avantage pour le public de découvrir en douceur les titres inédits. D’ailleurs le duo, qui au reste n’en est quaisment jamais un en studio comme à la scène, nous gratifia de deux titres pas encore enregistrés.
Le live, c’est aussi le test pour des morceaux nouveaux. Loin des recours que la technologie de studio permet, un morceau “sonne” ou pas, “fonctionne” ou pas. Tous ont passé le test haut la main, et le nouveau batteur qui les a rejoint semble déjà avoir trouvé sa place. Mocke brode mieux que jamais à la six cordes, et Armelle Pioline est si à l’aise que les soucis techniques sont aussitôt oubliés. C’était une belle soirée :-)
A l’automne, Holden était passé au Zèbre de Belleville, présenter en duo ses nouveaux titres. Heuruesement pour vous, Chrystèle était là.
Curieuse entrée en matière que présenter un album par… son interprétation en concert. Mais c’est que Fantomatisme brouille les pistes. Tout débute par un parti pris, qu’Armelle expliqua très joliment dans un blog tenu pour Libé durant l’enregistrement (au Chili, comme d’habitude).
Holden est un groupe pop, au meilleur sens du terme, un groupe qui sait faire naître des mélodies et construire un morceau. En arrivant en studio pour Fantomatisme sans vraie maquette, avec de simples ébauches, le groupe sauta dans l’inconnu. Créés en studio, les morceaux laissaient plus de place que jamais au travail collectif, mais aussi donnaient une importance primordiale à la réalisation. Aux mannettes, le complice de longue date, Señor Coconut, était garant du résultat. Ce bidouilleur génial, auquel on connait des dizaines des pseudonymes, donne l’impression d’avoir eu les coudées franches.
Et c’est ce qu’on entend à la première écoute. On se croyait habitué de Holden, et on se retrouve sans repères, un peu bouscullé. On termine cette première écoute sans certitude d’être véritablement entré dans les chansons, on reste sur l’impression de morceaux déstructurés, frappé par les fragments qui viennent se greffer sur leur ossature et les en détourner.
D’où ce curieux décallage entre l’impression d’écoute et le ressentie du groupe. Armelle Pioline dit spontanément de ce disque qu’il est “moins produit” que les précédents. Et plus on l’écoute plus on comprend qu’elle a raison, que ce qui a pu paraître des artifices calculés en studio sont autant d’accidents spontanés.
Loi des séries, quantité de bons albums qui sortent en ce moment donnent à la première écoute l’impression de manquer d’unité. Ils demandent du temps pour s’épanouir, et se prêtent comme un livre à être posés, repris, pour quelques pages, puis longument, chacun à son rythme mais sans se presser. Mia, son univers enfantin et sa basse funky, bouscullent nos repères.
Les grands chevals ont aussi leur côté électro, et en arrière fond la batterie semble même un instant empruntée à Atrocity exhibition de Joy division. Nous voilà loin de la “pop de tradition française”, loin de l’Europe même sur La carta, reprise d’un titre chilien de résistance, ou sur la bossa frétillante de Longue est la descente.
Un détour par la Californie nous donne le très folk Je dois m’en aller, et le surprenant Les grands chevals, construit comme un rock psychédélique embrumé.
Chroniquer cet album, c’est faire le récit d’une déception qui s’avanouit. La boîte à malices a été ouverte avec Mia, mais la boîtes aux rythmes aussi, et l’on se perd un peu au début. Puis l’on s’arrête sur Un toit étranger, bijou typiquement holdenien, et l’envie revient. Chacun choisira ses stations dans le parcours sinueux de cet album, et je parierais que nous serons nombreux à nous retrouver Dans la glace.
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Euh… au risque de passer pour un gros croquenot, la déception n’a fait que se renforcer en ce qui me concerne. Je trouve l’album franchement euh… sans intérêt, tout simplement (et pourtant Dieu sait que je n’écris pas souvent ce genre de chose…)
moi c’est la première impression qu’il m’a fait, et qui s’est dissipée.
Je ne pense pas qu’il atteigne le niveau de Chevrotine, que je place très haut,
mais disons qu’à la réécoute j’ai d’abord été rassuré, et maintenant séduit :-)
mais il y a des parti pris, et obstacles disons, qui font qu’il ne plaira pas forcément à toute personne qui aime les précédents Holden, je crois.
les goûts, tout ça tout ça, moi c’est le Alela Diane auquel, après 15 écoute,s je ne trouve pas le moindre début d’intérêt (fond musical pour la douche, peut-être). Et je sais bien que mon avis n’est pas général :-)
il n’empêche, après 2 ou 3 écoutres je n’aurai pas dit ça de ce Holden. aujourd’hui, si :-)
Y a une coquille : on dit “chevaux” au pluriel.
C’est volontaire pour “les grands chevals” c’est bien le titre de la chanson ;)
Pour ma part, pas du tout décu. J’avais peur comme toi car Chevrotine m’avait complètement enchanté mais je trouce ce “fantomatisme” vraiment passionnant. Peut être plus difficile d’accès mais plein de secrets, de petites trouvailles. On ne se lasse pas de le réécouter. Un faible pour “les grands chevals” et “les animaux du club” pour ma part.
cheval dire à Christophe (qui s’en doutait un peu ^^)
Décidément ce titre nous a bien accrochés